Garde varangienne

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La garde varangienne, très certainement représentée sur cette planche du manuscrit Skylitzès est reconnaissable aux larges haches portées par les guerriers[1].

La garde varangienne ou garde varègue (du grec : Τάγμα των Βαράγγων, Tágma tōn Varángōn) formait un corps d’élite de l’armée byzantine.

Les Varègues apparurent dans le monde byzantin en 839 quand l’empereur Théophile négocia avec eux pour obtenir quelques mercenaires pour son armée. Bien que les Rus' eussent le plus souvent des relations pacifiques avec les Byzantins, les raids varègues depuis le nord n’étaient pas rares. Ces attaques eurent lieu en 860, 907, 911, 941, 945, 971 et finalement en 1043. Ces raids n’eurent d’autre succès qu’une renégociation des traités de commerce ; militairement, les Varègues étaient toujours vaincus par l’armée de Constantinople, qui utilisait le feu grégeois.

La classe gouvernante des deux villes-États puissantes de Novgorod et Kiev finit par devenir varègue, et les Byzantins purent bientôt acheter les services d’une force mercenaire officielle, qui devint la garde varègue. Ceci advint en 988, quand le prince de Kiev, Vladimir Ier se convertit à l’orthodoxie. En échange de la main de la sœur de Basile II, Anne, Vladimir donna 6 000 Varègues comme garde personnelle. Cette unité, s'ajoutant à la liste des Tagma, fut l’un des éléments les plus efficaces et plus loyaux de l’armée byzantine, comme le rapporte la chronique d’Anne Comnène pendant le règne de son père Alexis Ier. Leur arme principale était une longue hache, mais ils utilisaient aussi l’épée et l’arc. Leur manière de combattre impressionnait particulièrement les Byzantins : ils formaient des rangs très serrés, protégés de leurs boucliers et desquels montaient des stances sourdes et des cris de guerre[2]. Leur blondeur et leur haute taille ne laissaient pas non plus d’impressionner les chroniqueurs byzantins[3].

Extrait d’un texte enluminé de Jean Skylitzès, chronique historique byzantine rédigée au XIe siècle.
Les personnages représentés font partie de la garde varangienne.

Ce furent les seuls à défendre avec succès une partie de Constantinople pendant la Quatrième croisade, mais la garde fut apparemment dissoute après la prise de la ville en 1204. À cette date le terme « varègue » référait à n’importe quel mercenaire du nord de l’Europe. La garde était plus composée d'Anglo-Saxons ayant fui la conquête normande de l'Angleterre après 1066 et de Normands que de Russes ou de Scandinaves. Les plus appréciés et les mieux payés étaient ceux qui s’étaient convertis au christianisme.

L’un des membres les plus célèbres de la garde varègue fut celui qui allait devenir Harald III de Norvège, également connu sous le nom d’Harald Hardrada, qui arriva à Constantinople en 1035. Il participa à dix-huit batailles et devint ἀκόλυθος (acolythos), commandant de la garde avant de retourner chez lui en 1043.

Contrairement à la très forte influence viking en Normandie et dans les Îles Britanniques, la culture varègue ne survécut pas, en tant que telle, à l’est et se fondit rapidement dans le substrat slave.

Notes et références

  1. (en) « The soldiers in the background have been identified as Varangians by the long-shafted axes they carry » (« Les soldats en arrière-plan ont été identifiés comme Varègues grâce aux longue haches qu’ils portent. »), Mark W. Merrony, The Vikings conquerors, traders and pirates, Londres, Periplus, 2004, 175 p., (ISBN 978-1-90269-954-7), p. 57.
  2. Gustave Schlumberger, Un empereur byzantin au dixième siècle : Nicéphore Phocas (ouvrage illustré de 4 chromolithographies, 3 cartes et 24 gravures, d’après les originaux ou d’après les documents les plus authentiques), Paris, Firmin-Didot et Cie, (lire en ligne).
  3. Anne Comnène semble particulièrement apprécier la haute taille, la blondeur et les larges épaules de Robert Guiscard, L’Alexiade, livre I, ch. X.

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