Adriaen Matham
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Adriaen Matham (Haarlem, ca. 1599 - La Haye, 1660) est un graveur, marchand d'art, peintre et éditeur néerlandais.
À Haarlem, il est porte-drapeau de la milice de Saint Adrien de Haarlem, et produit plusieurs portraits gravés. Il s'engage en 1640 dans une mission de l'ambassade néerlandaise au Maroc, où il observe avec attention les endroits où il passe, et rédige à son retour un ouvrage faisant le compte-rendu de son voyage qu'il illustre avec ses propres gravures. À La Haye, il devient un marchand d'art.
Biographie
[modifier | modifier le code]Adriaen Matham est né entre 1589 et 1609 à Haarlem. Il est le fils de Jacob Matham, qui lui enseigne le dessin et la gravure[1], et qui était lui-même influencé par Hendrik Goltzius[2]. Ses frères Jan et Theodor sont également artistes.
Haarlem
[modifier | modifier le code]Adriaen Matham est actif à Haarlem de 1620 à 1642 ; il fait néanmoins des séjours à Paris (1622), à De Waal (1640) et au Maroc (1640-1641)[1]. Il grave ou peint principalement des sujets de dévotion, des portraits, des scènes de genre, des paysages et des scènes religieuses[1]. En 1620, il grave une série de portraits sur les comtes de Hollande, publiée après sa mort en 1663[3] et illustre des ouvrages, comme Académie de l'Espée[4] (Anvers, 1628)[5] et De Hollandsche-Lijs met de Brabandsche Belij de Gillis Quintijn (1629)[6]. Il grave également des portraits dans le style de Jacob De Gheyn l'Ancien et des sujets grotesques comme Les Hiboux (voir plus bas)[5].
Il est membre de la Garde civile de Saint-Adrien de Haarlem dans la compagnie des « Cluveniers » de 1624 à 1627[7], et Frans Hals le représente comme porte-drapeau dans sa peinture Banquet des officiers du corps des archers de Saint-Adrien (1627 — voir ci-contre)[8]. Il produit plusieurs dessins d'après des peintures de Hals, en particulier ceux des portraits d'Isaac Massa[a] et de Pieter van den Broecke.
Matham s'est marié trois fois, deux fois à Haarlem et une troisième à Amsterdam[1],[b].
Maroc
[modifier | modifier le code]Le , Matham, qui s'est engagé à l'ambassade néerlandaise menée par Antonius de Liedekerke (en) auprès du roi du Maroc Mohammed esh-Sheikh es-Seghir[c],[10], entame le voyage vers la « Barbarie »[11]. Il a tenu le journal de ce voyage dans un ouvrage conservé à la bibliothèque de la cour impériale à Vienne : Journal de l'Ambassade du Sieur Anthonis de Liederkerke, envoyée par les très-puissants Membres des États-Généraux des Pays-Bas au Roi du Maroc ; lequel journal fut tenu par Adriaen Matham, peintre, à bord du navire « Gelderland », de 1640 à 1641[12],[9]. Ils sont d'abord reçus à Asasia (sic) par un célèbre pirate, Jan Janszoon, devenu « Gouverneur de la ville et l'Alkeir »[11], à qui rendaient visite sa sœur Lysbeth et son mari[13], avant de se présenter devant le roi à Marrakech[10].
En 1640, Adriaen Matham a réalisé un célèbre dessin et une gravure du palais El Badi[d], avant sa destruction par le sultan alaouite Ismaïl ben Chérif en 1696[10]. Il a aussi visité le port de Mogador en 1641, où il a remarqué la présence de Juifs, qui faisaient affaires avec les Néerlandais et les Britanniques[14]. Il fait plusieurs esquisses de poissons qu'il a découverts lors de ses voyages[15]. Lors de son voyage de retour, il visite Madeira.
La Haye
[modifier | modifier le code]Une fois arrivé, Matham s'installe à La Haye en 1644. Il fait graver plusieurs des événements ayant eu lieu lors de son voyage et qu'il avait dessinés, comme la réception à l'ambassade, intitulée Regis maroci Palatium magni. (et sous-titrée In Barbaria Adriani Matham effigiavit ad vivum sculpsit et Judocus Hondius excudit[16]) et est composée de cinq feuilles qui contiennent notamment un poème en néerlandais, le portrait d'Anthonius de Liederkercke et ce qui semble être ses armoiries, un texte en turc et le portrait de Muley Hamet, empereur marocain[11].
Il est enregistré comme marchand d'art de 1646[11] ou 1648 à 1655[1],[17], au lieu-dit « 't Hoff », à l'enseigne « in 't wapen van Thiel »[11]. Matham a notamment eu comme client la régence de Haarlem[18].
Adriaen Matham a collaboré et fait des affaires avec le cartographe Johannes Blaeu[19].
Adriaen Matham meurt le à La Haye[1].
Sélection d'œuvres
[modifier | modifier le code]-
Hiboux, gravure (1620-1660).
-
Femme tentatrice, diable, alchimiste, gravure (n. d.).
-
Page de titre des Comtes de Hollande, gravure (publiée en 1663).
-
Castelo Real de Mogador, dessin (1641).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Voir le portrait gravé d'Isaac Massa par Adriaen Matham, sur Wikimedia Commons.
- Adriaen Matham s'est marié une première fois en 1632 avec Cornelia Claes van Duijvenhoven ; une deuxième fois en 1638 avec Annetgen Pieters ; et une troisième fois en 1642 avec Leentgen Thiel[9].
- De qui il fait le portrait : voir celui de 1640 sur Wikimedia Commons.
- Voir la vue de Marrakech et du palais El Badi sur Wikimedia Commons.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Fiche d'Adriaen Matham », sur Rkd.nl (consulté le ).
- (en) « Fiche de Jacob Matham », sur Rkd.nl (consulté le ).
- (nl) Adriaen Matham, 32 afbeeldinge der Graven van HOLLANDT uit het oude goudtsche kronycxken: In 't kooper verciert door Adriaenus Matham, Amsterdam, Ian Hendricksz. Boom, . Voir les gravures qu'il a produites pour cet ouvrage sur Wikimedia Commons.
- « Académie de l'Espée », sur Gallica (consulté le ).
- Spooner 1873, p. 533.
- (en) Benjamin Roberts, Sex and Drugs Before Rock 'n' Roll : Youth Culture and Masculinity During Holland's Golden Age, Amsterdam, Amsterdam University Press, , 318 p. (lire en ligne), p. 95.
- Willigen 1870, p. 214.
- (nl) Jhr. Mr. C.C. van Valkenburg, De Haarlemse Schuttersstukken, Haarlem, 1961, pp. 47-76.
- Willigen 1870, p. 215.
- Quentin Wilbaux, Marrakech: le secret des maisons-jardins, Arc édition, , 384 p. (ISBN 9782867701283, lire en ligne), p. 95.
- Willigen 1870, p. 216.
- Adriaen Matham, Voyage dʹAdrien Matham au Maroc (1640-1641).
- (nl) Nederlandsche spectator: weekblad van den ouden heer Smits, Meulenhoff, (lire en ligne), p. 415.
- H. Z (J. W.) Hirschberg, A history of the Jews in North Africa: From the Ottoman conquests to the present time, vol. 2, Brill, , 351 p. (ISBN 9789004062955, lire en ligne), p. 235.
- (en) Michel Conan, Middle East garden traditions: unity and diversity, Dumbarton Oaks (ISBN 9780884023296, lire en ligne), p. 105.
- (en) « Voir l'estampe complète », sur Rijksmuseum Amsterdam (consulté le ).
- (nl) Adriaan van der Willigen Pz. (en), Geschiedkundige aanteekeningen over Haarlemsche schilders en andere, De Erven F. Bohn, , 256 p. (lire en ligne), p. 160.
- Willigen 1870, p. 217.
- (nl) Kunstkronijk: uitg. ter aanmoediging en verspreiding der schoone kunsten, Sijthoff, (lire en ligne), p. 70.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Adriaen Matham et Ferdinand de Hellwald (dir.), Voyage dʹAdrien Matham au Maroc (1640-1641), La Haye, M. Nijhoff, (BNF 32234543, lire en ligne)Publié pour la première fois avec notice biographique de l'auteur, introd. et notes par Ferdinand de Hellwald.
- Adriaan van der Willigen, « Adriaen Jacobsz. Matham », dans Les artistes de Harlem: Notices historiques avec un Précis sur la Gilde de St. Luc, Les héritiers F. Bohn, , 366 p. (lire en ligne), p. 214-217.
- (en) Shearjashub Spooner, « Matham, Adrian », dans A Biographical History of the Fine Arts: Being Memoirs of the Lives and Works of Eminent Painters, Engravers, Sculptors, and Architects..., vol. 2, George Gebbie, (lire en ligne), p. 533.
- « Matham, Adriaen Jacoby » dans Bénézit, 1976.
- (de) Thieme-Becker, vol. 24 (1930), p. 237.
- (nl) « Adriaen Jacobsz. Matham » dans Hollstein, vol. 11 (1954), p. 212-214.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Gravures d'Adriaen Matham sur le site du Rijksmuseum Amsterdam
- (en) Gravures d'Adriaen Matham sur le site de la National Portrait Gallery
- (en) Fiche d'Adriaen Matham sur artnet