Bombardement de Prague du 14 février 1945

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Bombardement de Prague
Image illustrative de l’article Bombardement de Prague du 14 février 1945
Les ruines du cloître d'Emmaüs et du quartier environnant un mois après le bombardement

Date Le
Lieu Prague, Tchécoslovaquie
Victimes Civils de Prague
Type Bombardement aérien
Morts 701
Blessés 1184
Motif Erreur de navigation lors du bombardement de Dresde
Participants US Air Force
Guerre Seconde Guerre mondiale

Le bombardement de Prague est une opération de la seconde Guerre mondiale menée le par l'US Air Force.

Il a été causé par une erreur de navigation d'un groupe de bombardiers participant au bombardement de Dresde. Le bilan humain final de cette attaque est de 701 morts ainsi que 1 184 blessés.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc prise en contre-plongée depuis un bombardier en train de déverser des bombes sur une ville.
Lâcher de bombes sur Smíchov vu depuis un bombardier américain.

Lors du bombardement de Dresde, le , la 8th Air Force, à la suite d'une erreur de navigation, survole Prague au lieu de Dresde. La ville ne faisait pas partie des cibles alternatives éventuelles, mais l'erreur est due à une forte couverture nuageuse ainsi qu'un vent très fort de près de 160 km/h, ainsi qu'une panne du système radar. Les 62 B-17 déversent, à partir de 12h24 et en cinq minutes, environ huit mille bombes d'un poids total de 152,5 tonnes, suivant la technique du tapis de bombes. Les bombes tombent sur Radlice, Jinonice et Smíchov avant d'atteindre Nové Město et Vinohrady[1],[2],[3].

Destructions[modifier | modifier le code]

Stèle commémorative comprenant une trentaine de noms tchèques.
Stèle commémorative de victimes du bombardement.

Les sirènes retentissent très tardivement, les avions n'ayant pas été détectés. D'autre part, les Pragois n'ont pas été habitués aux bombardements, n'ayant alors subi durant la guerre qu'un unique raid d'un avion sur la centrale électrique de Holešovice le . Les sirènes retentissaient fréquemment du fait du survol fréquent de la capitale par des escadres alliées, mais qui n'attaquaient jusque-là pas[1],[3].

Toutes les fenêtres des quartiers touchés sont brisées, le verre brisé occasionnant de nombreuses blessures aux habitants. Un premier bilan fait état de 413 morts, 1 455 blessés et 88 disparus, mais le bilan final s'élève à 701 morts et 1 184 blessés. Certains corps ne sont retrouvés qu'en 1971[1].

Entre 68 et 93 maisons sont complètement détruites, 190 à 256 autres sérieusement endommagées et plus de deux mille subissent des dommages mineurs ; environ onze mille habitants de la ville se retrouvent sans domicile du fait du bombardement[1],[2].

En particulier, la synagogue (cs) de Vinohrady est touchée, et les autorités nazies interdisent aux habitants d'y éteindre l'incendie allumé par les bombes. Les clochers et la voûte de l'église Notre-Dame de Slovénie ainsi que trois bâtiments hospitalires sont également détruits, la Maison de Faust, le pont Palacký et la villa Gröbe endommagés ; une quarantaine de rames du tramway sont également touchées plus ou moins gravement[1].

Réactions et conséquences[modifier | modifier le code]

Du côté américain, l'erreur est perçue dès l'attaque elle-même par certains pilotes, et le chef navigateur Harold Brown est rapidement destitué de son poste. Les membres du groupe se voient interdire toute communication à propos de cette attaque. Les pilotes, de leur côté, ainsi que des historiens tchèques, blâment surtout le chef d'escadre Lewis P. Ensign, qui ordonne le bombardement alors qu'il est en mesure de constater que la ville qu'il survole n'a pas subi le moindre bombardement contrairement à Dresde[1],[2],[3].

La propagande nazie utilise immédiatement le bombardement en affirmant don « caractère terroriste » du fait des impacts sur les seuls quartiers civils, notamment « de nombreux immeubles d'habitation, plusieurs hôpitaux, cliniques pour femmes et hôpitaux pour enfants […] ainsi que des bâtiments présentant une valeur culturelle »[1].

La propagande soviétique utilise également le bombardement de Prague pour discréditer les Américains[3].

Les dernières traces des destructions perdurent jusque dans les années 1990[2]. En l'an 2000, quatre anciens membres du groupe de bombardier viennent demander pardon en se présentant au cloître d'Emmaüs, mais le prieur Vojtech Engelhart leur répond que le monastère a plus souffert des quarante années d'occupation soviétique que du bombardement de 1945[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h (cs) Miloslav Tlapák, « Bomby spojenců dopadly 14. února 1945 omylem na Prahu », Paměť národa (cs),‎ (ISSN 1336-6297, lire en ligne).
  2. a b c et d (cs) Alex Švamberk, « Před sedmdesáti lety padaly na Prahu bomby », Novinky,‎ (lire en ligne).
  3. a b c et d (en) Jarka Hálková, « The bombing of Prague : was it a mistake? », Radio Prague,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Maršál & Uhlíř 2011] (cs) Stanislav Maršál et Jan Boris Uhlíř, Bomby na Prahu : nálety z roku 1945 objektivem Stanislava Maršála, Prague, Prostor, , 267 p. (ISBN 9788072602490, OCLC 778628702)
  • [Michal Plavec 2012] (cs) Michal Plavec (cs), Strach nás ochromil : tragický nálet na Prahu 14. února 1945 v souvislostech, Prague, Svět křídel, , 214 p. (ISBN 9788087567036, OCLC 835183957)
  • [Michal Plavec 2015] (cs) Michal Plavec, « Krvavá Popeleční středa 1945 », Lidové noviny,‎ (ISSN 0862-5921)