Seul contre tous (film, 1998)

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Seul contre tous

Réalisation Gaspar Noé
Scénario Gaspar Noé
Acteurs principaux
Sociétés de production Canal+
Les Cinémas de la Zone
Love Streams Productions
Procirep
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 93 minutes
Sortie 1998

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Seul contre tous est un film français réalisé par Gaspar Noé en 1998. C'est la suite de sa première œuvre cinématographique, le moyen métrage remarqué Carne (1991).

Gaspar Noé a eu énormément de difficultés à réunir les fonds nécessaires à la réalisation de ce premier long métrage, refusé par toutes les chaînes de télévision. Il a dû le financer lui-même, ce qui lui a pris cinq ans.

En dépit d'une audience confidentielle à sa sortie, Seul contre tous a depuis acquis un statut de film culte, et est rattaché à ce que des critiques étrangers ont par la suite qualifié de « new french extremism ».

Il est sorti en version anglaise sous le titre I Stand Alone.

Synopsis

L'histoire d'un boucher, le protagoniste, est racontée à travers une voix off ainsi qu'un montage de photographies fixes. Devenu orphelin dès son plus jeune âge, il a été abusé sexuellement par un prêtre. Adolescent, n'ayant la possibilité d'étudier et d'apprendre le métier de son choix, il embrasse à contrecœur une carrière de boucher spécialisé dans la viande de cheval.

Après plusieurs années de travail acharné, il ouvre enfin sa propre boucherie tandis que sa petite amie accouche d'une fille. Lorsque la femme se rend compte que l'enfant n'est pas un garçon, elle abandonne le jeune père, seul avec son enfant. Acceptant la fatalité de son destin avec lucidité, le Boucher décide de s'occuper seul de sa fille. Au fur et à mesure que la solitude grandit dans l'esprit de ce père célibataire, il devient surprotecteur et développe des sentiments de type incestueux pour son enfant. Quand il voit du sang sur sa jupe, il poignarde l'homme qui, selon lui, aurait violé sa fille. Il comprendra plus tard que les taches n'étaient que du sang menstruel. Il est condamné à la prison et contraint de vendre sa boutique à un boucher musulman tandis que sa fille, en état de choc manifeste, est envoyée dans une institution de santé.

En prison, le boucher entretient des relations sexuelles avec son compagnon de cellule et à sa libération il jure d'oublier tout ce qui s'est passé. Il trouve un emploi en tant que barman pour la propriétaire de la taverne où il était un client régulier. Elle et lui commencent à sortir ensemble et bientôt elle tombe enceinte. Alors qu'ils commencent à planifier leur avenir ensemble, elle vend son affaire et ils déménagent dans le nord de la France, où elle a dit qu'elle lui achèterait une boucherie afin de repartir sur des bases saines.

Placée devant le fait accompli, elle renonce finalement à sa promesse, ce qui oblige le boucher à accepter un emploi de veilleur de nuit dans une maison de retraite. Au cours de son travail, il rencontre une jeune infirmière très attentionnée qui est tout le contraire de sa concubine, froide et déjà bien âgée. Après que lui et l'infirmière aient été témoins de la mort d'un patient âgé, le boucher repense au manque d'affection qu'il a subi tout au long de sa vie, allant de l'orphelinat jusqu'à cette nouvelle vie avec une femme impassible qui abuse du pouvoir qu'elle a sur lui à cause de son argent. Lorsque sa compagne l'accuse injustement d'entretenir une liaison avec cette infirmière, il s'emporte violemment et lui inflige une série de coups de poing dans le ventre, tuant très probablement leur enfant sur le point de naître, puis vole un pistolet dans la chambre de l'appartement et s'enfuit.

Il décide de revenir à Paris, où il loue la même chambre d'hôtel qu'il avait louée lors de la conception de sa fille, et commence à chercher une place de boucher de viande de cheval. Malheureusement, en raison de l'évolution des goûts des clients pendant sa peine de prison, le marché de la viande de cheval est déliquescent. Malgré sa patience, ses entretiens d'embauche se soldent systématiquement par un refus. Il élargit sa recherche de travail mais est considéré comme un ouvrier non-qualifié en termes de boucherie générale, ce qui l'oblige à devoir tout recommencer depuis le début.

Il commence à chercher à l'extérieur de sa branche, mais plus il élargit ses recherches, plus les entretiens d'embauche deviennent humiliants. Il reste poli, mais plus il devient désespéré, plus il est rejeté rapidement par les managers qu'il rencontre. Lorsqu'il se tourne vers ses anciens amis pour obtenir des conseils, ils le rejettent tous. Après avoir été refoulé dans un abattoir qui faisait autrefois affaire avec sa boutique, le boucher décide de tuer le directeur de l'abattoir. Il complote le meurtre dans une taverne locale, mais est expulsé du bar sous la menace d'une arme après s'être disputé avec le fils du propriétaire. Le boucher découvre qu'il n'a que trois balles dans son arme et commence à les attribuer aux hommes qui, selon lui, l'ont le plus humilié.

De plus en plus isolé, il décide de partir à la recherche de la seule personne qui, selon lui, l'ait jamais aimé : sa fille. Après l'avoir rencontrée à l'asile où elle est hospitalisée, il la ramène dans sa chambre où il est en proie à des sentiments troubles à son égard. Alors qu'il est sur le point de perdre la raison, il envisage d'avoir des relations sexuelles avec sa fille avant de la tuer. Après la représentation de ce fantasme, le film revient sur le moment de l'hésitation du Boucher. Il décide de ranger l'arme, résolu à être bon, et embrasse sa fille en larmes. Mais il recommence à envisager d'avoir des relations sexuelles avec elle de la même manière qu'il l'a fait avec sa mère.

Debout devant la fenêtre de sa chambre, il ouvre la veste de sa fille et commence à la caresser. Alors qu'il commence à abuser de sa fille, le Boucher, perdu dans des pensées de plus en plus incohérentes, tente de justifier son acte inqualifiable en affirmant que le monde condamne son amour pour sa fille non parce qu'il est foncièrement mauvais mais uniquement parce qu'il est trop puissant.

Fiche technique

Distribution

Récompenses

  • Prix de la Semaine de la Critique et mention du Prix de la jeunesse au Festival de Cannes
  • Prix de la critique internationale au festival de Sarajevo
  • Prix spécial du jury aux Rencontres franco-américaines d'Avignon
  • Prix du meilleur acteur au Festival de Namur
  • Prix du meilleur scénario au festival de Sitges
  • Prix du meilleur premier film et de la meilleure photo au festival de Stockholm
  • Prix Mercedes-Benz 1998

Autour du film

  • Selon les commentaires du réalisateur accessibles sur le DVD, le film Eraserhead de David Lynch a beaucoup influencé la forme de Seul contre tous.
  • La voix du boucher (dite par Philippe Nahon), en voice-over, exprime tout au long du film ses pensées. Cette technique atteint son paroxysme dans la scène du meurtre de sa fille Cynthia (fantasmé en réalité) où des fragments vocaux exprimant des pensées convergentes ou contradictoires se superposent à un rythme effréné.
  • À de multiples reprises est utilisé un effet atypique consistant en un zoom très rapide accompagné d'un bruitage dissonant, à la fois mat et percutant, mettant l'accent sur le caractère sordide d'une situation (par exemple lors de la mort d'une vieille dame dans une maison de retraite, montrée de façon très crue ; ou encore lors de la rencontre du protagoniste avec une femme qui l'aguiche dans un bar, et qui s'avère être une prostituée, psychologiquement fragile, qui l'accueille dans une chambre misérable, le suppliant de se déshabiller tout en caressant une petite peluche[1]).
  • Au bout d'un peu plus d'une heure de film, apparaît sur fond noir le message « Vous avez 30 secondes pour abandonner la projection de ce film », afin de préparer le spectateur à la dureté des scènes qui suivent.
  • Le personnage du boucher (toujours joué par Philippe Nahon) refait une brève apparition au début du film suivant de Gaspar Noé Irréversible. Il est dans un appartement, couché sur un lit, entièrement nu, et avoue à ce qui semble être un ami qu'il a fait de la prison pour avoir « couché avec sa fille », à quoi son interlocuteur répond « On est tous des Méphisto » et « Il n'y a pas de méfaits, il n'y a que des faits ».
  • Seul contre tous apparaît sur un écran de télévision dans le film Baise-moi, lors d'une scène de prostitution.
  • Des extraits du film ont été samplés et utilisés dans les morceaux suivants :
    • Dis Moi, Tic Tac, Danse Des Morts, Destins Croisés d'Odezenne (sur l'album Sans. Chantilly)
    • Chronique ordinaire de Swift Guad
    • L'étoile noire de Furax Barbarossa
    • Mauvais vent de Furax Barbarossa
    • Biographie d'un inconnu de Swift Guad
    • No surrender de Kickback
    • Pierre tombale de MC Circulaire
    • Morale de Roméo Elvis
    • Orgasm in Paris des Orties
    • Les Silences de Fallujah
    • F.E.R.T de Baise ma hache
    • Première Ligne de Haïs et Fiers
    • Travail Famille Suicide de Nono Futur
    • Vie de Le Wanski

Notes et références

Voir aussi

Liens externes