Krao Farini

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Krao Farini
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Krao Farini (née en 1876 au Laos, morte le à New York) est une femme atteinte d'hypertrichose, exhibée dans les pays occidentaux à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Née au Laos dans une province du nord du Siam, les versions concernant les origines de Krao Farini sont incertaines.

William Leonard Hunt et Krao Farini en 1883.

Une version relate qu'en janvier 1882, Krao et ses parents furent capturés lors d'une expédition menée par l'explorateur Carl Bock et l'anthropologue George Shelly. Elle est décrite comme faisant partie d'une tribu appelée "Kraos-monink" dont les hommes sont tous couverts de poils, vivant dans les arbres, qu'ils n'ont pas la connaissance du feu et par conséquent se nourrissaient de fruits, de poissons et de noix. La mère de Krao est détenue à Bangkok et son père meurt du choléra lors d'une épidémie à Chiang Mai [1]. Son nom signifiait « singe » en siamois. On assimile son prénom à un cri d'appel de ses parents[réf. nécessaire]. Orpheline, l'enfant est adopté sous l'autorisation du roi.

Un autre récit affirme qu'environ en 1882, Carl Bock a mené une expédition financée par Guillermo Antonio Farini en Birmanie qui, selon le naturaliste Francis Trevelyan Buckland, lui relève l'existence de personnes d'une taille inhabituelle et poilue dans ce pays. Selon cette version, la famille de Krao est détenue par le roi du Laos qui autorise l'adoption de l'enfant[2].

Elle est également décrite comme ayant un certain nombre de caractéristiques anatomiquement inhabituelles en plus de ses poils corporels, notamment une vertèbre thoracique supplémentaire, une paire supplémentaire de côtes, des poches sur les joues, une hypermobilité de ses articulations et un manque de cartilage dans ses oreilles et son nez[3].

Exhibition publique[modifier | modifier le code]

À partir de 1883, Krao Farini est adopté par Guillermo Antonio Farini. Cette figure paternelle est amplifiée dans les publicités à travers des illustrations et photographies, par exemple où il tient Krao dans ses bras. Il est même mentionné que Krao s'adresse à lui en l'appelant « papa » et qu'il exerce une certaine autorité pour s'assurer de son éducation comme dans une relation parent-enfant[2].

Affiche de Krao Farini à l'Alcazar d’Été.

Alors âgée de sept ans, elle est exposée à Londres au Royal Aquarium de Westminster. comme un exemple de chaînon manquant entre l'homme et le singe[4] et une preuve de la théorie de l'évolution de Charles Darwin[5]. Du fait de sa pilosité abondante qui recouvrait la totalité du corps, Krao est examinée à Dublin par des intellectuels de Trinity College et des scientifiques de la Royal Society l’été précédant son exhibition londonienne. Le spectacle est complété par des communications « scientifiques » avec une brochure relatant la capture de Krao par l’explorateur Carl Bock, qui, donnait un compte-rendu anthropologique caricatural de l’environnement et des mœurs birmans dans un contexte où cette culture est méconnue[6]. Elle apprend l'allemand et un peu d'anglais[2]. Début , elle part à Philadelphie puis est présentée à Paris en [4]'[7]'[5]. En 1899, Krao fait une tournée au Royaume-Uni qui comprend des apparitions à Cardiff et Édimbourg. Elle vit les dernières années de sa vie à Brooklyn au 309 East Nineteenth Street. Dans la foule, en dehors des exhibitions, elle se cache derrière un voile. Elle meurt de la grippe le [2]. Elle a demandé que son corps soit incinéré afin d'éviter que son cadavre ne soit regardé[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Men living in trees », The Timaru Herald, vol. XL, no 3198,‎ (lire en ligne)
  2. a b c et d Roxane Martineau, L'Étrange Étranger : Le freak culturel et la construction de l'idéal britannique de civilisation dans la seconde moitié du XIXe siècle, , 114 p. (lire en ligne), L'image de Farini comme figure paternelle est amplifiée dans les publicités à travers des illustrations et photographies, par exemple où il tient Krao dans ses bras (figure 1.1 ). Il est même mentionné que Krao s'adresse à lui en l'appelant« papa". De plus, Farini a une certaine autorité sur elle pour s'assurer qu'elle se comporte bien, de la même façon que le père a une autorité sur sa famille. De ce fait, même l'adoption de Krao n'est pas une simple formalité. Les différents articles décrivant Krao donnent donc la vision d'une véritable relation parent-enfant entre Krao et Farini
  3. (en) « Missing Link », The Times (Michigan),‎ , p. 7 (lire en ligne)
  4. a et b « Krao », La Justice, no 2329,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  5. a et b Emmanuel Boldrini, « Un cas de figure : le « chaînon manquant »… entre le racisme et le validisme », (consulté le )
  6. Fanny Robles, « De La Filiation de l’homme aux « zoos humains » : les dérives spectaculaires du darwinisme à la fin du XIXe siècle », Miranda. Revue pluridisciplinaire du monde anglophone / Multidisciplinary peer-reviewed journal on the English-speaking world, no 1,‎ (ISSN 2108-6559, DOI 10.4000/miranda.354, lire en ligne, consulté le )
  7. « Alcazar d'Eté, Exhibition par Farini Krao », sur Gallica, (consulté le )
  8. (en) « Circus folk mourn 'best-liked freak': Krao, the 'Missing Link,' Buried With Tribute of Tears From Side-Show Associates », New York Times,‎

Source de la traduction[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]