Carlo (Brett Dean)
Carlo | |
Genre | Orchestre à cordeset bande magnétique |
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Nb. de mouvements | 1 |
Musique | Brett Dean |
Durée approximative | 20 minutes |
Dates de composition | 1997 |
Création | 1997 Huntington Festival, Mudgee,Nouvelle-Galles du Sud Australie |
Interprètes | Australian Chamber Orchestra |
Versions successives | |
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Carlo est une œuvre pour cordes et bande magnétique de Brett Dean, composée en 1997 en hommage à Carlo Gesualdo, prince italien et compositeur de madrigaux, célèbre pour le double meurtre de sa première épouse Maria d'Avalos et l'amant de celle-ci, surpris tous deux en situation d'adultère.
La partition est basée sur un échantillonnage de Moro, lasso, extrait du Sixième livre de madrigaux de Gesualdo, publié en 1611, et un passage du second Nocturne des Tenebrae Responsoria publiés la même année.
Composition
[modifier | modifier le code]Répondant à une commande de l'Australian Chamber Orchestra[1], Carlo a été composé en 1997, comme une « fantaisie musicale reflétant ce que pouvaient être les pensées de Gesualdo alors qu'il s'apprêtait à commettre son célèbre crime[2] » :
« Je crois que dans le cas de Carlo Gesualdo, on ne doit pas tenter de séparer la musique de sa vie et de son époque. Elles sont intrinsèquement entrelacées. Les textes de ses derniers madrigaux qu'il aurait, croit-on, écrits lui-même sont remplis d'allusions à l'amour, la mort, la culpabilité et l'apitoiement sur son propre sort. Lorsque l'on combine cela au fait que j'ai toujours considéré la musique vocale de Gesualdo et l'audition de celle-ci comme étant l'une des expériences musicales les plus importantes et les plus fascinantes de ma vie, on obtient les prémisses de ma composition[3]. »
Toute la partition est consacrée « à la tension et au contraste entre la musique chorale de Gesualdo et l'écriture musicale de Dean, elle-même un commentaire sur le matériau de Gesualdo ainsi qu'une déconstruction de celui-ci. Dès le début, avec le choral oppressant et haletant extrait du célèbre madrigal Moro lasso de Gesualdo, deux époques sont confrontées et s'unissent. Du Gesualdo pur se fond avec des remarques instrumentales perturbées et Dean macule les progressions chromatiques d'accords avec des transpositions à-demi tonales successives dans le collage vocal préenregistré[4] ».
Création
[modifier | modifier le code]L'œuvre, créée par l'Australian Chamber Orchestra, dans le cadre du Huntington Festival de Mudgee en Nouvelle-Galles du Sud[5], a remporté un grand succès auprès du public, et a été présentée dans le monde entier[2].
Sur une suggestion du chef d'orchestre Tõnu Kaljuste, une version pour chœur mixte et orchestre à cordes est réalisée et créée en 2002 à l'auditorium Berwaldhallen de Stockholm par le chœur et orchestre symphonique de la radio suédoise[1].
La partition est publiée par les éditions Boosey & Hawkes[6].
Analyse
[modifier | modifier le code]L'œuvre emprunte son matériau mélodique et harmonique au madrigal Moro lasso du Sixième livre de madrigaux de Carlo Gesualdo, publié en 1611 :
Moro, lasso ! al mio duolo |
Je meurs, hélas ! dans mes tourments, |
La technique très aboutie des instruments à cordes témoigne des connaissances précises du compositeur, également altiste professionnel[7] :
« Des détails subtils et pointillistes établissent un contraste prononcé avec une débauche agitée et déchiquetée. Une gamme d’effets aux cordes — slap, tremolando et glissando jusqu'aux ostinati sul ponticello — contribuent à une texture orchestrale riche et évocatrice. Sur une vingtaine de minutes, Dean mène l’auditeur au point culminant principal au moyen de sections antérieures faites d'élans et de repos : l'exposition initiale du Moro lasso, un agitato aux cordes, rapide, une section calme et assourdie reposant sur les demi-tons descendants de « E non vuol dar » et les exhalations préenregistrées et rythmiques aboutissant à un climax inquiétant, presque horrible. Une coda désolée est introduite par une voix de basse préenregistrée. Dean introduit un court passage tiré des remarquables Répons de la Semaine Sainte pour six voix de Gesualdo. Avec les mots de « Et ego vadam immolari pro vobis » (Et je vous serai offert), le choix par Dean du second répons pour le Jeudi Saint s'avère judicieux avec sa mélancolie comme pour un adieu. Alors que ce passage préenregistré se fait entendre, chaque instrument à cordes se joint imperceptiblement à la texture. Puis, alors que les accords conclusifs de Gesualdo s’installent, l'étendue du dégoût inspiré par le cluster que Dean a créé devient manifeste pour l'auditeur. Ses vrilles dissonantes entourent la pièce de Gesualdo et l'étranglent avec un silence horrible, poussé au crescendo[8]. »
Postérité
[modifier | modifier le code]Dans The Gesualdo Hex (« Le sortilège de Gesualdo »), publié en 2010, le musicologue américain Glenn Watkins mentionne Carlo de Brett Dean[9] parmi les œuvres de musique contemporaine, très nombreuses (plus de quatre-vingt partitions[10]), adaptées ou inspirées par le prince compositeur italien.
Brett Dean a également composé un ballet consacré à Gesualdo, en 1998, intitulé One of a Kind et basé sur le madrigal Sparge la morte du Quatrième livre de madrigaux[2].
Discographie
[modifier | modifier le code]- Brett Dean : Pastoral Symphony, The Siduri Dances, Water Music et Carlo par le Swedish Chamber Orchestra ( et , BIS CD-1576, 2009)
- Brett Dean : Carlo, Erkki-Sven Tüür : L'Ombra della Croce, Psalmody & arrangements pour orchestre à cordes de Moro lasso et O crux benedicta par le chœur de chambre philharmonique estonien et le Tallinn Chamber Orchestra dirigé par Tõnu Kaljuste (, ECM New Series, 2015)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Monographies
[modifier | modifier le code]- (en) Glenn Watkins, The Gesualdo Hex : music, myth, and memory, New York, W. W. Norton, , 384 p. (ISBN 978-0-393-07102-3)
Notes discographiques
[modifier | modifier le code]- (en + de + fr) Meurig Bowen, « Brett Dean : Water music, etc. », p. 24-31, Åkersberga, Nocturne (BIS CD-1576), 2009 .
- (en) Brett Dean & Erkki-Sven Tüür, « Gesualdo », p. 2-10, Munich, ECM New Series (ECM 2452), 2015 .
Références
[modifier | modifier le code]- Dean & Tüür 2015, p. 10.
- Watkins 2010, p. 217.
- Bowen 2009, p. 26-27.
- Bowen 2009, p. 27.
- Bowen 2009, p. 28.
- Bowen 2009, p. 2.
- Bowen 2009, p. 24.
- Bowen 2009, p. 27-28.
- Watkins 2010, p. 306.
- Watkins 2010, p. 305-308.