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=== Les nouveaux partis de droite ===
=== Les nouveaux partis de droite ===
En 1989, des politologues comme Claus Leggewie ont qualifié le parti ''[[Les Républicains (parti allemand)|Die Republikaner]]'' de "''Neue Rechte''“. Il est clair que le nouveau parti tient à se différencier de la "vieille droite", représentée selon lui par les partis comme le NPD ou la DVU. D'autres comme Richard Stöss analysent la montée des ''Republikaner'' comme la manifestation allemande d'une nouvelle vague politique de droite en Europe, représentée en Italie par [[Alliance nationale (Italie)|Alleanza Nazionale]] (AN), le [[Parti de la liberté d'Autriche|FPÖ]] en Autriche, le [[Rassemblement national (parti français)|Front National]] en France ou l'[[Union démocratique du centre|UDC]] en Suisse.
En 1989, des politologues comme Claus Leggewie ont qualifié le parti ''[[Les Républicains (parti allemand)|Die Republikaner]]'' de "''Neue Rechte''“. Il est clair que le nouveau parti tient à se différencier de la "vieille droite", représentée selon lui par les partis comme le NPD ou la DVU. D'autres comme Richard Stöss analysent la montée des ''Republikaner'' comme la manifestation allemande d'une nouvelle vague politique de droite en Europe, représentée en Italie par [[Alliance nationale (Italie)|Alleanza Nazionale]] (AN), le [[Parti de la liberté d'Autriche|FPÖ]] en Autriche, le [[Rassemblement national (parti français)|Front National]] en France ou l'[[Union démocratique du centre|UDC]] en Suisse<ref>{{Chapitre|prénom1=Richard|nom1=Stöss|titre chapitre=Die Entwicklung des organisierten Rechtsextremismus|titre ouvrage=Die extreme Rechte in der Bundesrepublik|éditeur=VS Verlag für Sozialwissenschaften|date=1989|isbn=978-3-531-12124-6|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1007/978-3-322-94164-0_3|consulté le=2019-11-22|passage=96–176}}</ref>.


== Idéologie ==
== Idéologie ==

Version du 22 novembre 2019 à 19:31

La Neue Rechte (Nouvelle Droite) ou Neue Kultur (Culture nouvelle) désigne, en Allemagne, une mouvance politico-culturelle de droite, que l'on peut rapprocher des autres courants de Nouvelle Droite français ou italiens. Elle s'est constituée en opposition à l'émergence de la nouvelle gauche des années 1960 et 1970. Ses partisans marquent leurs distance par rapport à la "vieille Droite" du national-socialisme.

Les théoriciens de cette mouvance se basent essentiellement sur la redécouverte des différents courants de la Révolution conservatrice allemande des années 1920. Certains d'entre eux défendent aussi des idées propres au nationalisme ethnique (Völkisch).

Comme ses homologues en Europe, la Neue Rechte a cherché à devenir un carrefour intellectuel entre la droite modérée, les milieux conservateurs, la droite radicale et les mouvements d'extrême droite.

Un dénominateur commun des intellectuels de la Neue Rechte est la contestation de plusieurs principes de la constitution allemande actuelle.

Histoire

Aux origines du NPD

Après la fondation du Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) en 1964, de nombreux jeunes adhérents, souhaitant se démarquer de l'image du national-socialisme à laquelle leur parti était associé, et désirant marquer une nouvelle dynamique, propre à contrer les mouvements étudiants de la nouvelle gauche, crée un mouvement de jeunesse qu'ils nomment Junge Rechte[1].

Les résultats des élections fédérales de 1969 ne permettent pas au NPD d'entrer au Bundestag. Cette défaite est l'occasion pour de nombreux cadres des Junge Nationaldemokraten de donner une impulsion à un mouvement de renouvellement des structures, de la doctrine et du discours du parti. En 1972, une fraction des jeunes démissionne du NPD pour fonder l'Aktion Neue Rechte (ANR). Son leader, Henning Eichberg, affirme qu'il est temps de passer au "nationalisme de libération anti-impérialiste“. Il considère que l'Allemagne est une colonie victime de l'"impérialisme" comme un pays du tiers-monde. La "renaissance et la réunification allemandes" exigent l'expulsion des "forces d'occupation" des deux Allemagnes[2].

Le développement des nationaux-révolutionnaires

A partir de 1974, les groupes nationaux-révolutionnaires se multiplient en Allemagne, mais ne suivent pas tous la même ligne. Le Solidaristische Volksbewegung, dirigé par Lothar Penz, réactualise l'idée de Volksgemeinschaft (Communauté populaire) et s'engage activement dans le mouvement écologiste naissant. Les partisans de Eichberg fondent la Sache des Volkes/NRAO (Cause du Peuple/ Organisation des structures nationales-révolutionnaires) et axent leur combat en priorité contre la surpopulation étrangère, les super-puissances, l'affirmation de l’identité nationale et l'élaboration d'une troisième voie entre capitalisme et communisme. Ils tentent de prendre influence sur certains groupes de gauche, sur les mouvements écologistes et sur la mouvance pacifiste[3].

L'influence de la Nouvelle Droite française

Au-delà des mouvements national-révolutionnaires se développe, à partie de 1980, un nouveau courant intellectuel, influencé par les idées d'Alain de Benoist et du GRECE français. Ce courant ne s'intéresse plus tant à la libération nationale qu'à un combat culturel, métapolitique, à l'échelle européenne. On crée la revue Elemente, pendant de la revue françaises Eléments. En 1980, le franco-allemand Pierre Krebs fonde à Kassel le Thule-Seminar sur le modèle du GRECE, avec pour but de préparer les bases théorique pour le "combat pour l'avenir de l'Europe". On trouve aussi d'autres courants, de tendance plus nationale-libérale, comme celui qui donne naissance à l'hebdomadaire Junge Freiheit.

Après la réunification allemande se sont multipliés dans tout le pays des groupes, cercles, associations et publications que l'on peut considérer comme appartenant à la mouvance de la Neue Rechte. Ils se caractérisent par la volonté de traiter les thèmes sociaux et politiques de manière novatrice et d'influencer le monde politique par un discours renouvelé[4].

Les nouveaux partis de droite

En 1989, des politologues comme Claus Leggewie ont qualifié le parti Die Republikaner de "Neue Rechte“. Il est clair que le nouveau parti tient à se différencier de la "vieille droite", représentée selon lui par les partis comme le NPD ou la DVU. D'autres comme Richard Stöss analysent la montée des Republikaner comme la manifestation allemande d'une nouvelle vague politique de droite en Europe, représentée en Italie par Alleanza Nazionale (AN), le FPÖ en Autriche, le Front National en France ou l'UDC en Suisse[5].

Idéologie

Historiquement, la Neue Rechte est liée aux positions des idéologues de droite dans la République de Weimar, résumées plus tard sous le titre "Révolution conservatrice" par des apologistes comme Armin Mohler. Parmi ces forces, figuraient notamment Arthur Moeller van den Bruck (Das Dritte Reich), Carl Schmitt, Edgar Julius Jung, Ernst Jünger, Oswald Spengler (Le déclin de l’Ouest) et Ernst von Salomon. Pendant l'entre-deux-guerres, ils ont ouvertement rejeté le marxisme, le libéralisme et le système parlementaire en faveur d'un régime autoritaire et d'un sonderweg allemand. Leurs points de vue vis-à-vis de la montée du nazisme sont restés ambivalents, mais ils ont néanmoins contribué aux violents conflits politiques qui ont précédé la prise du pouvoir par les nazis en 1933.

Plusieurs membres de la Neue Rechte se réfèrent également à des théoriciens tels que Georges Sorel, Vilfredo Pareto, Robert Michels, Julius Evola et José Antonio Primo de Rivera, considérés comme des pionniers fascistes. Certains se basent même sur des philosophes marxistes comme Antonio Gramsci et ses idées sur l'hégémonie culturelle.

Textuellement, la Neue Rechte conteste les principes des Lumières, tels que le pluralisme et l'égalité sociale qui sous-tendent la doctrine des droits de l'homme. Les notions racistes sont remplacées par le concept d'ethnopluralisme, combinant des approches conservatrices et d'extrême droite. Les idéologues dénigrent les idéaux des manifestations et du féminisme de 1968, refusent d'accepter une société multiculturelle et recherchent une «identité nationale» renforcée. Par conséquent, ils tendent au révisionnisme historique et à la lutte contre ce qu'ils appellent un "culte de la culpabilité" allemand en ce qui concerne l'Holocauste. Selon Roger Griffin, la Neue Rechte partage le pessimisme culturel profond de leurs précurseurs de l'entre-deux-guerres. Faisant référence à un nationalisme völkisch, le mouvement ne trouve pas refuge dans la restauration des valeurs traditionnelles, mais dans une «renaissance nationale» selon des concepts palingéniques[6].

Ils sont similaires à la Nouvelle Droite française en tant que mouvement politique, dont la position politique générale est similaire, notamment au sentiment anti-américain prôné par Alain de Benoist. Cependant, les penchants néo-païens de la Nouvelle Droite sont à l’opposé de la fondation chrétienne de nombreux membres de Neue Rechte, bien que le mouvement comprenne également des groupes de vagues occultes et sombres.

Jusqu'à présent, le mouvement Neue Rechte n'a pas atteint une position intégrée opposée au libéralisme occidental: alors qu'une des principales tendances conservatrices fait fortement référence aux traditions d'avant-guerre et affecte même les partis de centre-droit, une seconde aile utilise ouvertement des termes tels que "révolution" ou "révolution". socialisme "dans les conflits politiques, sur le modèle des concepts d'Ernst Niekisch et d'Otto Strasser. Ils ont tenté de mettre en place une stratégie Querfront avec les milieux anti-impérialistes et anticapitalistes de gauche.

Tendances

La Neue Rechte n'est pas monolithique et on peut y distinguer plusieurs tendances qui divergent, tant par leurs références que par leurs objectifs. Ces différents courants rappellent ceux qu'Armin Mohler avait distingués dans la Révolution conservatrice. On peut mentionner:

  • Les Jungkonservativen ("Jeunes Conservateurs"). Ceux-ci cherchent à influencer les milieux conservateurs et les partis de centre-droit[7].
  • Les Nationaux-révolutionnaires. Ce courant défend un mélange de nationalisme radical et d'idées social-révolutionnaires ou socialisantes. Il se réfère au socialisme prussien de Werner Sombart ou au national-bolchévisme d'Ernst Niekisch ou de Karl-Otto Paettel. Souvent violemment anticapitaliste, anti-américain et anti-impérialiste, défendant le "droit inaliénable à l'identité de chaque peuple", il cherche souvent à créer des convergences avec des mouvements de gauche[8]. Certains des partisans de ce courant se réfèrent volontiers à la gauche national-socialiste, c'est-à-dire la tendance du NSDAP menée un temps par les frères Otto et Gregor Strasser, qui se caractérisait par la volonté de nationaliser les banques et l'industrie, prônait l'organisation de grèves ouvrières en commun avec certains partis de gauche et ne cachait pas sa sympathie pour l'Union Soviétique[9].

Principaux organes de la Neue Rechte

  • L' „Institut für Staatspolitik“, fondé en 2000 et dirigé par Götz Kubitschek et Karlheinz Weißmann. Il publie la revue Sezession et dispose de la maison d'édition Antaios[11].
  • La revue Criticón, fondée en 1970 par Caspar von Schrenck-Notzing pour regrouper tous les intellectuels de droite face à la mouvance de 68, a joué un grand rôle pour faire connaître les thèses de la Neue Rechte dans les milieux conservateurs. Sa figure de proue était le Suisse Armin Mohler. Elle a cessé de paraître en 2007.
  • L'hebdomadaire Junge Freiheit, de tendance plutôt national-libérale, fondée en 1986 par Dieter Stein .
  • Le Thule-Seminar, dirigé par l'intellectuel franco-allemand Pierre Krebs, basé à Kassel.
  • Le mensuel d'informations Zuerst!. Initialement fondé sous le nom Nation Europa en 1951, il prend plus tard le nom de Nation und Europa, puis adopte sa désignation actuelle en 2009.
  • La Deutsch-Europäische Studiengesellschaft (DESG), fondée en 1972 à Hambourg par Heinz-Dieter Hansen et Lothar Penz, sur une ligne national-révolutionnaire et solidariste. Elle a fait paraître la revue théorique Junges Forum[12],[13].
  • Die Aula, la revue de la Neue Rechte autrichienne[14].

Bibliographie

  • Minkenberg, Michael (2000). "The Renewal of the Radical Right: Between Modernity and Anti-modernity". Government and Opposition. 35 (2): 170–188.
  • Minkenberg, Michael, Die Neue Radikale Rechte im Vergleich: USA, Frankreich, Deutschland., Opladen: Westdt. Verl. 1998, 411 S.
  • Woods, Roger (2005). "Affirmative Past Versus Cultural Pessimism: The New Right Since German Unification". German Life and Letters. 58 (1): 93–107.
  • Roger Woods, Germany's New Right as Culture and Politics (Basingstoke and New York: Palgrave Macmillan, 2007).
  • Roger Woods, "Affirmative Past Versus Cultural Pessimism: The New Right Since German Unification", German Life and Letters 58/1 (2005).
  • Michael Minkenberg, Die Neue Radikale Rechte im Vergleich: USA, Frankreich, Deutschland (Opladen: Westdt. Verl., 1998).
  • Hans-Gerd Jaschke, Klaus Schönekäs, Neue Rechte und Rechtsextremismus in Europa - Bundesrepublik, Frankreich, Großbritannien, Verlag für Sozialwissenschaften, 1990, 362 p. ISBN: 978-3-531-11890-1

Références

  1. Franz Gress, Hans-Gerd Jaschke, Klaus Schönekäs, Neue Rechte und Rechtsextremismus in Europa: Bundesrepublik, Frankreich, Großbritannien. Westdeutscher Verlag, Opladen 1990, ISBN 978-3-531-11890-1, p. 13.
  2. Andreas Speit, Schicksal und Tiefe. Sehnsüchte der Neuen Rechten. In: Cremet/Krebs/Speit: Jenseits des Nationalismus. Unrast Verlag, Hamburg 1999, ISBN 978-3-928300-94-0, p. 18.
  3. Ines Aftenberger, Die Neue Rechte und der Neorassismus. Grazer Universitätsverlag, Graz 2007, ISBN 978-3-7011-0088-0, p. 53 et 237.
  4. Wolfgang Gessenharter, Was ist Rechtsextremismus? Zentrale Aspekte eines vielschichtigen Problems. Spöhr, Holger/Kolls, Sarah (Hrsg.), Rechtsextremismus in Deutschland und Europa, Frankfurt: Peter Lang, 2010, p. 27–43
  5. Richard Stöss, « Die Entwicklung des organisierten Rechtsextremismus », dans Die extreme Rechte in der Bundesrepublik, VS Verlag für Sozialwissenschaften, (ISBN 978-3-531-12124-6, lire en ligne), p. 96–176
  6. Der umstrittene Begriff des Faschismus.
  7. « Neue Rechte | Mut Gegen Rechte Gewalt », sur web.archive.org, (consulté le )
  8. « Neue Rechte | Mut Gegen Rechte Gewalt », sur web.archive.org, (consulté le )
  9. Philippe Baillet, L'Autre Tiers-mondisme: des origines à l’islamisme radical - Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste », Saint-Genis-Laval, Akribeia, , 475 p. (ISBN 978-2-913612-61-7), p. 48-62, 96-97
  10. Eric Baumann, « Es geht um das Schicksal der Völker », Der Zeitgeist,‎ , p. 20
  11. Ines Aftenberger: Die Neue Rechte und der Neorassismus. Graz 2007, S. 39.
  12. « apabiz.de - Profil - Deutsch-Europäische Studiengesellschaft (DESG) », sur www.apabiz.de (consulté le )
  13. Jens Mecklenburg (Hg.): Handbuch Deutscher Rechtsextremismus, Berlin, 1996, 229 p.
  14. Thomas Pfeiffer: Publizistik der Neuen Rechten, in: Wolfgang Gessenharter, Thomas Pfeiffer: Die Neue Rechte - eine Gefahr für die Demokratie? 2004, S. 169