Thérèse Neumann

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Thérèse Neumann en 1926.

Thérèse Neumann (Teresa Neumann, 8 avril 1898 à Konnersreuth en Bavière, Allemagne - 18 septembre 1962, même lieu) est une mystique catholique principalement connue pour ses stigmates et son inédie. Le 13 février 2005, Gerhard Ludwig Müller, évêque de Ratisbonne a officiellement ouvert la procédure de béatification au Vatican[1].

Biographie

1898-1918

La maison de Thérèse Neumann à Konnersreuth, en 1926.

Thérèse Neumann est née le vendredi 8 avril 1898, dans une famille de paysans pauvres. Après la mort d'un premier garçon, elle devient l'aînée de neuf enfants. Elle a pour confesseur l'abbé Joseph Naber, curé de Konnersreuth de 1909 à 1960, qui sera tout au long de sa vie son soutien spirituel et son directeur de conscience. C'est à lui seul qu'elle déclare avoir eu une vision le jour de sa première communion et avoir reçu le don de voir sa communion spirituelle se transformer en communion sacramentelle[2]. Dès l'âge de quatorze ans, elle entre au service d'un cultivateur-aubergiste du village comme fille de ferme durant la journée et travaillant le soir dans le café et la salle de danse de l'auberge. Elle économise pour se constituer le trousseau nécessaire à son entrée au couvent.

1918-1926

Le 10 mars 1918, en soulevant de lourds seaux d'eau pour aider à combattre un incendie, elle se démet les deuxième et troisième vertèbres lombaires. Elle continue cependant son travail. Mais au mois d'avril suivant, à la suite d'une chute qui occasionne une blessure à la base du crâne, elle perd progressivement la vue. Commence alors un long calvaire, marqué par une série de nouvelles chutes accidentelles jusqu'en mars 1919, qui entraînent une luxation vertébrale, des convulsions, et une totale cécité accompagnée de douleurs intolérables. Cet accident et les terribles maladies qui lui succèdent l'empêchent de réaliser sa vocation religieuse, et anéantissent son rêve d'apostolat missionnaire en Afrique. Ses maux s'aggravent rapidement : elle est sujette à des crampes violentes, ses mains et ses pieds se crispent, sa tête se renverse en arrière. Les syncopes vont l'obliger à rester clouée au lit pendant six ans et demi à partir d'octobre 1918. Deux apophyses de son épine dorsale semblent enfoncées. Une paralysie gagne ses membres inférieurs, tandis qu'elle devient sourde et muette par périodes, et qu'apparaissent des escarres et des plaies purulentes dans le dos et le pied gauche, suivies par la gangrène[3]. Six médecins successifs sont impuissants à la débarrasser de ces effroyables maux. Elle guérit cependant de sa cécité, d'une gangrène au pied gauche, des lésions vertébrales, de la paralysie et des plaies suppurées du dos, d'une appendicite purulente, d'une pneumonie double, d'un accident vasculaire cérébral dans des conditions qui font dire aux témoins qu'il s'agit de miracles.

1926-1962

Le couvent du Theresianum à Konnersreuth.

À partir de 1927, Thérèse Neumann acquiert une certaine réputation qui attire des pèlerins et des curieux dans le petit village de Konnersreuth. Les phénomènes extraordinaires dont elle est l'objet suscitent beaucoup d'intérêt, l'obligeant à répondre à des demandes d'entretiens, à un volumineux courrier et à des visites ; les soupçons de supercherie et les doutes se répandent chez les adversaires de la thèse mystique, certains ayant posé le diagnostic d'hystérie. L'évêque de Ratisbonne, Mgr von Henle, soumet donc Thérèse Neumann, du 13 au 28 juillet 1927, à une enquête afin de vérifier l'authenticité de son inédie[4].

Avec l'accession au pouvoir d'Hitler, Thérèse Neumann et sa famille subissent maintes tracasseries[5]. Selon Jean Prieur, elle aurait prédit, dans les années 1930, que la chute du régime d'Hitler serait inéluctable et spectaculaire. Il affirme également qu'un visiteur aurait eu l'idée de placer entre ses mains une carte postale représentant Adolf Hitler et qu'« elle rejeta la photo, comme si ce contact la brûlait », et s'écria, horrifiée : « Fumée et feu de l'Enfer ! »[6].

Les S.S. et les S.A. nazis tentent même de l'assassiner, le 20 avril 1945[réf. nécessaire], mais ne la trouvant pas, bombardent le village et l'incendient. Quelques heures plus tard, les forces américaines empêchent la destruction totale du village et pendant neuf jours, placent une double garde pour veiller sur Thérèse Neumann et sa maison. Durant l'été 1962, l'évêque de Ratisbonne, Mgr Rudolph Graber, lui exprime son désir d'édifier un monastère d'adoration dans son diocèse. Après un séjour à Eichstätt, en août puis en septembre 1962, Thérèse Neumann, qui s'investit pleinement dans ce projet, s'attache à réunir des fonds pour la construction de ce couvent. Elle est pourtant victime de graves malaises dus à l'angine de poitrine dont elle souffre. Elle choisit la congrégation religieuse des Sœurs de Marie du Carmel pour ce couvent appelé Theresianum en l'honneur de sainte Thérèse de Lisieux, sa protectrice. Le vendredi 14 septembre 1962, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, apparaissent des stigmates et une vision de l'empereur byzantin Héraclius qui rapporta la Croix du Christ à Jérusalem ; le 15, elle est terrassée par un infarctus du myocarde. Elle décède le 18 septembre 1962. Pendant quatre jours, Thérèse Neumann est exposée sur son lit mortuaire, et des milliers de personnes défilent pour la voir une dernière fois. On estime que le 22 septembre 1962, pour ses funérailles, le village de Konnersreuth a été envahi par une foule d'environ 7 000 personnes venues du monde entier[7]. Le R.P. Calixt Hotschel, directeur du Tiers-Ordre Capucin auquel appartenait Thérèse Neumann, fit l'éloge de la défunte.

Les manifestations mystiques

Thérèse Neumann aurait été sujette à diverses manifestations :

  • Inédie : Pendant 36 ans, Thérèse Neumann n'aurait absorbé aucun aliment, solide ou liquide, sauf environ deux grammes d'hostie pour sa communion quotidienne. Ce jeûne absolu aurait commencé le 6 août 1926, après la vision du Christ transfiguré : « J'ai laissé toute faim et soif sur le Tabor », déclare-t-elle[8]. Afin de prouver scientifiquement cette inédie, elle fut soumise à une observation durant quinze jours, en 1927, sous la direction des docteurs Otto Seidl, son médecin traitant, et Ewald, professeur de psychiatrie à l'université d'Erlangen (ce dernier opposé à la thèse de causes surnaturelles), et sous la surveillance de quatre infirmières franciscaines assermentées qui avaient pour mission, entre autres, de ne jamais la quitter des yeux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le procès-verbal de cette enquête conclut que durant ces quinze jours, Thérèse Neumann n'avait absorbé que 0,33 grammes d'hostie, environ 45 cm3 d'eau, que son poids était resté identique, et que l'analyse de son sang ne révélait aucun indice d'abstinence[9].
  • Insomnies : Thérèse Neumann n'aurait dormi qu'une heure ou deux chaque nuit. Son emploi du temps s'organisant de minuit à une heure du matin, prière quotidienne dans la solitude, à l'église, puis lecture du courrier jusque vers 4h du matin, repos fait de sommeil, prière ou méditation dans son lit jusque vers 6h, messe à 7h, puis occupations habituelles.
  • Stigmates : Thérèse Neumann aurait reçu le stigmate du cœur le vendredi de Carême, 5 mars 1926, au cours d'une extase. Le vendredi saint suivant, 2 avril 1926, elle aurait eu une nouvelle vision de la Passion du Christ, et des stigmates sur le dos des mains et des pieds. Le vendredi saint, 15 avril 1927, des stigmates aux faces internes des mains et des pieds, puis, la même année, huit stigmates de la couronne d'épines au milieu du cuir chevelu. Puis, pendant le Carême 1928, le stigmate du portement de Croix à l'épaule droite, le vendredi saint, 29 mars 1929, les stigmates de la flagellation. Toutes ces plaies qui saignaient régulièrement ne cicatrisaient pas, ne suppuraient pas mais étaient très douloureuses. Elle dut porter des chaussures spéciales pour pouvoir marcher[10]. Des larmes de sang auraient accompagné ses visions de la Passion du Christ tous les vendredis. Le vendredi saint 30 mars 1956, sept à huit mille personnes assiègent la maison des Neumann dans l'espoir d'assister à l'extase douloureuse et sanglante de la stigmatisée.
  • Visions extatiques et glossolalie: Thérèse Neumann aurait assisté environ 700 fois au drame de la Passion du Christ, ressentant dans sa chair les souffrances du Christ, lors de la flagellation, du chemin de croix et de la crucifixion. Ses visions concernaient également d'autres scènes du Nouveau ou de l'Ancien Testament. Elle prétendait ainsi fournir à des spécialistes, comme le professeur Wutz, exégète de l'Ancien Testament à la faculté catholique d'Eichstätt et expert en langues sémitiques et en archéologie palestinienne, des précisions historiques, topographiques ou archéologiques sur des monuments et sur les langues parlées à l'époque du Christ, comme l'araméen ou le grec de la koinè, disant avoir la faculté, non de parler ces langues anciennes qu'elle ne connaissait pas, mais de se remémorer des mots ou des phrases qu'elle entendait pendant ses extases[11].
  • Ubiquité : Thérèse Neumann disait avoir la faculté de voir des lieux où elle ne se trouvait pas physiquement, et d'assister à des évènements religieux, comme la proclamation à Rome du dogme de l'Assomption ou des journées de Lourdes. L'abbé Naber a rapporté dans son journal, à la date du 14 décembre 1930 qu'elle aurait suivi, dans des conditions surnaturelles, une messe qu'il avait célébrée à Berlin. D'autres témoignages du même ordre ont été apportés par le docteur Johannes Steiner[12].
  • Souffrances expiatoires ou de suppléance : pour coopérer au salut des âmes, Thérèse Neumann disait assumer dans son corps les souffrances, les maladies et les péchés d'autrui. Ces pécheurs et malades s'en seraient ainsi aussitôt trouvés soulagés ou guéris. Dans une lettre à une amie religieuse, elle écrit, le 7 novembre 1924 : « Je prie et offre beaucoup de mes souffrances pour vous toutes […] J'offre au Père céleste la Passion de Jésus-Christ, ainsi que les mérites de ses saints et de toutes les âmes droites sur la terre. »
  • Don de prophétie : Thérèse Neumann aurait prévu les persécutions de Ingbert Naab par la Gestapo et l'aurait aidé à s'y soustraire, lui prédisant le lieu de sa mort au couvent de Königshofen près de Strasbourg.

Point de vue médical

Selon des médecins qui l'observèrent en 1938 (commission d'enquête diocésaine), malgré les oppositions de sa famille, la conclusion rapportée par le professeur Martini fut « état d'hystérie grave avec tous les phénomènes inhérents à la maladie, y compris la part habituelle de simulation »[13],[14],[15].

Notes et références

  1. Therese Neumann
  2. Ennemond Boniface, Thérèse Neumann la crucifiée devant l'histoire et la science, page 100.
  3. E. Boniface, Thérèse Neumann la crucifiée devant l'histoire et la science. pages 133 à 137.
  4. E. Boniface, op.cit. pages 181 sq.
  5. Entre Locarno et Vichy, Hans Manfred Bock, CNRS Éditions, 1993, p. 264
  6. Jean Prieur, Hitler, médium de Satan, éd. Lanone, p. 15.
  7. Voir le reportage dans l'hebdomadaire Paris-Match du 20 octobre 1962.
  8. Note du curé Naber, citée par le docteur Steiner.
  9. E. Boniface, op.cit. pages 175 à 188.
  10. E. Boniface, op.cit. pages 190-197.
  11. E. Boniface, op.cit. pages 242 à 250 pour les langues étrangères, et pages 208 à 237 pour les précisions historiques.
  12. J. Steiner, Thérèse Neumann, la stigmatisée de Konnersreuth, édition française, 1955, pages 141-142.
  13. Théo livre 1 - Les saints par Michel Dubost, Stanislas Lalanne, Mame, 2011
  14. Les enquêtes scientifiques effectuées sur les stigmatisés
  15. Supranormal ou surnaturel ? : Les sciences métapsychiques, Réginald Omez, 1956

Lien externe

Bibliographie

  • Helmut Fahsel, Thérèse Neumann, l'extraordinaire mystique de Konnersreuth, Le jardin des livres, 2009, (ISBN 978-2914569941)
  • Ennemond Boniface, Thérèse Neumann la crucifiée de Konnersreuth devant l'histoire et la science, Éditions Lethielleux, 2000. (ISBN 978-2249601347)
  • Joachim Bouflet, Thérèse Neumann, ou le paradoxe de la sainteté, Éditions du Rocher, 1999, (ISBN 978-2268032283)
  • Johannes Steiner, Thérèse Neumann, la stigmatisée de Konnersreuth, Éditions Meddens, Munich, 1963.
  • (de) Johannes Steiner, Visionen der Therese Neumann, I, Schnell und Steiner, München und Zürich, 1973.