Eugène Marquis (chirurgien français)

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Eugène Marquis
Biographie
Naissance
Décès
(à 83 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Eugène Marquis, ne lé à Bécherel et mort le [1] à Paris, est un chirurgien français, spécialiste de cancérologie, fondateur en du Centre des Tumeurs à l'hospice de Pontchaillou de (Rennes), rebaptisé en 1953 "Centre Eugène Marquis".

Biographie[modifier | modifier le code]

Eugène Marquis est né le à Bécherel (Ille-et-Vilaine)[2] de Eugène Marquis, médecin, et de Cyprienne Gâtel (1852-1942)[3]. Son mariage avec Ernestine Robert est publié le [4].

Il devient docteur en médecine en 1904 et fait ensuite son service militaire comme médecin auxiliaire de 2e classe au 70e régiment d'infanterie en 1905[5]. Il est membre de la société scientifique et médicale de l'Ouest, professeur suppléant à l'école de médecine en 1910[6], il enseigne à l'école des sages-femmes de Rennes en 1911[7]. En , il participe, avec son épouse, au 13e voyage d'études médicales aux eaux minérales et sanatoriums dans le sud-ouest de la France[8].

Il part au front le . En il passe à l'ambulance 4/53 du 3e corps d'armée. Médecin-major de 2e classe à l'ambulance 5/10 en [9], il prend,en 1917, la direction de l'ambulance automobile chirurgicale (Auto-Chir) n°22 à Vasseny, siège de l'hôpital d'évacuation (HoE 18)[10]. Des témoins oculaires racontent le rôle du Dr Marquis au front[11].

En 1919, il est nommé chirurgien du corps d'Armée basé à Rennes et de l'hôpital militaire de Rennes[12].

Professeur de pathologie externe en 1919, puis professeur de clinique chirurgicale en 1927, il devient directeur de l'école de médecine de Rennes en 1937.

Médecin-lieutenant-colonel de réserve en 1928, en 1933 il est promu au grade de médecin-colonel de réserve à la 10e région militaire[13].

En , par les hasards de la Drôle de guerre, Georges Duhamel rencontre Eugène Marquis à Rennes. Dans le court ouvrage que l'écrivain-chirurgien consacre aux trois mois passés à ses côtés pour soigner les réfugiés blessés, et qu'il dédie au Docteur Marquis, il dresse de celui-ci un portrait élogieux et chaleureux :

« [...] Il a donné toute sa vie pour l'amour de sa noble profession, toute sa vie pour la santé, le salut et la gloire de son antique province [...] C'est un maître en chirurgie. S'il existait un ordre pour les praticiens de cet état, sans nul doute il en serait l'un des patriarches. Il opère tout le jour, forme des élèves, gouverne une école, donne des avis, des soins, des clartés à quatre ou cinq départements [...] »

— Georges Duhamel, Lieu d'asile

Il sauve le journaliste et résistant Rémy Roure qui a l'artère fémorale coupée après s'être fait tiré dessus par les Allemands en tentant de s'échapper.

Il meurt à Paris le et est inhumé à Bécherel.

Réalisations et travaux scientifiques[modifier | modifier le code]

Le Centre du cancer de Rennes[modifier | modifier le code]

En 1923, le Dr Marquis déclare son intention de créer à Rennes un Centre anti-cancéreux dans le vaste domaine de l'hospice de Pontchaillou, à l'ouest du Canal d'Ille-et-Rance et de la voie ferrée Rennes-Dol-Saint-Malo. Autorisé le par arrêté du ministre du Travail et de l'Hygiène[14] le Centre anticancéreux de l'Ouest est inauguré le par Paul Bénazet, député de l'Indre, commissaire à la guerre chargé de l'éducation physique[15].

Dix ans plus tard, devant l'afflux de malades de toute la Bretagne, le Pr Marquis lance le projet de la construction d'un bâtiment moderne financé par l’État avec des contributions des départements de l'Ouest. Le Centre du cancer, achevé à l'été 1936, devait être inauguré en octobre par Irène Joliot-Curie, sous-secrétaire d’État aux recherches scientifiques. La démission de la descendante de l'inventeur du radium, le remet en cause la date de l'inauguration[16].

Centre du Cancer de Rennes (Hospice de Pontchaillou). À droite, les baraquements d'accueil des blessés civils en 1940. Cet ensemble hospitalier porte le nom de centre Eugène Marquis depuis 1953.

« Avec ses deux ailes que l'ont dirait reployées en arrière par le vent d'une course, le bâtiment du Cancer montre une façade magnifique. Entre des jardins de roses et de rustiques champs d'avoine, il s'élève tout au fond de l'enclos de Pontchaillou. »

— Georges Duhamel, Lieu d'asile

C'est en 1950 que le Pr Marquis quitte la direction du centre qu'il avait créé 25 ans plus tôt. Son successeur, le Dr Ferey, propose immédiatement que l'institution prenne le nom de "Centre Eugène Marquis", conservé jusqu'à aujourd'hui.

Communications, études, publications[modifier | modifier le code]

  • « Staphylococcies et coli-bacilloses puerpérales », Annales de gynécologie et d'obstétrique, , p. 207-221. Lire en ligne.
  • « Diagnostic et rôle de la décalcification gravidique », L'Obstétrique, , p. 561-580. Lire en ligne
  • Pratique courante de chirurgie de guerre (cours de chirurgie de guerre faits pendant les hivers 1915-1916, 1916-1917 dans la Ve armée), Paris, Maloine, 1917, VI-362 p. Voir notice Bnf en ligne.
  • Notes sur les résultats de la désinfection par la méthode de Carrel[17].
  • « La lutte contre le cancer », L’Ouest-Éclair, , p. 6. Lire en ligne.
  • « Les limites actuelles de l'asepsie opératoire », La presse médicale, , tiré à part, Paris, Masson, 1928, 16 p. Voir notice Bnf en ligne.
  • Étude statistique des domiciles des cancéreux (1933)[18].
  • Communication à l'Académie de médecine (1938) sur l'intérêt pour la santé publique d'imposer la déclaration des causes du décès[19].

Titres et distinctions[modifier | modifier le code]

Responsabilités administratives, associatives et syndicales[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

En 1911, E. Marquis est nommé officier d'académie, en tant que professeur suppléant à l'école de plein exercice de médecine et de pharmacie de Rennes[29], puis en 1920 officier de l'Instruction publique[30].

Au cours de la Première Guerre mondiale, Eugène Marquis est décoré de la Croix de Guerre avec citation à l'ordre de l'armée (palme) et fait chevalier de la Légion d'Honneur le . Il est promu au grade d'officier de la Légion d'Honneur le , puis au grade de commandeur le [31],[32].

Par décret du Eugène Marquis, professeur à la Faculté de médecine de Rennes, est nommé commandeur de l'Ordre de la Santé publique[33].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Collectif, « Gustave Roussy, François Baclesse, Eugène-Olivier-Marie Marquis », Bulletin infirmier du Cancer, Volume 15, n°1, Janvier-Février-. Lire en ligne.
  • Albert Javalet, « Eugène Marquis », La Santé en Bretagne, Paris, Éditions Hervas, 1992, p. 516-518.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Base Léonore
  2. AD d'Ille-et-Vilaine, Commune de Bécherel, Table décennale 1873-1882, 10 NUM 35022 541, vue n°4. Le folio correspondant dans le Registre des naissances de Bécherel, 1879 est manquant.
  3. L’Ouest-Éclair, 17 octobre 1942, p.3, col. 7. Consulter en ligne.
  4. L’Ouest-Éclair, 12 février 1905, p. 2. Lire en ligne
  5. Journal Officiel, 27 avril 1905, p. 2739, col. 1. Lire en ligne.
  6. Bulletin de la société scientifique et médicale de l'Ouest, 1910, p. 11. Lire en ligne.
  7. Conseil Général d'Ille-et-Vilaine, Rapports et délibérations, octobre 1911, p. 1072. Consulter en ligne.
  8. La presse thermale et climatique, 4 janvier 1913, p. 957-959. Lire en ligne.
  9. Journal Officiel, 5 juin 1915, p. 3623, col. 2. Lire en ligne.
  10. Dossier de Légion d'Honneur n°19800035/404/54126, f°28 consultable en ligne. Voir la base Léonore.
  11. Dr. V... « En suivant nos soldats de l'Ouest », L’Ouest-Éclair, 22 janvier 1917, p. 2, col. 4-5. Lire en ligne.
  12. L’Ouest-Éclair, 26 septembre 1923, p. 4. Lire en ligne.
  13. Journal Officiel, 24 décembre 1933, p. 12836, col. 3. Lire en ligne
  14. L’Ouest-Éclair, 9 mai 1924, p. 2, col. 5. Lire en ligne.
  15. « M. Bénazet inaugure le Centre anticancéreux de l'Ouest», Le Radical, 28 juillet 1924, p. 2, col. 3. Lire en ligne.
  16. L’Ouest-Éclair, 27 septembre 1936, p. 6, col. 3 Lire en ligne.
  17. Cité par le Dr Tuffier, « Les résultats chirurgicaux pendant l'offensive de l'Aisne », Bulletin de l'Académie nationale de médecine, 1918, p. 115. Consulter en ligne.
  18. L'Afrique du Nord illustrée, 26 août 1933, p. 24, col 3. Lire en ligne.
  19. Le Matin, 22 juin 1938, col. 8. Lire en ligne.
  20. La voix du combattant, 23 mai 1920, p. 3, col. 3. Lire en ligne.
  21. Annuaire des Rotary-clubs, France et États francophones, 1990-1991, p. 663.
  22. Le Médecin de France, Journal officiel de la Confédération des syndicats médicaux français, 44ème année, n°1, janvier 1934, p.14. Consulter en ligne.
  23. Nommé par arrêté du Ministre du Travail du 7 mars 1935. Recueil juridique de l'assurance, 15 mai 1935, p. 306. Lire en ligne.
  24. Nommé par arrêté du Ministre de la Santé publique du 7 avril 1938. Bulletin officiel de l'Office national d'hygiène sociale, 1938, vol. 1, p. 35. Consulter en ligne.
  25. L'association médicale, décembre 1932, p. 662. Lire en ligne.
  26. Le Médecin de France, Id.
  27. Guide Rosenwald, 1943, p. 736. Consulter en ligne.
  28. E. Marquis est alors président de la Confédération des syndicats médicaux français et devient donc le premier président de l'association mondiale. Voir le site de la WMA.
  29. Journal Officiel, 17 juillet 1911, p. 5894, col. 3. Consulter en ligne.
  30. Journal Officiel, 11 septembre 1920, p. 13304, col 2. Lire en ligne.
  31. Dossier de Légion d'Honneur, Id., f°1.
  32. Voir la notice "Eugène Marquis" dans le site de la section L. H.d'Ille-et-Vilaine.
  33. Journal Officiel, 2 mars 1939, p. 2873, col. 1 Consulter en ligne.

Liens externes[modifier | modifier le code]