Jean Kleberger

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Jean Kleberger
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LyonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jean Kleberger — Johann Kleeberger ou Jean Cléberger, etc. —, né le à Nuremberg et mort le à Lyon, est un marchand et philanthrope allemand du XVIe siècle, rattaché à l'histoire de la ville de Lyon.

L'homme de la roche[modifier | modifier le code]

Au n° 61 du « quai Pierre Scize » — ou - Scise — de Lyon, sur la rive droite de la Saône, se dresse dans une petite grotte « l’homme de la roche ». Cette statue de pierre (photobox) a succédé à une statue de bois plusieurs fois remplacée pour cause de vétusté et représentant fidèlement, depuis le XVIe siècle, un « bienfaiteur » anonyme.

Le , une délibération du Conseil municipal de la ville l'identifie officiellement comme étant Johann / Jean Kleberger, ce « bon allemand » resté dans les mémoires lyonnaises, et la municipalité participe à une souscription lancée pour honorer dignement celui dont Albrecht Dürer avait réalisé en 1526 un portrait historique.

C'est Bonnaire, sculpteur dont l'atelier se situe sur le même quai « Pierre Scize », qui exécute, en pierre de Cruas, un Kleberger habillé en gentilhomme du temps de François Ier.

Le , Lyon inaugure solennellement la statue du « bon Allemand » dont la vie reste en partie mystérieuse[1].

Que sait-on du « bon Allemand » ?[modifier | modifier le code]

La réponse à cette question est complexe, du fait que ce personnage apparaît, selon les sources, sous les noms de Johan, Johann(es), Hans ou Jean Kleberger, Kleeberger, Cleberge ou Cleberg(er).

Un extrait des registres publics de Genève montre que Kleberger s'est rendu à Lyon le 7 juin 1527 motivé sans doute par des opérations commerciales de la maison Imhof de Nuremberg dans laquelle il travaille et qui a un comptoir à Lyon. Il n'y reste pas longtemps, car le 23 septembre 1528, il épouse à Nuremberg Felicitas Pirkheimer, fille d'un notable de la ville. Celle-ci meurt deux ans après le 29 mai 1530[2].

Une chose est sûre, Kleberger est à Lyon en 1531, l’année de « la grande cherté » : la misère est alors si dure que le clergé a informé les conseillers de la ville qu'il ne pourrait pas soulager le grand nombre de pauvres « si le corps de la ville n’y prenait part ». Une épidémie de peste incite les bourgeois de l'Hôtel-Dieu à ouvrir une souscription pour aider les enfants malheureux. Kleberger est ainsi inscrit sur la première ligne : « un marchand allemand, 500 livres », gagnant le surnom qui ne le quittera plus[1].

Le 19 avril 1535, il se remarie avec Pelonne de Bonzin, connue plus tard sous le nom de la Belle Allemande, dont il a un fils David en 1538[2].

Généreux donateur à l'Aumône générale créée à Lyon en 1534, devenue l'Hospice de la Charité, le 10 décembre 1545, il reçoit l'échevinage de la ville de Lyon et meurt l'année suivante le 6 septembre[2].

Rabelais a rencontré Kleberger, dont il cite le nom dans son Cinquième Livre : « Je y veiz un rénocéros du tout semblable à celluy que Hans Cleberg m'avoit autresfoys monstré ... ». Michel de Nostredame, le fameux Nostradamus qui, comme Rabelais, avait fait ses études de médecine à Montpellier, écrit, à propos de Lyon : « la faculté de médecine estoit souverainement faite ». Les Allemands y sont bien implantés, ainsi la maison Imhoff de Nuremberg pour laquelle travaille Kleberger avant de devenir selon Ehrenberg[3] le premier grand financier allemand au sens moderne du terme.

Tour de la Belle-Allemande.

Selon Sigismond Hugonet, religieux de l'Île Barbe, Kleberger achète en 1522, sur les pentes de la Croix-Rousse, la tour aujourd'hui connue sous le nom de « la Belle-Allemande ». Construite en 1322 à une hauteur de 165 pieds, elle appartenait à la famille de Sathonay. La veuve de Kleberger a ensuite réduit la hauteur de cette tour de 53 pieds et réaménagé le château attenant[4].

Le portrait peint par Dürer[modifier | modifier le code]

Johannes Kleberger en portrait
par Dürer, en 1525 ou -26
(avant la mort du peintre en 1528) ;
tableau auj. à Vienne (Autriche),
au Kunsthistorisches Museum.

La pose quasi-impériale du sujet est rendue par la technique du maître, exprimant de la sorte la volonté, l'ambition, voire la farouche détermination de celui qui a réussi.

Sur les autres projets Wikimedia :

Sceau et matrice de David C.,
fils de Jean
(Musée
des Hospices civils de Lyon).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b E. Vial, Revue de l'Histoire de Lyon, , p. 322
  2. a b et c « Nouveaux documents sur Jean Kléberger », La Revue du Lyonnais, vol. série 1, no 17,‎ , p. 325 (lire en ligne)
  3. R. Ehrenberg, Hans Kleberg.
  4. Combe et Charavay 1847, p. 175.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maxime DEHAN, "PERSONNAGE / Jean Cléberger dit le Bon Allemand", dans Histoires lyonnaises, carnet de recherches, ([1], [2], consultées le ).
  • A. Combe et G. Charavay, Guide de l'étranger à Lyon : Contenant la description des monuments, des curiosités et des lieux publics remarquables, Lyon, Librairie de Charavay Frères, , p. 174-177.

Liens externes[modifier | modifier le code]