Ligne d'Abidjan à Ouagadougou
Ligne d'Abidjan à Ouagadougou | ||
Carte de la ligne | ||
Pays | Côte d'Ivoire, Burkina Faso |
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Villes desservies | Abidjan, Bouaké, Bobo-Dioulasso, Ouagadougou | |
Historique | ||
Mise en service | 1954 | |
Caractéristiques techniques | ||
Longueur | 1 150 km | |
Écartement | métrique (1,000 m) | |
Électrification | Non électrifiée | |
Nombre de voies | Voie unique |
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Trafic | ||
Propriétaire | États | |
Exploitant(s) | Sitarail | |
Trafic | voyageurs et marchandises | |
Schéma de la ligne | ||
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La ligne d'Abidjan à Ouagadougou (dite aussi chemin de fer Abidjan-Niger) est une ligne de chemin de fer internationale qui relie le port d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, à la ville d'Ouagadougou, au Burkina Faso. La ligne fait 1145 kilomètres, une des plus longues d'Afrique de l'Ouest[1]. Elle était exploitée pendant l'époque coloniale par la Régie des chemins de fer Abidjan-Niger (RAN).
Histoire
[modifier | modifier le code]En 1894, Jean-Baptiste Marchand alors capitaine, propose la création d'un chemin de fer permettant de relier le littoral et l'intérieur de la Côte d'Ivoire[2], qui est une colonie française autonome depuis le décret du [3]. Plusieurs tracés sont étudiés par l'administration des travaux publics qui en 1903 choisi Abidjan comme point de départ d'une ligne allant vers le « pays baoulé »[4].
Le chantier débute peu de temps après et prend rapidement du retard du fait des difficultés rencontrées. Parmi elles, l’hostilité de certaines populations locales dont l'épisode le plus marquant est la révolte des Abé en 1910[5].
En 1913, le chantier arrive à Bouaké situé à 315 kilomètres d'Abidjan avant d'être suspendu en raison de la Première Guerre mondiale.
Les travaux reprennent en 1920, Ferkessedougou est atteint en 1929 et Bobo-Dioulasso en 1934, au point kilométrique 800. La progression du chantier est stoppée pour reprendre la section d'Abidjan à Agboville.
Très ralentie pendant la Seconde Guerre mondiale, la ligne atteint Ouagadougou finalement en , après 51 ans de travaux. La longueur totale de la voie ferrée est de 1 145 kilomètres.
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Exploitation
[modifier | modifier le code]Après les indépendances, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso décidèrent d’assurer ensemble la gestion de la ligne qui se dégrada toutefois progressivement[5].
En 1987, à la suite de désaccords entre les deux pays et en raison des difficultés du transport ferroviaire, les autorités ivoiriennes et burkinabés optèrent pour une gestion séparée[5].
Les problèmes se poursuivirent toutefois et, en 1995, sous la pression des bailleurs de fonds et dans un contexte de crise économique sévère, les deux États cédèrent-ils l’exploitation à un consortium privé, la Sitarail[5], composée majoritairement des groupes Bolloré et Maersk[5].
Trente-six gares sont actuellement desservies[1].
Tous les mardis, jeudis et samedis, six voitures sont réservées dans l'Express aux voyageurs (environ 500) au départ d'Abidjan[1]. Ce moyen de transport vers le Burkina Faso connaît un regain d'intérêt aux dépens du bus consécutivement à la présence croissante des groupes djihadistes dans le sud du pays[1].
Au total, 200 000 passagers sont convoyés chaque année (contre quatre millions à la fin des années 1970)[1]. En 2019, le train mettait plus de trente heures pour parcourir les mille kilomètres jusqu'à Ouagadougou, à une vitesse moyenne de 35 km/h[1].
Environ 900 000 tonnes de fret sont acheminés chaque année par cette voie[1].
Travaux
[modifier | modifier le code]La concession de trente ans pour l'exploitation de la ligne détenue par Sitarail prévoit une extension de Kaya à Dori dans le nord du Burkina Faso[6]. Sitarail a pour idée de concrétiser un jour le projet de grande boucle ferroviaire imaginée pendant la période coloniale, qui relierait les principaux ports francophones de la région (Abidjan, Cotonou et Lomé) tout en désenclavant le Sahel, via Ouagadougou, puis Niamey[1]. Bolloré a d'ores et déjà commencé à construire ou réhabiliter les lignes entre Niamey au Niger, Cotonou au Bénin et Lomé au Togo[6]. Mais l'instabilité politique de certains de ces pays et l'emprise croissante des groupes djihadistes dans certains zones n'a pas permis de concrétiser ce projet[1].
En revanche, des travaux de la réhabilitation de la ligne ont débuté le pour un montant 262 milliards de francs CFA (soit 400 millions d’euros) et qui doivent durer cinq ans. Ils doivent permettre aussi le prolongement de la ligne jusqu’à la ville de Kaya, située à 100 km au nord de Ouagadougou[7], laquelle devrait recevoir un barreau ferroviaire amenant le minerai de manganèse extrait de la mine de Tambao[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Youenn Gourlay (texte) et Gaël Turine (photos), « Abidjan - Ouagadougou : une voie dans la brousse », GEO, no 486, (lire en ligne)
- L'Abidjan-Niger, p.20
- Albert Adu Boahen (dir.), Histoire générale de l'Afrique, vol. VII : l'Afrique sous domination coloniale 1880-1935, Paris, Présence africaine, Edicef, Unesco, , 544 p. (ISBN 2-7087-0519-9, 2-850-69513-0 et 92-3-202499-3), p. 59
- L'Abidjan-Niger, p.21
- Foussata Dagnogo, Olivier Ninot et Jean-Louis Chaléard, « Le chemin de fer Abidjan-Niger : la vocation d’une infrastructure en question », EchoGéo, no 20, (ISSN 1963-1197, DOI 10.4000/echogeo.13131, lire en ligne, consulté le )
- Baudelaire Mieu et Frédéric Maury, « Bolloré lance la réhabilitation de la ligne Abidjan-Ouagadougou », Jeune Afrique, (lire en ligne)
- « Train : la réhabilitation de la ligne Abidjan-Ouagadougou démarrera le 15 septembre – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Foussata Dagnogo, Olivier Ninot et Jean-Louis Chaléard, « Le chemin de fer Abidjan-Niger : la vocation d’une infrastructure en question », EchoGéo, no 20, (lire en ligne).
- François Dupré la Tour, « Histoire des chemins de fer d'Afrique Noire francophone : De la construction aux privatisations », dans Le chemin de fer en Afrique, éditions Karthala, , 401 p. (ISBN 9782845866430, lire en ligne), p. 19-34
- Jean-Jacques Fadeuilhe, Le train d’Abidjan à Ouagadougou 1898 – 1958 (2015, Catalogues d’I&M)
- Philippe de Baleine, Le Petit Train de la brousse, Paris, Filipacchi,
- Philippe de Baleine, Nouveau Voyage sur le petit train de la brousse, Paris, Filipacchi,