Utilisateur:VateGV/Brouillon/JO 1904

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Sélection de la ville hôte[modifier | modifier le code]

Portrait en noir et blanc d'un homme portant un costume.
Henry J. Furber, président du Comité de candidature de Chicago.

Dès 1894 et la tenue du premier Congrès olympique à Paris, il est, selon les mots de Pierre de Coubertin, « tacitement entendu » que les Jeux olympiques de 1904 se tiendront aux États-Unis et ce afin de souligner le caractère universel et mondial des Jeux[Mo 1]. Après Athènes en 1896, capitale de la Grèce, pays berceau des Jeux olympiques antiques et Paris en 1900, capitale de la France, pays d'origine de Coubertin, l'organisation de Jeux olympiques sur le sol américain sonne comme une évidence pour le CIO.

« Grèce, France, États-Unis : trinité de début très propre à accentuer le caractère mondial de l’institution et à l’établir sur des bases indiscutables. »

— Pierre de Coubertin, Mémoires olympiques[Mo 1].

Coubertin évoque en novembre 1896 la possibilité que les Jeux soient organisés non pas aux États-Unis, mais à Berlin ou à Stockholm[1], mais il suggère également la ville de New York, qui lui semble être la plus propice à démontrer le caractère cosmopolitain des Jeux[2]. Durant les Jeux de Paris 1900, les autorités sportives britanniques évoquent la possibilité que les compétitions soient organisées par Londres et que les Jeux de 1908 soient accueillis par les États-Unis ; les Américains parviennent cependant à les convaincre que l'inverse serait une meilleure option, d'autant que les Britanniques ne se montrent plus particulièrement désireux d'obtenir les Jeux de 1904[3],[4].

Si le pays d'accueil est connu d'avance, la ville hôte doit encore être désignée. Se présentent ainsi Philadelphie, New York, Chicago et Saint-Louis[3]. Philadelphie est un temps pressentie pour accueillir les Jeux et les journaux annoncent déjà de façon certaine qu'ils se tiendront dans l'enceinte de l'université de Pennsylvanie[4],[5]. Mais Coubertin annonce le 11 novembre 1900 depuis son domicile parisien que New York et Chicago ont ses faveurs et celles du CIO[3],[6].

Devant l'enthousiasme des représentants de la candidature de Chicago, parmi lesquels on compte William Rainey Harper, président de l'université de Chicago, et George Pullman, et se remémorant le faste de l'Exposition universelle de 1893 organisée dans la plus grande ville d'Illinois, Coubertin se montre séduit par l'organisation de Jeux olympiques dans cette ville[7],[Mo 2]. Le , le Comité de Chicago, présidé par Henry J. Furber, fournit à Coubertin un dossier complet offrant notamment l'assurance d'un prêt gracieux des terrains de sport de l'université de Chicago si les Jeux y sont accueillis[Ca 1]. Le projet de Chicago comprend aussi la construction d'un grand stade s'inspirant de l'architecture grecque[8].

Des critiques contre cette désignation qui semblait jouée d'avance fusent toutefois dans le pays, portées notamment par James Edward Sullivan[Mo 2],[9]. Une « union internationale » tente même de supplanter le CIO et d'assurer l'organisation des Jeux olympiques modernes, tentative échouée qui restera sans suite[Mo 2],[10].

La ville de Chicago est malgré tout choisie à l'unanimité par les membres du CIO le lors de la 4e session de l'institution olympique qui se tient à Paris au siège de l'Automobile Club de France[Mo 3],[11]. Alors que Coubertin vient d'inviter William McKinley, le président des États-Unis depuis 1897, à proclamer l'ouverture des Jeux, celui-ci est assassiné le . Son vice-président, Theodore Roosevelt, accède au pouvoir. Étant acquis à la cause de l'olympisme, l'horizon des Jeux de 1904 semble s'éclaicir[Mo 3],[12].

Cependant, les autorités chargées de l'organisation de l'Exposition universelle de 1904 à Saint-Louis dans le Missouri, commémorant le centenaire de la vente de la Louisiane en 1803 – d'où son nom en anglais, Louisiana Purchase Exposition – se montrent très intéressées voire véhémentes par l'organisation des Jeux olympiques en parallèle de l'Exposition[Mo 4],[Ca 2]. Coubertin, bien que partagé par une telle association après les difficultés connues lors des Jeux olympiques de 1900, organisés eux aussi pendant une exposition universelle, propose aux membres du CIO de voter afin d'entériner le transfert. Le , il réclame l'arbitrage du président américain sur ce changement de ville hôte, non sans avoir préalablement demandé aux membres du CIO leur avis. Sur les 26 membres et 21 votants, 14 ont voté pour, 2 contre et 5 se sont abstenus[Mo 4],[Ca 3]. Le transfert est finalement et officiellement acté par un télégramme qu'envoie Coubertin à Furber le [Ca 3],[3],[13].

Organisation[modifier | modifier le code]

Comité d'organisation[modifier | modifier le code]

Le Olympic Games Committee (OGC), pour Comité des Jeux olympiques, s'organise rapidement après la désignation de Saint-Louis comme ville hôte des Jeux de la IIIe Olympiade. Son président d'honneur est Théodore Roosevelt[Ro 1]. David R. Francis est le président de la Louisiana Purchase Exposition, c'est lui qui déclare l'ouverture des Jeux[14]. En sa qualité de chef du département de la culture physique de l'Exposition universelle de 1904, James E. Sullivan est désigné directeur des Jeux olympiques de 1904 est en devient le principal organisateur[Ro 2]. Le Comité est de plus composé de Walter H. Liginger, président de l'Amateur Athletic Union (AAU), de John J. O’Connor, président de la division ouest de l'AAU, de Harry McMillan, ancien président de l'AAU et de Henry Garneau, ancien président de la division ouest de l'AAU[Ro 3].

Hormis les trois membres américains du CIO – W. M. Sloane, James H. Hyde et Caspar Whitney[15] – rares sont ceux qui traversent l'Atlantique. Coubertin refuse la tenue de la 6e session du CIO en terre américaine par crainte d'un nombre très faible de participants et donc une perte de crédibilité du mouvement olympique[Mo 5]. Elle est finalement organisée à Londres du 20 au 22 juin 1904[16] et donne lieu à l'élection de Rome comme ville hôte des futurs Jeux olympiques de 1908[15]. L'éruption du Vésuve le 7 avril 1906 remet en cause cette attribution, et les Jeux de la IVe Olympiade seront finalement accueillis par la capitale britannique.

Photographie en noir et blanc de cinq hommes en costume posant chapeau à la main
Henry Garneau, Harry McMillan, John J. O’Connor, James E. Sullivan et Walther H. Liginger.

Alors que rares encore étaient les fédérations sportives internationales à l'époque, elles qui ont, entre autres, pour rôle d'uniformiser les règles des sports dont elles sont responsables, c'est l'Amateur Athletic Union, dont James Edward Sullivan est secrétaire, qui organise la grande majorité des épreuves sportives et en décide donc des règles, selon les normes américaines[Ro 4]. Les divergences de règlementation de part et d'autre de l'Atlantique conduiront à de nombreuses incompréhensions entre les arbitres, tous américains, et certains compétiteurs, voire même à du favoritisme au bénéfice des athlètes originaires du pays hôte, ce qui sonnait comme une revanche après des traitements similaires pour les Américains à Paris quatre ans auparavant[Ro 5].

Contrairement à ce qui est aujourd'hui demandé aux Comités d'organisation des Jeux olympiques dans la Charte olympique[17], l'Olympic Games Committee n'a pas produit de rapport officiel des Olympiades[18]. Ce rapport compile habituellement toutes les informations utiles sur l'obtention, l'organisation et la tenue des Jeux, ainsi que les résultats des épreuves sportives. Toutefois, deux ouvrages sont considérés comme rapports officiels par le CIO et les historiens olympiques, tous deux édités en 1905 et écrits en langue anglaise[18],[19]. Le premier, le plus apprécié car le plus illustré des deux[19], est le Spalding’s Official Athletic Almanac for 1905, édité par Albert Spalding et rédigé par Sullivan[18]. Le second a pour titre The Olympic Games 1904 et est édité par Charles J. P. Lucas[18],[19]. La faible place accordée aux célébrations olympiques dans les divers rapports de l'Exposition universelle témoigne du faible engouement des spectateurs pour les compétitions[19].

Relations entre Coubertin et Sullivan[modifier | modifier le code]

Les relations entre Coubertin et Sullivan sont pour le moins tendues[Ca 4],[20],[21]. Les deux hommes se sont pour la première fois rencontrés à New York en novembre 1893[22]. Tous deux ont une conception différente de l'organisation d'évènement sportifs de l'ampleur, certes naissante, des Jeux olympiques.

Sullivan tente à de nombreuses reprises de supplanter Coubertin et le CIO. Il propose qu'en marge de l'exposition Pan-américaine de Buffalo (New York) de 1901 se tiennent des Jeux olympiques sous les hospices de l'AAU[10],[22].

Le président du CIO montre peu d'intérêt et d'implication dans l'organisation des compétitions et ne se rend pas aux États-Unis pour assister aux Jeux[Mo 6],[23].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Coubertin 1931, p. 60.
  2. a b et c Coubertin 1931, p. 61.
  3. a et b Coubertin 1931, p. 62.
  4. a et b Coubertin 1931, p. 63.
  5. Coubertin 1931, p. 64.
  6. Coubertin 1931, p. 68.
  1. Coubertin 1909, p. 155.
  2. Coubertin 1909, p. 159.
  3. a et b Coubertin 1909, p. 160.
  4. Coubertin 1909, p. 154.
  • Rapports officiels
  1. Spalding 1905, p. 156.
  2. Spalding 1905, p. 166.
  3. Lucas 1905, p. 9.
  4. Spalding 1905, p. 159.
  5. Lucas 1905, p. 73.
  • Autres références
  1. (en) Pierre de Coubertin, « The Olympic Games of 1896 », The Century Magazine,‎ (lire en ligne).
  2. (en) Pierre de Coubertin, « The meeting of the Olympian Games », The North American Review,‎ (lire en ligne).
  3. a b c et d [PDF](en) Robert Knight Barney, « Born from Dilemma: America Awakes to the Modern Olympic Games, 1901-1903 », sur la84.org (consulté le ).
  4. a et b (en) « Olympic Games in America », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  5. (en) « Olympic Games in America : Philadelphia will probably secure the quadrennial event », The Chicago Tribune,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Olympian Games for America: Chicago favored for the Meeting of World's Champions in 1904 », The Sun,‎ (lire en ligne).
  7. Pierre de Coubertin, Souvenirs d'Amérique et de Grèce, Paris, Hachette, , 181 p. (lire en ligne).
  8. (en) « Chicago preparations for 1904 », Revue olympique,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  9. (en) « The next Olympian Games: Baron de Coubertin said to have no power the scedule them for Chicago », The Sun,‎ (lire en ligne).
  10. a et b (en) « Chicago preparations for 1904 », Revue olympique,‎ , p. 12 (lire en ligne).
  11. (en) « International Olympic Committee vote history », sur aldaver.com (consulté le ).
  12. « Courier de Chicago », Revue olympique,‎ , p. 55 (lire en ligne).
  13. « L'olympiade américaine », Revue olympique,‎ , p. 8 (lire en ligne).
  14. [PDF]« Feuille d'information - La cérémonie d'ouverture des Jeux de l'Olympiade », sur olympic.org, Comité international olympique (consulté le ).
  15. a et b « La réunion du Comité international olympique à Londres », Revue olympique,‎ , p. 5-6 (lire en ligne).
  16. [PDF]« Sessions du Comité international olympique », sur la84.org (consulté le ).
  17. [PDF] « Charte olympique », sur olympic.org, (consulté le ).
  18. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées CIO
  19. a b c et d [PDF] (de) « Amtliche Berichte und Ergebnisse der Olympischen Sommerspiele 1896 bis 2008 », sur olympic-museum.de (consulté le ).
  20. (en) George Matthews et Sandra Marshall, St. Louis Olympics 1904, Arcadia Publishing, (ISBN 978-0738523293, lire en ligne), p. 8.
  21. [PDF] (en) John Lucas, « “James Edward Sullivan: America’s First Czar of Amateur Athletics 1888–1914” » (consulté le ).
  22. a et b (en) John Lucas, Early Olympic antagonists: Pierre de Coubertin versus James E. Sullivan, .
  23. (en) Bill Mallon, The 1904 Olympic Games : Results for All Competitors in All Events, with Commentary, (lire en ligne).