Delchâd Khâtûn
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Demasq Kaja (en) |
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Tûrsîn Khâtûn (d) |
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Delchâd Khâtûn ( ? -27 décembre 1351) est la fille aînée du chupanide Demachq Khâja et de Tûrsîn Khâtûn. Demachq Khâja est le fils de Chupan dont les frasques à la cour de l’il-khan Abu Saïd vont servir de prétexte à la chute de son père et de toute la famille chupanide. Tûrsîn Khâtûn est la petite-fille de l’il-khan Ahmad Teküder.
Biographie
Demachq Khâja, le père de Delchâd Khâtûn, est exécuté par le vizir Mesr Khâja sur l’ordre d’Abu Saïd en 1327. Son grand-père Chupan est obligé de se réfugier à Hérat auprès de Ghîath al-Dîn, le souverain de Kert qui pour plaire à Abu Saïd le fait exécuter. Le jalayiride Hasan Buzurg époux de la fille de Chupan, Bagdâd Khâtûn qu’Abu Saïd convoite depuis longtemps, préfère divorcer. Bagdâd Khâtûn devient la nouvelle épouse favorite d’Abu Saïd en 1327. Elle prend Delchâd Khâtûn sous sa protection.
En 1333, Delchâd Khâtûn atteint l’âge nubile, elle est présentée à Abu Saïd. Ce dernier s’éprend de la jeune fille qui devient son épouse préférée. Bagdâd Khâtûn regrette de l’avoir protégée. En 1335, Abu Saïd meurt sans héritier. Un lointain cousin, nommé Arpâ Ka’on (Arpâ Khan) descendant d'Hülegü, est désigné comme successeur. Il est dûment et rapidement intronisé le 5 décembre 1335[1]. Delchâd Khâtûn est alors enceinte d’un possible héritier. Par prudence, cet enfant pouvant devenir un prétendant au trône, elle doit se réfugier à Diyarbakır, auprès de son cousin et oncle d’Abu Saïd : `Alî Ja`far. Sept mois plus tard, elle donne naissance à une fille[2].
La position d’Arpâ Khan n’est pas vraiment assurée. Arpâ Khan accuse Bagdâd Khâtûn de la mort d’Abu Saïd et d’être l’instigatrice de l’attaque de la Horde d'or contre lui. Il la fait exécuter le 16 décembre 1335[3]. Ibn Battûta dans son récit de voyage en Perse ne semble pas douter de cette accusation : Bagdâd Khâtûn aurait agi ainsi à la fois par jalousie et pour venger la mort de son père et de ses frères[4]. Charles Defrémery rapporte au contraire qu'Abu Saïd est mort de maladie :
« À la fin de l'année 1335 l'empereur Uzbek qui était de la race de Djoutchi forma le projet dans le Decht-Khazar[5] de conquérir l'Arran et l'Azerbéidjan. Le sultan Abou Saïd au commencement de l'année 736[6] et avant que l'ennemi eût fait aucune conquête se dirigea vers l'Arran avec ses troupes quoique la température fût extrêmement chaude. Lorsqu'il fut arrivé sur les confins du Chirvan[7] beaucoup de ses soldats périrent à cause de la chaleur et de la corruption de l'air. L'empereur fut pris aussi d'une violente maladie dont il mourut. »
— Charles Defrémery, Op.cit. (lire en ligne), « Février-Mars 1851 (Fragments de géographes et d'historiens arabes et persans inédits relatifs aux anciens peuples du Caucase et de la Russie méridionale inédits et accompagnés de notes critiques.) », p. 132.
Peu après la naissance de sa fille, Delchâd Khâtûn perd son protecteur `Alî Ja`far, tué par Hasan Buzurg. Ce dernier épouse Delchâd Khâtûn. Profitant de sa position, elle fait exécuter le vizir Mesr Khâja qui avait tué son père en 1327. Bien qu’épouse du jalayiride Hasan Buzurg, elle reste favorable aux Chupanides dont certains avaient trouvé un refuge temporaire à Bagdad alors capitale des Jayirides. Pendant l’été 1347, son cousin Malek Achraf part attaquer Bagdad. Elle persuade alors Hasan Buzurg de ne pas se réfugier dans la forteresse de Kemah et de défendre la ville. En revanche quand l’armée chupanide se retire, Delchâd Khâtûn empêche son époux de la poursuivre et accueille même certains partisans de Malek Achraf[2].
Delchâd Khâtûn meurt le 27 décembre 1351. Peut-être a-t-elle été empoisonnée Hasan Buzurg à cause de ses sympathies pour les Chupanides. Après la mort de son épouse Hasan Buzurg fait arrêter tous ses partisans, elle avait une influence considérable aussi bien en Irak qu’en Syrie. Delchâd Khâtûn avait la réputation de se monter charitable envers les pauvres. Elle est enterrée à Nadjaf.
Enfants de Delchâd Khâtûn
- Avec Abu Saïd, elle a une fille.
- Avec Hasan Buzurg, elle a trois fils et plusieurs filles :
Voir aussi
Notes et références
- (en) P. Jackson, « Arpa Khan (also Arpā Kaʾon or Gāvon) », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne).
- (en) Charles Melville, « Delšād Ḵātūn », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne)
- (en) Charles Melville and ʿAbbās Zaryāb, « Chobanids (Chupanids, Pers. Čūpānīān) », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne).
- Ibn Battûta relate ainsi la fin d’Abu Saïd et de Bagdâd Khâtûn :
« Ce prince (Abu Saïd), ayant épousé plus tard une femme appelée Dilchâd, il l’aima d’un violent amour, et négligea Bagddâd khâtoûn. Or celle-ci en fut jalouse, et empoisonna Abou Sa’îd au moyen d’un linge, avec lequel elle le frotta après l’acte conjugal. Il mourut, sa postérité s’éteignit, et ses émirs s’emparèrent des provinces, ainsi que je le raconterai.
Lorsque les émirs surent que c’était Baghdâd khâtoûn qui avait empoisonné Abou Sa’îd, ils convinrent de la mettre à mort. L’eunuque grec, Khodjah Loulou, qui était un des principaux et des plus anciens émirs, s’empressa de mettre cette sentence à exécution. Il vint trouver Baghdâd khâtoûn pendant qu’elle était dans le bain, la frappa d’un coup de sa massue et la tua. »— Ibn Battûta, Op. cit. (lire en ligne), « Du Sultan des deux Irâks et du Khorâçân », p. 375 (.pdf).
Selon l’historien Hafiz Abru (mort en 1430), Abu Saïd serait mort d’une maladie infectieuse au cours d’une campagne contre « le roi Uzbek » (Mohammed Özbeg khan de la Horde d'or). Il ajoute qu’Arpa Khan soupçonnait Bagdâd Khâtun, alors la plus puissante femme de la cour, de conspirer contre lui avec Özbeg. Elle fut accusée d’espionnage et exécutée. (Voir Ibn Battûta, Op. cit. (lire en ligne), « Du Sultan des deux Irâks et du Khorâçân », p. 375, notes 1185 & 1186 (.pdf)).
- Decht-Khazar la steppe des Khazars sur les rives de la Mer Noire.
- Le premier trimestre de 736 A.H. correspond approximativement au dernier trimestre de l'année 1335.
- Chirvan ou Shivan, partie nord de l'Arran en Azerbaïdjan.
Bibliographie
- Ibn Battûta (trad. C. Defremery et B. R. Sanguinetti (1858)), Voyages (3 volumes), De l’Afrique du Nord à La Mecque, vol. I, Paris, François Maspero, coll. « La Découverte », , (.pdf) 398 (ISBN 2-7071-1302-6, présentation en ligne, lire en ligne)Introduction et notes de Stéphane Yerasimov
- M Defrémery, Journal asiatique, Paris, Société asiatique, Centre national de la recherche scientifique, (présentation en ligne)
- (en) Charles Melville, « Delšād Ḵātūn », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne)