Variantes régionales du bulgare

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Les variantes régionales du bulgare sont les parlers d’une même langue désignée comme :

Les langues slaves méridionales et, parmi elles, les parlers bulgares et macédoniens.
Carte des dialectes bulgares parlés en Bulgarie et dans les pays voisins[1]
Carte des dialectes bulgares dans laquelle le macédonien est dénommé « variante du sud-ouest du dialecte occidental ».

Méthodologie dialectique pour la systématisation[modifier | modifier le code]

En dialectologie bulgare, la linguistique historique de l'aire linguistique balkanique s'appuie sur les études slaves, l'histoire de la Bulgarie et les échanges avec les langues voisines (albanais, proto-roumain) ainsi qu'avec les langues iraniennes et turques des proto-Bulgares, des Alains, des Pétchénègues et des Coumans. Le bulgare pour sa part est une langue slave méridionale parfaitement attestée et documentée, issue du vieux-bulgare, première langue slave écrite, qui a aussi donné le slavon d'église et qui a été langue liturgique et de chancellerie dans l'ensemble des Balkans non-grecs[3], y compris dans les principautés danubiennes roumaines, comme en témoignent les chartes moldaves-valaques en bulgare[4],[5],[6].

L'influence mutuelle entre le bulgare et le grec n'est pas moins intense notamment dans le nord de la Grèce[7],[8].

La relation, moins ancienne mais non moins importante, entre le bulgare et le turc ottoman, est elle aussi complexe et discutée, non seulement dans le domaine des études bulgares mais aussi ailleurs en Europe du Sud-Est et de l'Est. Un paradoxe intéressant mais logique est que la langue bulgare et la langue russe, bien qu'elles soient classées dans des ensembles différents, respectivement slave méridional et slave oriental, sont très proches et inter-compréhensibles en raison de la diffusion au Moyen Âge sur les terres russes de l'ancienne littérature et de la liturgie bulgares[9].

Variantes[modifier | modifier le code]

En Bulgarie, le bulgare comprend trois dialectes proches les uns des autres :

  1. le « danubien », « mésien » ou « septentrional », parlé au nord du Grand Balkan, en Valachie roumaine, en Dobroudja du Sud et dans le Boudjak ukrainien ;
  2. l'« occidental », autour de Sofia et de Vidin, à l'ouest des massifs de Rila et du Grand Balkan et dans le Banat roumain ;
  3. le « rhodopien », « roumélien » ou « méridional », parlé au sud du Grand Balkan, autour des Rhodopes et en Grèce du nord-est.

Il existe un quatrième dialecte, considéré, selon les sources :

Cas du macédonien[modifier | modifier le code]

Le « macédonien » est considéré en Bulgarie comme un parler bulgare « occidental », et en Macédoine du Nord comme une langue à part entière. Cela a parfois provoqué des problèmes entre les gouvernements des deux pays lors de la rédaction de documents officiels communs. Les entreprises et les citoyens, en revanche, ne voient pas l'intérêt de ce différend, car des deux côtés de la frontière, Bulgares et Macédoniens se comprennent parfaitement. Les seules différences se retrouvent dans les accents, et les variantes lexicales, présentes dans les deux pays. Le débat reste pourtant vif dans les médias, notamment en Macédoine du Nord, où les plus nationalistes utilisent cette thématique pour dénoncer un « impérialisme bulgare ».[réf. nécessaire]

On retrouve le même type de débats entre la Serbie et le Monténégro, ou entre la Roumanie et la Moldavie : la construction d'une identité locale légitime la souveraineté des nouveaux États issus de la dislocation de l'URSS ou de la Yougoslavie. Mais elle donne aussi lieu à des dérives : ainsi, des auteurs macédoniens s'appuient sur des documents qui prouveraient un lien de filiation entre le macédonien actuel (langue slave) et la langue macédonienne antique (langue hellénique)[10].

Cas du torlakien[modifier | modifier le code]

Les linguistes considèrent le torlakien comme un dialecte transitionnel entre le serbe et le bulgare, qui subit la norme académique serbe en Serbie et bulgare en Bulgarie. Du côté serbe, dans la région historique du Pomoravlje et jusqu'aux alentours de Belgrade, un processus de revendication culturelle bulgare a commencé après le soulèvement de Niš et la dialectologie bulgare a toujours considéré le torlakien comme un dialecte bulgare[11]. Pour cette raison, la Bulgarie a revendiqué et occupé cette région pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Victor Friedman, Linguistic emblems and emblematic languages: on language as flag in the Balkans et Alexander Ronelle, In honor of diversity: the linguistic resources of the Balkan, in « Kenneth E. Naylor memorial lecture series in South Slavic linguistics » ; respectiv. vol. 1 et 2, Ohio State University 1999 et 2000, Dept. of Slavic and East European Languages and Literatures, Columbus, Ohio, États-Unis.
  • (bg) Jordan Ivanov, Български диалектен атлас, vol. 1, Sofia, Българска Академия на науките (Académie bulgare des sciences),‎ (présentation en ligne)
  • (bg) Ivan Kotchev, Български диалектен атлас, Sofia, Институт за български език (Institut pour la langue bulgare),‎ (présentation en ligne)
  • Evangelia Adamou, « La personne en našta. Approche comparative avec le bulgare litteraire et le macédonien », La Linguistique, Presses universitaires de France, vol. 40, no 2,‎ , p. 103-123 (ISBN 9782130547907, DOI 10.3917/ling.402.0103, lire en ligne)

Références[modifier | modifier le code]

  1. Atlas bulgare des dialectes, Académie bulgare des sciences, 2001.
  2. L'unité de la langue bulgare dans le passé et aujourd'hui, Institut de langue bulgare de l'Académie bulgare des sciences, Kroraina 1978 : [1].
  3. Paul Garde, Les Balkans. Héritages et évolutions, Flammarion 2010.
  4. Samuel Bernstein, « Langue slave en Valachie » :III
  5. Collectif, Faculté de langues et littératures étrangères de l'Université de Bucarest, (ro) Din istoricul slavisticii românești (« De l'historique de la slavistique roumaine »), 1982.
  6. P. P. Panaitescu, Dalila-Lucia Aramă, Gheorghe Mihăilă, Gabriel Schtrempel, (ro) Manuscrisele slave din Biblioteca Academiei R.P.R. (« Manuscrits slaves de la bibliothèque de l'Académie roumaine »), éd. de l'Académie, Bucarest 2003.
  7. Denis Zakythinos, Byzance : état national ou multi-national ? éd. EKT, Αthènes 1981
  8. (bg) « Scandale politique en Grèce après qu'un compositeur a déclaré qu'en Grèce du Nord on parle bulgare » : [2]
  9. Maria Delapierre (dir.), Histoire littéraire de l'Europe médiane des origines à nos jours, L'Harmattan, Paris 1998.
  10. Système universitaire de documentation : [3]
  11. (en) « News and reviews: A Serbian scientist about the dialects in East Serbia and West Bulgaria » : [4]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]