Paul Hay du Chastelet
Fauteuil 20 de l'Académie française | |
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Paul Hay du Chastelet (novembre 1592, Laval - ), magistrat, orateur et écrivain français, est un conseiller d'État sous Richelieu qui fit partie de la première Académie française (fauteuil 20).
Biographie
Origine
Issu de l'ancienne maison de Hay en Bretagne, il fut d'abord conseiller en 1616, puis avocat général au parlement de Bretagne en 1618[1], puis maître des requêtes en 1623 et enfin conseiller d'État en 1633. Chargé d'établir le Parlement de Béarn en 1621 à Pau, il exerça, en 1655, l'intendance de la justice dans l'armée royale, commandée par le roi Louis XIII en personne.
Duels
Magistrat intègre et habile orateur, il employa souvent son éloquence pour tâcher de sauver les victimes de la vengeance du cardinal de Richelieu. Il prit la défense de François de Montmorency-Bouteville condamné pour ses duels à répétition. Ce dernier avait, malgré de récents édits, ou plutôt à cause même de ces édits, s'était battu avec Des Chapelles, en plein jour, au milieu de la Place-Royale. Hay du Chastelet employa d'abord, dans l'intérêt de son client, les démarches, les sollicitations[2]. N'ayant pas réussi par ce moyen, il fit, en faveur de Boutteville, un mémoire véhément, chaleureux, éloquent, qui parut sous ce titre : Factum pour mess. François de Montmorency, comte de Luz et de Boutteville, et messire François de Rosmadec, comte Des Chapelles.
Ce factum faillit le compromettre à jamais. Richelieu ne supportait pas volontiers, même chez ses meilleurs amis, de tels écarts de conduite. Ayant mandé Du Chastelet, il lui dit que son mémoire était l'apologie d'un crime et semblait condamner la justice du roi[3]. Le roi fait exécuter Boutteville[4].
Après cet épisode, Du Chastelet fut néanmoins nommé peu de temps après maître des requêtes de l'hôtel du roi. On n'était alors pourvu d'une telle charge que sur la présentation de Richelieu. Ennemi passionné de l'Autriche, il publia divers écrits contre cette puissance, contre les rois, les princes ses alliés ou ses vassaux trop soumis[5].
Procès de Marillac
En 1631, Hay du Chastelet est choisi par le roi pour être un des juges du maréchal de Marillac[6] ; mais n'osant pas l'absoudre et ne voulant pas le condamner, il avait eu recours à un expédient assez étrange pour se faire récuser ; il avait répandu dans le public, sous le titre de Prose impie contre les deux frères Marillac[7] une complainte satirique, une satire latine en prose rimée, dont il s'était avoué l'auteur. Aussitôt, les amis de Marillac avaient fait entendre des murmures. Comment un juge désigné pouvait se prononcer contre l'accusé, même avant d'avoir eu sous les yeux le procès-verbal des commissaires instructeurs. L'impartialité de Chastelet, homme de Richelieu était mise en cause. Pellisson veut, à la vérité, que Du Chastelet ait à dessein provoqué ces clameurs, dans l'intérêt bien entendu de Marillac.
Pour Hauréau, il n'en est absolument rien[8]. Quelles que soient les intentions de Hay du Chastelet lorsqu'il composait sa prose rimée, le roi jugea qu'il avait commis en l'écrivant une mauvaise action, et, 3 jours avant le jugement de l'affaire Marillac, la cour est saisie d'une requête du nouveau garde des sceaux contre le sieur Du Chastelet. Il siégeait quand cette requête fut présentée : aussitôt il se leva et se retira de l'assemblée, pour que sa présence ne fût pas un obstacle à la liberté des suffrages. En fait, cette requête était un ordre pour la cour, et Du Chastelet, reconnu coupable d'une grave infraction à ses devoirs de magistrat, est conduit prisonnier, sous l'escorte d'un exempt, au château de Villepreux. Il avait eu l'imprudence d'offenser le roi et son ministre, Du Chastelet fut envoyé pour quelque temps dans une prison d'État.
Il n'y reste pas longtemps, et, quand il revient à la cour, il obtient le pardon du roi Louis XIII[9]. Sa détention n'a pas été longue : en sa prison de Villepreux, il avait fait un mémoire pour la défense du cardinal de Richelieu, et ce dernier n'avait pu laisser sous les verrous l'avocat de sa cause. C'est ce mémoire qui est publié sous le titre suivant : Discours au roi touchant les libelles faits contre le gouvernement de son état[10]. Ces libelles étaient quelques écrits du président Le Coigneux et de divers autres partisans contre l'administration de Richelieu[11] Son Discours obtient les suffrages de Louis XIII et de Richelieu.
Les relations avec Richelieu
Il donna encore au public, la même année: l'Innocence justifiée en l'administration des affaires[12]. C'est une nouvelle réponse au président Le Coigneux, qui, dans un manifeste plein de véhémence, avait accusé de divers crimes le gouvernement du cardinal. L'accusation était passionnée et la défense ne l'est pas moins.
Ces écrits avancèrent encore Du Chastelet dans les bonnes grâces de Richelieu. Richelieu aimait à s'entretenir avec du Chastelet dont il goûtait beaucoup l'esprit[13] ; mais comme il se méfiait de la solidité de son jugement, il ne lui donna jamais d'emplois considérables. Il n'était pas utilisé dans les négociations importantes mais dans la défense d'un des actes de l'administration de Richelieu, ou dans le suivi de la trace dissimulée d'un crime d'état. C'est ainsi qu'il lui confia le soin d'instruire le procès de Blaise Rufflet, dit le baron d'Urfé, et de répliquer aux censeurs du jugement rendu contre le maréchal de Marillac.
Hay du Chastelet, dans la plupart de ses ouvrages, est un ardent propagandiste de Richelieu. On lui connaît de nombreux ouvrages en réponse à des libelles dirigés contre ce ministre par des partisans de la reine mère ou de Gaston de France.
On avait publié, sous le titre de Relation, une apologie du maréchal pleine de fiel contre Richelieu. Du Chastelet répondit à ce pamphlet par une apologie du cardinal et une exposition complémentaire des charges diverses qui avaient conduit Marillac sur l'échafaud, dans Observation sur la vie et la condamnation du maréchal de Marillac[14] et sur le libelle intitulé : Relation de ce qui s'est passé au jugement de son procès.
Richelieu l'appelait familièrement son « lévrier »[15]
Un peu avant sa mort, Richelieu fit donner 40 000 écus à Hay du Chastelet/
Académie française
Son esprit le fit choisir pour être un des premiers membres de l'Académie française, et il fut le premier secrétaire de cette compagnie jusqu'à sa mort.
Il inaugura le vingtième fauteuil de l'Académie française dont il fut le premier secrétaire (1634)[16].
Ouvrages
C'est en 1635 que parait le principal ouvrage de Du Chastelet. Cet ouvrage a pour titre : Recueil de diverses pièces pour servir à l'histoire. Ces pièces ne sont pas toutes de Paul Du Chastelet, mais c'est lui qui les a recueillies pour en composer ce volume, auquel il a joint une préface que Guy Patin appelle « excellente »[17].
La même année, 1635, on publiait à Paris, sous le titre de Mercure d'état, ou Recueil de divers discours d'état, un petit volume in-12. Les pièces dont se compose ce Recueil sont de vives déclamations contre la maison d'Autriche; ce sont d'énergiques appels aux princes, aux états d'Italie, jaloux de conquérir ou de maintenir leur liberté. Le catalogue de la Bibliothèque nationale de France attribue ces divers discours à Paul Hay du Chastelet[18]. Il faut ajouter à la liste des opuscules de Paul Du Chastelet une Satire contre la vie de la cour, imprimée sous le nom de Théophile dans un recueil publié par Sercy, et un petit poème avant pour titre : Avis aux absents de la cour.
Matthieu de Morgues, pamphlétaire hostile à Richelieu, n'épargne pas l'injure à l'avocat Hay du Chastelet, au « gaietier » du cardinal. Il reconnaît, toutefois, qu'il faut le compter non parmi les vulgaires flatteurs, mais parmi les ambitieux[19].
Famille
Il exerça l'intendance de la justice dans l'armée royale, commandée par Louis XIII en personne[20]. Il est mort durant la campagne de Lorraine, troisième période de la guerre de Trente Ans, où il remplissait les fonctions d'intendant de justice.
Son frère est Daniel Hay du Chastelet, abbé et mathématicien. Son fils est Paul Hay du Chastelet, écrivain avec qui souvent on l'a confondu. De là sont venues des erreurs nombreuses : ainsi, dans certaines bibliographies, les ouvrages du père et ceux du fils sont attribués à un seul auteur : il y en a d'autres où le père est distingué du fils, mais où quelques ouvrages de celui-ci sont improprement attribués à celui-là.
Publications
Attribués par certains bibliographes
- Les Entretiens des Champs Élysées (1631)[21];
- La première et la seconde savoisienne, où se voit comme les ducs de Savoie ont usurpé plusieurs Estats appartenans aux Rois de France : Comme les Rois de France en ont plusieurs pour cruels ennemis, voire tous ceux qui ont esté les plus proches dans leur Alliance : Comme l'Église en a receu de grandes offenses : les feintes propositions de Paix qui se faisoient à Paris, Lion, Suze, Pignerol, & ailleurs, pour tromper le Roy, faire perir des Armées, & assubjettir l'Italie, sans moyen de s'y pouvoir oposer ; & par conséquent la nécessité de cette dernière guerre. Plus, une Description-sommaire de tous les Princes de cette Maison, jusques à l'An 1630 (1630)[22] ;
Ouvrages
- Discours au Roi touchant les libelles faits contre le gouvernement de son état (1631) ;
- Discours sur plusieurs Poincts importans, de l'Estat present des Affaires de France (s.l.n.d.)[23] ;
- L'innocence justifiée en l'administration des affaires adressée au Roy (1631)[24] ;
- Observations sur la vie et la condamnation du maréchal de Marillac et sur le libelle intitulé : Relation de ce qui s'est passé au jugement de son procès en 1633 (1633) ;
- Discours au Roy. Un plaidoyer en faveur de Richelieu.[25] ;
- Discours d'état sur les écrits de ce temps, auquel est faite reponses à plusieurs libelles diffamatoires publiés à Bruxelles par les ennemis de la France (1635) ;
- Recueil de diverses pièces pour servir à l'Histoire (1635, 1643, 1653)[26] ;
- Avis aux absents de la Cour, pièce de cent cinquante vers, contre ceux qui avaient suivi la reine mère à Bruxelles ; on la trouve dans le recueil de Sercy ;
- Satyre contre la vie de la Cour (faussement attribuée à Théophile) ;
- Sature contre un magistrat ;
- Prose impie contre les deux frères Marillac.
Maurice Vignes, professeur de sciences économiques à la Faculté de Dijon (lettre du ) suppose que les Observations sur la vie et la mort du maréchal d'Ornano, parues en 1643, doivent être attribuées à Paul Hay père, mort en 1636, parce que Paul Hay fils dit, dans la préface de son Du Guesclin (1666), que cet ouvrage est son coup d'essai. L'abbé Angot souligne que dans ce cas, il faut encore supposer que le Traité de l'éducation de Mgr le Dauphin paru en 1654, est aussi l'œuvre du père. M. Vignes ajoute que Paul Hay fils eut un frère, d'après une note inscrite par d'Hozier sur son exemplaire de l'Histoire de Du Guesclin, et par cette autre raison, que le privilège de cette histoire est au nom de Paul Hay, chevalier, tandis que le Traité de la politique civile est accordé à Monsieur P. H., marquis de C..
Notes et références
- F. Saulnier, Parlement de Bretagne, tome I., p. 485-495
- On cite de lui plusieurs bons mots. Un jour qu'il était avec M. de Saint-Preuil qui sollicitait la grâce de ce seigneur, et qu'il insistait lui-même de tout son pouvoir, le roi lui dit : « Je pense que M. du Chastelet voudrait avoir perdu un bras pour sauver M. de Montmorenci. ». Il répondit : « Je voudrais, sire, les avoir perdus tous deux, car ils sont inutiles à votre service, et en avoir sauvé un qui vous a gagné des batailles et qui vous en gagnerait encore. »
- « Non pas, lui répondit celui-ci; mais j'ai voulu justifier sa miséricorde, s'il en use envers un des plus « vaillants hommes de son royaume. »
- On dit que Richelieu précipita l'exécution de la sentence dès qu'elle fut rendue ; quoi qu'il en soit, il oublia bientôt que Du Chastelet s'était montré dans cette affaire un de ses plus ardents contradicteurs.
- Tous les écrits de ce genre étant alors publiés sans le nom des auteurs, on a pu tour à tour attribuer les mêmes pièces à des personnes différentes, et il n'est pas facile aujourd'hui de discerner la vérité de l'erreur. Fevret de Fontette, d'après Matthieu de Morgues, attribue à Du Chastelet un pamphlet qui parut en 1630 sous ce titre : La première et la seconde Savoisienne, où se voit comment les ducs de Savoie ont usurpé plusieurs états appartenant au roi de France; Grenoble, Marniols, 1630, in-8°. Hauréau indique qu'il parait maintenant certain que Du Chastelet n'en est pas l'auteur. Pour la première Savoisienne, c'est la réimpression d'un libelle publié, trente années auparavant, par l'avocat Antoine Arnauld. Dans la préface de son Histoire généalogique de la maison de Savoie, Guichenon impute la seconde Savoisienne à Bernard de Rechignevoisin, sieur de Guron. C'est aussi ce qui est écrit dans Varillas, cité par le Père Niceron (Hommes illustres, t. XXXVIII, p. 170.). Ces témoignages sont-ils contredits par Matthieu de Morgues, comme l'assure Fevret de Fontette ? Hauréau indique qu'on a pu le croire; le passage de Matthieu de Morgues est obscur et peut être sans aucun doute diversement interprété; mais une lettre de Richelieu publiée au XIXe siècle vient l'expliquer et prouver qu'il n'a pas été compris par Fevret de Fontette. Matthieu de Morgues, s'adressant à Richelieu, et traitant avec beaucoup de mépris un de ses flatteurs anonymes, rappelle, pour le désigner, qu'il s'est déjà fait connaître en publiant deux libelles intitulés : La seconde Savoisienne et Les entretiens des Champs Clysées. Or, Les entretiens des Champs Clysêes sont de même attribués par Varillas au sieur de Guron, et par Fevret de Fontette, d'après ce passage de Matthieu de Morgues, à Paul Hay Du Chastelet. Mais Matthieu de Morgues dit encore du même flatteur: « 0 le béat, qui est plus capable de présenter un poulet d'une main, en tenant un chapelet de l'autre, que de faire descendre la vérité du ciel! 0 le saint personnage, qui veut servir d'écuyer à la fille de Dieu, ayant rendu, à ce qu'on dit, et continuant de rendre cet office aux dames qui ont prostitué leur honneur à la puissance, aux faveurs et aux finances ! N'est-ce pas un homme qui fut chassé par le feu roi pour avoir voulu faire une cabale dans la cour, en se servant en même temps de deux choses bien contraires, de la religion et de l'amour (Matthieu de Morgues, Remontrance de Caton chrétien, p. 68, 69.) ? » Le feu roi est Henri IV de France. Henri IV est mort au mois de mai de l'année 1610, et Du Chastelet, né en 1593, avait à peine à cette date 17 ans. Or, comment admettre qu'à cet âge il ait été choisi pour remplir, dans une cabale de cour, le rôle qu'attribue Matthieu de Morgues à l'auteur des deux libelles anonymes? Cet auteur n'est donc pas Du Chastelet. Pour Hauréau c'est bien, comme le prétend Varillas, Bernard ou Charles de Rechignevoisin, sieur de Guron. Écrivant à Guron, en 1615, une lettre fort injurieuse, Richelieu (Lettres du Cardinal de Richelieu, publiées par M. Avenel, t.l, p. 139.) lui reproche d'avoir été le messager d'amour d'Henri IV, d'abord près de la marquise de Verneuil, ensuite près de la comtesse de Moret. Tel nous le représente Matthieu de Morgues, offrant un poulet. Richelieu ne manque pas non plus de lui rappeler qu'il écrivait dans le même temps un livre pieux, intitulé Discipline chrétienne, et que sa feinte dévotion masquait toutes ses intrigues. Ainsi, Hauréau indique avoir deux portraits du même personnage qui ressemblent parfaitement l'un à l'autre, et le personnage est nommé par Richelieu le sieur de Guron.
- On le voit dans les requêtes de Marillac, insérées dans le Journal de Richelieu, première part., édition d'Amsterdam.
- Cette prose a été publiée, sous le nom de Du Chastelet, dans le Journal de Richelieu, seconde partie, p. 58. En voici les premières strophes: Venite ad solemnia, Faciamus praeconia Dum nobis rident omnia. Una funis tenet illum Qui opprimebat pusillum Quando tenebat sigillum. Quantum flevit Carmelita, Tantum risit Jesuita, Cum captus est hypocrita... Magna fuit laetitia In hac urbe Lutetia Cum privatus est gratia,..
- Il indique les propres paroles de Marillac, récusant Du Chastelet : « Quant à Chastelet, j'ai horreur, Messieurs, de le voir assis, parmi une si honorable compagnie, sur ces fleurs de lis, et qu'il ait pouvoir et main-levée sur ma vie et mon honneur, quand bien je n'aurais à lui reprocher que cette prose infame dont il est l'auteur » (Relation véritable de ce qui s'est passé au jugement du Mar. de Marillac, dans le Journal de Richelieu, part. II, p. 1). Le maréchal de Marillac explique, d'ailleurs, l'animosité personnelle que Du Chastelet a contre lui. Ouvertement ennemi de l'ancien garde des sceaux Michel de Marillac, il veut perdre les deux frères l'un par l'autre, et il commence par les outrager l'un et l'autre dans un libelle cynique (Requête de Marillac, dans le Journal de Richelieu, part. I. p. 184.). Hauréau ajoute en complément que si, pour justifier un acte très répréhensible, la publication de la Prose impie, on prétend que Du Chastelet s'est conduit de telle sorte dans l'intérêt bien entendu de l'accusé, comment alors nous explique-t-on un autre libelle contre Marillac condamné, exécuté, qui fut, dans la suite, publié par le même Du Chastelet ?
- Peu après être sorti de prison, on le mena à la messe du roi, et comme ce prince non seulement ne le regardait pas mais affectait de détourner la tête, du Chastelet, supposant qu'il était contrarié de voir un homme qu'il venait de maltraiter, on raconte qu'il s’approcha de Saint-Simon, et lui dit : « Je vous prie, monsieur, de dire au roi que je lui pardonne de bon cœur, et qu'il me fasse l'honneur de me regarder. » Le roi, auquel on rendit compte de cette naïveté, en rit beaucoup, et fit compliment à son auteur
- Fevret de Fontette commet à ce sujet plusieurs erreurs. Il suppose d'abord que Du Chastelet fut incarcéré en 1632, tandis que la date de ce pamphlet indique assez qu'il en sortit en 1631. Ensuite il lui donne pour prison la Bastille, au lieu du château de Villepreux. Enfin il imagine que Du Chastelet obtint sa grâce en publiant son Discours d'Etat, libelle qui ne vit pas le jour avant l'année 1635. Le Discours au roi a été réimprimé dans le Recueil de diverses pièces pour servir à l'histoire, p. 440. Comme tous les opuscules de Hay du Chastelet, celui-ci est anonyme.
- Hauréau indique que nayant pas encore l'habitude de ce genre d'écrire, Du Chastelet n'avait pas pris dans son mémoire le ton qui convient le mieux aux papiers anonymes; il avait donné lui-même beaucoup trop d'importance à l'attaque, en rédigeant une défense gourmée, sententieuse, solennelle.
- Le Discours au roi étant incontestablement l'ouvrage de Du Chastelet, il n'y a pas pour Hauréau à rechercher bien loin quel est l'auteur de l'Innocence justifiée, puisqu'on lit au début de cet opuscule : « Ceux qui écrivaient ou parlaient à César ignoraient sa grandeur; ceux qui n'osaient ni l'un ni l'autre, son humanité: ayant toujours reconnu en V. M. ces deux belles qualités, principalement lorsqu'elle me fit l'honneur d'agréer la réponse que je lis aux libelles qui couraient contre le gouvernement de son état... »
- Il avait l'esprit rapide, il concevait promptement les affaires; mais il n'avait pas le jugement et la prudence qui sont nécessaires pour les bien conduire. (Fevret de Fontette, Historiens de la France.)
- C'est un mémoire judiciaire écrit pour Hauréau avec plus de goût que divers autres ouvrages du même auteur : On a dit souvent du maréchal de Marillac qu'il avait été sacrifié contre toute justice aux ressentiments personnels de Richelieu. Ces ressentiments ont sans doute précipité la ruine du maréchal; cependant on ne peut nier que les charges produites contre lui ne fussent très-graves. Du Chastelet l'accuse, il faut en convenir, avec passion; mais il l'accuse, l'estimant coupable, avec toute la véhémence et toute la bonne foi des hommes de parti.
- Je sais bien que, dans ses railleries, il t'appelle son « lévrier, et il a raison, car tu es celui de ses bourreaux, lorsque a tu es juge, et, en écrivant pour lui, tu es son lévrier d'attache, mais assez maladroit. (M. de Morgues, Recueil, p. 566)
- Une copie de son discours est conservée dans le n° 645 des Manuscrits français à la Bibliothèque nationale de France, sous ce titre : Discours académique sur l'éloquence. Le même volume contient le Discours contre l'éloquence d'Antoine Godeau.
- C'est cette préface qui fut imprimée séparément la même année, sous le titre de : Discours d'état sur les écrits de ce temps, auquel est fait réponse à plusieurs libelles diffamatoires publiés à Bruxelles par les ennemis de la France; Paris, 1635, in-8°. Pour Hauréau, si on en retranche tout ce qui concerne la généalogie du cardinal de Richelieu, et quelques autres passages qui sentent le courtisan, il rejoint l'avis de Guy Patin : c'est un morceau bien pensé, bien écrit, accablant pour le parti de la reine-mère. Ce parti sentit le coup, et l'abbé de Morgues, son principal orateur, répondit à Du Chastelet par un recueil non moins considérable : Diverses pièces pour la défense de la Reine-Mère, faites et revues par Matthieu de Morgues, sieur de Saint-Germain; Bruxelles, in-folio.
- C'est un point qu'Hauréau ne peut contredire, ni confirmer cette attribution
- Jugement, etc., etc., dans son Recueil, p. 517.
- Pellisson, Histoire de l'Académie française.
- Ardent propagandiste de Richelieu, l'auteur dirige ce pamphlet contre les deux Marillac et se montre favorable à Henri de Schomberg et à Claude de Bullion. Henri IV aux Champs Élysées regrette de n'avoir pas vécu assez longtemps pour mettre Richelieu aux affaires.
- La première partie est d'Antoine Arnaud ; la seconde est attribuée, soit à Paul Hay du Chastelet, soit à Bernard de Rechignevoisin. Quel qu'il soit, l'auteur examine les manifestes du duc de Savoie, qui prétend avoir souvent exposé ses états pour le service de la France, et il étudie, dans ce but, en mettant des titres en marge pour que l'on puisse suivre son argumentation, l'histoire de la Savoie depuis les débuts. Il en arrive à conclure que ce pays a toujours été sauvé par la France et qu'il a empêché l'union de celle-ci avec l'Espagne.
- L'auteur examine sur un ton dithyrambique quelle a été la politique suivie depuis que Richelieu a été appelé au Ministère, et l'approuve entièrement.
- Auteur présumé. Texte en ligne
- Il s'agit sans doute d'un des pamphlets inspirés par Richelieu dans sa lutte contre Gaston par écrits interposés. On sait que chaque camp appointait des écrivains pour les soutenir par le biais des libelles. Richelieu employait essentiellement à cet usage Harlay de Sancy, Jean de Sancy et Hay du Chastelet. Ce dernier, que Richelieu appelait son lévrier, pourrait bien être l'auteur de ce texte flagorneur. Texte en ligne : [1]
- Toutes les pièces qui se trouvent dans ce volume ne sont pas de Hay du Chastelet, mais c'est lui qui les a recueillies et y a joint une préface qui est une apologie du Cardinal de Richelieu. Ce recueil est précédé d'une préface dans laquelle Hay du Chastelet expose son programme : offrir dans un même volume tout ce que l'autorité publique et le zèle des particuliers avaient déjà donné séparément pour la défense légitime de l'État et de ceux qui le servent. En réalité, cette préface contient autre chose : après avoir fait l'éloge du roi Louis XIII, l'auteur résume la biographie de Richelieu, dont il se montre un partisan zèlé. C'est dans le but de justifier celle-ci que le recueil a été composé. Il contient 63 pièces qui ne sont pas toutes dues à Hay ; elles sont à la fois pour et contre le gouvernement.
Sources partielles
- « Paul Hay du Chastelet », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
- « Paul Hay du Chastelet », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne)
- Hauréau, Histoire littéraire du Maine, 1871.
Liens externes
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