Bella Lewitzky

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Bella Lewitzky
Bella Lewitzky dans Warsaw Ghetto de Lester Horton, 1949.
Biographie
Naissance
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Llano Del Rio (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
PasadenaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Newell Taylor Reynolds (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Federal Theatre Project (en) (années 1930)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Archives conservées par
George Mason University Libraries Special Collections Research Center (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Poster de la Lewitzky Dance Company

Bella Lewitzky, née le 13 janvier 1916 dans le comté de Los Angeles et morte le 16 juillet 2004 à Pasadena, est une chorégraphe, danseuse et professeure de danse moderne américaine. Elle est surnommée « la grande dame de la Côte ouest », par opposition à Marta Graham, « la grande dame de la Côte est[1] ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Bella Lewitzky est née à Llano del Rio (en) dans la vallée d'Antelope, dans une famille d'immigrants juifs russes; ses parents ont immigré pour rejoindre une colonie socialiste utopique dans le désert des Mojaves. Elle passe son enfance dans cette communauté et dans un ranch à San Bernardino[2],[3]. Elle retourne à Los Angeles à l'adolescence et étudie brièvement le ballet. A dix-sept ans, le partenaire d'un professeur de ballet lui parle du travail de Lester Horton et elle s'inscrit comme élève. En 1934, elle rejoint la compagnie de Lester Horton[2], en devient la première danseuse en 1937[1],[4], et joue un rôle déterminant dans le développement de la technique Horton.

En 1946, Lewitzky fonde avec Horton le Dance Theatre de Los Angeles[4] qui est l'une des rares institutions aux États-Unis à abriter à la fois une école de danse et un théâtre sous le même toit[5]. Elle quitte l'entreprise en 1950 pour poursuivre ses propres intérêts et une carrière indépendante. Elle apparait comme danseuse dans le film d'aventure en technicolor de 1943 White Savage et elle chorégraphie les films Bagdad (1949), avec Lester Horton, Tripoli (1950) et Prehistoric Women (1950).

En 1951, elle créé Dance Associates, avec une école de danse moderne et un ensemble d'interprétation[5]. La même année, elle est assignée à comparaître devant la House Un-American Activities Committee pour répondre aux questions sur les activités communistes dans le domaine des arts. "Je suis une danseuse, pas une chanteuse", a-t-elle répondu[6].

En 1955, Lewitzky donne naissance à son unique enfant, sa fille Nora. La même année, elle déplace ses répétitions à Idyllwild, en Californie, une petite ville dans les Monts San Jacinto à l'extérieur de Los Angeles. En 1956, elle devient la présidente fondatrice du département de danse de la Idyllwild School of Music and the Arts, qui depuis a été rebaptisée Idyllwild Arts Academy[7]. Elle enseigne jusqu'en 1972[7]. Sa fille, Nora, rejoint la faculté de danse en 2003 et continue d'enseigner la technique Lewitzky. L'Idyllwild Arts Academy est l'une des rares institutions aux États-Unis qui propose la technique Lewitzky dans le cadre de son programme[réf. nécessaire].

En 1966, elle fonde la Lewitzky Dance Company[5]. Sous sa direction artistique, la compagnie devient l'une des principales compagnies internationales de danse moderne, acclamée par la critique dans quarante-trois États des États-Unis ainsi que dans vingt pays sur cinq continents. Parmi ses associés de danse, il y a Noreen Corcoran, l'ancienne enfant star du sitcom américain Bachelor Father.

En 1970, elle est la fondatrice et doyenne du programme de danse du California Institute of the Arts (CalArts) de Valencia.

En 1974, elle se produit au théâtre de la Ville à Paris et en 1977 à l'Espace Cardin[8].

Bella Lewitzky est vice-présidente du Conseil consultatif de la danse du National Endowment for the Arts de 1974 à 1977 et est également depuis 1974, membre du comité de la section américaine du Conseil international de la danse de l'UNESCO[9].

Elle danse jusqu'en 1978[1].

En 1990, Lewitzky refuse de signer le serment anti-obscénité de la National Endowment for the Arts, ce qui entraîne la perte d'une subvention de 72 000 $ pour son entreprise. Elle gagne un procès contre le président de la NEA, John Frohnmayer (en), pour que la subvention soit rétablie[10],[11]. Elle fonde à Los Angeles une Dance Gallery[9], entièrement consacrée à la danse, fait unique aux États-Unis[12].

Elle doit être amputée de la jambe droite en 1999[1].

Elle déclare au New York Times : « Je me bats dans la danse depuis 28 ans. Exister simplement pour exister est une bêtise. Exister pour faire de l'art est un acte assez grandiose[13] ».

Vie privée[modifier | modifier le code]

Lewitzky était mariée à Newell Taylor Reynolds, un architecte et scénographe qu'elle a rencontré alors qu'ils étaient danseurs dans la compagnie de Lester Horton. Reynolds a conçu des décors pour la Lewitzky Dance Company[4]. Leur réception de mariage a eu lieu à la Samuel Freeman House (en), qu'ils fréquentaient dans le cadre d'un salon d'avant-garde[14].

Elle meurt le 16 juillet 2004 à Pasadena, d'une crise cardiaque après un AVC[15].

Récompenses[modifier | modifier le code]

Lewitzky a reçu de nombreux prix, dont des doctorats honorifiques du California Institute of Arts (1981), de l'Occidental College (1984), de l'Otis Parsons College (1989) et de la Juilliard School (1993). En 1991, elle a reçu le Heritage Award de la National Dance Association . En 1996, elle reçoit la National Medal of Arts.

Bella Lewitzky a reçu une bourse de la Fondation John-Simon-Guggenheim, le prix annuel de Dance Magazine (en) et des commandes du National Endowment for the Arts. Elle est la seule chorégraphe du pays non basée à New York à recevoir une subvention importante pour le fonds discrétionnaire d'un directeur artistique de la Andrew W. Mellon Foundation (en). La société de Lewitzky a reçu une subvention spéciale pour un projet de la CBS Corporation[5].

Citation[modifier | modifier le code]

« Un excellent contrôle de chaque mouvement et de chaque placement est une sorte de soin personnel. C'est de l'amour-propre au sens le meilleur. Je passe un contrat avec les danseurs (pas littéralement, bien sûr) pour qu'ils restent en vie et qu'ils progressent au mieux pour s'assurer qu'ils ne sont pas blessés. Il faut garder à l'esprit que la danse n'est pas normale, que seul un corps fort et bien informé peut protéger contre les dommages[16]. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Repères », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  2. a et b Roslyn Sulcas, « For a Los Angeles Dance Festival, Reviving a Homegrown Modernist: Bella Lewitzky's "Kinaesonata" from 1970 is nothing short of a revelation. », New York Times, New York City, United States,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Rogosin 1980.
  4. a b et c Mary Rourke, « Newell Reynolds, 91; Lewitzky Dance Company set designer », Los Angeles Times, Los Angeles, United States,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a b c et d (en) Eleanor Rachel Luger, Dance posters, New York :, Simon and Schuster, (ISBN 978-0-671-24790-4, lire en ligne)
  6. Jack Anderson, « Bella Lewitzky, 88, Dancer Who Pushed for Artistic Freedom », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « Bella Lewitzky », Jewish Women's Archive (JWA) (consulté le )
  8. « Bella Lewitzky à l'Espace Cardin », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  9. a et b York 1991.
  10. (en) Bella Lewitzky Dance Foundation v. Frohnmayer, 754 F. Supp. 774 (United States District Court, C.D. California. January 9, 1991.)
  11. « Arts Grants' Anti-Obscenity Clause Ruled Unconstitutional by U.S. Judge », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Martha la flamboyante A la Biennale de Lyon, dix ballets de Martha Graham : le bonheur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  13. « Lewitzky Exhibit Draws Record Crowd », USC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Rudolph M. Schindler, David Gebhard, R. M. Schindler, Marla C. Berns, Gebhard et Berns, The furniture of R.M. Schindler - Rudolph M. Schindler, David Gebhard, Patricia Gebhard, Marla C. Berns - Google Books, (ISBN 9780942006308, lire en ligne)
  15. (en) « International Herald Tribune, Nécrologie : Bella Lewitzky, pionnière de la danse », sur go.gale.com, (consulté le )
  16. Bella Lewitzky, extrait d'un entretien avec Donna Perlmutter, Dance Magazine (janvier 1997)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Document utilisé pour la rédaction de l’article : documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :
  • (en) Larry Warren, Lester Horton, modern dance pioneer, New York, M. Dekker, (ISBN 978-0-8247-6503-3, lire en ligne)
  • (en) Elinor Rogosin, The dance makers : conversations with American choreographers, New York, Walker, (ISBN 978-0-8027-0648-5, lire en ligne), p. 90-101.
  • (en) Naima Prevots, Dancing in the sun : Hollywood choreographers, 1915-1937, Ann Arbor, Mich., UMI Research Press, (ISBN 978-0-8357-1825-7, lire en ligne).
  • (en) Pat York, Going strong, New York, Arcade Pub., (ISBN 978-1-55970-119-8, lire en ligne), p. 180-183.
  • Dictionnaire de la danse / sous la dir. de Philippe Le Moal, (lire en ligne).
  • "Bella Lewitzky." State of the Arts: California Artists Talk about Their Work. Ed. Barbara Isenberg. Chicago, IL: Ivan R. Dee, 2000. 3-7. (ISBN 1-56663-631-0).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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