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Carmen Damedoz

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Carmen Damedoz
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marie Élise Provost
Autres noms
Mme Provost-Damedoz[1]
Nationalité
Activité

Carmen Damedoz[Note 1], née Marie Élise Provost ( à Paris 14e - à Paris 20e), est une danseuse et une aviatrice française, titulaire du brevet de pilote no 1449 de l'Aéro-club de France, daté du [Note 2], sous le nom de Carmen Damedoz.

Biographie

Parcours

Marie Élise Provost naît à Paris en 1890, fille de Richard Provost, terrassier, et Marie Louise Dirant, ménagère[2].

Elle adopte le pseudonyme à consonance hispanique de Carmen Damedoz[3] — son teint mat et sa chevelure noire[4] contribuant peut-être à la faire passer pour une Espagnole — et se fait connaître comme danseuse, parfois vêtue d'un costume espagnol ou d'un châle[5],[6],[Note 3]. Elle devient le modèle de plusieurs artistes[7], parmi lesquels Antoine Bourdelle, Alberto Giacometti ou Auguste Rodin, dont elle est proche au point de lui écrire : « J'attends quelques lignes du dieu de la sculpture dont j'adore le talent et l'embrasse de mon plus long baiser... Bien à vous corps et âme. »[8],[Note 4]

En mai 1911, à Issy-les-Moulineaux, Carmen Damedoz assiste au départ de la course aérienne Paris-Rome-Turin, organisée par Le Petit Parisien, et se découvre une vocation d'aviatrice[9]. Dès les mois suivants, elle apprend le pilotage d'aéroplanes sur l'aérodrome de la Vidamée, près de Courteuil[10], et obtient son brevet de pilotage le [11], sur un biplan Sommer. Son vol de test n'est pas de tout repos : lors de son premier huit, le moteur de 25 ch perd en puissance et l'aéroplane glisse au sol, occasionnant de légers dégâts et lui valant deux côtes cassées[12]. Pour son second essai, elle pilote un Sommer équipé d'un moteur de 50 ch et passe son test avec brio. Dernière femme à passer un brevet avant le déclenchement de la guerre, elle devient membre du groupe féminin Stella (société Stella ou Aéroclub féminin la Stella), regroupant les femmes aéronautes sportives[13].

En décembre 1913, aux commandes d'un monoplan Gnome-Saulnier équipé d'un moteur de 50 ch, son moteur a une défaillance, mais elle remporte la médaille d'or du prix d'altitude féminin, offert par le sénateur Émile Reymond, en atteignant 1 020 mètres[14]ou 1 050 mètres[15] selon les sources. Ce vol dure 38 minutes et se déroule sur l'aérodrome de la Vidamée. La revue L'Aérophile la décrit comme étant une des aviatrices les plus connues de son époque. Son énergie et sa ténacité sont qualifiées d'exceptionnelles.

Au début de la guerre, elle est mobilisée et mise à disposition avec son appareil, auprès du ministre de la Guerre, mais on ne fait pas appel à elle. Trésorière de l'Union patriotique des aviatrices de France, dont Marthe Richer — future Marthe Richard — est la secrétaire, elle réclame avec cette dernière le droit de contribuer à l'effort de guerre en tant qu'aviatrices[16]. Mais les autorités militaires refusent leur participation[17].

En 1922, elle est photographiée nue aux côtés d'Alberto Giacometti dans l'atelier de l'académie de la Grande-Chaumière, par Marion Walton, une élève américaine de l'école[7].

Marie Élise Provost meurt en 1964, en son domicile du 227, avenue Gambetta à Paris[18]. Elle est inhumée cinq jours plus tard au cimetière parisien de Saint-Ouen[19].

Vie privée

D'après les mentions marginales portées sur son acte de naissance, elle épouse en 1919 à Paris Prosper Jean Henri Maurice Berger, aviateur, dont elle divorce trois ans plus tard[20], puis se remarie le avec Émile Léon Camus, à Pougny, dans la Nièvre[2]. Mais ces mentions marginales sont annulées par deux jugements de 1924, transcrits en 1931, son mariage avec Émile Léon Camus datant en réalité du . Elle est toujours mariée avec lui quand elle meurt, veuve, en 1964[Note 5].

Iconographie

  • Mlle Carmen Damedoz, photographie parue dans L'Aérophile, , p. 118 [5]
  • Marion Walton, Alberto Giacometti et le modèle Carmen Damedoz, tirage argentique sur papier, 1922, Marion Walton papers, 1915-1976. Archives of American Art, Smithsonian Institution [6]
  • Mme Damedoz, aviatrice, carte postale, Modern Photo Privat, sans date [7]

Bibliographie

  • Françoise Chapart, « Un passé tout récent et déjà oublié : les aviateurs de la Vidamée », Comptes rendus et mémoires, Société d'histoire et d’archéologie de Senlis, 1977, pp. 49-62 [8]
  • Rodin et ses modèles : le portrait photographié, catalogue de l'exposition 24 avril 1990 - 3 juin 1990, Paris, Musée Rodin, , 119 p. (ISBN 978-2-901428-26-8)
  • Rodin 300 dessins. La saisie du modèle 1890-1917, catalogue de l'exposition 18 novembre 2011 - 1er avril 2012, Paris, Musée Rodin, Éditions Nicolas Chaudun, , 256 p.
  • Rodin et la danse, catalogue de l'exposition 7 avril 2018 - 22 juillet 2018, Paris, Musée Rodin, Hazan, , 192 p. (ISBN 978-2-7541-1451-6)

Notes et références

Notes

  1. Parfois écrit Damédoz.
  2. Certaines sources indiquent le 5 septembre 1913.
  3. Plusieurs sources du XXIe siècle continuent de la présenter comme une danseuse d'origine espagnole.
  4. Dans le dossier documentaire de l'exposition La Saisie du modèle. Rodin 300 dessins 1890-1917, le musée Rodin date cette citation de 1898, ce qui n'est pas possible puisque Carmen Damedoz est née en 1890. De même, il est indiqué que Rodin l'a représentée en 1901 dans une série comprenant onze dessins, intitulée Femmes en pyjama, sur lesquels elle pose à demi-nue, coiffée d'un chignon. Ce qui, encore une fois, n'est pas possible à cette date.
  5. Il est mort à la même adresse qu'elle en 1935 (acte de décès no 3311 du 4 septembre 1935, 20e arrondissement de Paris, Archives de Paris)

Références

  1. « Les aviatrices veulent contribuer à la Défense nationale », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Petit Journal, (consulté le ), p. 2
  2. a et b Acte de naissance no 2801 du , 14e arrondissement de Paris, Archives de Paris (avec mentions marginales de mariages, de divorce et de décès)
  3. Yves Le Chapelain, « La Vidamée », Bulletin municipal de Courteuil, no 4, mars 2019, pp. 32-34 [1]
  4. Albert Hec, « Silhouette d'aviatrice. Carmen Damedoz », sur Gallica, L'Aéro, (consulté le ), p. 2
  5. Musée Rodin, Rodin et la danse, exposition - , dossier de presse, p. 10 [2]
  6. Musée Rodin, Rodin et la danse, exposition - , dossier documentaire, p. 21 [3]
  7. a et b Anca Visdei, Alberto Giacometti, ascèse et passion, Odile Jacob, , 312 p. (ISBN 978-2-7381-4685-4, lire en ligne)
  8. Musée Rodin, La Saisie du modèle. Rodin 300 dessins 1890-1917, exposition -, dossier documentaire, 2011, pp. 8, 15 [4]
  9. « Les aviatrices de la « Stella ». Mlle Carmen Damedoz », sur Gallica, L'Aérophile, (consulté le ), p. 118-119
  10. « À la Vidamée », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, L’Intransigeant, (consulté le ), p. 3
  11. « 48 brevets féminins », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, L’Intransigeant, (consulté le ), p. 8
  12. (en) Eileen F. Lebow, Before Amelia : Women Pilots in the Early Days of Aviation, Potomac Books, Inc., , 315 p. (ISBN 978-1-61234-225-2, lire en ligne)
  13. « Aéronautique », sur Gallica, La Liberté, (consulté le ), p. 3
  14. Pierre-Alban Lebecq, Sports, éducation physique et mouvements affinitaires au XXe siècle : Les pratiques affinitaires, Harmattan, (ISBN 978-2-7475-5974-4, lire en ligne)
  15. (en)http://www.flightglobal.com/pdfarchive/view/1913/1913%20-%201364.html
  16. « Aviation. Les aviatrices et la guerre », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Excelsior, (consulté le ), p. 8
  17. Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air. Une longue quête », Revue historique des armées, no 272,‎ , p. 12–23 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
  18. Acte de décès no 1217 du , 20e arrondissement de Paris, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 16/31)
  19. Registre journalier d'inhumation, , cimetière parisien de Saint-Ouen, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 15/31)
  20. Acte de mariage no 2803 du , 15e arrondissement de Paris, Archives de Paris (avec mention marginale de divorce)