Roza Robota

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Roza Robota
Portrait de Róża Robota pendant ses années de collège
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Agent clandestinVoir et modifier les données sur Wikidata
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Auschwitz (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque commémorative

Roza Robota, née en 1921 à Ciechanów en Pologne et morte le [1] à Auschwitz (d'autres sources la nomment Róża[2], Rojza, Rozia ou Rosa), est la cheffe d'un groupe de quatre femmes résistantes du camp de concentration d'Auschwitz. Elle est exécutée pour son rôle dans la révolte du Sonderkommando du 7 octobre 1944.

Biographie[modifier | modifier le code]

Née en 1921 à Ciechanów en Pologne[3], dans une famille de la classe moyenne et de confession juive, Róża Robota a un frère et une sœur. Elle adhère à l'Hashomer Hatzaïr (La jeune garde), mouvement de jeunesse sioniste-socialiste, à l'âge de douze ans[4] et rejoint le mouvement clandestin de résistance à l'occupation nazie. Róża utilise souvent son prénom hébreu, Shohanah.

Déportation à Auschwitz[modifier | modifier le code]

En , Róża Robota est déportée par train à Auschwitz avec sa famille lors de la liquidation du ghetto de Ciechanów[2]. Sa famille est immédiatement gazée[4]. Elle survit miraculeusement à la « sélection », et est affectée à Auschwitz-Birkenau II au commando pour femmes appelé « le canada »[4] qui est adjacent au crématorium III de Birkenau. Elle ne tarde pas à participer à un groupe de résistants autour du projet de diffuser les informations reçues sur des postes radio clandestins[4].

En , elle est contactée par un membre de l'organisation clandestine du camp, Noah Zabladowicz, originaire également de Ciechanów, qui lui révèle que l'organisation a l'intention de faire sauter les chambres à gaz et les fours crématoires ; il s'agit de provoquer une révolte des déportés en comptant sur l'aide des partisans polonais à l'extérieur du camp. Róża Robota sert d'intermédiaire avec les travailleuses qui sont sous stricte surveillance et ne peuvent être contactées directement[5].

Avec l'aide d'Ala Gertner, Regina Safirsztajn et Ester Wajcblum, Róża Robota recrute une vingtaine de femmes de l'usine de munitions Weichsel-Union-Metalwerke, au Sonderkommando Wróbel. Elles volent de la poudre noire pendant plusieurs mois ; la poudre est transportée en très petites quantités, sous les ongles, dans des pochettes dissimulées sous les robes et qu'un cordon permet de vider rapidement en cas de contrôle par les autorités du camp. Le groupe de femmes réussit à obtenir, cacher, et remettre aux hommes de l'organisation une à trois cuillères à café de poudre par jour[4],[6],[7].

Cette poudre sert à des prisonniers russes dirigés par Timofei Borodine, expert en explosifs, à confectionner des mines explosives et des grenades à main[8],[9]. Au bout d'un an, ils ont fabriqué suffisamment de matériel pour envisager une action[10]. L'organisation de la résistance du camp envisage une révolte concertée de tous les camps d'Auschwitz (I, II-Birkenau, III-Monowitz-Buna) le premier dimanche de . Elle doit être déclenchée par les 600 ouvriers des Sonderkommando et de certains de leurs kapos. Une rumeur court selon laquelle les hommes du Sonderkommando vont être transférés. Ceux-ci déclenchent alors la révolte le samedi sans prévenir la direction de l'organisation de la résistance du camp[10].

Róża Robota et trois autres femmes — Ala Gertner, Ester Wajcblum et Regina Safirsztain — sont arrêtées après une enquête interne et torturées dans le Bloc 11, mais elles refusent de révéler les noms des autres personnes qui ont participé à l'opération[11],[5]. Quatorze responsables de la révolte sont également arrêtés dont Yankl Handelsman, le principal[pas clair][12]. De sa prison, Róża Robota parvient encore à transmettre un message d'encouragement à la résistance du camp : « Hazak V'Amatz » (« Soyez forts et courageux »[12],[9],[5], la phrase biblique que Dieu utilise pour encourager Josué après la mort de Moïse. Le , elle est pendue en public, sur la place d'armes, devant tous les détenus, en même temps que ses coaccusées – deux à l'appel du matin, deux à celui du soir. Rudolf Höss lit l'acte d'accusation. C'est la dernière exécution du camp[13],[6] qui est libéré quelques semaines plus tard.

Róża Robota avait 23 ans. Selon certains témoignages, elle et ses camarades crient « Nekamah ! » (Vengeance) sur l'échafaud.

La révolte du Sonderkommando a causé 70 morts parmi les SS et les kapos, et la destruction du toit d'un crématorium. Les nazis savaient que l'avancée de l'armée russe rendait possible dans un avenir très proche la libération du camp. Les nazis cherchèrent ensuite à effacer toutes les preuves de leurs atrocités, en détruisant eux-mêmes les quatre autres fours crématoires.

L'héritage de Róża Robota[modifier | modifier le code]

En 2008, une rue, la Róża-Robota Gates à Montefiore Randwick (Sydney, Australie), est nommée en sa mémoire, à l'initiative de Sam Spitzer, un combattant de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, résident à Sydney[14].

À Yad Vashem, à Jérusalem, un monument honore la mémoire de Róża Robota et des trois autres femmes exécutées. Il se trouve dans un emplacement privilégié du jardin.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Robota, Rosa », sur yadvashem.org
  2. a et b Roza Robota a décidé de se battre jusqu'au bout « Tygodnik Powszechny », sur Tygodnik Powszechny, Mémoire d'Auschwitz (consulté le )
  3. (en) « Rosa Robota - Biographie », sur www.gdw-berlin.de (consulté le )
  4. a b c d et e Faligot, p. 242
  5. a b et c Yuri Suhl, Roza Robota – Heroine of the Auschwitz Underground., They Fought Back: The Story of the Jewish Resistance in Nazi Europe., New York, Crown Publishers, New York 1969, S. 220., , p. 220
  6. a et b (en) « Roza Robota », sur Jewish Women's Archive (consulté le )
  7. Patterson, David (2002). "Salmen Lewental". In David Patterson, et al. (Eds.), Encyclopedia of Holocaust Literature, p. 112. Greenwood Publishing Group.
  8. (de) Andreas Killian, « Aufstand - Sonderkommando Studien », (consulté le )
  9. a et b (en) « Roza Robota, a Heroine of the Auschwitz Uprising », sur Jewish Currents (consulté le )
  10. a et b Faligot, p. 244
  11. (en) Na'ama Shik, « Roza Robota. 1921-1945 », Jewish Women: A Comprehensive Historical Encyclopedia.,‎
  12. a et b Faligot, p. 245
  13. (de) Danuta Czech, Kalendarium der Ereignisse im Konzentrationslager Auschwitz-Birkenau 1939–1945, Reinbek bei Hamburg, (ISBN 3-498-00884-6), p. 957
  14. (en) « Rosa Robota Gate », sur ABC Radio National, (consulté le )

Pour en savoir plus[modifier | modifier le code]

  • (en)Gurewitsch, Brana. Mothers, Sisters, Resisters: Oral Histories of Women Who Survived the Holocaust, The University of Alabama Press, 1998. (ISBN 0-8173-0952-7)
  • (en)Shelley, Lore. The Union Kommando in Auschwitz: The Auschwitz Munition Factory Through the Eyes of Its Former Slave Laborers, University Press of America, 1996. (ISBN 0-7618-0194-4)

Liens externes[modifier | modifier le code]