Famille de Cerjat

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de Cerjat
Image illustrative de l’article Famille de Cerjat
Armes de la famille.

Blasonnement D'azur, à un cerf de gueules, accompagné au canton senestre d'une étoile à six rais d'argent
Devise Cervus jacet (Ci-gît le cerf)
Branches Suisse et suisso-britannique
Pays ou province d’origine Pays de Vaud
Allégeance Saint-Empire romain germanique
Duché de Savoie
puis
Royaume-Uni
Confédération suisse
Fiefs tenus Seigneuries de Combremont, Syens, Denezy, Allaman, Lignerolle, Mézières, Féchy et Bressonaz
Demeures Château de Moudon, château de Rochefort, château d'Allaman, maison d'Arnay, maison Loys de Villardin, château des Clées
Charges Bailli du Pays de Vaud, conseiller ducal, ambassadeur du Duché de Savoie, député au Grand Conseil de Vaud, ambassadeur de Suisse
Fonctions militaires Gouverneur militaire du Pays de Vaud, châtelain, lieutenant-baillival, banneret, colonel de cavalerie, colonel d'infantrie, master and commander de la Royal Navy
Récompenses civiles Légion d'honneur (France), Page of Honour (Royaume-Uni), Ordre du Médjidié (Empire Ottoman)

La famille de Cerjat est une ancienne famille seigneuriale originaire du pays de Vaud, attestée depuis la fin du XIIIe siècle[1]. Elle est inféodée au Saint-Empire romain germanique depuis la remise de ses lettres d'armoiries et de reconnaissance de noblesse par l'empereur Sigismond en 1415[2],[3],[4].

Au XVIIIe siècle, elle se divise en deux branches : celle des seigneurs de Denezy et Mézières, branche aujourd'hui éteinte, et celle des seigneurs de Bressonnaz et Syens, branche suisso-britannique encore représentée aujourd'hui[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Vitrail de l'église St-Étienne de Moudon - allégeance du seigneur Rodolphe Cerjat à l'Empereur Sigismond accompagné d'Amédée VIII.

XVe siècle - XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Au XVe siècle, la famille de Cerjat est une famille noble du Saint-Empire romain germanique. Humbert Cerjat[6], bailli du Pays de Vaud[7], est ambassadeur de Yolande de France, duchesse de Savoie, et de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, auprès de la Confédération des VIII cantons[8],[9].

Au début du XVIe siècle, Pierre Cerjat, seigneur de Combremont et de Syens, et Jacques Cerjat, seigneur de Denezy, sont conseillers ducaux de Charles II de Savoie[5]. En 1530, Pierre s'oppose au siège de Genève par la ligue des chevaliers de la Cuiller[10] et mène ses troupes broyardes au secours de la ville[5] aux côtés des armées confédérées.

Avec l'entrée du Pays de Vaud dans la Confédération suisse en 1564 (traité de Lausanne), la famille de Cerjat devient suisse[11],[12].

En 1587, Philippe Cerjat, seigneur de Denezy et d’Allaman, banneret, châtelain et lieutenant-baillival de Moudon[5], est à la tête du contingent vaudois lors de l’assaut des troupes confédérées protestantes à Mulhouse[13].

La famille de Cerjat est confirmée par Leurs Excellences de Berne en 1614 et entre dans la noblesse patricienne bernoise[14]. Elle adopte la particule formellement à partir du XVIIe siècle[1].

Le 18 novembre 1663, Jean-Philippe de Cerjat, seigneur de Denezy, fait partie des deux-cent suisses qui se rendent à Paris auprès de Louis XIV pour renouveler le traité de paix entre la France et la Confédération[15].

Nicolas de Cerjat, seigneur de Rochefort, capitaine suisse du Grand Électeur, meurt le 6 décembre 1672 à Darmstadt durant la guerre de Hollande. Mathieu de Cerjat est tué le 27 juillet 1684 au siège de Gérone dans l'offensive des troupes suisses venues en renfort du marquis de Bellefonds (guerre des Réunions)[5].

Au XVIIe siècle, la famille de Cerjat compte trois branches : les seigneurs de Denezy, d’Allaman et de Lignerolle, les deux dernières s'éteignant au XVIIIe siècle[5].

XVIIIe siècle - aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Au XVIIIe siècle, les Cerjat participent aux campagnes militaires de la Confédération des XIII Cantons. En 1712, le colonel Pierre Gabriel de Cerjat s’engage aux côtés du général bernois von Diesbach durant la guerre du Toggenburg, où il est tué à la bataille de Villmergen à la tête du bataillon de Moudon[16],[17],[18]. La famille reçoit la bourgeoisie de Berne en 1793[1].

Au XVIIIe siècle, la branche de Denezy se divise en deux branches : celle des seigneurs de Denezy et Mézières, branche éteinte au XIXe siècle, et celle des seigneurs de Bressonaz et Syens, branche suisso-britannique encore représentée aujourd'hui[5].

La famille de Cerjat devient suisso-britannique en 1754 quand Jean-François Maximilien de Cerjat, fils de Sigismond de Cerjat et Sabine d'Herwart[19], est naturalisé britannique par décret de George II, roi de Grande-Bretagne et prince-électeur du Saint-Empire romain germanique[20],[21],[22]. Il est nommé High Steward de Louth[23].

Les cinq fils de Jean-François Maximilien naissent en Angleterre et servent comme officiers supérieurs dans l'armée britannique, principalement comme commandants de régiments de cavalerie : Lt. Col. George John de Cerjat (1755-1801) du 1st King's Dragoon Guards[24] ; Lt. Col. Henry Andrew de Cerjat (1758-1835) du Inniskilling Dragoons ; Lt. Col. William Paul de Cerjat (1764-1814) du Royal Horse Guards ; Lt. Rowland Alexander de Cerjat (1766-1782) de la Royal Navy, tué à la bataille des Saintes ; et Lt. Col. Charles Sigismund de Cerjat (1772-1848) du 1st Royal Dragoons[25].

À la fin de leurs carrières militaires, après s'être distingués durant les guerres de la Première Coalition et de la Deuxième Coalition, Henry Andrew, William Paul et Charles Sigismund de Cerjat s’établissent avec leurs familles à Lausanne, en Suisse. Leurs régiments reçoivent les honneurs de bataille à Beaumont le 26 avril 1794 et à Willems le 10 mai 1794.

Au XXe siècle, la famille de Cerjat est représentée par la descendance de Charles Sigismund et Mary Augusta de Cerjat, née Weston, en Suisse, en France, au Royaume-Uni et au Brésil. Aujourd'hui, elle est principalement représentée en Suisse.

Personnalités[modifier | modifier le code]

  • Humbert de Cerjat (avt. 1415-1487), seigneur de Combremont, de Denezy et de la Molière, bailli de Vaud, gouverneur militaire et ambassadeur de Yolande de France, duchesse de Savoie, durant les guerres de Bourgogne ;
  • Pierre Gabriel de Cerjat (avt. 1680-1712), colonel de la Confédération des XIII Cantons, tué à la bataille de Villmergen à la tête du bataillon de Moudon (faction protestante, guerre du Toggenburg) ;
  • Henry Andrew de Cerjat (1758-1835), baptisé à l'abbaye de Westminster[5], lieutenant-colonel du Inniskilling Dragoons (armée britannique), commanditaire du Pavillon d'Ouchy sur sa propriété de Bellerive à Lausanne (aujourd'hui siège de l'IMD) où il s'établit avec son épouse Susan de Cerjat, née Baird of Newbyth, en 1814 ;
  • William Paul de Cerjat (1764-1814), Page of Honour de George III de 1776 à 1781, lieutenant-colonel et commandant du régiment des Royal Horse Guards (armée britannique) ;
  • Elisabeth Jeanne de Cerjat (1769-1847)[26], philanthrope, cofondatrice de l'Asile des Aveugles avec William Haldimand et Frédéric Recordon, donne son nom à la rue Elisabeth Jeanne de Cerjat à Lausanne ;
  • Charles Thomas William George de Cerjat (1821-1869), lieutenant du HMS Vernon, vaisseau amiral de la Royal Navy aux Indes orientales[27], puis du HMS Blenheim durant la guerre de Crimée, master and commander du HMS Jackal, un des premiers cuirassés à vapeur de la marine royale britannique[28] ;
  • Auguste Henri Sigismond de Cerjat (1822-1900)[29], député de Lausanne (parti libéral) au Grand Conseil du canton de Vaud (trois legislatures de 1849-1853, 1866-1870 et 1870-1874)[30], fondateur du chemin de fer Lausanne-Échallens-Bercher, cofondateur de l'English Church à Lausanne, membre d'état-major et émissaire du Général Dufour lors de la prise de la ville de Fribourg en 1847 (guerre du Sonderbund)[31] ;
  • William Victor de Cerjat (1823-1898), chef de corps de la cavalerie vaudoise (armée suisse)[32], commandant des compagnies de dragons lors de l'intervention fédérale dans le canton de Genève en 1864 (émeutes liées à la non-réélection de James Fazy au Conseil d'État)[33] ;
  • Gaston Charles Gustave de Cerjat (1857-1935)[34], industriel, pionnier du premier réseau ferroviaire au Brésil, administrateur de la Brazil Railway Company[35], directeur de la Compagnie du Chemin de Fer São Paulo-Rio Grande[36], directeur général de la Compagnie Génerale des Chemins de Fer Brésiliens[37],[38], s'établit ensuite au château de Saint-Barthélémy (Vaud) qu'il acquiert en 1909 ;
  • Charles Oscar de Cerjat (1861-1941), Officier de la Légion d'honneur[39], Grand Cordon du Médjidié[40], directeur, administrateur et membre du comité de la Banque impériale ottomane à Paris[41], directeur général à Constantinople en 1903[42], membre du Cercle de la rue Royale et du Nouveau Cercle de l'Union[43], membre de l'assemblée constitutive de la Banque de Syrie et du Liban[44], président de la Compagnie du chemin de fer Damas-Hamah[45], administrateur de la Société d'Héraclée[46] (charbon d’Anatolie) et de la Compagnie Générale du Levant[47], décédé à Lausanne ;
  • Marguerite Isabelle Anna de Cerjat (1864-1957), née de Palézieux, Chevalier de la Légion d'honneur[39], présidente des œuvres de guerre Le Vêtement du Blessé et Le Village du Blessé de 1914 à 1932, membre de la Société de secours aux blessés militaires (SSBM), membre du conseil général de l'Asile des Aveugles à Lausanne à partir de 1948[2] ;
  • Frederick Maximilian George de Cerjat (1870-1914), capitaine du Frontier Mounted Rifles (armée britannique) durant la Guerre des Boers puis du East African Mounted Rifles, tué à la bataille du Kilimandjaro en 1914 durant la campagne d'Afrique de l'Est[48], décoré de la Queen's South Africa Medal, de la 1914-15 Star, de la Victory Medal et de la British War Medal[49], enterré au cimetière militaire de Dar es Salam, Tanzanie[50] ;
  • Charles Sigismund II de Cerjat (1895-1982), capitaine du Grenadier Guards[51], fils de Charles Rowland Wynne de Cerjat et Helen Flora, fille du 12e baronnet de Molesworth-St Aubyn, étudiant à l’université de Cambridge, engagé volontaire dans l’armée britannique en 1913, déployé en 1916 sur le front de l'Ouest[52], décoré du Silver War Badge, de la Victory Medal, de la Territorial Force War Medal et de la British War Medal[51], pasteur anglican après la guerre, membre du College of Canons de la Cathédrale d'Exeter à partir de 1965.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Denis Tappy, « Cerjat », sur Dictionnaire historique de la Suisse
  2. a et b Archives Cantonales Vaudoises, Archives de la famille de Cerjat, Lausanne
  3. (it) Guido Castelnuovo, Ufficiali e gentiluomini - La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milano, FrancoAngeli, , 426 p., p. 290, 303, 316
  4. Dictionnaire historique et biographique de la Suisse (DHBS), Cerjat, de, vol. 2 (lire en ligne), p. 460
  5. a b c d e f g et h Maxime Reymond, Cerjat, Lausanne, Bibliothèque cantonale et universitaire, (lire en ligne)
  6. Fabienne Byrde, « Humbert Cerjat », Dictionnaire historique de la Suisse,‎ (lire en ligne)
  7. Albert de Montet, Dictionnaire biographique des genevois et des vaudois, Lausanne, Georges Bridel, (lire en ligne), p. 136-137
  8. Maxime Raymond, Les origines de la famille de Cerjat, Archives héraldiques suisses, , 57 p. (lire en ligne), p. 56-57
  9. de la Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, Antoine Boudet, Libraire-Imprimeur du Roi, , 705 p. (lire en ligne), p. 332
  10. Catherine Santschi, « Confrérie de la Cuiller » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  11. « Les châteaux de Moudon », sur Swiss Castles
  12. « Le château d'Allaman », sur Swiss Castles
  13. Nicolas Schreck, « Affaire Fininger », sur Dictionnaire Historique de la Suisse, 7 mars.2003
  14. « Site généalogique et héraldique du Canton de Fribourg »
  15. (de) Johann Anton von Tillier, Geschichte des eidgenössischen Freistaates Bern, Vol. IV, Bern, , 503 p. (lire en ligne), p. 242
  16. Auguste Verdeil, Histoire du Canton de Vaud, Lausanne, Martignier, 1849-1852 (lire en ligne), Livre IV, chapitre XVI, Les Vaudois à Villmergen
  17. ETH-Bibliothek, « La part de la Suisse romande dans l'histoire militaire de la Suisse », Revue Militaire Suisse,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  18. Thomas Lau, « Seconde guerre deVillmergen », sur Dictionnaire historique de la Suisse (DHS),
  19. « Herwarth, Philibert d' », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  20. (en) Journals of the House of Lords, Londres, (lire en ligne), p. 218, 222, 226, 229, 247
  21. Protestant Exiles from France (lire en ligne)
  22. Christoph Graf von Polier, « Sigismond de Cerjat »
  23. (en) Charles B. Appleby, « Army Historical Research », Journal of the Society for Army Historical Research, Vol. 39, No. 158, pp. 55-65,‎ (www.jstor.org/stable/44222407)
  24. (en) Burke's Peerage, Baronetage & Knightage, 107th edition, 3 volumes, Charles Mosley, , p. 3634
  25. Protestant Exiles from France (lire en ligne).
  26. Denis Tappy, « Elisabeth Jeanne de Cerjat », sur Dictionnaire historique de la Suisse (DHS)
  27. (en) « Page:A Naval Biographical Dictionary.djvu/196 - Wikisource, the free online library », sur en.wikisource.org (consulté le )
  28. (en) « HMS Jackall (1844) », sur The Victorian Royal Navy
  29. Archives Cantonales Vaudoises, Famille de Cerjat (lire en ligne), p. 3, 50, 52
  30. Secrétariat général du Grand Conseil, « Bulletin du Grand Conseil (1829-2017) », sur État de Vaud (site officiel)
  31. « Journal de la Suisse Romande, N. 48 », sur ETH-Bibliothek,
  32. « Gazette de Lausanne - 12.08.1870 - Pages 2/3 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
  33. « Journal de Genève - 22.02.1911 - Page 1 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
  34. (de) « Gaston de Cerjat », sur Historisches Familienlexikon der Schweiz
  35. « Brazil Railway Company », sur DFIH,
  36. « Chemin de fer de São Paulo à Rio », L'Étoile du Sud,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  37. Ana Lucia D Lanna, « A Brazil Railway Company: ferrovia, territórios, modernidade no início do século XX. », Universidad Nacional de Cuyo, Mendoza,‎ (lire en ligne)
  38. Ana Lúcia Duarte Lanna, « Ferrovias no brasil 1870-1920 », História econômica & história de empresas,‎
  39. a et b « Charles Oscar et Isabelle de Cerjat », sur Grande Chancellerie de la Légion d'honneur
  40. Bibliothèque nationale de France, « Décorations par S.M.I. le Sultan », Revue Commerciale du Levant,‎ , p. 157/181 (lire en ligne)
  41. « Banque Impériale Ottomane », sur DFIH,
  42. Comité pour l'Histoire Économique et Financière de la France, La banque impériale ottomane, Paris, Broché, , 294 p. (lire en ligne), p. 231-248
  43. Le Figaro n. 59, « Cercles », sur BNF Bibliothèque nationale de France,
  44. « Banque de Syrie et du Liban », sur DFIH,
  45. « Chemin de Fer de Damas - Hamah », sur DFIH,
  46. « Société d'Héraclée », sur DFIH,
  47. « Compagnie Générale du Levant », sur DFIH,
  48. (en) « The Fallen of the Great War », sur Dulwich College
  49. (en) United kingdom, « Frederick Maximilian Georges de Cerjat », sur National Archives
  50. (en) « F M de Cerjat », sur Commonwealth War Graves
  51. a et b (en) United Kingdom, « Charles Sigismund DE CERJAT », sur National Archives
  52. (en) Frederick Ponsonby, The Grenadier Guards in the Great War of 1914-1918, Vol. II, The Project Gutenberg, (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]