Vianaidinae

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Les Vianaidinae sont une sous-famille d'insectes appartenant aux punaises (sous-ordre des hétéroptères, ordre des hémiptères), et de la famille des Tingidae. Une petite vingtaine d'espèces existantes ont été décrites, qui sont très rarement collectées, et peu présentes dans les collections. Elles sont toutes endémiques d'Amérique du Sud.

Description[modifier | modifier le code]

Ce sont de petites punaises souvent coléoptéroïdes, c'est-à-dire dont les ailes antérieures sont coriacées, lisses et ponctuées, sans partie membraneuse, et recouvrent tout l'abdomen à la manière des élytres des coléoptères. Toutefois, on a trouvé progressivement plusieurs espèces macroptères, avec des ailes antérieures pourvues de membranes sans veines, et dépassant l'extrémité de l'abdomen. La tête est allongée, avec un clypeus proéminent, et les antennes comptent quatre articles, comme le rostre, plutôt long, qui atteint toujours les segments de l'abdomen, et est enserré entre des buccules qui font toute la longueur de la tête. Elles n'ont pas d'ocelles, et certaines espèces coléoptéroïdes sont sans yeux composés ou avec des yeux vestigiaux, comptant très peu d'ommatidies, et sont également sans ailes postérieures[2]. Le pronotum est ponctué, et le scutellum est lisse et visible (alors qu'il est recouvert chez les Tinginae). Le péritrème de la glande odoriférante comporte deux branches en forme de T ou de Y. La zone évaporatoire couvre tout le métapleure et l'arrière du mesopleure. Chez les juvéniles, les glandes odoriférantes abdominales sont situées sur la marge postérieure du quatrième tergite (segment abdominal dorsal). L'abdomen compte sept sternites visibles et des lames sternales, et, chez les formes coléoptéroïdes, est de forme ovale arrondie et entièrement recouvert par les hémélytres, alors qu'il est rectangulaire chez les formes macroptères. Les spiracles abdominaux sont ventraux. Les pattes sont longues, fines et sans épines, avec des tarses à deux articles et de longues et fines griffes[3]. Les femelles semblent ne pas avoir de spermathèque et stockent le sperme dans les oviductes[2]. Elles mesurent entre 1,52 et 2,91 mm, mais une espèce, Henryvianaida colombiensis, jusqu'à 4,19 mm[3].

Répartition[modifier | modifier le code]

Cette sous-famille est endémique d'Amérique du Sud[2], du Panama (Anommatocoris coibensis[4] et A. zeteki[5]) à l'Argentine et à l'Uruguay (A. coleopteratus[6]), en passant par la Colombie (A. serratus et Henryvianaida colombiensis[3]), le Venezuela (Anommatocoris araguanus, A. knudsoni et A. sucreanus[3]), le Suriname (Thaumamannia vanderdrifti[7]), le Brésil (Pterovianaida duckensis[8], Thaumamannia insolita, T. urucuana[3] et T. vanderdrifti[9]), Trindade (Anommatocoris minutissimus[10]), l'Équateur (Anommatocoris schuhi[3]), le Pérou (Henryvianaida machupicchuensis[3] et Pterovianaida melchiori[11]), et la Bolivie (Anommatocoris bolivianus[12] et Thaumamannia manni[13])[3].

Biologie[modifier | modifier le code]

On connaît très peu leur biologie, notamment à cause de la grande rareté de leurs découvertes, illustrée par le fait que seules deux espèces ont été rencontrées à nouveau après leur description[3]. Les Vianaidinae coléoptéroïdes ont été rencontrés au sol et comme des hôtes de nids de fourmis. Des adultes et juvéniles d'Anommatocoris coleoptratus ont été trouvés dans des nids d'Acromyrmex lundi, une espèce coupeuse de feuilles, puis de deux espèces de « fourmis de feu », Solenopsis richteri et S. saevissima. Il semble que ce soit leur odeur qui les protègent de ces fourmis[4]. D'autres espèces, Anommatocoris minutissimus, A. coibensis et Thaumamannia vanderdrifti ont été trouvées au sol sans interactions avec des fourmis. Enfin, Anommatocoris bolivianus n'a pas été trouvée au sol, mais dans de la végétation de sous-bois, et les deux espèces de Pterovianaida ont été collectées avec des pièges lumineux, indiquant une pratique de vol active, différant ainsi de la plupart des Tingidae[3].

Certains individus d'Anommatocoris coleoptratus rencontrés se nourrissaient de racines de Gleditsia triacanthos (Fabaceae), indiquant qu'elles seraient phytophages, comme les autres Tingidae[3].

Systématique[modifier | modifier le code]

Historique[modifier | modifier le code]

Une première espèce de ce groupe, Anommatocoris minutissimus est décrite par l'entomologiste britannique William Edward China en 1945 et rattachée aux Oxycarenidae (alors Oxycareninae) (Lygaeoidea, Pentatomomorpha)[10]. Une seconde espèce est décrite 10 ans plus tard par Nicholas A. Kormilev, dénommée Vianaida coleopterata, et pour laquelle il établit une nouvelle famille dénommée Vianaididae, qu'il estime proche des Tingidae, dans les Cimicomorpha, et mentionne comme proche de la précédente, sans pourtant aller jusqu'à la synonymie[6]. En 1960 cependant, Carl Drake & Norman T. Davis synonymisent les deux genres[13], et comme c'est la règle, le premier nom de genre a la priorité. Toutefois, le nom du taxon de niveau famille reste Vianaidinae (Drake et Davis ont entre-temps, en 1960, revisé le statut et considéré qu'il s'agissait d'une sous-famille des Tingidae[13]), puisque créé ainsi, même si sa racine Vianaida, devenue un synonyme junior, est devenue invalide[3].

Les premières espèces décrites étaient toutes coléoptéroïdes. Puis un fossile d'une espèce submacroptère est découvert en 2000, laissant entendre que ce caractère coléoptéroïde n'était pas systématique. Finalement, à partir de 2006, une, puis plusieurs espèces macroptères existantes ont été découvertes[11],[12],[8]. La monophylie des Vianaidinae n'a pas encore été vérifiée[3].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom Vianaidinae est construit à partir du nom de genre Vianaida, aujourd'hui invalide (voir paragraphe Historique). Ce nom de genre a été donné par Kormilev en hommage à l'entomologiste coléoptériste Manuel José Viana, qui l'a trouvé lors de ses prospections[13].

Organisation interne[modifier | modifier le code]

Dans leur analyse, Guidoti et al. (2020) proposent deux clades au sein des Vianaidinae, un premier comprenant Pterovianaida + Thaumamannia, avec respectivement 2 et 4 espèces, et un second avec Henryvianaida + Anommatocoris, et respectivement 2 et 10 espèces[3], soit un total de 18 espèces (en 2023).

Fossiles[modifier | modifier le code]

En 2000, une espèce fossile, dénommée Vianagramma goldmani[14], a été rencontrée dans l'ambre du New Jersey, en Amérique du Nord, soit plus au nord que la distribution des espèces existantes. Elle est datée du Turonien (au Crétacé supérieur), entre −94 et −90 millions d'années[15]. Elle est attribuée aux Vianaidinae, dont elle présente plusieurs caractéristiques, mais elle est submacroptère, avec un clavus et une petite membrane à l'extrémité des hémélytres qui s'étendent au-delà du bout de l'abdomen, une caractéristique qui, lors de sa découverte, était encore inconnue des Vianaidinae existants alors décrits. Ce n'est que plus tard que des Vianaidinae macroptères ont été décrits, modifiant la représentation qu'on en avait. Un second fossile similaire a été découvert en 2003[16], dénommé Vianathauma pericarti, mais son attribution aux Vianaidinae a été contestée[12].

Liste des genres[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (2 août 2023)[1], complété à partir de Guidoti et al., 2020[3] :

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b BioLib, consulté le 2 août 2023
  2. a b et c (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 430-437
  3. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) Marcus Guidoti, Sara Itzel Montemayor, Luiz Alexandre Campos et Eric Guilbert, « Phylogenetic analysis and revision of the strangest lace bug subfamily Vianaidinae (Heteroptera: Tingidae) », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 188, no 4,‎ , p. 1172–1212 (ISSN 0024-4082 et 1096-3642, DOI 10.1093/zoolinnean/zlz089, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (es) T. López, M. Costas et M. Á. Vázquez, « Anommatocoris coibensis (Heteroptera: Tingidae: Vianaidinae), nueva especie del Parque Nacional de la Isla de Coiba, Panamá », Heteropterus Revista de Entomología, vol. 16, no 2,‎ , p. 115-124 (lire en ligne [PDF])
  5. (en) Carl J. Drake et Richard C. Froeschner, « A new myrmecophilous lacebug from Panana (Hemiptera: Tingidae) », The Great Basin naturalist, vol. 22,‎ , p. 8–11 (ISSN 0017-3614, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en) N. A. Kormilev, « A new Myrmeeophil family of Hemiptera from the delta of Rio Paraná, Argentina », Revista Ecuatoriana de Entomología y Parasitología, vol. 2, nos 3-4,‎ , p. 465-477, 1 pl.
  7. (en) P. H. van Doesburg Jr., « A new species of Thaumamannia from Surinam (Heteroptera, Tingidae, Vianaidinae) », Zoologische Mededelingen, vol. 52, no 14,‎ , p. 185–189 (ISSN 0024-0672, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Marcus Guidoti et Sara I. Montemayor, « A new macropterous species of a rarely collected subfamily (Heteroptera, Tingidae, Vianaidinae) », Zootaxa, vol. 4150, no 2,‎ , p. 185 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4150.2.6, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Marcus Guidoti, Aline Barcellos et Rodrigo L. Ferreira, « Novelties from a cave lace bug (Heteroptera, Tingidae): first nymphal description with a discussion on the morphological patterns of Vianaidinae immatures », Iheringia. Série Zoologia, vol. 104, no 1,‎ , p. 93–103 (ISSN 0073-4721, DOI 10.1590/1678-47662014104199103, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) W. E. China, « A completely blind bug of the family Lygaeidae (Hemiptera Heteroptera) », Proceedings of the Royal Entomological Society of London. Series B, Taxonomy, vol. 14, nos 9-10,‎ , p. 126–128 (DOI 10.1111/j.1365-3113.1945.tb00375.x, lire en ligne, consulté le )
  11. a et b (en) Sara I. Montemayor et Diego L. Carpintero, « A new macropterous genus with a new species of Vianaididae (Heteroptera, Tingoidea, Vianaididae) from Peru », Studies on Neotropical Fauna and Environment, vol. 42, no 2,‎ , p. 133–136 (ISSN 0165-0521 et 1744-5140, DOI 10.1080/01650520600997611, lire en ligne, consulté le )
  12. a b et c (en) Randall T. Schuh, Gerasimos Cassis et Eric Guilbert, « Description of the first recent macropterous species of Vianaidinae (Heteroptera: Tingidae) with comments on the phylogenetic relationships of the family within the Cimicomorpha », Journal of the New York Entomological Society, vol. 114, no 1 & 2,‎ , p. 38–53 (ISSN 0028-7199 et 1937-2361, DOI 10.1664/0028-7199(2006)114[38:DOTFRM]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le )
  13. a b c et d (en) Carl J. Drake et Norman T. Davis, « The morphology, phylogeny, and higher classification of the family Tingidae, including the description of a new genus and species of the subfamily Vianaidinae (Hemiptera:Heteroptera) », Entomologica Americana, vol. 39,‎ , p. 1–100 (ISSN 0096-3712, lire en ligne [PDF], consulté le )
  14. (en) V. B. Golub et Yu.A.Popov, « A remarkable fossil lace bug from the Upper Cretaceous New Jersey amber (Heteroptera: Tingoidea, Vianaididae), with some phylogenetic commentary. », Studies on Fossils in Amber, with Particular Reference to the Cretaceous of New Jersey,‎ , p. 231-239 (lire en ligne [PDF])
  15. (en) « Vianaidinae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  16. (en) V. B. Golub et Yu. A. Popov, « The new fossil genus of Vianaididae (Heteroptera: Tingoidea) from Cretaceous amber of New Jersey; evolution of the family in the Late Cretaceous », Acta zoologica cracoviensia, vol. 46 (suppl. Fossil insects),‎ , p. 109-116 (lire en ligne [PDF])