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Utilisateur:Philippe Lermusieau/Brouillon

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Aubain[modifier | modifier le code]

Résumé.[modifier | modifier le code]

Le nom commun « aubaine » fait partie de la langue courante. Pourtant le mot « aubain » n’est plus utilisé. Cet article étudie fondements et étymologie de ce nom commun qui rebondit en « extraterrestre » !


Signification et usages. Aubain et aubaine.[modifier | modifier le code]

La définition la plus récente se résume à En France, au Moyen-Age et sous l’Ancien Régime, personne fixée dans un pays étranger sans être naturalisée et qui était soumise au droit d’aubaine1.

Dans le Littré de 1958, Aubain : Etranger qui n’est pas naturalisé et Aubaine : Droit du souverain à recueillir la succession de l’aubain mort dans ses Etats. Et de façon familière Tout avantage inattendu2. Citons le « Dictionnaire de l’Académie Française » de 1932 : Droit de l’Ancien Régime Etranger qui n’était pas naturalisé, et qui était privé du droit de tester et d’hériter3. Et Chateaubriand : L’abominable législation sur les épaves et les deux espèces d’aubains, les mescrus et les méconnus, consistait à s’emparer des choses égarées, de la dépouille et de la succession des étrangers 4. Nous renvoyons également aux dispositions s’appliquant aux aubains dans la province de Normandie au milieu du XVIIIe siècle5. Neuf articles y traitent des droits et devoirs des aubains. Soulignons le quatrième : les Aubains vivent comme personnes libres, mais décèdent comme esclaves " Vivunt ut liberi, moriuntur ut servi". Ils peuvent acquérir, vendre,échanger,donner par donation entre vifs; mais ils ne peuvent disposer par testament, ni succéder. Enfin, dans le « Dictionnaire Critique de la langue française » de 1787 : Droit de succession aux biens d’un étranger qui meurt dans un pays où il n’est pas naturalisé6.

Une présentation nettement plus fouillée est explicitée dans le « Dictionnaire de la France Médiévale »7. L’appellation d’aubain disparaît au XIVe siècle . Les choses évoluent déjà à partir du XIIe.. La mobilité augmente et les nécessités économiques s’affirment. On tolère le Lombard parce qu’il faut bien des usuriers, et on le protège quand il est devenu un véritable banquier parce qu’il rend des services dont le milieu d’affaires français est en général incapable7.

Il faut attendre la Révolution française : La Constituante abolit le droit d’aubaine le 6 août 1790, mais le Code civil, sans réintroduire le nom d’aubain, rétablit l’incapacité de disposer et de recevoir à titre gratuit à l’encontre des étrangers (Code civil, art.726 et 912)8.

Si le mot aubain n’est plus utilisé de nos jours, il n’en est pas de même pour le mot aubaine sous sa forme familière. se dit de tout droit casuel. C’est une bonne aubaine6.

Etymologie[modifier | modifier le code]

Il n’y a pas d’unanimité quant à l’étymologie. Le Littré de 1872-1877 y consacre un article très complet. Nous retiendrons deux versions. La première "alibi natus" . L’aubain, c’est-à-dire étranger, est celui qui est né dans un autre Roïaume»5. La deuxième décrite dans le «Thresor de la langue francoise tant ancienne que moderne » de 1621 : Les anciens disoient Hobain et Hobaine ou droit d’ Hobaine qui viennent du verbe Hober, signifiant desplacer d’un lieu pour se transporter en un autre 9.

Il est également à souligner qu’au Québec , le mot aubain était toujours utilisé au milieu du XIXe siècle. On peut lire dans la loi constitutionnelle de 1867 (point 25) : Il est illégal pour toute personne, compagnie, société ou corporation, de payer d’avance de quelque manière, le transport, ou, par quelque moyen, d’aider, encourager ou solliciter l’importation ou l’immigration d’un aubain ou étranger au Canada10.

L’équivalent en anglais de « aubain » est « alien ». Ces deux termes sont aujourd’hui disparus mais le terme anglais - devenu générique - est toujours bien présent dans la science fiction. Le film à succès de Ridley Scott de 1979 « Alien » et au Québec « L’étranger : Le huitième passager » est là pour nous le rappeler 10.


Bibliographie[modifier | modifier le code]

1 Dictionnaire Larousse, Paris, 2015, p.114.

2 LITTRE Emile, abrégé par Beaujean A., Dictionnaire de la langue française, révision et mise à jour Venzac Géraud e.a.(éd.), Paris, 1958, Editions Universitaires, p.88.

3 Dictionnaire de l’Académie française, Paris, 1932, Hachette, p.97.

4 CHATEAUBRIAND, Etudes historiques, 1831, p.390.

5 ROUTIER Charles, Principes généraux du droit civil et coutumier de la province de Normandie, Rouen, 1748.

6 FERAUD Jean-François, Dictionnaire Critique de la langue française (1787), fac-simile, t. I (A-D), préface par Caron Philippe et Wooldridge T.R., Max Niemeyer Verlan, Tübingen, 1994, p.202.

7 FAVIER Jean, Dictionnaire de la France médiévale, Paris, 1993, Fayard, p.87.

8 GAUDEMET Jean, Encyclopaedia Universalis.

9 NICOT Jean, Thresor de la langue françoise tant ancienne que moderne. M.DC.XXI., Paris,1960, Editions A. et J.Picard et Cie, p.57.

10 Termium Plus, Banque de données terminologiques et linguistiques du Gouvernement du Canada.