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Utilisateur:Merrysa8/Brouillon

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Hydro-Jonquière

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Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, comme ailleurs au Québec, l’aventure de l’électricité connait ses premiers balbutiements au cours des deux dernières décennies du 19e siècle. Le secteur des forces hydrauliques demeure cependant peu exploité et il faut attendre le tournant du 20e siècle, avec l’arrivée des papetières, pour assister finalement à la première transformation des besoins régionaux en électricité. À ce moment, l’industrialisation de la région va permettre le développement des ressources hydroélectriques de plusieurs cours d’eau du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Les débuts de l’électricité à Jonquière

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L’électrification de la municipalité de Jonquière débute avec la création, en 1899, de la Compagnie de pulpe de Jonquière. Sous l’instigation de l’ingénieur Joseph Perron, elle marque les débuts de l’aventure industrielle. C’est en effet le 20 mai 1899 que le conseil municipal de la Paroisse Saint-Dominique de Jonquière vote la première résolution concernant l’électrification du village. Il est alors résolu: « Que la résolution qui a été passée le premier du mois courant accordant des exemptions de taxes à la manufacture de pulpe de Saint-Dominique de Jonquière, accorde aussi les mêmes exemptions de toutes taxes à ladite compagnie de pulpe pour l’établissement de la lumière électrique dans cette municipalité [...]. » Le village de Jonquière est maintenant électrifié! Quelques années plus tard, la construction du système d’aqueduc amène la municipalité à se pencher sur la question de l’implantation d’un réseau électrique sur son territoire. C’est au début du printemps 1908 qu’elle l’envisage plus sérieusement, au moment où la Compagnie de pulpe de Jonquière lui mentionne que son réseau est à la limite de sa capacité et qu’elle n’est plus en mesure de combler les dernières demandes de raccordement à sa centrale. L’idée d’organiser un réseau hydroélectrique apparait alors comme une alternative des plus intéressantes. À cet effet, la municipalité signe une promesse d’achat la même année concernant un pouvoir hydroélectrique situé de l’autre côté du Saguenay, à la chute de la rivière des Aulnets dans le canton de Bourget. Abandonné en septembre 1909, ce projet est plutôt remplacé par la construction d’une centrale hydroélectrique sur la rivière aux Sables.

Au même moment, William Price finalise le rachat de la majorité des parts des associés de la Compagnie de pulpe de Jonquière. Possédant la totalité des actions en 1909, Price constate alors que la dynamo installée tout près de l’usine par les actionnaires précédents, qui alimente également le village de Jonquière en énergie électrique, est insuffisante à l’implantation du futur moulin de Kénogami. La compagnie doit donc rapidement développer ses propres centrales hydroélectriques. L’occasion se présente entre 1911 et 1913, quand elle achète de la Compagnie hydraulique du Saguenay le pouvoir d’eau de la chute Murdock sur la rivière Shipshaw. Puis, elle construit, près de son futur moulin à papier, un barrage sur la Chute-à-Bésy, le long de la rivière aux Sables. Ce dernier fournira la force hydraulique nécessaire aux meules et aux écorceurs, tout en procurant de l’électricité à la future ville de Kénogami.

Les premières années d’Hydro-Jonquière

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Au printemps 1912, le conseil municipal de la ville de Jonquière propose d’acquérir le système d’éclairage de la municipalité afin d’en avoir le contrôle et d’en percevoir les revenus. Pour ce faire, la ville doit tout d’abord acquérir les installations de l’ancienne Compagnie de pulpe de Jonquière, maintenant sous la présidence de William Price. C’est le 23 avril 1914 que la ville de Jonquière signe le contrat de vente finale de la centrale hydroélectrique. Acheté de la Price Brothers ans Company pour la somme de 100 000 $, le pouvoir d’eau no 2 produit alors une capacité de 700 chevaux-vapeur (500 KW).

1914 : Les débuts d'Hydro-Jonquière

Avec cette vente, la municipalité du maire J.-H. Brassard devient propriétaire des installations de la rivière aux Sables, qui comprend alors « l’écluse, le boitier de la turbine (flumes), le réservoir formé par l’écluse, les bâtisses du pouvoir et toute la machinerie ». La transaction comprend également les « lignes de transmission et de distribution, y compris les poteaux plantés dans l’intention d’y installer des fils, mais sur lesquels il n’y en a pas encore, transformateurs et outils et bâtisses, comprenant enfin, tout ce dont se sert [...]. » la compagnie pour l’exploitation du système électrique qui alimente la ville.

Le contrat contient aussi des clauses concernant l’alimentation des installations de la Compagnie de pulpe de Jonquière et des moulins de Price à Kénogami. La compagnie s’engage alors à « éclairer au premier de juin, mil neuf cent quatorze, gratuitement avec son pouvoir de Shipshaw, toutes les parties des quartiers Est et Centre, de la ville de Jonquière, située près des limites de Kénogami, et qui actuellement est éclairée par ce dit pouvoir de Shipshaw ». En échange, la ville de Jonquière maintiendra la gratuité des poteaux servant à cette fin durant la même période. Lors de la signature, la municipalité s’oblige également à donner une exemption de taxes de 20 ans pour les propriétés de la compagnie Price à l’intérieur des limites de la ville de Jonquière.

En mars 1915, la Ville de Jonquière organise officiellement son réseau de distribution. Pour ce faire, elle vote le règlement no 25 désigné comme le « Règlement ayant pour objet d’établir son système municipal d’électricité dans la ville de Jonquière pour l’éclairage et pour force motrice, et d’en régler les conditions. » Quelques mois plus tard, le conseil municipal entérine d’autres modifications avec la promulgation du règlement no 28 (21 juin 1915). À cet effet, la municipalité adopte avec le temps plusieurs amendements au règlement no 25 comme ceux du 1er mars 1918 (règlement no 47) et du 20 juillet 1923 (règlement no 68).

Rapidement, la capacité de la centrale de la rivière aux Sables s’avère insuffisante et l’on doit acheter des surplus d’électricité à la compagnie Price. Et cela, malgré l’augmentation de la force motrice de la génératrice de la centrale hydroélectrique de la municipalité en 1924. À ce moment, la capacité est haussée par l’ajout d’une génératrice de 2 500 chevaux-vapeur (1 850 KW) à celle de 700 chevaux-vapeur (500 KW) disponibles lors de l’achat en 1914.

Outre les achats d’électricité, la municipalité doit également répondre au développement rapide de la ville de Jonquière. Elle est dorénavant seule responsable de l’organisation et de la gestion de la distribution de l’électricité auprès de ses abonnés. Au fil des ans, ses installations, qui se détériorent graduellement, doivent subir des réparations importantes, et ce, dès 1930. À ce moment, le barrage de la rivière aux Sables qui menace de s’effondrer doit être reconstruit. Pour ce faire, la ville adopte un règlement d’emprunt de 100 000 $ (no 117).

Lors de la reconstruction du barrage, la ville de Jonquière rencontre quelques difficultés, provenant principalement du fait qu’à une certaine étape des travaux, on doit procéder à l’abaissement du niveau de la rivière aux Sables. Pour ce faire, le débit de la rivière qui est sous le contrôle de la Commission des eaux courantes du Québec et de la Price Brothers, doit être modifié à partir du barrage Pibrac. Soulignons qu’au moment de l’achat en 1914, la ville de Jonquière avait également accepté les conditions et les conventions négociées précédemment entre la Pulperie de Jonquière et la Compagnie de pulpe de Chicoutimi concernant la distribution des eaux du lac Kénogami.

Tel que le mentionne Normande Lapointe dans le livre Alcan vous raconte paru en 1997 : « La ville obtint la permission de procéder à condition que le travail se fasse sans nuire à la production de la compagnie. Il fallait donc procéder le dimanche alors que les usines étaient arrêtées. Mais comme la religion et le gouvernement interdisaient le travail le dimanche, on comprend facilement que la ville eut à subir des complications supplémentaires. On réussit tout de même à compléter la reconstruction du fameux barrage. »