Église Saint-Pierre de Lumeau

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Église Saint-Pierre de Lumeau
Vue d'ensemble depuis le sud, en juin 2018.
Présentation
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Diocèse
Paroisse
Paroisse Saint Martin en Beauce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Religion
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L'église Saint-Pierre est un édifice religieux catholique situé à Lumeau, en France. Lieu de culte inscrit au cœur du village, l'église composée à présent de trois parties est le fruit de plusieurs évolutions depuis le Moyen Âge, dont une variante de vocables.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

L'édifice est situé au centre de Lumeau, vers le nord, et est accessible depuis la Grande Rue. Plus largement, il se trouve dans le département d'Eure-et-Loir, en région Centre-Val de Loire. Un site du réseau géodésique français placé au niveau de l'épi de faîtage fait état en deux points d'une altitude d'environ 193 mètres[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'église de Lumeau est une église médiévale[2], qui a été construite et rebâtie durant au moins trois périodes historiques. De l'édifice primitif d'architecture romane, l'église conserve un chœur rénové. Son chevet est du XIIIe siècle. La tour beauceronne quadrangulaire de l'église est un élément architectural typique dans le canton ; ses fondations sont antérieures au XIVe siècle ; la tour date du XVIe siècle pour sa dernière surélévation par une flèche de charpente[3],[4].

Durant la guerre de Cent Ans, l'église est évoquée comme église fortifiée en 1382. À la Renaissance, « l'église est consacrée en 1556, sans doute après d'importants travaux. » Mais, durant la première guerre de Religion, « l'église est incendiée en 1562 ». « Le retable date du XVIIIe siècle. En 1731, 1771 et 1777, des cloches de l'église ont été bénies. Une nouvelle restauration eut lieu en 1820[5] » : les fenêtres sont du XIXe siècle. Un plan de l'église a été relevé en 1852[6]. Des travaux sont effectués en 1876. Des travaux de rénovation du clocher à la fin du XXe siècle conduisent au remplacement de son bourdon.

Jusqu'au XIXe siècle, les croyances populaires sur les causes d'événements naturels ou prétendus surnaturels conduisent à des troubles à l'ordre public : « plusieurs curés furent menacés de la fureur populaire, entre autres ceux de Terminiers, Lumeau, Sancheville et Gironville[7]. » Le , jour de l'inauguration du monument de Neuvilliers, l'abbé Morice, curé de Lumeau de 1834 à 1873, reçoit la médaille de vermeil du département de la Haute-Vienne pour son dévouement auprès des blessés de la bataille du et un ciboire est offert à l'église de Lumeau[3],[8]. Vers 1922, le cimetière, historiquement adjacent à l'église, est translaté en périphérie nord-est du bourg de Lumeau, sur la route de Baigneaux. Le monument du cimetière rend hommage à ses 18 morts entre 1914 et 1920 et au mort de 1940[9].

Structure[modifier | modifier le code]

« Trois parties nettement différenciées s'étagent de l'ouest à l'est : importante tour avec tourelle d'escalier à l'angle sud-ouest, nef flanquée d'un chapiteau moderne et chœur, plus élevé que celle-ci, sur la face sud duquel on voit une cage d'escalier menant aux combles. L'abside, arrondie à la base, se rétrécit au-dessus et passe à trois pans, témoignant des remaniements subis au cours des âges. Remaniements encore plus visibles au nord où un pan de mur en équerre conserve la trace d'un bel arc ogival. […] Les trois parties du bâtiment se retrouvent à l'intérieur : vestibule dans la partie basse de la tour, nef surmontée d'une voute moderne et séparée par un mur percé d'un grand arc, le chœur dont la voute semble plus ancienne : les retombées d'arc s'ornent de sculptures naïves, têtes grimaçantes, bustes présentant des écus aux armes effacées[5]. »

Vocable[modifier | modifier le code]

Saint Loup, saint Gilles et saint Pierre sont associés à l'église de Lumeau et peuvent être rattachés aux contextes historiques de l'Orléanais :

  • L'église de Lumeau est d'abord consacrée à saint Loup[5]. Il s'agit probablement de Loup de Sens, saint né à Orléans vers 573 et évêque de Sens, le diocèse d'Orléans faisant alors partie de la province ecclésiastique de Sens. Peut être est-ce aussi une allusion discrète à Loup de Ferrières, ecclésiastique franc de l'abbaye de Ferrières-en-Gâtinais au IXe siècle, précepteur de Charles II le Chauve, dont il assista au sacre à Orléans en 848, et qui dénonça les nobles comme pilleurs des biens de l'Église. C'est sous ce vocable que l'on retrouve une attestation imprimée de l'église en 1615 dans les Annales du chanoine Charles de la Saussaye[10].
  • Gilles l'Ermite (latin : Ægidius) étant fêté le même jour que Loup de Sens, le , les deux saints (« Curatus SS. Lupi et Egidii de Lumolio[10] » et « saint Leu et saint Gilles[11]») peuvent se partager la dédicace de l'église de Lumeau en 1556. Cela constitue également un rappel d'Ægidius, le général gallo-romain de la Gaule du Nord autonome devenue domaine gallo-romain de Soissons au Ve siècle.
  • La cure de Lumeau est citée dans un pouillé du diocèse d'Orléans vers 1650, étudié par Symphorien Guyon[11] : elle dépend alors du chapitre de la collégiale de Saint-Pierre-Empont à Orléans, d'où la mention d'église Saint-Pierre-de-Lumeau[12] toujours applicable en 1789.

Comme l'indique de Foulques de Villaret en 1888 : « nous remarquons une variante de vocables pour les cures de Lumeau et Poupry : la première appelée par La Saussaye Saint-Loup-Saint-Gilles, et la deuxième Saint-Sulpice, tandis que Guyon les nomme Saint-Pierre-de-Lumeau et Notre-Dame-de-Poupry. Nous ne pouvons nous expliquer cette différence de vocables qu'en admettant l'hypothèse d'anciennes églises détruites et de vocables tombées en désuétude[13]. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Site no 28221B du réseau géodésique français » Accès libre [PDF], sur geodesie.ign.fr, plateforme du Service de géodésie et de métrologie, Institut national de l'information géographique et forestière,
  2. Frédéric Epaud, Julien Noblet et Franck Tournadre, Inventaire des charpentes d'églises médiévales en région Centre-Val de Loire : Programme CharpCentre, vol. ⟨hal-01802125⟩, CNRS - Citeres, LAT UMR 7324., (lire en ligne).
  3. a et b Abbé Sainsot, Église de Lumeau [20 Décembre 1900], Chartres, Archives du diocèse de Chartres, coll. « Églises et chapelles du diocèse de Chartres, IX. 3e série, Archives du diocèse de Chartres - Bibliothèque municipale de Chartres Fonds Sael SA 1137 et C 484/9, Fonds Jusselin R 238/2 - Médiathèque d'Orléans H5224.10 et H5224.11 », 1901, 1904, 20 p., 8°, 7 fig. (BNF 32701448, présentation en ligne).
  4. Bernard Chevalier, Les pays de la Loire moyenne dans le Trésor des chartes : Berry, Blésois, Chartrain, Orléanais, Touraine, 1350-1502 : : Archives nationale, Paris, CTHS, coll. « Collection de documents inédits sur l'histoire de France », , 644 p. (ISBN 2-7355-0275-9, lire en ligne), p. 32, 274 (mars 1361), 107 (acte 985 du 24 mai 1382 à Melun) Registres JJ 80-235, JJ 121 et 120 n°307 fol 150.
  5. a b et c Église de Lumeau dans Bulletin de la Société archéologique d'Eure-et-Loir : édifices religieux du canton d'Orgères-en-Beauce., Chartres, Société archéologique d'Eure-et-Loir, coll. « Spécial inventaire monumental » (no 12), , 25 cm (ISSN 1149-6789, BNF 34426702, lire en ligne).
  6. « Plan de l'église de Lumeau, par l'agent-voyer cantonal du département d'Eure-et-Loir », sur archives28.fr, .
  7. Ernest Sevrin, « Croyances populaires et médecine supranaturelle en Eure-et-Loir au XIXe siècle. », Revue d'histoire de l'Église de France., no Tome 32. N°121,‎ , p. 265-308 (ISSN 0048-7988, lire en ligne).
  8. Abbé Provost, Loigny-la-Bataille, de 1870 à 1912, Lille, Impr. de H. Morel, , In-8° (237 × 146), 535 p., pl., carte, couv. ill. (BNF 34200620, lire en ligne), p. 404-405.
  9. « Monument aux morts du cimetière communal de Lumeau », sur geneanet.org/cimetieres.
  10. a et b (la) Charles de la Saussaye, Annales ecclesiae aurelianensis, saeculis et libris sexdecim : Addito tractatu accuratissimo de veritate translationis corporis S. Benedicti ex Italia in Gallias ad monasterium floriacense dioecesis aurelianensis. Auctore Carolo Sausseyo, Paris, H. Drouart, , 842 p. (BNF 36385851).
  11. a et b Symphorien Guyon, Histoire de la ville, diocèse et université d'Orléans, Orléans, C. et J. Borde, (BNF 30564876).
  12. Pouillé des bénéfices de Lumeau aux XVIIe et XVIIIe siècles : valeurs du bénéfice en 1641-1648 et 1750-1758 dans A. de Foulques de Villaret, « Note sur un pouillé de l'ancien diocèse d'Orléans, d'après un manuscrit de l'évêché », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, vol. 1888/01/01 (T9,N135)-1888/03/31., t. 9, no 135,‎ , p. 216 (ISSN 1145-7430, lire en ligne).
  13. A. de Foulques de Villaret, « Note sur un pouillé de l'ancien diocèse d'Orléans, d'après un manuscrit de l'évêché », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais,‎ , p. 199-225 (ISSN 1145-7430, BNF 34422792, lire en ligne).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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