Cúchulainn

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Cúchulainn tue le chien de Culann, illustration par Stephen Reid dans The Boys' Cuchulainn, Eleanor Hull, 1904

Cúchulainn (en gaélique : [kuːˈxʊlɪnʲ][1] Écouter litt. « Chien de Culann » ; en anglais : Cuhullin[2] [kəˈhʊlɪn][3]) est le prototype du héros et l'un des personnages les plus importants de la mythologie celtique irlandaise, un quasi-dieu. Sa force physique, ses pouvoirs magiques et ses soutiens divins en font un homme extraordinaire, capable de tout. L'une de ses armes favorites est le gae bolga, le « javelot-foudre », mortel à tous les coups : quand il pénètre dans le corps d'un ennemi, l'extrémité ferrée se déploie en de nombreuses pointes – c'est lors de son séjour en Écosse, chez Scáthach, que Cúchulainn en apprend le maniement.

Cúchulainn apparaît dans 76 récits, tantôt complémentaires, tantôt contradictoires. Son épopée est liée au règne des Tuatha Dé Danann.

Cúchulainn au combat, illustration de Mythes et Légendes des Celtes, T. W. Rolleston, 1911 par Joseph Christian Leyendecker.

Mythologie[modifier | modifier le code]

Le premier nom de Cúchulainn est en vieil-irlandais Setanta : le « cheminant »[4]. Il est rebaptisé Cúchulainn, c'est-à-dire le « Chien de Culann », par son grand-père et tuteur le druide Cathbad, quand il tue, à l'âge de cinq ans, le chien de garde du forgeron Culann.

Sa genèse est multiple : il est le fils de Lug le polytechnicien, dieu suprême du panthéon celtique et de Eithne, la mère de tous les dieux, symbole de la maternité. Au niveau humain, sa conception est le fruit de la rencontre dans l'Autre Monde du roi Conchobar Mac Nessa et de sa sœur Deichtire, qui est aussi son cocher. Son père adoptif est Sualtam, et son père nourricier est Amorgen, poète du roi Conchobar. Il habite Dun Delgan dans le domaine de Mag Muirthemm (dun signifie « forteresse » et mag « plaine »).

Il est parfois appelé le « contorsionniste », car il a la faculté de prendre toutes les apparences. La chaleur de son corps fait bouillir l'eau et fondre la neige. Il incarne aussi le Savoir et sa tête irradie la Connaissance. Il a été initié en Écosse, en compagnie de son ami Ferdiad, par la grande magicienne Scáthach, dont il a épousé la fille Uathach. Par la suite, il devra enlever Emer pour pouvoir épouser celle-ci. Une brève liaison l'unira à Fand dans l'Autre Monde.

Ses aventures et exploits sont innombrables. Dans le récit Táin Bó Cúailnge (La Razzia des vaches de Cooley), il est le seul homme à échapper au « sortilège de Macha » et à défendre l'Ulster face aux armées de Medb, la reine du Connaught. Il se bat continuellement et tue ses ennemis, jusqu'à ce que la malédiction cesse. Il meurt le jour de Samain, et Morrigan se pose sur son épaule sous la forme d’une corneille. Il a aussi pour épée Cruaidin Calcidheann.

S'il représente la magie guerrière, c'est vainement qu'il tente, à plusieurs reprises, d'obtenir la souveraineté.

L'un de ses chevaux, Liath Macha (le « Gris de Macha »), possède une intelligence humaine.

Interprétations[modifier | modifier le code]

Le nom de Cúchulainn (celui qui a « tué le chien » de Culan) repose sur une formule traditionnelle dans le monde indo-européen « tuer le chien » : avoir de la chance, réussir[5].

Principaux textes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation en gaélique irlandais retranscrite selon la norme API.
  2. Comme dans les contes Oona and Cuhullin et Blanid de Robert Dwyer Joyce.
  3. Prononciation en anglais irlandais retranscrite selon la norme API.
  4. Ce nom est également la désignation d'une ethnie de langue brittonique, les Setantii. Voir Christian-J. Guyonvarc'h, « Notes d'étymologie et de lexicographie gauloises et celtiques, XII, 46. L'anthroponyme irlandais Setanta et les Setantii », in Ogam 14, 1962, pp. 592-598
  5. (de) Rüdiger Schmitt, Dichtung und Dichtersprache in indogermanischer Zeit. Harrassowitz, Wiesbaden 1967, p.15 n79
  6. Il existe deux traductions en français de ce texte capital du Cycle d'Ulster :
    • La Razzia des vaches de Cooley, récit celtique irlandais traduit de l'irlandais, présenté et annoté par Christian-J. Guyonvarc'h, Gallimard, « coll. L'Aube des Peuples », Paris, 1994, (ISBN 2-07-073898-1)
    • La Rafle des vaches de Cooley, récit celtique irlandais traduit de l'irlandais, présenté et annoté par Alain Deniel, L’Harmattan, Paris, 1997, (ISBN 2-7384-5250-7)

Bibliographie[modifier | modifier le code]