Paul Noirot

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Paul Noirot, de son vrai nom Henri Blanc[1] (né le 18 novembre 1923 à Paris[2] et mort le 4 septembre 2010[3]) est un écrivain, journaliste français (pionnier de l'AFP, fondateur de Politique hebdo), militant du Parti Communiste (1943-1969) et résistant lors de la Seconde Guerre mondiale.

1923-1939. Une enfance parisienne.

Né d'une mère médecin d'origine ukrainienne et d'un père journaliste à l'AFP, Henri Blanc est élevé dans une famille acquise aux idéaux communistes. Il entre à Normale sup et souhaite se spécialiser dans la biologie ou les mathématiques[4].

1939-1945. Résistance et adhésion au Parti communiste.

Âgé de 17 ans lors de l'armistice de 1940, Henri Blanc passe le baccalauréat et tente de rejoindre les Forces françaises libres qui combattent en Afrique du Nord depuis Bordeaux, Sète et Marseille. Finalement, il s'engage dans la Résistance sur le sol français, à Marseille.

Ayant adhéré au Parti communiste au début 1943, et devenu responsable d'un réseau de résistants, il est arrêté en novembre lors d'une opération de faux-papiers du réseau Alliance à la gare d'Ambert (Puy-de-Dôme). Incarcéré à Clermont-Ferrand, il est déporté à Buchenwald. En déportation, il est ingénieur mécanicien et s'emploie à limiter par tous les moyens la production de guerre allemande.

En avril 1945, les Allemands décident d'évacuer Buchenwald et de faire des prisonniers une monnaie d'échange éventuelle avec les Alliés. Lors de cette terrible marche à travers l'Allemagne qui décime par milliers les déportés affamés et exsangues, Paul Noirot sauve nombre de prisonniers en empêchant les plus faibles de tomber et de finir immanquablement sous les balles des SS qui marchent juste derrière les prisonniers. . Le convoi est finalement délivré par une division américaine et, après un court repos dans un village allemand dont il devient le maire provisoire, il rentre en France, à l'hôtel Lutetia où se rassemblent les déportés rescapés, à la fin de l'année 1945[5].

1943-1969. Adhésion, scepticisme et exclusion du parti communiste.

Les années d'après-guerre sont marquées par le journalisme et sa recherche d'un « internationalisme vrai » qui l'anime[6].

Militant du parti communiste, Paul Noirot réfléchit en son sein, notamment dans la revue de politique étrangère du parti, Démocratie nouvelle. Membre de la section Travail du comité central du parti, Paul Noirot critique en premier lieu la CED, le plan Marshall et la reconstruction européenne. Cependant, il devient rapidement très critique envers le système soviétique et est l'un des opposants internes à l'idolâtrie de Staline[7], notamment sur le plan économique du modèle soviétique[8]. Tour à tour, Paul Noirot soutient Dubcek, condamne la répression de Prague. Après la fondation de Démocratie, il est exclu du parti communiste.

1946-1996. Activités journalistiques.

Entrée à l'AFP en 1946 (son père est cofondateur de l'agence), Paul Noirot exerce ses premières piges à Action[9]

Licencié de l'AFP[10], Paul Noirot devient journaliste au quotidien Ce soir (1951-1952) puis à la revue Démocratie nouvelle (1953-1969) sur décision de Jacques Duclos, toutes deux dans le giron du Parti Communiste. À la fin de l'année 1969, il fonde le mensuel Politique aujourd'hui qui se veut « une revue mensuelle de gauche anti-stalinienne, représentant divers courants ». Cette publication est l'une des causes de son exclusion du Parti Communiste la même année.

En octobre 1970, Paul Noirot fonde et devient directeur de publication de l'hebdomadaire Politique hebdo qui rassemble des socialistes, des militants d'extrême gauche (LCR, Lutte Ouvrière, PCI) et d'anciens communistes. Pour raison, l'hebdomadaire cesse de paraître en 1978. En 1979, il est Directeur de Publication du nouvel hebdomadaire "Maintenant",auquel collaborent des socialistes, des communistes, membres du PSU, des Amis de la Terre, de mouvements féministes, et des "écrivains reporters. ( n° 1 le lundi 12 mars; n°14 le 11 juin) ). Paul Noirot tente ensuite la relance de Politique hebdo lors de la campagne présidentielle de 1981.

Par la suite, Paul Noirot rejoindra Antonin Liehm pour diriger la revue européenne Lettre internationale, revue littéraire rassemblant des auteurs européens qui est publiée simultanément dans plusieurs pays d'Europe.


1997-2010. Activités d'édition.

En 1997, Paul Noirot devient directeur éditorial de Maisonneuve et Larose. En 2001, il crée les Éditions Riveneuve avec Alain Jouson qui publie des ouvrages historiques et politiques.

Notes et références

  1. [1]
  2. [2]
  3. Le Monde
  4. Paul Noirot, La mémoire ouverte, Stock, 1976.
  5. Paul Noirot, La mémoire ouverte, Stock, 1976. Lire également : Frédérique Matonti, Intellectuels communistes, Éditions La Découverte, 2005, en particulier la p. 57 qui montre l'influence de la guerre sur son cheminement intellectuel.
  6. Jean-Claude Renard, « Une vie engagée dans l'Histoire », Politis, n° 1062-1064, p.4-5, 23 juillet 2009.
  7. Il revient ainsi sur ses premières impressions. Lire à ce sujet : Paul Noirot, « Staline et la fraternité des peuples libérés », La Nouvelle Critique, avril-mai 1953.
  8. Dominique Desanti, Les Staliniens. Une expérience politique, 1944-1956.
  9. Son premier papier, intitulé « Voyage au bout de la nuit » (1946), est un article sur ses impressions en Allemagne.
  10. Syndicaliste CGT, Paul Noirot est licencié peu de temps après avoir mené une grève. Il attribue son éviction à la mainmise de Georges Bidault sur l'AFP alors dirigée par Maurice Nègre. À ce propos, lire : Jean-Claude Renard, « Une vie engagée dans l'Histoire », Politis, n°1062-1064, p.4-5, 23 juillet 2009.