Don Juan aux enfers

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Don Juan aux enfers
Informations générales
Titre
Don Juan v pekleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nommé en référence à
Auteur
Publications
Les Fleurs du mal, Výbor z Květů zla (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Date de publication
Type
Traducteur
Texte intégral
Contenu
Incipit
« Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine… »Voir et modifier les données sur Wikidata
Explicit
« …Regardait le sillage et ne daignait rien voir. »Voir et modifier les données sur Wikidata

Don Juan aux enfers est le quinzième poème de Spleen et Idéal de Charles Baudelaire paru dans Les Fleurs du mal en 1857.

Peignant en cinq quatrains tour à tour Don Juan, Sganarelle, son valet, Don Luis, Elvire, son amante, et la statue de pierre de la pièce de Molière, Baudelaire prolonge le mythe littéraire de Don Juan en choisissant de raconter sa descente aux Enfers grecs. L’atmosphère lugubre et fantastique qui s’en dégage a pu être inspirée notamment par deux tableaux d’Eugène Delacroix, La Barque de Dante et Le Naufrage de Don Juan[1].

Illustration à droite : Carlos Schwabe (1866-1926).

Texte

Quand Don Juan descendit vers l’onde souterraine
Et lorsqu’il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l’œil fier comme Antisthène,
D’un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.

Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.

Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.

Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l’époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

Notes et références

  1. Bibliothèque de la Pléiade, 2010, « Baudelaire, Œuvres Complètes », tome 1, p. 867 (ISBN 9782070108299)

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