Le premier ministre sortant, le général Sitiveni Rabuka, avait pris le pouvoir par un coup d'État militaire en 1987, renversant le gouvernement travailliste du premier ministre Timoci Bavadra. Alléguant la nécessité de sauvegarder la suprématie de la population autochtone, Rabuka avait restreint les droits politiques des Indo-Fidjiens, descendants de migrants venus d'Inde à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il avait ensuite remporté des élections en 1992 et 1994. Sa position s'étant infléchie au cours des années 1990, il accorda toutefois son plein soutien à une nouvelle Constitution en 1997, rétablissant l'essentiel des droits politiques de cette minorité. L'élection de 1999 accorderait aux Indo-Fidjiens une représentation parlementaire davantage proportionnelle à leur importance démographique[1].
De par la Constitution de 1997, le pays est divisé en 71 circonscriptions uninominales, dont la plupart sont attribuées à des communautés ethniques. 23 députés autochtones sont élus par les citoyens autochtones (appelés "fidjiens") ; 19 élus par et parmi les citoyens d'appartenance ethnique indienne (c.f. Indiens des Fidji) ; 1 député élu par et parmi les Rotumiens ; 3 élus par et parmi les citoyens de tout autre appartenance ethnique ; et 25 élus par l'ensemble des citoyens sans distinction ethnique. Chaque électeur avait à choisir deux candidats : un dans sa circonscription ethnique, et un dans sa circonscription dite "ouverte", où pouvaient se présenter des candidats de diverses origines[2],[3].
Le système électoral employé était celui du vote alternatif. Chaque électeur était invité à classer les candidats de ses circonscriptions par ordre de préférence[4].
Deux coalitions de trois partis chacune prirent part aux élections. Le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (SVT ; "Parti politique autochtone") de Sitiveni Rabuka avait été un parti nationaliste, prônant la suprématie indigène, et défini par son fondateur comme un parti d'extrême-droite. Il s'était reconverti, au milieu des années 1990, en un parti beaucoup plus modéré, prônant toujours certains intérêts autochtones mais appelant désormais à l'unité et à la coopération entre citoyens de toutes appartenances ethniques. À ce titre, il s'allia au Parti de la Fédération nationale, le principal parti politique indo-fidjien, dirigé par Jai Ram Reddy. Le troisième parti de la coalition était le Parti général unifié, dont la visée était de représenter les intérêts des autres minorités ethniques (citoyens d'origine européenne, chinoise...). Ainsi, la coalition devait unir et défendre les intérêts de toutes les communautés.
Pour la deuxième fois de l'histoire, après 1987, le Parti travailliste remporta l'élection, obtenant tout juste une majorité absolue des sièges. A contrario, la coalition de Rabuka perdit la quasi-totalité de ses sièges ; le Parti de la Fédération nationale, en particulier, fut abandonné par une grande partie des électeurs indo-fidjiens, qui se reportèrent sur les Travaillistes. Le taux de participation fut de 52,6 %.
↑Adrien Rodd, "Relations interethniques aux Îles Fidji : deux 'minorités' face à face ?", in Lucienne Germain et Didier Lassalle (éds.), Les Relations interethniques dans l'aire anglophone, entre collaboration(s) et rejet(s), L'Harmattan, 2009, (ISBN978-2-296-08678-4)