Réserve intégrale

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Île de Bagaud, réserve intégrale au cœur du parc national de Port-Cros, France.

Une réserve intégrale (en anglais Wilderness area : zone sauvage ou aire sauvage) est un type d'espace naturel, parfois protégé, défini par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme une zone à un haut niveau de naturalité, où l'influence humaine est minime. Dans certains pays, cette naturalité est garantie par la loi, avec l’interdiction du développement des activités humaines.

L'UICN considère deux catégories : Ia (réserves naturelles strictes) et Ib (zones de nature sauvage).

La plupart des scientifiques et des écologistes conviennent qu'aucun endroit sur terre n'est complètement épargné par l'humanité, soit en raison de l'occupation passée par les peuples autochtones, soit par le biais de processus mondiaux tels que le changement climatique. Les activités en marge de zones sauvages spécifiques, telles que l'empêchement des incendies et de la migration des animaux, affectent également l'intérieur des zones sauvages.

L'UICN a publié son point de vue sur la protection, la gouvernance et la gestion des espaces sauvages, Aires protégées en milieu sauvage : Lignes directrices pour la gestion des aires protégées de catégorie 1b de l'UICN[1].

Réserves intégrales par pays[modifier | modifier le code]

Australie[modifier | modifier le code]

En Australie-Occidentale[2] une zone de nature sauvage est une zone dont la qualité de la nature sauvage est de 12 ou plus et qui atteint un seuil de taille minimale de 8 000 hectares dans les zones tempérées ou de 20 000 hectares dans les zones arides et tropicales. Une zone de nature sauvage est inscrite au journal officiel en vertu de l'article 62 (1) (a) de la Conservation and Land Management Act 1984 par le ministre sur toute terre dévolue à la Commission de conservation de l'Australie-Occidentale.

Belgique[modifier | modifier le code]

Les réserves naturelles wallonnes et bruxelloises (qu'elles soient naturelles ou forestières) peuvent être « intégrales » lorsqu'elles sont créées « dans le but d'y laisser les phénomènes naturels évoluer selon leurs lois » (elles correspondent alors à la catégorie Ia de l'IUCN), ou peuvent au contraire être « dirigées », « lorsqu'une gestion appropriée est mise en œuvre pour la maintenir dans son état » (via des mesures de gestion, réintroduction, contrôle, restauration...) et correspondent alors à la catégorie IV de l'IUCN[3].

États-Unis[modifier | modifier le code]

Paysage de la Réserve intégrale Mountain Lakes, États-Unis.

Aux États-Unis, une zone de nature sauvage est une zone de terres fédérales mise de côté par un acte du Congrès. Les activités humaines dans les zones sauvages sont limitées à l'étude scientifique et aux loisirs non mécanisés ; les chevaux sont autorisés, mais pas les véhicules motorisés et l'équipement.

Finlande[modifier | modifier le code]

Il existe douze zones de nature sauvage dans la région d'origine sami du nord de la Laponie finlandaise. Elles visent à la fois à préserver le caractère sauvage des zones et à améliorer les moyens de subsistance traditionnels du peuple sami. Cela signifie, par exemple, que l'élevage de rennes, la chasse et la prise de bois à des fins domestiques sont autorisés. Comme la population est très clairsemée, ce n'est généralement pas une grande menace pour la nature. L'élevage de rennes à grande échelle a une influence sur l'écosystème, mais aucun changement n'est introduit par la loi sur les zones sauvages. La Commission mondiale des aires protégées (CMAP) classe ces zones comme « VI Aire protégée avec utilisation durable des ressources naturelles ».

France[modifier | modifier le code]

Depuis 1861, l'Administration des Eaux et Forêts protège la réserve artistique de la forêt domaniale de Fontainebleau. Avec un total de 1 097 hectares, cette réserve intégrale est connue pour être la première réserve naturelle du monde[4].

Deux catégories d'aires protégées françaises sont reconnues comme réserves intégrales[5], même si des terrains privés (acquis par exemple par des associations) peuvent répondre aux critères de l'UICN et sont parfois appelés comme tels[6].

Réserves biologiques intégrales[modifier | modifier le code]

Les forêts classées en réserves biologiques intégrales (RBI) gérées par l'Office National des Forêts sont reconnues comme réserves intégrales. Dans les années 1950[7], ces réserves biologiques intégrales étaient destinées à l'évolution des écosystèmes sans interférence, à l'opposé des réserves biologiques dirigées (RBD), où une gestion spécifique est appliquée pour conserver les espèces vulnérables ou des habitats menacés. Dans ces réserves, toutes les récoltes et l'exploitation forestière sont interdites, à l'exception de l'élimination des espèces exotiques ou la coupe d'arbres présentant des risques de chute. Les activités humaines ne sont cependant pas interdites dans ces forêts[8].

Elles sont au nombre de 81 en 2020[9].

Parcs nationaux[modifier | modifier le code]

Lac de Trécolpas et mont Pélago, dans le cœur du parc national du Mercantour, Alpes-Maritimes, France.

Les cœurs des parcs nationaux français sont également sujets à des réserves intégrales. Deux réserves intégrales de parc national ont ainsi été créées : celle de Lauvitel dans le parc national des Écrins en 1995 et celle de îlots de Port-Cros (île de Bagaud, îlot de la Gabinière, rocher du Rascas), dans le parc national de Port-Cros en 2007[10].

En 2021, 2 nouvelles réserves ont été créés :

Nouvelle-Zélande[modifier | modifier le code]

Il existe sept zones de nature sauvage en Nouvelle-Zélande, telles que définies par la loi sur les parcs nationaux de 1980 et la loi de conservation de 1987, qui correspondent bien à la définition de l'UICN. Les zones de nature sauvage ne peuvent faire l'objet d'aucune intervention humaine, et on ne peut y réintroduire des espèces indigènes seulement si elles sont compatibles avec les stratégies de gestion de la conservation[12].

Suisse[modifier | modifier le code]

Une vallée dans le Parc national suisse.

Le Parc national suisse est une réserve intégrale.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Wilderness protected areas », IUCN Publication, IUCN, no 25,‎ (DOI 10.2305/IUCN.CH.2016.PAG.25.en, lire en ligne, consulté le ).
  2. Department of Conservation and Land Management Policy Statement No 62, Identification and management of Wilderness and surrounding areas.
  3. « La biodiversité en Wallonie », sur wallonie.be (consulté le ).
  4. « ONF - Forêt domaniale de Fontainebleau », sur www1.onf.fr (consulté le )
  5. « Protected Areas / Protected Planet », sur Protected Planet (consulté le ).
  6. Le Monde, « Une troisième réserve de vie sauvage en France », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  7. 1995 & 1998 National Forests Office internal instructions in application of the last paragraph of article L. 212-2 of the French Forest Act
  8. « La réserve biologique intégrale des Maures », sur onf.fr (consulté le ).
  9. « Protected Areas / Protected Planet », sur Protected Planet (consulté le ).
  10. « Protected Areas / Protected Planet », sur Protected Planet (consulté le ).
  11. « Parc national de forêts : Le 11ème parc national français voit le jour ! | Portail des parcs nationaux de France », sur www.parcsnationaux.fr (consulté le )
  12. « Department of Conservation: New Zealand Wilderness areas », www.doc.govt.nz

Liens externes[modifier | modifier le code]