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Johnny Kitagawa

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Johnny Kitagawa
ジャニー喜多川
Surnom Johnny Kitagawa
Johnny
Johnny-sai
Nom de naissance John Hiromu Kitagawa
Naissance
Drapeau de la Californie Drapeau des États-Unis Los Angeles, États-Unis
Décès (à 87 ans)
Tokyo (Japon)
Activité principale Producteur
Genre musical Pop, rock, J-pop, électronique
Années actives 1962 - 2019
Labels Johnny's Entertainment
Site officiel www.johnnys-net.jp

John Hiromu Kitagawa, dit Johnny Kitagawa (en japonais : ジャニー喜多川), né le à Los Angeles et mort le à Tokyo[1], est un producteur de musique américain, fondateur et président de Johnny & Associates (similaire au Hello! Project créé par Tsunku, produisant des girl groups), une agence artistique ayant produit un grand nombre de boys band populaires au Japon. Kitagawa a assemblé, produit et lancé la carrière de plus d'une douzaine de groupes, dont SMAP, Tokio, Arashi, Kanjani8, Hey! Say! JUMP, V6, NEWS et KAT-TUN.

Il a également poussé ses « poulains » à jouer dans des dramas ou dans des émissions de télévision. Connu comme l'une des principales figures de l'industrie du divertissement outre-Atlantique, il a conquis un quasi-monopole sur la création de boys band au Japon pendant plus de 40 ans[2].

Des années 1988 à 2000, Johnny Kitagawa a été la cible d'accusations selon lesquelles il aurait profité de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles de la part de garçons qu'il produisait sous contrat. Il a nié ces accusations et a gagné 8,8 millions de yens de dommages et intérêts en 2002 lors d'un procès contre le journal qui les avait publiées. Le journal a fait appel et a obtenu une infirmation partielle du jugement. Dans les années qui ont suivi, Johnny & Associates a continué à produire des albums, films, shows TV... pour lesquels le succès commercial a toujours été au rendez-vous.

Biographie

Jeunesse

Né aux États-Unis, Johnny Kitagawa passe son enfance et son adolescence en Californie. Au début des années 1950, il voyage au Japon pour travailler à l'ambassade américaine de Tokyo. Un jour, en marchant dans un parc de la ville (le Yoyogi Park), il rencontre un groupe de garçons jouant au baseball. Il les recrute pour former un groupe de chant dont il sera le manager. Kitagawa nomme le groupe The Johnnys[2]. Mêlant des chorégraphies attractives et une façon de chanter typiquement pop, le groupe remporte un petit succès. The Johnnys constitue le premier groupe pop constitué exclusivement d'hommes, et c'est ce schéma que Kitagawa réappliquera pour chaque nouveau groupe qu'il va lancer[2].

Succès

En 1968, Johnny Kitagawa remporte un plus gros succès avec un boys band de 4 membres nommé Four Leaves[3]. Ce groupe continue d'exister jusqu'en 1978. Plus tard, en 2002, Kitagawa surveille une éventuelle reformation. Auparavant, il aura été à l'origine de plusieurs boys band qu'il a lui-même formé à partir de candidats travaillant pour lui, et dont les noms cités plus haut ne sont que ceux des plus connus[2]. Il a ensuite étendu sa sphère d'influence en faisant régulièrement apparaître ses performeurs à la télévision, certains d'entre eux ayant même eu leur propre émission télévisée. Ils sont également apparus dans des publicités et dans des films[4],[5]. Le succès des « poulains » de Johnny Kitagawa a permis à Johnny & Associates de générer un bilan de près de 2,9 milliards de yen en profits annuels lors de la période la plus aigüe de la mode des boys band. Depuis 1997, les performeurs appartenant à l'agence sont apparus dans plus de 40 programmes télévisés ainsi que dans plus de 40 publicités[6]. Ce succès a permis à Johnny Kitagawa de devenir l'un des hommes les plus riches du Japon[7].

La « formule »

Johnny Kitagawa a toujours employé une formule similaire dans la formation, le développement et la campagne marketing des groupes qu'il a créés et lancés[8]. Johnny & Associates fait passer des auditions pour de futurs membres potentiels. L'agence de production recrute des garçons âgés de 8 à 10 ans, connus sous le nom de Johnny's Juniors. Ceux qui sont retenus vivent dans un dortoir appartenant à l'agence et suivent leur scolarité dans une école tenue par l'agence. Ils s'entraînent au chant, à la danse et au métier d'acteur[5]. Chaque année, Johnny & Associates tient un festival d'été connu sous le nom de Johnny's Summary. Les membres les plus prometteurs des Johnny's Juniors y apparaissent aux côtés des performeurs célèbres membres des boys-band. Dans les shows dansés et chorégraphiés, ces juniors dansent en arrière-plan, derrière les performeurs. Ils doivent également apparaître dans une émission de télévision hebdomadaire du nom de Hachi-ji da J, où ils dansent, chantent et interprètent des sketchs comiques s'ils sont assez vieux pour devenir eux-mêmes des performeurs[9]. Johnny Kitagawa utilise également ses groupes déjà connus pour assurer la promotion de ceux qu'il lance, notamment via une couverture presse dont son agence bénéficie également[5],[7]. Il les fait également passer à la télévision, et les émissions qui ne leur assurent pas une promotion suffisante ne reçoivent plus les stars managées par Kitagawa (ce qui leur cause une perte d'audimat)[6]. Bien qu'étant des personnes publiques, les performeurs sont soumis à un contrôle direct et à une certaine discipline. Ils doivent maintenir une image qui plaise au public, notamment aux jeunes femmes, et évitent de parler de leur vie privée. Kitagawa lui-même évite d'apparaître en public : il permet rarement à des photographes de le prendre en photo, et ne fait aucune apparition publique avec ses groupes.

Accusations de harcèlement sexuel

Les rumeurs au sujet d'un possible harcèlement sexuel pratiqué par Johnny Kitagawa sur certains des juniors de l'agence ont commencé à se répandre à partir de 1988[10] lorsque Koji Kita (北公次), un ancien membre de Four Leaves, a publié une série de billets où il affirme que Kitagawa a profité de sa position au sein de l'agence pour faire des avances aux garçons vivant sous contrat[2],[7],[11] On retrouve les mêmes allégations dans un livre écrit en 1996 par Junya Hiramota, un ancien membre d'un autre boys band de Kitagawa. Hiramota déclare qu'il a vu Kitagawa forcer un garçon à avoir des relations sexuelles avec lui dans l'un des dortoirs de l'agence[4]. Plus tard, en 1999, un article en dix parties paraît dans l'hebdomadaire japonais Shukan Bunshun (週刊文春). Kitagawa y est accusé de harcèlement sexuel par une douzaine de jeunes garçons, recrutés par l'agence Johnny & Associates, et témoignant sous couvert d'anonymat. Les témoins accusent également Kitagawa de laisser des mineurs de son agence fumer et boire de l'alcool. Rapidement, les accusations ont été reprises par d'autres médias, jusqu'à recevoir une couverture internationale[2],[6].

La controverse a atteint son point d'orgue lorsque Yoshihide Sakaue, député du parlement, a déclaré vouloir examiner les investigations déjà menées sur Johnny Kitagawa. Les chefs de la police ont confirmé avoir enquêté sur l'agence Johnny & Associates[6], mais l'enquête n'a pas pu déterminer si les accusations de harcèlement sexuel étaient justifiées ou non. Cependant, la compagnie de Johnny Kitagawa a bien reçu un avertissement pour avoir permis à des mineurs se trouvant sous sa responsabilité de consommer de l'alcool et des cigarettes[7]. De son côté, le ministère de la santé a indiqué que d'après sa propre interprétation de la loi, les actes de Kitagawa ne pouvaient pas être considérés comme des abus sexuels, même si Kitagawa s'était effectivement rendu coupable de ce dont on l'accusait, dans la mesure où il n'était ni un parent ni un gardien pour les garçons de l'agence[7],[10]. De plus, ni les garçons ni leurs parents n'ont entamé par eux-mêmes de procès en justice à l'encontre de Kitagawa[7],[10]. Le « faiseur de stars » a nié tout abus sexuel, et ses avocats ont déclaré que les accusations provenaient d'employés ayant échoué leur carrière et jaloux de ceux qui avaient réussi[7]. Kitagawa a attaqué en justice l'hebdomadaire Shukan Bunshun pour diffamation[4]. À part ce journal, aucun des grands médias japonais n'ont évoqué l'histoire des allégations portées contre Kitagawa, pas plus que le débat qu'elles ont occasionnées au Parlement ou les procès entamés par Kitagawa lui-même. Le New York Times a attribué ce manque d'information à l'influence de Johnny Kitagawa sur les grands médias japonais[7],[10]. Une fois la série d'accusations publiée par le Shukan Bunshun, Johnny & Associates a interdit à ses performeurs tout lien avec le journal, ainsi qu'à tout média appartenant à la même société[6].

En 2002, le District Court de Tokyo a condamné le Shukan Bunshun à verser 8,8 millions de yens à Kitagawa pour diffamation. Le journal a fait appel du jugement, lequel a été partiellement révisé par la Haute cour de Tokyo en 2003. En effet, à l'issue de l'appel, les juges ont estimé que la série d'accusations constituait bel et bien une diffamation pour Kitagawa, mais que la diffamation ne valait que dans l'accusation d'avoir fourni de l'alcool et du tabac et des mineurs. Concernant les accusations de harcèlement sexuel, la cour a estimé que le journal avait des raisons suffisantes de les considérer comme dignes de confiances, et à ce titre publiables. Kitagawa a à son tour fait appel du jugement, mais la Cour Suprême du Japon a rejeté son appel en 2004[10].

Activités post-litige

En 2006, le boys-band KAT-TUN a remporté un important succès commercial, avec à la clé près de dix singles, des DVD ainsi que quatre albums studio. En 2007, Hey! Say! 7, un autre groupe appartenant à Johnny & Associates, est devenu le plus jeune boys band à se classer en tête des charts japonais, avec un âge moyen de moins de 15 ans parmi les membres du groupe[12]. Fin 2007, Johnny Kitagawa était toujours impliqué dans la gestion de son agence.

En 2011, il reçoit en tant que producteur deux records du monde au Livre Guinness des records : celui du plus grand nombre de singles n° 1 produits (232 entre 1984 et 2010), et celui du plus grand nombre de concerts produits (8 419 entre 2000 et 2010, rassemblant 48 234 550 spectateurs)[13].

Références

  1. (en) « Japanese entertainment mogul Johnny Kitagawa dies at age 87 », sur Kyodo News, (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Chris Campion, « J-Pop's dream factory », The Guardian Music Observer Monthly, Londres, 21 août 2005, (consulté le )
  3. (en) « Four Leaves Taabo battling cancer », Japan Zone, (consulté le )
  4. a b et c (en) Justin McCurry, « Japan's star-maker accused of sexually abusing boys », Kobe Observer, Londres, (consulté le )
  5. a b et c (en) Bruce Wallace, « The story is written on this actor's face », The Los Angeles Times, (consulté le )
  6. a b c d et e (en) « In Japan, Tarnishing a Star Maker », The New York Times, (consulté le )
  7. a b c d e f g et h (en) Calvin Sims, « Lawmakers In Japan Hear Grim Sex Case », The New York Times, (consulté le )
  8. (en) Alex Hoban, « Turning Japanese: The seedy underworld of music moguls », The Guardian, Londres, (consulté le )
  9. (en) Phillip Brasor, « Young at heart, but never free of Johnny », The Japan Times, (consulté le )
  10. a b c d et e (en) Mark D. West, Secrets, Sex, and Spectacle: The Rules of Scandal in Japan and the United States, University of Chicago Press (ISBN 0226894088, lire en ligne), p. 210
  11. (ja) Koji Kita (北公次, Kita Kōji?), Hikaru Genjie (光Genjiへ?), éditeur : Data House (データハウス, dēta hausu?), décembre 1988
  12. (en) « Hey! Say! 7 youngest boy band's place in history (Japanese) », Oricon Style (consulté le )
  13. (en) « Johnny Kitagawa nabs two Guinness World Record awards », sur tokyohive.com, septembre 2011

Voir aussi

Liens externes