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Utilisateur:Pwplace/Brouillon Histoire de l'industrie du savon à Marseille

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En 1688, Colbert a passé un édit limitant l'utilisation du nom « savon de Marseille » uniquement aux savons fabriqués à l'huile d'olive dans la région de Marseille, qui compte, au XIXe siècle, 90 savonneries. Aujourd'hui il ne reste plus que trois savonneries en activité à Marseille.

Premier épisode : Vers la savonnerie du Fer à cheval[modifier | modifier le code]

Les archives départementales des Bouches-du-Rhône possèdent, dans la série 5 M, des sources souvent inédites qui permettent de mieux connaître les savonneries du fer à cheval fondées par Jean-Baptiste Paul. D'Arenc à Vitrolles, ce créateur de savonneries industrielles a participé au dessin du territoire urbain de 1860 à 1960.

Arenc, les trois premières savonneries sont mal reliées entre elles[modifier | modifier le code]

Sur un plan du 25 février 1896 signé par Paul (5 M 567 [1]) on peut reconstituer son implantation à Arenc : "je suis propriétaire de 2 autres savonneries une dans la rue de la Chapelle à moins de 50 métres de celle à construire et une autre dans la rue Caravelle" :

Le contexte du ruisseau Caravelle[2][modifier | modifier le code]

A Arenc, prés de l'embouchure du ruisseau Caravelle, entre le chemin vicinal N°3 et celui d'Aix, se regroupent les usines modernes voraces d'espaces et d'eau : l'huilerie Gounelle s'installe en 1862 (5 M 356[3]) ainsi que celle de Magnan Frères en 1840, de Fournier-Ferrier en 1869, de Cot-Latil en 1841 reprise par Paul Fabre en 1896. Tous autour du vieux moulin de l'Evêque : cité dés 1255, il est mû par dérivations des ruisseaux de Plombière et Caravelle. L'évêque est le "maitre de l'eau" et a les droits et usages sur les canaux et béals alentour de ce moulin jusqu'à 1789. Le développement des bassins du port en contre bas et la libération des droits sur l'eau expliquent les implantations de ces huiliers savonniers célèbres, voisins de J.B.Paul.

Paul au 24 rue Caravelle[modifier | modifier le code]

La date d'implantation de la première savonnerie de Paul est estimée vers 1860. Un papier à en tête du fer à cheval "maison fondée en 1864" confirme cette date. Son usine fait partie d'un bloc implanté entre le béal Magnan, le ruisseau et la rue Caravelle, la "Savonnerie Paul" est rive droite du béal. Sur la rive gauche du ruisseau une "Amidonnerie" sans nom, il s'agit de celle d'Hypolite Massot installée sur la propriété Arnaud en 1865 (5 M 282[4]). Ce négociant s'est fait écrire sa lettre de commodo. Est il de la famille de Marius Massot négociant en draps à Marseille dés le 18ème siècle, fondateur de Pierre Massot et fils en 1855 et de la Raffinerie de sucre de la Méditerranée installée à la Belle de Mai en 1865 ? Voisin en aval, la"Forge Bonnefoy". Il s'agit d'une famille de constructeurs chaudronniers installées à Aix dés 1826, on les trouvent à Marseille : forges Bonnefoy ainé à la Joliette avant 1871, avec une fonderie de cuivre "au Canet, bassin de carénage N°1" en 1871 (5 M 333[5]).

L'extension[modifier | modifier le code]

Le 28 novembre 1866, Paul obtient l'autorisation d'établir une 2de savonnerie au 24 rue Caravelle (5 M 567[6]). Elles sont décrites ( 5 M 444) lorsqu'en 1875 Paul installe une chaudière à vapeur " de forme cylindrique horizontale avec 2 bouilleurs et un dôme à vapeur ... de 10m3, pour servir une machine et des cuves de cuite dans la savonnerie" puis 2 chaudières à vapeur de 9m3 et de 12 m3 demandées en 1878 ( 5 M 444[7]) En 1881 il demande d'établir "une petite fabrique de savon dans sa propriété 11 rue Forest, quartier d'Endoume" ( 5 M 567[8]) ; son terrain est trés étroit, est ce une expérimentation ? En 1886 il obtient l'autorisation de construire une nouvelle savonnerie au 3 rue de la Chapelle ( 5 M 567[9]) Puis dans sa propriété, 220 avenue d'Arenc, il construit une usine moderne décrite dans la demande du 25 février 1896. Elle donne sur le boulevard Salengro et porte encore aujourd'hui le sigle du Fer à cheval imprimé dans le béton de la façade, elle est le dépôt archéologique de la ville de Marseille.

Savonnerie Paul sur l'ancienne propriété La Samatane à Saint Barthélémy[modifier | modifier le code]

Un plan daté de 1675 ( 6 Hd H 52[10]) relève les droits et impôts à payer sur la propriété de Jacques Olivier, marchand à Marseille, achetée à Pierre Olivier Chautard, bourgeois de cette ville. Les minutes du notaire Lombard confirme cette vente le 20 juillet 1675 ( 364 E 261[11]). "Une propriété de vignes, arbres, logis et fontaines séparée en deux par le vallat de Plombière qui la traverse au milieu".

Un plan de 1707 ( 600 HD 6[12]) décrit les mêmes droits et taxes sur la même propriété vendue par François Olivier à "Jeanpol Samatan" le 22 octobre 1707 chez le notaire Bompard. Les minutes du notaire Rampal ( 357 E 138[13]) confirme la directe de Saint-Sauveur le 9 novembre 1707. Ces pièces prouvent les placements ruraux de la richissime famille Samatan au début du 18ème siècle. En 1719 Nicolas Samatan est le premier autorisé à négocier avec les colonies d'Amérique, son fils Basile possède des comptoirs en Tunisie et fait le commerce du blé. Dans les papiers du savant Félix Timon-David (27 F 14[14]) se trouve la généalogie des Samatan. Jean Paul, né en 1660, mort en 1710 est marchand de soies à Marseille. Il est cousin de la branche de Nicolas et Basile Samatan.

Aprés la révolution la propriété rurale est toujours de 14 hectares. Nicolas Samatan, dernier héritier et avocat à Sainte Marthe y demeure jusqu'à 1871. La description dans le cadastre, état de section H Saint Marthe, de H1139 à H 1180 montre 7 maisons dont 2 avec bassins et 5 fermes avec aire prés et labours, lavoir et four, vigne, parterre garenne et bergerie. En 1867 Louis Joseph Samatan y meurt le 25 février il est sans descendants ascendants ou fratrie sa part passe au baron Louis Nicolas de Samatan qui commence le démembrement et vend à Louis Regis un lot de 11 187m2 le 24 octobre 1874. L'usine moderne de bougies est construite.

Mme Samatan épouse de Gasquet, la dernière descendante et propriétaire de l'ensemble rural poursuit le démembrement en lots industriels. Le 13 mai 1881 elle vend à Louis Régis [15] une petite parcelle ( plans 381 E 550 ) pour l'installation d'une vanne sur le vallat pour la scierie voisine et une autre pour sa stéarinerie qui donne son nom au boulevard de la bougie. A côté ont été construites une scierie, une savonnerie louée par Gustave magnan, une usine pour l'épuration des huiles, une vacherie utilisant ses tourteaux. En 1847 Louis se sépare de son frère Victor, il garde la fabrique de bonnets, la minoterie et les propriétés rurales et ajoute l'usine de stéarinerie et bougies, en 1850 la société Leca et Regis est créée. Le dossier (5 M 653[16]) est consacré à la fabrique de bougies de la société leca et Regis. Victor, son frère, continue sa fortune basée sur le commerce de la gomme arabique à Saint-Louis du Sénégal. Armateur de voiliers et petits vapeurs il est allié aux Fabre. Il est le premier à importer les graines d'arachide pour la fabrication des savons et huiles en 1833, il en a le monopole sur la côte de Guinée. Dés 1840 il fait fortune avec l'huile de palme qui remplace le commerce des esclaves sur cette côte. En 1869 il possède 11 factoreries sur les côtes africaines du Togo au Nigéria et a le monopole des huiles à Marseille.

Sur la rive gauche du ruisseau de Plombières Gustave Magnan achète un lot de 11 300 m2 le 4 mai 1895 à Mme de gasquet, notaire de Cormis ( 355 E 754). Le 14 février 1895 Gustave Magnan avait adressé sa demande à la mairie de Marseille, qui la transmet à la préfecture le 23 février. L'enquête de commodo est positive mais l'avis du bureau d'hygiène d'avril est négatif et le refus est enregistré en préfecture en juillet. Aprés sa lettre de recours l'autorisation est réexaminée et accordée en septembre 1895 ( 5 M 567[17]). L'accord pour la construction arrive le 4 décembre 1895. Dans une période qui encourage l'implantation des usines à Marseille le refus est surprenant et tient pour partie à la personnalité engagée dans l'innovation technique et sociale de Gustave magnan. Il est né en 1865 il a 30 ans quand il achète le lot découpé sur la Samatane. Il est pacifiste, pour le libre-échange, il fait construire une usine prototype et les ouvriers sont associés aux bénéfices. En 1900 il crée la société Gustave Magnan et Cie, en 1920, la Savonnerie provençale et les marques Abat-jour et la Pomme. En 1952 sa société rejoint le groupe Rocca-Tassy-de Roux.

Le cadastre rénové de 1954 (1809 W 99) section E parcelle 80 montre l'état de la savonnerie de J.B. Paul reprise de celle de Louis Regis et Leca. Encore en fonctionnement aujourd'hui, sous le nom de Compagnie des détergeants et du savon de Marseille, sa marque du Fer à cheval réactualisée, produit la gamme des savons de Marseille traditionnels, labellisée entreprise du patrimoine vivant.

Paul a exposé les produits dérivés des corps gras dans le bulletin des sciences pharmacologiques vol. 1 et 2 en 1900.

En 1929 Jean-Baptiste Paul et Antonin Roux créent une importante usine au boulevard de la Jamaïque, à Saint-Louis[modifier | modifier le code]

Toujours plus au nord dans la ville, le long du couloir de la route national 8, traversée par une branche du canal de Marseille, le plan de l'usine est exemplaire et montre bien l'influence des savonniers dans la fabrication du paysage urbain ( 5 M 358 COUPES et PLANS[18]). Ce site est historiquement important, J.B.Paul va à l'encontre de l'individualisme industriel marseillais. C'est la première tentative de regroupement faite à l'initiative des actionnaires de l'huilerie A. Roux et de la savonnerie J.B.Paul auxquels se joignent ceux des sociétés Badetty et Leca ( déjà sur le site de Saint-Barthélémy) pour créer la Société marseillaise d'huilerie. L'innovation est trop importante et le regroupement échoue mais il a ouvert la voie au futur consortium Unipol qui est créé en 1955[19].

Le Château Paul à Vitrolles[modifier | modifier le code]

En 1884 J.B.Paul achète les premières parcelles de ce qui sera sa grande propriété à Vitrolles au lieu dit Caucadis. En 1934 le chateau Pol ou Paul est constitué de vignes, oliviers et amandiers, des prés et pâtures. La maison qu'il a fait construire est ouverte sur un vaste escalier en demi cercle elle donne sur un ensemble de parterres, jardin, bassins, allée de cyprés et mini pinède. Elle est entourée d'une muraille avec tours. Des batisses écuries poulailler et pigeonnier complètent l'ensemble. Aujourd'hui il reste l'allée de cyprés, quelques fragments du mur et le portail, tout a disparu dans un lotissement qui ne porte plus trace de son nom et sa mémoire. A l'occasion des journées européennes du patrimoine 2012[20] des habitants et la coopérative hoteldunord font revivre cette ancienne habitation.

Second épisode : Vers la savonnerie du Midi[modifier | modifier le code]

Troisième épisode : Vers la savonnerie du Sérail[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Référence de la source aux Archives Départementale des Bouches-du-Rhône. Ces sources sont croisées avec les livres de référence sur l'histoire industrielle- Charles Carrière, négociants à Marseille au 18ème siècle, Marseille, 1973 et du même, le port mondial, 1979. Mongi Smida, aux origines du commerce français en Tunisie, les traités capitulaires, sud éditions, 2001. Gérard Chastagnaret, l'industrie marseillaise du 17ème siècle à nos jours, J.Laffitte, Marseille, 2003; le même avec Olivier Raveux, construire des mondes, élites et espaces en Méditerranée, Aix, PUP, 2005; X. Daumelin, N. Girard, O. Raveux, du savon à la puce, J.Laffitte, 2003.
  2. "Le livre du ruisseau", éditions Commune, Marseille, 2011, Christine Breton, Philippe Mioche et Arnavant.
  3. idem Archives départementales
  4. idem Archives départementales
  5. idem Archives départementales
  6. idem Archives départementales
  7. idem Archives départementales
  8. idem Archives départementales
  9. idem Archives départementales
  10. idem Archives départementales
  11. idem Archives départementales
  12. idem Archives départementales
  13. idem Archives départementales
  14. idem Archives départementales
  15. Louis César Ambroise Régis est né en 1812, sa famille est dans le commerce et la fabrique de bonnets de Tunis et de féz ( 5 M 301) depuis le 18ème siècle.
  16. idem Archives départementales
  17. idem Archives départementales
  18. idem Archives départementales
  19. "les grandes familles de Marseille au 20ème siècle", P.P. Zalio, belin, 1999, p. 227.
  20. voir le programme des Journées européennes du patrimoine 2012 à Vitrolles sur Hôtel du Nord

Liens externes[modifier | modifier le code]