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Bertin B. Doutéo

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Bertin B. Doutéo
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Biographie
Naissance

Jacqueville
Décès
(à 63 ans)
Abidjan
Nom de naissance
Bonaventure Etté Bodjui
Pseudonyme
Bertin B. Doutéo
Nationalité
Ivoirienne
Formation

École des douanes de Neuilly-sur-Seine (1968 - 1970)

École de navigation de La Rochelle (1970 - 1971)
Activité
Écrivain, archiviste, douanier, fonctionnaire, homme politique
Période d'activité
1943 - 1971
Père
Marcel Etté
Autres informations
Parti politique

Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (? - 1949)

Entente des Indépendants de Côte d'Ivoire (1949 - 1956)
Membre de

Club International de Poésie Association des Écrivains d'Outre-Mer

PEN Club International
Mouvement
Classicisme
Genre artistique
Poésie, nouvelle, chanson
Distinction

Mention aux Jeux floraux du Limousin (1952)

Prix de poésie de Côte d'Ivoire (1966)
Œuvres principales

Cloches et grelots (1953)

La Maison isolée (1963)

L'Harmonica oublié (1966)

Bertin B. Doutéo, de son vrai nom Bonaventure Etté Bodjui, est un poète ivoirien[1], né le 20 juillet 1927 à Jacqueville, en pays alladian, dans le sud de la Côte d'Ivoire et mort en Côte d'Ivoire le 15 novembre 1990.

Doutéo est l'un des premiers poètes ivoiriens des années 1950, aux côtés d'auteurs comme Bernard Dadié, Léon Maurice Anoma Kanié ou Michel T. Adjié[2] ; il publie trois recueils de poèmes entre 1953 et 1966, dont La Maison isolée et L'Harmonica oublié, alors favorablement accueillis par la critique[3]. Doutéo mène en parallèle une carrière politique et administrative au cours de laquelle il rejoint l'Entente des Indépendants de la Côte d'Ivoire, parti politique de la période coloniale fondé en 1949 par Vamé Doumouya et Sékou Sanogo dont il est secrétaire à la trésorerie, avant d'être tour à tour sergent de réserve, archiviste, douanier, puis sous-préfet de la ville de Yamoussoukro. La poésie de Doutéo, dominée par les thèmes de l'eau, de la tristesse et de la mort, n'a cependant rencontré qu'un modeste écho auprès du public, et est aujourd'hui tombée dans l'oubli.

Biographie

Bertin B. Doutéo est le fils de Marcel Etté, commerçant et chantre du village. Très tôt orphelin de père et de mère, il est élevé par sa grand-mère, qui confectionne des ceintures de raphia et tisse des nasses pour la pêche. Doutéo entre à l'école primaire de Jacqueville en 1939, avant de rejoindre celle de Dabou l'année suivante. Titulaire en 1941 du certificat d'études, il retourne au village aider sa grand-mère et gagner sa vie.

Cinq ans plus tard, en 1946, il tente et réussit le concours de la Fonction publique, et sert en tant que commis expéditionnaire pour la subdivision de Touba. Il fait ensuite son service militaire dans la ville de Bouaké, entre 1947 et 1948, au sein du Bataillon Autonome de Côte d'Ivoire, dont il sort sergent de réserve. Doutéo est ensuite nommé commis expéditionnaire au Cercle-Mairie d'Abidjan, de 1948 à 1954, avant de retrouver la ville de Bouaké, où il exerce comme contrôleur au Service des Domaines de l'Enregistrement et du Timbre. Il intègre ensuite l'École Normale d'Administration d'Abidjan en 1958, et en sort secrétaire d'administration. Il est chef des subdivisions de Korhogo (1959-1960), de Ferké (1960-1961) et de Grand-Lahou (1961-1963), avant de devenir sous-préfet de Yamoussoukro de 1964 à 1965.

Doutéo rejoindra également le Service des Archives Nationales de 1965 à 1967, où il exercera sous la direction de François-Joseph Amon d'Aby. Loin de se restreindre à la seule Côte d'Ivoire, le parcours de Bertin B. Doutéo s'étendra à la France, puisqu'il intègre l'école des douanes de Neuilly-sur-Seine en 1968, où il reste jusqu'en 1970. Il rejoint ensuite l'école de navigation de La Rochelle, choisissant de se spécialiser comme douanier marin des unités de garde-côtes. Rentré en Côte d'Ivoire en juillet 1971, il exerce la fonction de chef de la subdivision douanière de l'ouest ivoirien.

Bertin B. Doutéo s'est éteint en Côte d'Ivoire le 15 novembre 1990 à l'âge de 63 ans.

Doutéo le poète

Les premiers textes poétiques de Bertin Doutéo remontent aux années 1940 : en effet, l'auteur a contribué au journal littéraire L'Appel du Tam-Tam, basé à Yaoundé, entre 1943 et 1946 [4]. Mais c'est à 26 ans que Doutéo publie son premier recueil de poèmes, Cloches et grelots, à Nice (1953), qui lui avait valu une mention aux Jeux Floraux du Limousin en 1952 ; le recueil est aujourd'hui inaccessible au public. La plupart des textes qui forment La Maison isolée sont quant à eux écrits entre Bouaké (où il a vécu de 1954 à 1955) et Abidjan. Le recueil La Maison isolée est publié en 1963 par les éditions du Regain, à Monaco, dans la collection des « Cahiers des Poètes de Notre Temps », avec des illustrations d'Henry Auger ; Doutéo publie une dernière plaquette, L'Harmonica oublié, en 1966, chez le même éditeur[5]. L'œuvre poétique de Doutéo reste en majorité inédite et est difficile à cerner dans son entièreté ; l'essayiste français Richard Bonneau mentionne en 1973 l'existence d'un recueil inédit, Lueurs du Mahou, inspiré du séjour de l'auteur dans la région de Séguéla en 1946[1]; des titres comme Soirs du crépuscule ou Ballades de jadis et naguère n'ont jamais paru malgré leur annonce sous presse, et il semble que Doutéo ait cessé d'écrire de la poésie après 1971[6]. Profondément nostalgique des cocotiers et des rivages jacquevillois de son enfance, Doutéo traduit sa mélancolie dans des textes à la métrique maîtrisée. Les thèmes du vieillissement et de l'impuissance face au temps qui passe reviennent dans des poèmes comme Valseurs éphémères ou Pluie de mandoline :

À la dernière heure
De la vie qui leurre
La fleur quitte la feuille
Qui chute de la tige,
Lentement s'endeuille
(...)
S'éteint tout désir
Mollement au sillage
De l'oubli qui voltige
Aux accords volages.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères,
Valseurs éphémères !

(« Valseurs éphémères », La Maison isolée, 1963, p. 27)

Au grenier, à la grange,
La souris se dodeline
Éprise de la chanson fine,
Du rythme vrai, du rythme pur,
De la mandoline de pluie.

(« Pluie de mandoline », La Maison isolée, 1963, p. 108)

Doutéo rend également hommage au folklore et aux traditions artistiques de l'Afrique, et reprend des thèmes chers aux poètes de la négritude alors en vogue, comme l'atteste cet extrait de « Hymne au tam-tam » :

À vos rythmes lancinants
L'âme qui perçoit bien
L'âme d'initié pour un rien
Se cambre et crie,
Pleure et se plie,
Tam-tam pygmée
De Guinée !
Tam-tam géant
Du Soudan !
Tam-tam sonore
Du Cayor !
Tam-tam doux
De chez nous !

(« Hymne au tam-tam », La Maison isolée, 1963, p. 154)

Œuvres connues et publiées à ce jour

  • Cloches et grelots, poèmes, Nice, éditions de La Victoire, 1953 (non-paginé), épuisé.
  • La Maison isolée, poèmes, Palais-Miami, Monte-Carlo, éditions du Regain, coll. « Les Cahiers des Poètes de Notre Temps », 1963, 159 p., avec illustrations de Henry Auger (d'après les dessins de l'auteur)
  • L'Harmonica oublié, poèmes, Palais-Miami, Monte-Carlo, éditions du Regain, coll. « Les Cahiers des poètes de notre temps », 1966, 125 p.
  • Lueurs du Mahou, poèmes, inédit.
  • Soirs du crépuscule, poèmes, inédit.
  • Ballades de jadis et naguère, poèmes, inédit.
  • Le Sac d'Argent, poèmes, inédit.

Notes et références

  1. a et b Richard Bonneau, Écrivains, artistes et cinéastes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Abidjan, Nouvelles éditions africaines, , 175 p., p. 66
  2. Bruno Gnaoulé-Oupoh, La Littérature ivoirienne, Paris, Karthala, , 450 p. (ISBN 9782865378418, lire en ligne), p. 213
  3. Afrique contemporaine, Documentation française, (lire en ligne)
  4. (en) Janheinz Jahn, Ulla Schild, Almut Nordmann, Almut Nordmann Seiler, Who's who in African Literature: Biographies, Works, Commentaries, Tubingen, Horst Erdmann, , 406 p. (lire en ligne), p. 112-113
  5. Bertin B. Doutéo, L'Harmonica oublié, Monte-Carlo, Regain, coll. « Cahiers des Poètes de Notre Temps », , 125 p.
  6. Bruno Gnaoulé-Oupoh, Écrivains, artistes et cinéastes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Paris, Karthala, , 450 p.

Liens externes