Marylène Negro

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Marylène Negro
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La TroncheVoir et modifier les données sur Wikidata
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Marylène Negro (née en 1957) est une artiste plasticienne et cinéaste française. Elle vit à Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marylène Negro est née en 1957 à La Tronche[1]. Elle suit une formation à l'École des Beaux-Arts de Grenoble dont elle sort diplômée en 1987. Elle est remarquée dans les années 1990 par plusieurs installations : sa participation à l’exposition collective Art et Publicité organisée par Jean-Hubert Martin au Centre Pompidou en 1990 avec Mutation, 5000 diapositives éparpillées sur une grande table lumineuse, ses tee-shirts I love Art, ses procédés d'interpellation (Donnez-moi une photo de vous, Dites-moi quelque chose, etc..), ses vidéos Ni vu-ni connu, où les gens sont invités à s'exprimer librement devant la caméra, son message Viens avec un numéro de portable sur les billets d'entrée au musée, etc[1],[2],[3]...

Son travail artistique se déplace ensuite vers la photographie, jouant toujours d'une quête de l'autre, ou d'un désir de s'insérer dans la peau de l'autre. Une série intitulée Dehors présentée en 2003 consiste par exemple en une succession d'images prises derrière l'épaule de touristes en train de prendre sur leur téléphone portable une photo[1]. Elle a également monté en fondu enchaîné 168 visages de mannequins[4]. Depuis les années 2010, son travail se développe principalement par la vidéo et le cinéma[1].

Enseignement[modifier | modifier le code]

Marylène Negro a enseigné à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, à l'École Nationale Supérieure d'Architecture Paris-La-Villette. Elle intervient dans diverses écoles d'art et d'architecture, sous forme de workshops ou de jurys (Paris, Nantes, Metz, Saint-Etienne, Grenoble, Valence, Bourges…). Elle est également correctrice pour les épreuves écrites du concours d'entrée de La Fémis.

Marylène Negro a encadré plusieurs workshops vidéo en Inde avec le Bharati Vidyapeeth College of Architecture de Navi Mumbai et l'Aayojan school of architecture de Jaipur pour la réalisation de quatre films collectifs qui ont impliqué des étudiants du BVCOA. L'un d'entre eux, Hampi, my land of ruins a reçu le premier prix du 2A City Architecture Movie Awards (2ACAMA) 2020 dans la catégorie du documentaire.

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Lorsqu’on demande à Marylène Negro de quelle manière il convient de qualifier son travail artistique – est-elle photographe ? vidéaste ? cinéaste ? elle qui fait des images son matériau premier, artiste plasticienne encore, comme on le lit çà et là –, elle aime à répondre, sans forfanterie : « J’écris des images ». » Olivier Schefer, "Marylène Negro, d'un voyage immobile dans le temps des images", L’image sans l’homme, Les Carnets du BAL n°9, 2021.
  • « Souvent les œuvres de Marylène Negro engagent un face-à-face, soit de deux solitudes, soit de deux créatures si différentes que rien ne peut attester une relation autre que leur coprésence physique. Plus souvent encore, face au regard se trouve une représentation, sonore ou visuelle, que le film contemple non pour la comprendre mais pour l’illimiter jusqu’à un doux vertige. Chez Marylène Negro, l’image constitue une aire d’intercession qui désamorce la potentielle violence d’une rencontre et ne conserve que les qualités d’attention, d’élan, de bienveillance préalables à un échange possible. L’image autorise l’appréhension sans préhension. » Nicole Brenez, "A Picure of You", Sept mondes, Analogues, 2011, p. 21.
  • « L’immense champ de temporalités qui s’ouvre entre le caractère fixe de la photographie et le jeu d’ombres mouvantes du cinéma constitue en propre le terrain d’expérience de Marylène Negro. Le plus souvent, c’est la nature, c’est le spectacle de ce qui est, de ce qui se déploie dans le devenir, qui lui fournit des motifs : ils se distinguent les uns des autres non seulement par la singularité de ce qu’ils montrent (tel animal ou tel paysage) mais aussi par la temporalité qu’ils libèrent. » Jean-Christophe Bailly, "Les Biches", Sept mondes, Analogues, 2011, p. 33.
  • « Interpeller l’autre et creuser sa place comme un vide, c’est bien entendu faire jouer l’ambivalence de l’altérité, le lien profond, inscrit dans la langue elle-même, entre l’hostilité et l’hospitalité : non que l’hôte soit simplement ambivalent, ami ou ennemi, mais parce qu’accueillir l’autre comme altérité pure suppose une hostilité fondamentale vis-à-vis du « soi » ou du « je » qu’il pourrait être tenté de devenir. […] Que personne ne trouve sa place pour être sûr d’être partout, telle est finalement la règle la plus rigoureuse de l’hospitalité.» Jehanne Dautrey, "C’est vous", Sept mondes, Analogues, 2011, p. 71.
  • « À nous mettre constamment mille images sous les yeux, qui, lorsqu’elles sont publicitaires notamment, préjugent de ce que nous pouvons et devons être, notre environnement quotidien nous empêche, littéralement, de lever le regard, ce qui est aussi une manière de nous aveugler. Là contre, l’œuvre lente et patiente de Marylène Negro nous rappelle que, pour regarder en vérité, nous devons commencer par nous retrouver nous mêmes, et qu’une image seule peut y aider. » Rodolphe Olcèse, "Le temps d’une image", Bref magazine 92 mai-juin 2010, gros plan p22.
  • « C’est dans Art & Publicité, l’exposition que Jean-Hubert Martin organisa en 1990 au Centre Pompidou, qu’on découvrit le travail de Marylène Negro. […] Tout ce que Marylène Negro va produire dans la décennie suivante et jusqu’à ce jour, s’inscrit peu ou prou dans ce double mouvement de minoration de l’espace public et d’hypertrophie du moindre événement de la sphère privée : publier l’intime et doter le dehors commun d’une spécificité telle que tout rapport à lui tend à la familiarité privative. » Jean-Marc Huitorel, "Marylène Negro : I love art", Art Press, avril 2002.

Projections séances monographiques[modifier | modifier le code]

  • 2008 : Séance monographique, "Paradise Now! Essential French Avant-Garde Cinema 1890-2008", (direction artistique : N. Brenez, M. Temple, M. Witt, P. d’Amerval and Mannoni, en association avec la Tate Modern et la Cinémathèque Française), Tate Modern, Londres.[1]
  • 2009 : Séance monographique, 22èmes instants vidéo, "Avez-vous vu l’horizon récemment ?" (direction artistique : M. Mercier), La Compagnie, Marseille.
  • 2009 : Séance monographique, Experimental 3 @ Cine Nouveau (direction artistique : S. Schmickl), Osaka.
  • 2009 : Séance monographique, Cinéma 1, Centre Pompidou (direction artistique : P-A. Michaud), Paris.
  • 2009 : Séance monographique, Cinémathèque Française (direction artistique : N. Brenez), Paris.

Expositions personnelles (sélection)[modifier | modifier le code]

  • 1997 : Ni vu - ni connu, Les Passeurs, Le Confort Moderne (commissaire : D. Truco), Poitiers[5].
  • 2001 : Eux/Them, Galerie Jennifer Flay, Paris[6].
  • 2004 : Et toi, École Nationale Supérieure des Beaux Arts (commissaire : S. Zavatta), Le Mans[7].
  • 2004 : Viens, Musée d’Art Moderne et Contemporain (commissaire : F. Hergott) Strasbourg[8],[2].
  • 2008 : Écrire dit-elle, Galerie Martine Aboucaya, Paris[9],[10],[11].

Expositions collectives (sélection)[modifier | modifier le code]

  • 2007 : Close Up, Galerie Martine Aboucaya, Paris[12].
  • 2015 : Le Fil et les traces (commissaire : É. Grignard), Galerie Jocelyn Wolff, Paris[13].

Œuvres cinématographiques (sélection)[modifier | modifier le code]

  • 2010 : X+ (long métrage)
  • 2011 : Slettabol (court métrage)
  • 2012 : Daymondes (moyen métrage)
  • 2013 : Highlands (court métrage)
  • 2013 : Majeur et vacciné (moyen métrage)
  • 2014 : You I Tourneur (court métrage)
  • 2014 : Matteo (court métrage)
  • 2015 : Limenland (moyen métrage)
  • 2016 : Hand-Pick (court métrage)
  • 2016 : Noyale (court métrage)
  • 2016 : KeraMilnadu (moyen métrage)
  • 2017 : Ganga (moyen métrage)
  • 2017 : Rénovation (court métrage)
  • 2017 : Double portrait (court métrage)
  • 2017 : Stone (court métrage)
  • 2018 : Pass (moyen métrage)
  • 2018 : Le Client (court métrage)
  • 2019 : 3 visages en somme (moyen métrage)
  • 2019 : Faites des gosses (moyen métrage)
  • 2021 : L'Enfance qui nous revient a l'éclat d'une étoile (moyen métrage)
  • 2021 : Present (court métrage)
  • 2022 : Post (moyen métrage)
  • 2023 : Moi, Isabelle Huppert (moyen métrage)
  • 2023 : Hot Heat (court métrage)
  • 2023 : Grand incendie (moyen métrage)

Commandes publiques[modifier | modifier le code]

  • 2013 : Roulez jeunesse, 1% artistique, Collège Anita Conti, Saint-Nazaire.[2]
  • 2010 : 4 pas de danse, 1% artistique, École Joséphine Baker, La Courneuve.
  • 2004 : Girouettes, 1% artistique, La Rochelle.

Collections publiques[modifier | modifier le code]

  • 2022 : L'Enfance qui nous revient a l'éclat d'une étoile, CNAP, Centre National des Arts Plastiques, Paris.
  • 2018 : Limenland, Frac Normandie, Caen.
  • 2014 : Highlands, Conseil Général de l’Essonne.
  • 2013 : La Sirène, Frac Franche-Comté, Besançon.
  • 2012 : Ravalement, Fonds Municipal d’Art Contemporain, Paris.
  • 2007 : Weg, Frac Franche-Comté, Besançon.
  • 2007 : Les Biches, Fonds départemental d'art contemporain de l'Essonne, Chamarande.
  • 2006 : Ici et Seeland, Mac Val, Musée d’Art Contemporain Val-de-Marne/Vitry.
  • 2006 : La Corse inoubliable, FRAC Corse, Corte.
  • 2005 : Dehors, CNAP, Centre National des Arts Plastiques, Paris.
  • 2004 : Éphémérides astronomiques, version 2, Frac Corse, Corte.
  • 2003 : S'en sortir sans sortir, Frac Bourgogne, Dijon.
  • 2003 : Eux/Them, Frac Languedoc-Roussillon, Montpellier.
  • 2002 : Eux/Them, FNAC, Centre National des Arts Plastiques, Paris.
  • 1999 : Girafes, Frac Bourgogne, Dijon.
  • 1999 : Calling, Flashing, Listening, Sending, Viewing, Watching, Zapping, CNAP, Centre National des Arts Plastiques, Paris.
  • 1999 : Pratiques, Frac Haute-Normandie, Sotteville-lès-Rouen.
  • 1998 : Les Passeurs, Centre d’Art Contemporain de Vassivière en Limousin, île de Vassivière.
  • 1997 : Les Artistes au travail, Frac Languedoc-Roussillon, Montpellier.
  • 1997 : Les Passeurs, Frac Limousin, Limoges.
  • 1996 : Très peur, assez peur, pas très peur, pas peur du tout, CNAP - Centre National des Arts Plastiques, Paris.
  • 1996 : In/Out, Frac des Pays de la Loire, Carquefou.
  • 1993 : Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout, Frac Rhône-Alpes, Villeurbanne.
  • 1991 : Éphémérides astronomiques, Frac Corse, Corte.
  • 1991 : Mutation, CNAP - Centre National des Arts Plastiques, Paris.

Bibliographie (sélection)[modifier | modifier le code]

  • 2023 : Les Temps de l'image, Les carnets de BAL 10, Olivier Schefer : "Marylène Negro, d'un voyage immobile dans le temps des images" p 194-217.[3]
  • 2021 : Correspondance à trois, avec Manlio Pedrotti et Lou Thivolle, Dérives.tv.[4]
  • 2021 : L’Art tout contre la machine, Rodolphe Olcèse et Vincent Deville, Éditions Hermann.
  • 2021 : Le Surgissement des archives, Rodolphe Olcèse, Presses universitaires de Saint-Étienne – Collection « Arts 20 – 21 ».
  • 2019 : 2min32, préface à Jean Epstein, écrits complets – Bonjour cinéma, Le Cinématographe vu de l’Etna et autres écrits, volume II, Éditions de l’Œil.[5]
  • 2012 : Sept mondes, Jean-Christophe Bailly, Nicole Brenez, Jehanne Dautrey, Suzanne Doppelt, Marie Muracciole, Gaelle Obiégly, Jonathan Rosenbaum, Éditions Analogues.[6]
  • 2012 : Intempestif, indépendant, fragile. Marguerite Duras et le cinéma contemporain, Pascale Cassagnau, Les Presses du Réel.
  • 2007 : Steve et moi, Air, Editions Bookstorming.
  • 2005 : Negro toi-même, dir. Pierre Leguillon, Charles-Arthur Boyer, Patrick Deville, Sylvie Fortin, Jean-Marc Huitorel, Emmanuel Latreille, Jean-Charles Masséra, Xavier Person, Sylvie Zavatta, Isthme éditions.,
  • 2001 : Eux/Them, Galerie Jennifer Flay/Frac Haute-Normandie/Frac Languedoc-Roussillon/Frac Champagne-Ardenne, Paris.
  • 2000 : Donnez-moi une photo de vous, Galerie Nei Liicht, Dudelange.
  • 1994 : Te huur, Warmoesstraat 139, Amsterdam.
  • 1990 : Culture, Patrick Deville, Frank Perrin, Olivier Zahm, Le temps des minuteries contemporaines, Galerie Pierre Bernard, Nice.
  • 1992 : Strategy of disappearance, Jérôme Sans, YYZ, Toronto.
  • 1992 : The Pocket Dictionary, Spatial Drive, New Museum, New York.
  • 1991 : "Marylène Negro, les horizons instables”, Frank Perrin, Mouvement 2, Centre Georges Pompidou, Paris.
  • 1990 : Art et Publicité, Centre Georges Pompidou, Paris.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Anaël Pigeat, « Negro, Marylène [La Tronche 1957] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3144
  2. a et b Elisabeth Lebovici, « Le numéro Negro », Libération,‎ (lire en ligne)
  3. Jean-Marc Huitorel, « Marylène Negro : I love Art », Art Press,‎ (lire en ligne)
  4. Philippe Dagen, « Visages dérobés, images virtuelles », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. Elisabeth Lebovici, « Arts. La créatrice parisienne a disséminé une quarantaine d'affiches dans la ville et invité les habitants à s'exprimer devant sa caméra. Négro produit son art à Poitiers. », sur Libération (consulté le ).
  6. Aurélien Mole, « Portrait. Marylène Negro », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain, no 26,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.1192, lire en ligne, consulté le )
  7. « Marylène Negro - Archives de la critique d'Art », sur archivesdelacritiquedart.org (consulté le ).
  8. Elisabeth Lebovici, « Le numéro Negro », sur Libération (consulté le ).
  9. « Ecrire dit-elle - Marylène Negro - Exposition - Galerie Aboucaya », sur Paris Art, (consulté le ).
  10. « Marylène Negro – Écrire dit-elle »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur martineaboucaya.com, .
  11. Anaël Pigeat, « Marylène Negro », sur artpress.com, .
  12. « Close-up - Exposition - Galerie Martine Aboucaya », sur Paris Art, (consulté le ).
  13. Éline Grignard, « Marylène Negro, à visage découvert », sur lafuriaumana.it.

Liens externes[modifier | modifier le code]