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Folk horror

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Le folk horror, qui peut être traduit par « horreur folklorique », est un sous-genre du film d'horreur et de la littérature d'horreur détournant des éléments folkloriques dans un but horrifique.

Caractéristiques

Les éléments typiques du folk horror incluent un environnement rural et les thématiques de l'isolement, de la religion et du pouvoir de la nature[1]. Bien que lié au film d'horreur surnaturel, de nombreuses œuvres folk horror tirent leur épouvante des actions et des croyances des protagonistes plutôt que d'éléments explicitement surnaturels, les histoires étant souvent centrées sur des étrangers naïfs qui se heurtent à des forces inexplicables[2].

Origines

Adam Scovell, spécialiste du genre, désigne comme l'un des premiers représentants du folk horror le film finlandais Le Renne blanc (1952), dans lequel une mariée solitaire se transforme en un renne vampirique, une idée tirée de la mythologie finnoise et de la religion samie[3]. Cependant, la désignation folk horror serait d'origine plus récente, la première occurrence relevée du terme étant utilisée en 2004 par le réalisateur Piers Haggard lors d'un entretien rétrospectif sur son film La Nuit des maléfices (1971) pour le magazine Fangoria dans lequel Haggard souligne les différences entre son film et ceux appartenant au genre gothique de la décennie précédente :

« J'ai grandi dans une ferme et il est naturel pour moi d'utiliser la campagne comme un symbole ou une image. Puisqu'il s'agissait d'une histoire de personnes sujettes à des superstitions concernant la vie dans les bois, la poésie sombre de cetlle-ci m'a séduit. J'essayais de faire un film d'horreur folklorique (folk horror film), je suppose. Pas un film d'horreur. Je n'aimais pas vraiment le style rustique de la Hammer, ce n'était pas vraiment pour moi[4]. »

Le terme est ensuite popularisé par l'écrivain et acteur Mark Gatiss dans sa série documentaire A History of Horror (en) de 2010 (épisode 2, Home Counties Horror) dans laquelle il cite trois film anglais : Le Grand Inquisiteur (1968), La Nuit des maléfices (1971) et The Wicker Man (1973) comme œuvres définissant le genre[5],[6]. Adam Scovell, écrivant pour le British Film Institute, note que ces trois films, qu'il appelle la « trinité impie » (unholy trinity), n'ont pas grand-chose en commun, si ce n'est leur ton nihiliste, leur cadre rural et qu'ils mettent « l'accent sur le paysage qui isole ensuite les communautés et les individus »[7]. Il suggère que l'intérêt grandissant pour le genre à cette époque est initié par la contre-culture des années 1960 et le mouvement New Age[8].

Exemples

Matthew Sweet, dans son documentaire Black Aquarius du programme radiophonique Archive on 4 (en), souligne que la contre-culture de la fin des années 1960 a mené à ce qu'il appelle une « seconde grande vague d'occultisme pop » qui a imprégné la culture populaire, avec de nombreux films et programmes télévisés contenant des éléments folkloriques ou des rituels occultes[9]. Les films Crowhaven Farm (en) (1970), The Dark Secret of Harvest Home (en) (1978) et Les Démons du maïs (1984), adaptation de la nouvelle de Stephen King écrite en 1976, peuvent être considérés comme des exemples américains cinématographiques du folk horror[2], aux côtés des Vierges de Satan (1968)[10]. D'autres films plus récents tels que The Witch (2015), Le Rituel (2017), Incantations (2017), November (2017), Errementari (2017), Le Bon Apôtre (2018) et Midsommar (2019)[10],[11],[12] ou la série télévisée The Third Day (2020)[13],[14] sont considérés comme représentatifs du genre.

D'autres films s'inscrivent partiellement dans le genre, tels que Pique-nique à Hanging Rock (1975), Le Projet Blair Witch (1999), Le Village (2004), The Wicker Tree (2012) et Hérédité (2018)[10],[12].

Comme au cinéma, le paganisme rural forme la base de nombreuses productions télévisuelles des années 1970, telles que celles issues de la série d'anthologie Play for Today de la BBC : Robin Redbreast de John Bowen (1970), A Photograph (1977), Penda's Fen (en) de David Rudkin (en) (1974) et Red Shift d'Alan Garner (1978), ou de la série d'anthologie Dead of Night (en) (1972) tel que The Exorcism[7],[15]. Des adaptations d'anciennes histoires de fantômes de Montague Rhodes James qui tirent leur horreur d'objets maudits, de la superstition médiévale, des pratiques occultes et des procès de sorcières ont également fourni un flux régulier d'horreur folklorique, de Rendez-vous avec la peur de Jacques Tourneur (1957), Whistle and I'll Come to You (en) de Jonathan Miller (BBC, 1968) à A Ghost Story for Christmas (en) de Lawrence Gordon Clark (BBC, 1971-1978)[7]. ITV produit pour sa part The Owl Service (en) (1969), Beasts (en) de Nigel Kneale (1976) et Children of the Stones (en) (1977)[7].

Matthew Sweet observe que des éléments d'occultisme et de paganisme apparaissent jusque dans des programmes pour la jeunesse et des épisodes de Doctor Who en 1970[9]. Le comédien Stewart Lee (en), dans sa rétrospective de The Children of the Stones (en) identifie la série comme faisant partie du « désenchantement collectif des années 60 » incluant les œuvres The Owl Service, Timeslip (en) (1970), The Tomorrow People (1973), The Changes (en) (1975) et Raven (en) (1977)[16].

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Folk horror » (voir la liste des auteurs).
  1. (en-GB) Andrew Michael Hurley, « Devils and debauchery: why we love to be scared by folk horror », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (en) Bernice M. Murphy, « Beyond Midsommar: 'folk horror' in popular fiction », sur The Irish Times (consulté le )
  3. (en) Adam Scovell, « 10 great lesser-known folk horror films », sur British Film Institute,
  4. (en) MJ Simpson, The Blood on Satan's Claw: One scary skin flick, , 230e éd., 72 p. (lire en ligne) :

    « I grew up on a farm and it's natural for me to use the countryside as symbols or as imagery. As this was a story about people subject to superstitions about living in the woods, the dark poetry of that appealed to me. I was trying to make a folk-horror film, I suppose. Not a campy one. I didn't really like the Hammer campy style, it wasn't for me really. »

  5. (en) Donald Clarke, « Mark Gatiss's History of Horror », Irish Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) « A History of Horror with Mark Gatiss – Home Counties Horror Ep 2/3 », sur BBC,
  7. a b c et d (en) Adam Scovell, « Where to begin with folk horror », sur British Film Institute,
  8. (en) Adam Scovell, Folk Horror: Hours Dreadful and Things Strange, Leighton Buzzard, Auteur, (ISBN 978-1911325222), p. 13
  9. a et b (en) Matthew Sweet, « Black Aquarius » (émission de radio), Archive on 4 (en), sur BBC, (consulté en )
  10. a b et c Léa Bodin, « C'est quoi le folk horror ? 10 films pour prolonger Midsommar », sur Allociné.fr, (consulté en )
  11. (en) Martyn Waites, « So what actually is Folk Horror? », sur Strand Magazine,
  12. a et b Joseph Boinay, « Midsommar : la Folk Horror est-elle le nouvel eldorado du cinéma indé ? », sur Vodkaster.com, (consulté en )
  13. Barbara Dupont, « The Third Day, Jude Law pris au piège », sur L'Écho.be, (consulté en )
  14. (en) Keith Deininger, « How HBO's The Third Day Avoided Being A Copy Of The Wicker Man », sur Screen Rant.com, (consulté en )
  15. (en) Sergio Angelini, « Dead of Night: The Exorcism », sur BFI Screenonline (consulté le )
  16. (en) « Happy Days - The Children of the Stones », BBC,