Démétrios Doucas

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Démétrios Doucas
Biographie
Naissance
Décès
Activité
HellénisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
XVIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata

Démétrios Doucas est un lettré crétois actif au début du XVIe siècle, en Italie et en Espagne, dans la production de livres en langue grecque.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Il est d'abord signalé à Venise comme correcteur d'éditions grecques produites par l'imprimeur Alde Manuce : les deux volumes de Rhetores Græci publiés entre novembre 1508 et juin 1509 ; et les deux volumes des Moralia de Plutarque datés de mars 1509, sur lesquels travailla aussi Érasme. En 1513, le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros le fit venir à Alcalá de Henares pour la révision du texte grec du Nouveau Testament qui devait figurer dans la Bible polyglotte d'Alcalá ; il fut également chargé d'enseignement dans l'université fondée en cette ville par le cardinal, ouverte en 1508 ; ses émoluments s'élevaient à deux cents florins par an.

Il se heurta à des difficultés dans l'accomplissement de sa tâche, car la bibliothèque du Colegio Mayor de San Ildefonso contenait très peu de livres en grec, notamment pouvant servir à l'enseignement de cette langue. Il insista auprès du cardinal sur la nécessité d'imprimer des livres pour les étudiants, mais celui-ci le laissa en avancer les frais. Avec les beaux caractères fondus pour la Polyglotte, il produisit le premier livre grec d'Espagne, un volume contenant notamment le poème Héro et Léandre de Musée et la grammaire grecque (Érôtêmata) de Manuel Chrysoloras, volume achevé d'imprimer chez Arnao Guillén de Brocar le [1].

Il travailla sur la Polyglotte notamment avec Juan de Vergara. Mais après l'achèvement de l'ouvrage (1517) et la mort du cardinal de Cisneros (), il ne s'attarda pas en Espagne : le dernier paiement qui lui fut fait, en date du , concerne le semestre allant de mai à octobre 1517. Son successeur comme professeur de grec à Alcalá de Henares, Hernán Núñez, fut nommé le .

On le retrouve à Rome en octobre 1526, toujours professeur de grec et éditeur : paraît alors dans cette ville, « par les bon soins de Démétrios Doucas le Crétois » (δεξιώτητι Δημητρίου Δουκᾶ τοῦ Κρητός), un volume contenant les liturgies de l'Église grecque (Αἱ θεῖαι λειτουργεῖαι τοῦ ἁγίου Ἰωάννου τοῦ Χρυσοστόμου, etc.). Le , le pape Clément VII octroie un privilège à Doucas (« dilectus filius Demetrius Ducas Cretensis, Græcarum litterarum in alma urbe nostra Roma publicus professor ») pour imprimer le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise sur la Métaphysique d'Aristote, traduit alors en latin par Juan Ginés de Sepúlveda. C'est le dernier document connu qui le mentionne.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marcel Bataillon, Érasme et l'Espagne. Recherches sur l'histoire spirituelle du XVIe siècle, rééd. avec une préface de Jean-Claude Margolin, Genève, Droz, 1998, p. 21-23.
  • Angel Sáenz-Badillos, La filología biblica en los primeros helenistas de Alcalá, Estella, Editorial Verbo Divino, 1990.
  • Teresa Martínez Manzano, « Hacia la identificación de la biblioteca y la mano de Demetrio Ducas », Byzantinische Zeitschrift 102 (2), 2010, p. 717-730.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voici le post-scriptum un peu amer, adressé aux étudiants, qui figure dans ce volume, après les Érôtêmata (en grec) : « Appelé en Espagne pour la langue grecque par le révérendissime cardinal d'Espagne, et ayant trouvé grande pauvreté, ou pour mieux dire, absence totale de livres grecs, j'ai, dans la mesure de mes forces, imprimé quelques textes grammaticaux et poétiques, avec les caractères que j'avais sous la main, et je vous les offre. Sans concours de personne, ni pour les lourdes dépenses de l'impression, ni pour les fatigues de la correction (μηδενὸς οὔτε ἐν ταῖς μεγάλαις τῆς ἐντυπώσεως δαπάναις οὔτε ἐν ταῖς ταλαιπωρίαις τῆς διορθώσεως ἐμοὶ συναγωνιζομένου), seul, et chargé encore d'un enseignement quotidien, et copiant, et corrigeant, j'ai eu peine à en venir à bout. À vous maintenant d'accueillir avec bienveillance le fruit de mes sueurs, de mes veilles et de mes dépenses, et de m'en savoir gré. Je m'avouerai payé si, pleins de zèle, vous devenez doctes dans la science du grec ». Les comptes de l'université pour l'année 1513-14 confirment ses dires : trois cents réaux de son traitement sont versés à l'imprimeur Guillén de Brocar « para en cuenta de ciertos libros grecos que ha de haser para el dicho Demetrio ».

Article connexe[modifier | modifier le code]