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« Eniwetok » : différence entre les versions

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===Monitoring radiologique de la population===
===Monitoring radiologique de la population===
La contamination interne des habitants réinstallés a été périodiquement suivie de 1980 à 1997. Ce monitoring a été confié au ''Brookhaven National Laboratory'' qui pour cela a utilisé des outils de mesure de la radioactivité corporelle et un dosage de plutonium dans les urines <ref>(Sun et coll., 1997a, 1997b)</ref>.
La contamination interne des habitants réinstallés a été périodiquement suivie de 1980 à 1997. Ce monitoring a été confié au ''[http://www.bnl.gov/world/ Brookhaven National Laboratory]'' (ancien "''Atomic Laboratory''") qui pour cela a utilisé des outils de mesure de la radioactivité corporelle et un dosage de plutonium dans les urines <ref>(Sun et coll., 1997a, 1997b)</ref>.
pour faire face à un déficit de confiance dans les analyses faites à distance, le Ministère (Département) américain de l'énergie a accepté d'installer un laboratoire radiologique disposant d'un appareil de mesure de débit corporel (radioactivité de tout l'organisme) et de la contamination par le [[césium 137]] via dosage d'échantillons biologiques pris sur place. Ce laboratoire est installé sur l'atoll Enewetak lui-même. Achevé en mai 2001, il est suivi par le ''Lawrence Livermore National Laboratory'' qui épaule les techniciens (formation), veille à l'entretien du matériel et est réponsable de l'[[assurance qualité]] du laboratoire<ref>Accord de coopération signé les USA et la République des Îles Marshall, et le gouvernement local d'Enewetak et d'Ujelang en aout 2000 (PE, 2000)</ref>.
<br>Pour faire face à un déficit de confiance dans les analyses faites à distance, le ''Ministère (Département) américain de l'énergie'' a accepté d'installer un laboratoire radiologique disposant d'un appareil de mesure de débit corporel (radioactivité de tout l'organisme) et de la contamination par le [[césium 137]] via dosage d'échantillons biologiques pris sur place.
<br>Ce laboratoire a été installé sur l'atoll Enewetak lui-même. Achevé en mai 2001, il est suivi par le ''[http://www.llnl.gov/ Lawrence Livermore National Laboratory]'' qui épaule les techniciens (formation), veille à l'entretien du matériel et est réponsable de l'[[assurance qualité]] du laboratoire<ref>Accord de coopération signé les USA et la République des Îles Marshall, et le gouvernement local d'Enewetak et d'[[Ujelang]] en août 2000</ref>,<ref>{{en}} [http://www.llnl.gov/str/JanFeb03/Hamilton.html page du laboratoire consacré au programme de réhabilitation des îles] (photo du labo en bas de page)</ref>.


==Voir aussi==
==Voir aussi==

Version du 17 novembre 2007 à 22:30

Enewetak ou Eniwetok (ancienne dénomination) est un atoll corralien situés le plus au Nord-Est des îles Marshall en Micronésie, au centre de l'Océan pacifique.

Carte de l'atoll d'Enewetak
Progression des soldats américains sur l'atoll, dont on peut noter qu'il était encore à cette époque richement végétalisé (Bataille d'Eniwetok, 1946)
Vue aérienne de la piste d'aterrissage de l'atoll d'Enewetak

Géographie

Ce territoire se compose d'environ 40 îlots totalisant moins de 6 km², entourant un lagon, de 80 km (50 miles) de circonférence.
Sa situation (11°30′N, 162°20′E) en fait second atoll le plus à l'ouest du groupe d'îles dit Ralik (Ralik Chain pour les anglophones, l'autre groupe d'île étant les Ratak, plus à l'est).

Population

820 habitants au recensement de 1999.

Histoire

L'Histoire ancienne de l'atoll n'est pas connue, et son histoire moderne a été fortement marquée par les séquelles de guerre et des essais nucléaires.

Bien que faisant partie d'une zone géographique lui donnant un statut de colonie (espagnole), Enewetak semble être resté inconnu des européens et occidentaux jusqu'à une première visite en 1794 par un navire marchant britannique nommé Walpole, qui a baptisé cet atoll « Brown's Range » (d'où le nom japonais qui se traduit « Brown Atoll »).

Il n'aurait ensuite été visité que par une dizaine de navires avant colonisation des Îles Marshall par l'Allemagne en 1885.

Lors de la Première Guerre mondiale, le Japon a pris possession de l'atoll Enewetak (en 1919) et du reste des îles Marshalls en 1914, avec un mandat accordé par la Société des Nations en 1920.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais on largement ignoré l'atoll jusqu'à ce que les îles Marshall deviennent un des enjeux stratégiques du Pacifique.
En novembre 1942, ils ont construit un aérodrome sur l'île Engebi pour abriter les avions utilisés sur l'archipel des Îles Carolines et le reste des Marshalls.
Après que l'archipel des Îles Gilbert ait été conquis par les USA, l'armée japonaise a décidé de défendre l'atoll en y envoyant sa brigade amphibie (arrivée le 4 janvier 1944). Celle-ci n'a pas eu le temps de terminer ses fortifications avant la bataille d'Eniwetok (février 1946). Cette dernière s'est conclue par la victoire des USA qui ont en une semaine capturé tous les îlots de l'atoll.

Peu après la fin de la guerre, alors que la guerre froide et la course aux armements prenait de la vigueur, l'atoll a été équipé d'un aérodrome moderne et d'une longue piste d'aterrissage et ses habitants ont été évacués, souvent de force. L'atoll a été l'un des plus utilisés pour les essais nucléaires dans le cadre de la constitution de l'US Pacific Proving Grounds, vaste champ de tir et d'étude d'essais nucléaires nord-américains.
Ce sont 43 essais nucléaires aériens ou souterrains qui ont été faits sur Enewetak de 1948 (Opération Sandstone) à 1958, non sans conséquences environnementales et sanitaires (L'atoll n'a été décontaminé, dépollué et nettoyé, dans la mesure de ce qui était techniquement et économiquement possible) que dans les années 1970, et sera suivi pour très longtemps, un des problèmes étant que ces sites hautement contaminés sont aussi très menacés par la montée des océans induites par le réchauffement climatique, dans une zone où tremblement de terre et tsunamis ne peuvent pas non plus être exclus). L'atoll d'Ewinetok est de ce point de vue parmi les plus préoccupants ; C'est en effet là qu'à été notamment testé la première bombe à hydrogène et la plus puissante, sous le nom de code « Ivy Mike », dans le cadre de l'opération Ivy (Arme nucléaire), fin 1952.
A noter que cet « essai » (dont la puissance a largement dépassé celle calculée par les concepteurs de la bombe) incluait l'utilisation de drones (Boeing B-17 Flying Fortress volant dans le nuage radioactif pour l'étudier et y capter des échantillons. Ces drones étaient contrôlés par d'autres B-17 à distance de contrôle visuel. A chaque opération, 16 à 20 B-17 participaient à l'étude du nuage ; la moitié étaient des drones et l'autre moitié des aviosn de contrôle. Pour étudier l'expansion du champignon et les zones adjacente des tirs nucléaires de 1957 et 1958 des fusées libérant un ballon et du matériel d'étude (pour la plupart des Rockoons) ont été utilisées, pour limiter l'irradiation des personnels.

Période récente : Retour à la vie civile

Les habitants d'Enewetak avaient été déplacés sur Ujelang et devaient théoriquement y rester jusqu’en 1980. Des habitants déplacés ont commencé à revenir dans l'atoll dès les années 1970.

Décontamination des îles, réhabilitation

Dans un programme qui sera ensuite nommé « Enewetak Radiological Support Project » (qui sera piloté par le DOE, à partir de 1982), l'Agence de défense nucléaire (CND, 1981) avait retenu 5 scénarii possibles pour la dépollution de l’atoll Enewetak.
Le 15 mai 1977, l'armée américaine a eu ordre de commencer à décontaminer les îles.

La version finalement retenue a mis à contribution un important matériel et plus de 4000 militaires américains amenés sur place, avec les objectifs suivants ;

  • suppression de tous les déchets et débris (radioactifs ou non radioactifs, incluant équipements, béton, ferraille, etc.),
  • élimination de tout sol superficiel dépassant 14,8 Bq (400 pCi) de plutonium par gramme de sol
  • supprimer ou « améliorer » les sols dont la radioactivité due au plutonium était comprise entre 1,48 et 14,8 Bq (40 et 400 pCi) de plutonium par gramme de sol, avec traitement au cas par cas selon l'utilisation ultime envisagée pour le sol.
  • inertage (stabilisation); les sols radioactifs de 6 îles de l'atoll ont été décapés et mélangés avec de nombreux débris des anciennes installations inertés par mélange dans une matrice de liant hydraulique (du ciment Portland). Cet "inertage" ne réduit pas la radioactivité des déchets, mais empêche les envols sous forme de poussière et le lessivage par la pluie. Ce phénomène de dispersion ayant toutefois été largement entamé depuis les années 50. La décontamination des avions[1] et du matériel se faisait le plus souvent au tuyau d'arrosage, sans traitement des eaux contaminées. La pluie lessivait les particules en les emportant à la mer ou les fixant dans le sol. Ces déchets (incluant 73 000 mètres cubes de sol contaminé) ont été enfouis dans le cratère de la première explosion (dit « Cactus cratère ») , le plus important à l'extrémité nord de Runit (11°33′9.22″N, 162°20′50.29″E) en limite Est de l'atoll. Le volume de déchets noyés dans le béton constitue un dôme sphérique de 25 pieds de haut, lui même recouvert d'un béton (bouchon) fait de béton dense et jouant le rôle de sarcophage.

Il y a eu 6 morts durant les travaux (accidents).

Le « Nevada Operations Office » du ministère de l’Energie a été responsable de la certification de la situation radiologique de chaque île à la fin de la décontamination, sur chaque île. Plusieurs bases de données ont été élaborées pour documenter les taux de radiations avant et après les opérations de nettoyage, et fournir des données susceptibles de reconstituer les évaluations de dose.
Le gouvernement des USA a décrété que les îles sûres pour l'habitation en 1980, en dépit des risques liés aux conséquences des essais et de leurs retombées sur les milieux sous-marins périphériques.

Gestion des séquelles

La population et une partie des anciens militaires impliqués dans les essais nucléaires se sont plaint de séquelles.

Les objectifs de décontamination ont plus spécifiquement visé le retrait et le confinement du plutonium et d'autres éléments radioactifs lourds hautement radioactif ou à longue Période radioactive (demie-vie). L’évaluation prospective des doses a montré [2] qu'avec le temps, c'est l'ingestion de césium 137 et d'autres produits de fission nucléaire, à partir d'aliments cultivés localement qui est devenu la première source d’exposition humaine aux contaminants produits par les d'essais nucléaires.

Indemnisations financières

En 2000, le « Marshall Islands Nuclear Claims Tribunal » a accordé plus de 340 millions de dollars d'indemnités compensatrices à la population d'Enewetak pour la perte de jouissance de leurs terres, la pauvreté , et d'autres difficultés médicales ou liées aux séquelles des essais ou du nettoyage. Cette somme ne comprend pas les 6 millions de dollars par an prévu par les États-Unis pour l'éducation et les programmes de santé dans les îles Marshall, ainsi que pour le suivi des séquelles des essais nucléaires, qui font des USA la principale et presque unique source d'argent de l'archipel.

Monitoring radiologique de la population

La contamination interne des habitants réinstallés a été périodiquement suivie de 1980 à 1997. Ce monitoring a été confié au Brookhaven National Laboratory (ancien "Atomic Laboratory") qui pour cela a utilisé des outils de mesure de la radioactivité corporelle et un dosage de plutonium dans les urines [3].
Pour faire face à un déficit de confiance dans les analyses faites à distance, le Ministère (Département) américain de l'énergie a accepté d'installer un laboratoire radiologique disposant d'un appareil de mesure de débit corporel (radioactivité de tout l'organisme) et de la contamination par le césium 137 via dosage d'échantillons biologiques pris sur place.
Ce laboratoire a été installé sur l'atoll Enewetak lui-même. Achevé en mai 2001, il est suivi par le Lawrence Livermore National Laboratory qui épaule les techniciens (formation), veille à l'entretien du matériel et est réponsable de l'assurance qualité du laboratoire[4],[5].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Voir photo
  2. Site du gouvernement des USA consacré au suivi radiologique des atolls touchés par les essais nucléaires
  3. (Sun et coll., 1997a, 1997b)
  4. Accord de coopération signé les USA et la République des Îles Marshall, et le gouvernement local d'Enewetak et d'Ujelang en août 2000
  5. (en) page du laboratoire consacré au programme de réhabilitation des îles (photo du labo en bas de page)