Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Judas Iscariot

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Judas se pend, illustration du folio 147 des Très Riches Heures du duc de Berry, manuscrit du musée Condé, à Chantilly

Judas Iscariote (ou Iscariot ou Iscarioth) est l'un des douze apôtres de Jésus de Nazareth. Selon les évangiles canoniques, Judas a facilité l'arrestation de Jésus par les grands prêtres de Jérusalem, qui le menèrent ensuite devant Ponce Pilate.

Sources

Le nom de Judas "Iscariot"[modifier | modifier le code]

La signification du surnom Iscariot fait débat. L'explication traditionnelle est que ce nom aurait été donné à Judas car il était de la ville de Qeriyyot, localité du pays de Juda, dont parle le livre de Josué 15(25)[1]. Toutefois, l'existence de cette ville de Qeriyyot du IXe siècle av. J.-C. n'est pas attestée à l'époque de Jésus. D'autre-part la formulation n'est pas la formulation habituelle « Judas de Qeriyyot », mais « Judas de la population de Qeriyyot », formulation dont l'usage n'est attestée nulle-part ailleurs. Les étymologistes et les spécialistes de l'onomastique ont donc de sérieux doutes à ce sujet. Simon Claude Mimouni estime d'autant plus difficile de penser que Iscarioth soit une référence à ce village de Judée, que dans l'Évangile des Ébionites , un texte contemporain ou antérieur aux évangiles synoptiques, il est précisé que Judas est d'origine galiléenne comme tous les autres apôtres[2]. Une autre hypothèse a été émise. Son nom pourrait être la forme sémitisée de l'épithète latine Sicarius, en considérant que le "i" a été placé devant le surnom pour lui donner une forme sémitique[2]. En latin, le mot sicarius signifie le porteur de dagues[3]. Dans la Peshitta, version araméenne des évangiles, il est appelé Judas sikariot. Sicaire étant probablement un nom péjoratif pour désigner les Juifs révoltés contre le pouvoir romain comme les Zélotes[4], les Galiléens[5] et autres « brigands » ou « bandits »[6] (lestai en grec[7]). Robert Eisenman fait remarquer que la plupart des consonnes et des voyelles correspondent, entre le Sicarioi/Sicariōn de Flavius Josèphe et le Iscariot du Nouveau Testament[3]. Le suffixe -ote dénote l'appartenance à une communauté — dans ce cas, celle des sicaires.

Plusieurs Judas et Jude[modifier | modifier le code]

Judas n'apparaît que six fois dans les évangiles qui ont été canonisés[8]. Il convient de ne le confondre ni avec Jude frère de Jésus (Matthieu 13:55), ni avec Judas de Jacques[9] que celui-ci soit un frère de Jacques et donc le même que le précédent[10], ou qu'il soit le fils de Jacques, appelé Judas le Juste, dans la Liste des évêques de Jérusalem, où il est le troisième de la liste[11]. De même, il ne faut pas le confondre avec « Jude Didyme Thomas », c'est-à-dire l'apôtre Thomas, tel qu'il est appelé dans l'Évangile attribué à Thomas[12] ainsi que dans l'Évangile attribué à Jean[13].

Données que l'on peut tirer de l'Évangile de Judas[modifier | modifier le code]

Avec la mise au jour de l'Évangile de Judas sa figure est renouvelée et même totalement bouleversée: de négatif, ce personnage devient plus ou moins positif[8]. Le milieu dans lequel est né cet évangile semble vouloir le réhabiliter au dépens des autres apôtres[8]. Cette tentative n'a pas été du goût de la « Grande Église » naissante qui, à l'instar d'Irénée de Lyon la dénonce.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pour saint Jérôme, Judas l'Iscariot tira son nom soit du bourg où il est né, soit de la tribu d'Issachar (...) Issachar signifie "salaire" pour indiquer la rémunération du traître, cf. Jérôme de Stridon, cité par Pierre-Emmanuel Dauzat, Judas. De l'Évangile à l'Holocauste, Bayard, 2006, p. 54.
  2. a et b Simon Claude Mimouni, La figure de Judas et les origines du christianisme : entre tradition et histoire quelques remarques et réflexions, in The Gospel of Judas in Context: Proceedings of the First International Conference on the Gospel of judas', publié par Maddalena Scopello, éd. Brill, 2008, Danvers, USA, p. 136.
  3. a et b cf. par exemple Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, p. 179.
  4. Voir par exemple André Paul, dans l'Encyclopedia Universalis
  5. Xavier Levieils, Contra Christianos: la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325), éd. Walter de Gruyter, Berlin, 2007, p. 138.
  6. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 438.
  7. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 434.
  8. a b et c Simon Claude Mimouni, La figure de Judas et les origines du christianisme : entre tradition et histoire quelques remarques et réflexions, in The Gospel of Judas in Context: Proceedings of the First International Conference on the Gospel of judas', publié par Maddalena Scopello, éd. Brill, 2008, Danvers, USA, p. 135.
  9. Simon Claude Mimouni, La figure de Judas et les origines du christianisme : entre tradition et histoire quelques remarques et réflexions, in The Gospel of Judas in Context: Proceedings of the First International Conference on the Gospel of judas', publié par Maddalena Scopello, éd. Brill, 2008, Danvers, USA, p. 135-136.
  10. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 339.
  11. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 450 et 455.
  12. Jean-Yves Leloup, L'Évangile de Thomas, éd. Albin Michel, Paris, 1986.
  13. (en) « Saint Thomas (Christian Apostle) – Britannica Online Encyclopedia », Britannica.com (consulté le Date invalide (03/o8/2015))