Élections législatives fidjiennes de 1963

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Élections législatives fidjiennes de 1963
12 des 37 sièges du Conseil législatif
au

Des élections législatives se tiennent aux Fidji, qui sont alors une colonie de l'Empire britannique, du au [1]. Ce sont les premières au suffrage universel. Pour la première fois, les Fidjiens autochtones ont le droit de vote, de même que les femmes (de toutes appartenances ethniques), et que les hommes indo-fidjiens et autres (euro-fidjiens, sino-fidjiens...) n'ayant pas rempli les conditions du suffrage censitaire jusque lors en vigueur.

Système électoral et politique[modifier | modifier le code]

En application de réformes introduites en , le Conseil législatif de la colonie comptera jusqu'à trente-sept membres à l'issue de ces élections, dont jusqu'à dix-neuf siégeant ex officio en tant que membres du gouvernement nommés par le gouverneur colonial, douze élus, quatre nommés par le gouverneur pour représenter les intérêts des communautés d'ascendance indienne (deux) et européenne (deux), et deux autochtones nommés par le gouverneur sur recommandation du Grand Conseil des chefs[1].

Les électeurs sont inscrits sur des listes électorales ethniques : autochtones (dits « Fidjiens »), Indo-Fidjiens (dits « Indiens »), et Euro-Fidjiens (dits « Européens »). Chacune de ces communautés élit quatre représentants, via quatre circonscriptions au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Les personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, par exemple le petit nombre de résidents d'ascendance chinoise, ne peuvent donc pas voter ni se présenter. Il y a quelque 53 000 autochtones, 36 000 Indo-Fidjiens et 4 500 Euro-Fidjiens inscrits sur les listes électorales. Le suffrage censitaire jusque lors appliqué est abrogé en faveur d'un suffrage quasi-universel, seuls les illettrés étant exclus du droit de vote. Les autochtones votent pour la première fois, ayant jusque là été représentés au Conseil législatif par leurs chefs coutumiers non-élus. Les femmes votent également pour la première fois, près d'un demi-siècle après l'obtention du droit de vote des femmes au Royaume-Uni[1]. Aucune femme, toutefois, n'est candidate à ces élections[2].

Partis politiques[modifier | modifier le code]

La vie politique de la colonie n'est pas encore organisée en partis, mais la Fédération citoyenne est la branche politique des associations syndicales des fermiers (principalement indo-fidjiens) des champs de cane à sucre, et présente des candidats à cette élection. Elle deviendra le Parti de la fédération en 1964. Le Kisan Sangh (en), syndicat de fermiers distinct de la Fédération, présente également des candidats, eux aussi indo-fidjiens. Et le Parti démocrate de l'ouest se veut le défenseur des intérêts des autochtones de l'ouest du pays, face aux chefs coutumiers principalement issus de l'est. Mais la plupart des candidats à ce scrutin se présentent sans étiquette[1].

Résultats[modifier | modifier le code]

Par circonscription[modifier | modifier le code]

Les résultats sont les suivants[2] :

Sièges ethniques autochtones[modifier | modifier le code]

Nord

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Ratu Kamisese Mara pas d'adversaire - Élu

Est

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Ravuama Vunivalu (en) pas d'adversaire - Élu

Ouest

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Ratu Penaia Ganilau 7 347 Élu
Parti démocrate de l'ouest Apisai Tora 1 496
aucun Peniame Naqasima 1 434
Parti démocrate de l'ouest Isikeli Nadalo 659
aucun Ratu William Toganivalu 197

Centre

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Semesa Sikivou 10 152 Élu
aucun Ratu Livai Volavola 2 600
aucun A. Waqabaca 228

Sièges ethniques indo-fidjiens[modifier | modifier le code]

Nord

Parti Candidat Voix % Remarque
Fédération citoyenne James Madhavan 2 753 Réélu
Kisan Sangh Harish Chandra Kohli 2 175

Sud

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Andrew Deoki 3 722 Réélu
aucun K. B. Singh 2 778
aucun Ram Lochan Regan 1 220
aucun Chandra Prakash Bidesi (en) 1 174
aucun A. R. Sahu Khan 498

Viti Levu-nord

Parti Candidat Voix % Remarque
Fédération citoyenne Siddiq Koya 3 998 Élu
Kisan Sangh James Shankar Singh 3 480

Ouest

Parti Candidat Voix % Remarque
Fédération citoyenne A.D. Patel 6 244 Élu
Kisan Sangh Deo Sharma 3 346
aucun M. Singh 72

Sièges ethniques euro-fidjiens[modifier | modifier le code]

Nord

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Fred Archibald 358 Élu
aucun Harold Brockett Gibson 341 Sortant battu

Sud

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun John Kearsley 388 Élu
aucun Douglas Walkden-Brown 375
aucun Archibald Gardner 25

Suva

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun John Falvey pas d'adversaire Réélu

Ouest

Parti Candidat Voix % Remarque
aucun Ronald Kermode 573 Réélu
aucun Samuel Berwick 296

Représentants ethniques nommés[modifier | modifier le code]

Le gouverneur Sir Kenneth Maddocks (en) nomme les six membres suivants, dont les deux représentants autochtones sur proposition du Grand Conseil des chefs[2] :

Communauté Nom
Autochtones Ratu George Cakobau
Autochtones Ratu Edward Cakobau
Indo-Fidjiens C. A. Shah
Indo-Fidjiens C. P. Singh
Euro-Fidjiens Cyril Aidney
Euro-Fidjiens John Moore

Conseil exécutif[modifier | modifier le code]

En , le gouverneur remanie le Conseil exécutif de la colonie pour y intégrer des élus. Le Conseil exécutif comprend dès lors quatre administratifs nommés, trois membres élus du Conseil législatif, et trois membres nommés du Conseil législatif représentant chacun l'une des communautés ethniques. Le gouverneur Sir Kenneth Maddocks choisit parmi les élus les trois personnes qui sont de fait les principaux porte-parole de leurs communautés respectives : le grand chef Ratu Kamisese Mara pour les autochtones, l'avocat militant A.D. Patel pour les Indo-Fidjiens, et l'avocat John Falvey pour les Euro-Fidjiens. À partir de cette date, les membres du Conseil exécutif ont de fait des responsabilités de type ministérielle, à l'exception des trois membres nommés simplement comme représentants de leurs communautés ethniques (Ratu Penaia Ganilau, James Madhavan et Ronald Kermode)[3],[4] :

Responsabilité Nom Domaines couverts par cette responsabilité[3]
Secrétaire colonial P.D. Macdonald service public, constitution, défense, affaires étrangères, immigration, travail, police, archives
Secrétaire aux finances H.P. Ritchie budget, commerce, industries, monnaie, douanes, planification économique, politique fiscale
Procureur général Justin Lewis affaires juridiques, maintien de l'ordre, rédaction des projets de loi, conseils au gouvernement en matière de droit
Secrétaire aux affaires autochtones A.C. Reid affaires autochtones, administrations locales, logement
Ressources naturelles Ratu Kamisese Mara terres, agriculture, coopératives, pêcheries, forêts, ressources minières, préservation des sols
Services sociaux A.D. Patel culture, éducation, santé, sécurité sociale, prisons
Communications et travaux publics John Falvey aviation civile, électricité, hôtels, services postaux, routes, télécommunications, tourisme, transports, réseau d'eau, travaux publics
- Ratu Penaia Ganilau -
- James Madhavan -
- Ronald Kermode -

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Norman Meller et James Anthony, Fiji Goes to the Polls; the Crucial Legislative Council Elections of 1963, East-West Center Press, 1968
  2. a b et c (en) "Vital period ahead for new Fiji Legislative Council", Pacific Islands Monthly, 1er juin 1963, pp.61-65
  3. a et b (en) "Fiji takes a (cautious) step towards self-government", Pacific Islands Monthly, 1er juillet 1964, pp.10-11
  4. (en) Michael C. Howard, Fiji: Race and Politics in an Island State, op.cit., pp.65-66