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*[[Jean Dieudonné]], ''Eléments d'analyse'', vol. 6, Gauthier-Villars, 1975
*[[Jean Dieudonné]], ''Eléments d'analyse'', vol. 6, Gauthier-Villars, 1975 {{ISBN|2876472163}}
* U. Graf, ''Introduction to Hyperfunctions and Their Integral Transforms'', Birkhäuser, 2010
* U. Graf, ''Introduction to Hyperfunctions and Their Integral Transforms'', Birkhäuser, 2010 {{ISBN|3034604076}}
*[[Laurent Schwartz (mathématicien)|Laurent Schwartz]], ''Méthodes mathématiques pour les sciences physiques'', Hermann, 1965
*[[Laurent Schwartz (mathématicien)|Laurent Schwartz]], ''Méthodes mathématiques pour les sciences physiques'', Hermann, 1965 {{ISBN|2705652132}}
*[[Laurent Schwartz (mathématicien)|Laurent Schwartz]], ''Théorie des distributions'', Hermann, 1966
*[[Laurent Schwartz (mathématicien)|Laurent Schwartz]], ''Théorie des distributions'', Hermann, 1966 {{ISBN|2705655514}}


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Version du 3 janvier 2012 à 17:37

En analyse, la transformée bilatérale de Laplace est la forme la plus générale de la transformée de Laplace, dans laquelle l'intégration se fait à partir de moins l'infini plutôt qu'à partir de zéro.

Définition

La transformée bilatérale de Laplace d'une fonction de la variable réelle est la fonction de la variable complexe définie par :

Cette intégrale converge pour , c'est-à-dire pour appartenant à une bande de convergence dans le plan complexe (au lieu de , désignant alors l'abscisse de convergence, dans le cas de la transformée monolatérale). De façon précise, dans le cadre de la théorie des distributions, cette transformée "converge" pour toutes les valeurs les valeurs de pour lesquelles (en notation abusive) est une distribution tempérée et admet donc une transformée de Fourier.

Propriétés élémentaires

Nous n'insisterons pas sur les propriétés élémentaires (linéarité, etc.). Elles sont identiques à celles de la transformée monolatérale de Laplace.

Ambiguïtés à éviter

Il est essentiel, quand on utilise la transformée bilatérale de Laplace, de préciser la bande de convergence. Soit par exemple .

Si la bande de convergence est l'"antécédent" de cette transformée de Lapace est la fonction de Heaviside . En revanche, si la bande de convergence est , cet antécédent est .

Convolution et dérivation

Soit et deux distributions convolables, par exemple ayant chacune un support limité à gauche, ou l'une d'entre elles étant à support compact. Alors (comme dans le cas de la transformée monolatérale),

En particulier, et , donc


Transformées de Laplace des hyperfonctions (en)

On peut étendre la transformée de Laplace au cas des hyperfonctions. Pour une hyperfonction définie par une distribution, on retrouve la théorie qui précède. Mais par exemple

bien que n'étant pas une distribution (car elle est d'ordre infini localement, à savoir en 0), est une hyperfonction dont le support est et qui admet pour transformée de Laplace

désigne la fonction de Bessel de première espèce habituelle, à savoir la fonction entière

On obtient en effet en substituant cette expression dans la précédente

ce qui est bien cohérent avec la définition de puisque .

Relation entre la transformée bilatérale et la transformée monolatérale

Théorie élémentaire

Soit une fonction définie dans un voisinage ouvert de , continue en 0, et admettant une transformée de Laplace bilatérale . Sa transformée monolatérale de Laplace, que nous noterons ici , est donnée par

est la fonction de Heaviside. On a

par conséquent

d'où la formule classique


Généralisation[1]

Soit une distribution à support positif, une fonction indéfiniment dérivable dans un intervalle ouvert contenant , et . En posant , est une distribution à support positif, dont la transformée de Laplace est (en notation abusive)

, ,

est l'abscisse de convergence. Les distributions et ont même restriction à tout intervalle ouvert de la forme dès que est suffisamment petit. On peut donc écrire pour tout entier . D'autre part,

avec et, d'après la "théorie élémentaire" ci-dessus, . Finalement,


En procédant par récurrence, on obtient les formules générales de l'article Transformée de Laplace.

Formalisation (fin)

Définissons maintenant la relation d'équivalence suivante: et désignant deux distributions telles que ci-dessus, nous écrirons si et ont même restriction à l'intervalle dès que est suffisamment petit. Alors ne dépend que de la classe d'équivalence de et qui est appelée un "germe" (en) de fonction généralisée définie dans un voisinage de , et, par abus de langage, une "fonction généralisée à support positif" (voir l'article Transformée de Laplace). On écrira . Notons enfin que si, et seulement si .

Applications

La transformée de Laplace bilatérale est utilisée notamment pour la conception de filtres analogiques classiques (Butterworth, Tchebychev, Cauer, etc.)[2], le filtre optimal de Wiener (en), en statistiques où elle définit la fonction génératrice des moments d'une distribution, elle joue un rôle essentiel dans la formulation à temps continu de la factorisation spectrale causale directe et inverse, elle est très utilisée enfin pour résoudre les équations intégrales (voir l'article Transformation intégrale).

Généralisation au cas de plusieurs variables

La transformée bilatérale de Laplace se généralise au cas de fonctions ou de distributions à plusieurs variables, et Laurent Schwartz en a fait la théorie complète. Soit une distribution définie sur . L'ensemble des appartenant à pour lesquels (en notation abusive) est une distribution tempérée sur , est cette fois un cylindre de la forme est un sous-ensemble convexe de (dans le cas d'une variable, n'est autre que la bande de convergence évoquée plus haut). Soit alors pour dans la distribution (de nouveau en notation abusive). Cette distribution est tempérée. Notons sa transformée de Fourier. La fonction est appelée la transformée de Laplace de (notée ) et, avec , est notée . Ces remarques préliminaires étant faites, la théorie devient assez semblable à celle correspondant aux distributions d'une variable.

Considérations sur les supports

Le théorème de Paley-Wiener et sa généralisation due à Schwartz sont couramment énoncées à partir de la transformée de Fourier-Laplace. Il peut tout aussi bien s'exprimer à partir de la transformée de Laplace, et on obtient alors l'énoncé suivant:

(1) Théorème de Paley-Wiener :

Pour qu'une fonction entière soit la transformée de Laplace d'une fonction indéfiniment dérivable sur de support inclus dans la "boule" fermée de centre et de rayon , notée , il faut et il suffit que pour tout entier , il existe une constante tels que pour tout appartenant à ,

désigne le produit scalaire usuel dans de et de .

(2) Théorème de Paley-Wiener-Schwartz :

Pour qu'une fonction entière soit la transformée de Laplace d'une distribution sur de support inclus dans , il faut et il suffit qu'il existe un entier et une constante tels que pour tout appartenant à ,

.

Un théorème dû à Jacques-Louis Lions donne d'autres informations sur le support d'une distribution à partir de sa transformée de Laplace. Dans le cas d'une seule variable, il prend la forme suivante (voir, dans l'article Transformée de Laplace, le paragraphe "Inversion"):

Pour qu'une fonction holomorphe sur soit la transformée de Laplace d'une distribution sur à support dans la demi-droite , il faut et il suffit que soit majorée, lorsque le réel est assez grand, par un polynôme en .

Ce théorème montre par exemple que l'hyperfonction considérée au paragraphe "Transformées de Laplace des hyperfonctions" n'est pas une distribution ayant son support en 0.

Notes et références

  1. (en) H. Bourlès, Linear Systems, ISTE-Wiley, 2010 (ISBN 1848211627)(§13.3.4); H. Bourlès et B. Marinescu, Linear Time-Varying Systems: Algebraic-Analytic Approach, Springer, 2011 (ISBN 3642197264) (§7.3.4.1).
  2. Voir par exemple (en) Alan V. Oppenheim (en) et Ronald W. Schafer (en), Discrete-Time Signal Processing, Prentice-Hall, 1999

Liens et documents externes