Anglomanie

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L'anglomanie désigne l'engouement pour ce qui touche à la culture anglaise.

L'anglomanie - ainsi qualifiée par ses détracteurs - se manifesta initialement en Europe continentale aux lendemains de la Guerre de Sept Ans, pour les usages (clubs et courses hippiques), les modes vestimentaires (la redingote) et gastronomiques (le punch), les arts décoratifs (les « jardins anglais ») anglais ou britanniques.

L'anglomanie au XVIIIe siècle

Comme le remarquent Claude Bruneteau et Bernard Cottret :

« la difficulté que l’on a à saisir l’anglomanie du XVIIIe siècle provient essentiellement de son caractère diffus. En effet, elle ne constitua ni une école littéraire — quelqu’influentes qu’aient pu être les traductions des auteurs anglais ou la terminologie anglophone des sciences et des techniques — ni une idéologie définie[1]. »

Contrairement à l'anglophilie des Lumières, l'anglomanie ne porte plus sur l’unique engouement intellectuel et culturel pour la Grande-Bretagne. Ainsi, Louis Sébastien Mercier distingue anglophilie d’anglomanie. La dernière est le goût pour une mode, la première la recherche d'un modèle. Cependant, l'anglomanie peut recouvrir une dimension intellectuelle : ainsi, la passion pour l'agronomie anglaise et ses expérimentations peut s'apparenter à une forme d'anglomanie.

La notion apparaît aussi comme une étiquette insultante, comme une arme des ennemis des anglophiles. On en trouve mention dans l'Année littéraire de Fréron, mais le mot connaît son succès avec l’œuvre de Louis-Charles Fougeret de Monbron, Préservatif contre l’Anglomanie, violent pamphlet de 1757.

L'anglomanie linguistique de nos jours

L'anglomanie s'exprime aujourd'hui dans le monde francophone par l'abus de termes anglophones ou « anglomorphes », c'est-à-dire d'apparence anglaise. L'anglomanie s'épanouit dans la tendance à employer des termes anglais bien que leur traduction française existe (par exemple, se présenter comme « consultant » plutôt que comme « conseiller ») ; elle culmine dans le recours à des termes inexistants dans la langue anglaise mais qui semblent lui avoir été empruntés (par exemple, le « pressing » cher aux commentateurs sportifs, employé par erreur à la place de l'anglais « pressure », dont la traduction correcte en français est « pression »).

Plus insidieusement, l'anglomanie s'infiltre dans la tendance récente des francophones à généraliser des constructions grammaticales contraires à la syntaxe du français mais conformes à la syntaxe de l'anglais (par exemple, en construisant le complément de nom par juxtaposition : « emploi étudiant » au lieu de : « emploi d'étudiant », « poutre béton » au lieu de « poutre en béton »).

Quelques anglomanes célèbres

Bibliographie

  • Jacques Gury, « Une Excentricité à l’anglaise : l’anglomanie » in L’Excentricité en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, Lille III, 1976, p. 191–209.
  • Louis-Sébastien Mercier, Parallèles de Paris et de Londres, Collection « Études critiques » no 2, Introduction et notes par Claude Bruneteau et Bernard Cottret, Didier – Érudition, Paris, 1982.

Notes et références

  1. Louis-Sébastien Mercier, Parallèles de Paris et de Londres, Collection « Études critiques » no 2, Introduction et notes par Claude Bruneteau et Bernard Cottret, Didier – Érudition, Paris, 1982, p. 25.

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