Gérard Maarek

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Gérard Maarek

Naissance (84 ans)
Tunis (Tunisie)
Nationalité Française
Domaines Économie
Institutions INSEE, Banque de France, Crédit Agricole

Gérard Maarek, né le à Tunis (Tunisie), est un économiste français.

Il a contribué à la popularisation du concept d'économie d'endettement en France[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Élève du lycée Carnot de Tunis entre 1944 et 1958, puis au lycée Louis-le-Grand entre 1958 et 1959, il est admis à l'École Polytechnique (Promotion 1959)[2]. Il poursuit ensuite ses études à l'ENSAE, puis à l'INSEE en 1964[3].

Il se marie en 1962 à Danièle Lebègue, institutrice. Ils ont quatre enfants.

Carrière[modifier | modifier le code]

Gérard Maarek sort de l'INSEE en tant qu'administrateur de l'Insee et assistant à l'ENSAE auprès d'Edmond Malinvaud, et ce jusqu’en 1966. Il devient chargé de mission auprès du Ministère du Plan à Rabat (Maroc) de 1966 à 1968. Il est maître-assistant à la faculté de Sciences économiques de Tunis entre 1968 et 1971.

En 1971, il est nommé directeur d'études puis directeur adjoint de l’ENSAE. Il conserve ce poste jusqu'en 1976, date à laquelle il devient chef du service des études économétriques et de la recherche à la Banque de France[4]. Il est chargé d'enseignement en histoire de la pensée économique, en économie du développement et en statistiques à l'université de Rabat, à l'ENSAE et à l'Institut d'études politiques de Paris.

Il quitte la banque centrale en 1981 pour diriger le bureau des études de l’Institut de Conjoncture IPECODE (devenu Rexecode en 1992 après sa fusion avec Rexeco), jusqu'en 1988. Il obtient alors le poste d'inspecteur général de l’INSEE, puis de secrétaire général[2].

En 1992, il quitte l'INSEE pour devenir directeur des études économiques et bancaires à la Caisse nationale du Crédit agricole (1992-2000)[3]. Il est parallèlement à cela membre de la Commission des Comptes de la Nation de 1995 à 1999.

De 1997 à 2001, il est membre du Conseil d'analyse économique (CAE).

En 2004-2005, il est rapporteur extérieur auprès de la Cour des Comptes en 2004-2005.

Depuis 2000, il est consultant en économie et en finance et depuis 2005« senior advisor » auprès du Directeur de la Recherche de l’EDHEC.

Il a assuré la fonction éditoriale des Cahiers économiques et monétaires de la Banque de France (1976-1981) et des publications économiques du Crédit agricole (1992-2000).

Travaux et contributions[modifier | modifier le code]

Formalisation mathématique de Karl Marx[modifier | modifier le code]

Son ouvrage Introduction au Capital de Karl Marx est publié parallèlement à celui de Michio Morishima[5] et de Andras Brody[6], portant sur le même sujet. Cette recherche s’inscrit dans la filiation de l’article séminal de Paul Samuelson[7].

Travaux sur l'endettement[modifier | modifier le code]

Le concept d'économie d'endettement initialement proposé par J.R. Hicks[8] est introduit en France par Maarek. Le concept est propre à décrire les structures financière de la France des années 60 et 70, par opposition à l’« économie de marchés financiers », qui s’y est substituée dans la décennie suivante, du fait du mouvement général de déréglementation[9]. Maarek écrit aussi sur le rôle de l’endettement des entreprises dans le déroulement du cycle économique. Son livre, Le Dette, le Boom, la Crise[10], réhabilite la notion de « Debt deflation » introduite par Irving Fisher[11]. L’effet de levier est au centre du schéma explicatif.

Travaux sur l'amenuisement des gains de croissance[modifier | modifier le code]

Le concept d’« enlisement »[12] pour décrire la marche vers la stagnation des économies européennes.

La trappe à la liquidité keynésienne est réinterprétée : lorsqu’elle s’ouvre, le prix du capital productif installé s’effondre (le q de Tobin) interdisant tout rebond de l’investissement.

Travaux de psychologie sociale[modifier | modifier le code]

Depuis le milieu des années 2000, il s’est engagé dans une réflexion en termes de psychologie sociale. Sa démarche a consisté dans la transposition méthodique de l’individu aux groupes ou à la société, des concepts proposés par Freud. Il a formulé l’hypothèse selon laquelle, dotés d’un appareil psychique, traversés de pulsions de vie ou de mort, soumis aux injonctions de leur inconscient, les groupes peuvent être sujets à des névroses ou des psychoses collectives et connaître des troubles identitaires. Ils relèveraient-ils ainsi d’une psychanalyse collective ; d’où le titre de son livre publié en 2007, MacroPsychanalyse, l’économie de l’inconscient[13]. On y trouve éclairés d’un jour nouveau des problèmes variés tel que l’évolution de la famille contemporaine, les modes de management de l’entreprise, la crise des banlieues, le débat sur la modernité, la disparition des empires, ou la question juive.

Autres[modifier | modifier le code]

Il défend et illustre la pensée de Jacques Rueff, dans son livre La Question monétaire, où il démonte les mécanismes qui font la supériorité de l’étalon-or sur les monnaies fiduciaires (fiat money).

Plusieurs de ces travaux ont été conduits en collaboration, et le plus souvent cosignés, avec Louis Lévy-Garboua.

Dans le souci de diversifier les sources d’analyse conjoncturelle, un rapport dû à René Lenoir et Beaudoin Prot[14] avait conclu, en 1980, à la nécessité de créer des instituts indépendants de l’administration. Gérard Maarek a participé à la création de l’institut de conjoncture IPECODE (devenue Coe-Rexecode par la suite), placé au service des entreprises françaises (CNPF). Il y a dirigé la construction du modèle économétrique sectoriel ICARE, de plus de mille équations, destiné à l’analyse et à la prévision économique.

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Livres d'économie :

Introduction au Capital de Karl Marx, Calmann-Lévy, 1975 (préface d'Edmond Malinvaud)

Traduit en anglais : Introduction to Karl Marx's Das Kapital, A study in Formalisation, Oxford University Press, 197, (préface de William Baumol).

La question monétaire, Economica, 1982.

La dette, le boom, la crise, Economica, en collaboration avec Vivien Levy-Garboua

Économie de l’enlisement, préface de Paul Fabra, Economica, 2003

Macroéconomie et gestion d'actifs, Economica, 2003

La Crise racontée à nos petits-enfants (2014), Economica

Impôts, le Grand Désordre (en coll., 2020, PUF)

Essais de psychologie sociale :

MarcoPsychanalyse, l’économie de l’inconscient, Presses universitaires de France, en collaboration avec Vivien Levy-Garboua, 2007

Capitalisme, Finance, Démocratie, le nouveau malaise (en coll., 2014 , Economica)

Psychologie sociale (Essais), 2017, Amazon

L’hypothèse DARWIN, Essai sur l'évolution des sociétés humaines, 2023 Amazon

Recueils de nouvelles (en ligne sur Amazon) :

Les Fonctionnaires (1999)

La Vie Éternelle (2016)

Rapports[modifier | modifier le code]

  • Comme rapporteur général : Les moyens et les conséquences de la désinflation, Commissariat général du Plan (1981) ;
  • Comme président du groupe « Perspectives économiques » : Coût du travail et emploi : une nouvelle donne, Rapport du Commissariat général du Plan (1994)
  • Étude conduite à la demande de l’EDHEC Business school : La réforme du financement de la protection sociale - Essais comparatifs entre la TVA Sociale et la TVA Emploi , 2007.

Articles[modifier | modifier le code]

  • « Politique rationnelle d'endettement vis-à-vis de l'extérieur » dans Annales de l'INSEE, no 10 (1972, mai-août) et no 11 (1972, sept.-déc.)
  • « Les Grandes agglomérations et leurs finances », avec Jean Bouinot dans Économie et Statistique, no 58 (1974, juil./aout)
  • « Monnaie et Inflation dans une économie d’endettement » dans la Revue d'économie politique[15], 1978
  • (en) « Bank behavior and monetary policy » dans le Journal of Banking & Finance[16], Volume 2, Issue 1, June 1978, Pages 15-46, avec Vivien Levy-Garboua
  • « L'information économique aujourd'hui, marché et institutions », Revue économique[17], Vol. 43, no 4, (1992, juil.)
  • « L'originalité de la théorie monétaire de Jacques Rueff dans Jacques Rueff, ouvrage collectif, Commissariat général du plan, Economica (1997).
  • « Le risque des 35 heures », Futuribles Revue d'analyse et de prospective, no 237 (1998, déc.)
  • « Le rôle macro-économique de l'endettement », Revue d'économie financière, no 46 (1998, mars) ; p. 43-57.
  • « Le rôle des facteurs financiers dans la nouvelle économie américaine » dans La Nouvelle économie, Conseil d'analyse économique (CAE), La Documentation française (2000).
  • « La tyrannie de l'« électeur médian » », Sociétal (revue), 2005
  • « MacroPsychanalyse de la crise financière », Revue d’économie financière, 2008.
  • « La démocratie, une interprétation psychanalytique », Sociétal (revue), 2009.
  • « Dette publique américaine : le dilemme du créancier », avec Vivien Levy-Garboua, La Chinamérique, un couple contre nature, Cercle Turgot, éditions Eyrolles, 2010.
  • « La question des bonus : une mise en perspective », avec Vivien Levy-Garboua, Revue Banque, .
  • « La politique monétaire, demain », avec Vivien Levy-Garboua, dans Commentaire (revue) 2011.
  • « La persécution des Juifs, hier et aujourd'hui » dans Commentaire (revue) automne 2018

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

  • Prix du Nouvel Économiste (catégorie conjoncture et prévision, 1987).
  • Prix Rossi de l’Académie des sciences morales et politiques pour son ouvrage « La dette, le boom, la crise » (1985)
  • Prix de l’Académie des Sciences Morales et Politiques pour l’ensemble de son œuvre (1992)
  • Grand Prix Ugo Papi - Gaston Leduc de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, pour son livre « MarcoPsychanalyse, l’économie de l’inconscient » (2010)
  • Ce même ouvrage a été nommé par le jury du Prix Turgot (2008).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Françoise Renversez, « De l'économie d'endettement à l'économie des marchés financiers », La Découverte,‎ , p. 54 à 64 (ISSN 1956-7413)
  2. a et b Jean-Jacques Pluchart, Constantin Mellios, Laboratoire Régulation Financière et Le cercle Turgot, Le shadow banking : Qu'est-ce que la finance parallèle ? Quel est son rôle ? Comment la réguler ?, Eyrolles, , 226 p. (ISBN 978-2-212-31910-1, lire en ligne)
  3. a et b « Crédit Agricole Gérard MAAREK », sur Les Echos, (consulté le )
  4. Olivier Feiertag, Mesurer la monnaie : banques centrales et construction de l'autorité monétaire, XIXe-XXe siècle, Albin Michel, , 292 p. (ISBN 978-2-226-15887-1, lire en ligne)
  5. Michio Morishima, Marx's Economics : A dual theory of value and growth, Cambridge University Press, 1973.
  6. András Brody, Proportions, Prices, and Planning: A mathematical restatement of the labor theory of value, Amsterdam, 1970
  7. Paul A. Samuelson, Marxian economics as economics, American Economic Review, vol. 57, mai 1967.
  8. J. R. Hicks, Critical Essays in Monetary Theory, Oxford: Clarendon Press, 1967.
  9. Voir par exemple l'article de synthèse De l'économie d'endettement à l'économie de marchés financiers, Françoise Renversez, 2008, Université Université Paris Ouest Nanterre-La Défense [1]
  10. Voir par exemple la critique de Jacques Généreux dans la Revue française d'économie [2]
  11. Irving Fisher, The Debt-Deflation Theory of Great Depressions, Econometrica, 1933.
  12. cf. la critique de cet ouvrage dans le quotidien Le Monde, article paru dans l'édition du 7 avril 1998
  13. Claire-Marine François-Poncet, « Macropsychanalyse », Revue française de psychanalyse, vol. 72, no 2,‎ , p. 529-533 (DOI 10.3917/rfp.722.0529, lire en ligne)
  14. L'information économique et sociale, Rapport à M. le Président de la République, La Documentation Française, 1979.
  15. Voir le site de la revue http://www.dalloz-revues.fr/revues/Revue_d_economie_politique-119.htm/
  16. Voir le site de la revue http://www.journals.elsevier.com/journal-of-banking-and-finance/
  17. Voir le site de la revue : http://www.revue-economique.fr/

Liens externes[modifier | modifier le code]