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Utilisateur:LucieJonquiere/Brouillon

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Hervé Sérane, Paris 2023

Né le 19 août 1952 à Boulogne-Billancourt (92).

Photographe, galeriste, collectionneur, critique d’art, commissaire d’exposition.

Adolescent passionné de cinéma, il se noue d’amitié avec Abel Gance, et fut invité par Federico Fellini au tournage d’« Amarcord » en juin 1973.

Photographe, auteur du livre de photographies « Voyage d’un photographe observé par des paysages », galeriste de 1977 à 1996, défenseur du Courant des Visionnaires contemporains(1), collectionneur, critique d’art, auteur de « Voyage au bout de l’art moderne » préfacé par Michel Random (2), commissaire d’exposition (3).

Auteur d’un Journal relatant notamment l’aventure de la Galerie Râ, de textes et d’entretiens sur le courant pictural des visionnaires contemporains et de la rédaction du livre édité par Asahi Shimbun à l’occasion de l’exposition itinérante dans plusieurs musées japonais: « Les Visionnaires contemporains de Paris. »  

Une partie de la Collection Sérane fut « Invitée d’honneur » au Grand Palais Ephémère, Paris (4).

(1) Fait découvrir également ce courant pictural à l’international, aux Foires de Londres(1984), Stockholm (1985), Hong Kong (1994). Les expositions dans les différents musées Japonais (en 1988, 1992 et 1994 ) qui  présentaient les œuvres visionnaires de la Galerie Râ, ont attiré plus de 320 000 visiteurs.

(2) Michel Random (1933-2008) écrivain, auteur d’un film sur l’art visionnaire et de deux ouvrages importants : « L’art visionnaire » paru en 1979 aux Editions F. Nathan et le second en 1991 chez P. Lebaud.

(3) Sérane fut commissaire de l’exposition « Les Visionnaires contemporains de Paris » organisée par Asahi Shimbun sous le patronage du Ministère des Affaires étrangères et de l’Ambassade de France au Japon. Exposition au Daimaru Museum, Tokyo (du 28/04/1994 - 17/05/94), au Daimaru Bunka Hall, Yamaguchi (22/09/94 - 03/10/94), au Daimaru Museum Umeda, Osaka (05/10/94 – 17/10/94) et au Kobe Hankyu Museum (28/10/94 – 23/11/94).

(4) 65 œuvres visionnaires de la collection Hervé et Jean Sérane ont été présentées dans le cadre de  « Art Capital » à l’invitation de Daniel Gallais du 14 au 19 février 2023

Passion pour le cinéma[modifier | modifier le code]

A l’âge de 16 ans, Hervé Sérane réalise un court métrage qui obtint le premier prix au Concours de la revue « Photo-Cinéma».

En 1971, projection de deux autres courts-métrages aux Premières Rencontres du Jeune Cinéma Français à Bourges.

1971-1972 : Parution de plusieurs articles dans la revue du « Centre d’activité cinématographiques français. »

Participe à Strasbourg à la « Rencontre du Jeune Cinéma non professionnel »

1972 : Fonde « Le Groupe des Musiciens de la Lumière » sous le parrainage d’Abel Gance.

1973 : Article de D. Rognon intitulé « Les Musiciens de la Lumière ou les Enfants d’Abel Gance » paru dans « la Revue de l’Association du Jeune cinéma non professionnel ».

Hervé Sérane participe avec son second court-métrage à la Sixième « Rencontre du Jeune Cinéma » à la Maison de la Culture d’Amiens.

Rencontre avec Federico Fellini à Cinecitta qui, après l’avoir présenté à son équipe, l’invite à assister au tournage du film « Amarcord ».

1974 : Fin juin, important article dans « La Dépêche du Midi » intitulé « Le Cinéma de l’avenir ». Un autre article du 04/11/1974 dans le « Le Parisien » intitulé : Des « Lumière Brothers aux Musiciens de la lumière » évoque sa passion pour le cinéma et la photographie.

Exposition personnelle à la Fnac (photos en couleurs réalisées à partir de peintures et de paysages).

1975 : Collabore avec ses textes sur le cinéma et plusieurs de ses photos à la rédaction et à l’illustration de la Collection en 7 volumes intitulée « L’univers de la parapyschologie » Ed. Martinsart

Hervé Sérane, photographe[modifier | modifier le code]

1972 : Réalisation de la maquette d’un livre de photographies en couleurs. Rencontre le photographe Ernst Haas (1) à Arles qui s’intéresse à son travail.

1974 : Exposition personnelle à la Fnac sous le parrainage de Max Theret

01/06/1977 : Ouverture de la Galerie Râ avec présentation de quelques photographies et de peintures.

1978 : Hervé Sérane laisse de côté la photographie pour se consacrer entièrement à la défense du Courant des peintres et dessinateurs visionnaires contemporains

30/06/1996 : Fermeture de la Galerie Râ. Réalise le jour même ses premières photographies en noir et blanc

1997-2000 : Voyages en France et à l’étranger pour réaliser de nouvelles photographies.

1997 et 1998 : Présentation de plusieurs tirages en noir et blanc dans le stand de « Temps de pose » à Paris Photo au Carrousel du Louvre

18/07 au 10/09/1999 : Exposition personnelle à la Galerie Todd Kaplan de Los Angeles (Etats-Unis).

11/2000 : Exposition dans le stand de « Temps de pose » à Paris Photo au  Carrousel du Louvre

10/2010 : Parution d’un livre de photographies (2)  « Voyage d’un photographe observé par des paysages » (3)  

02/07 au 04/09/ 2011 : Exposition personnelle à la Maison des Arts de Conches.

(1) Ernst Haas (1921-1986)  son livre « La Création » édité chez Denoël en 1971 connaissait un grand succès.

(2) Ces photographies argentiques ont été prises en noir et blanc, réalisées sans surimpression ni superposition et sans ordinateur.

(3) Article dans «  le Nouvel Observateur » du 27 Janvier 2011. L’ouvrage est diffusé sur le site de la Fnac. Extrait de l’introduction du livre : « J’ai toujours éprouvé une passion pour l’image et, plus que tout, pour la lumière : une lumière autre que celle de la réalité immédiate, une lumière souple comme mue par une force spirituelle. C’est la Quête de cette Lumière qui me fascine et qu’il faut puiser dans les formes d’un paysage pour en extraire l’Energie … C’est à l’instant précis où ces deux réalités fusionnent que naît la Vision, nourrie d’intemporalité. »

Hervé Sérane collectionneur[modifier | modifier le code]

En 1972, Hervé Sérane commença une collection de peintures et de dessins. Au début, des œuvres d’inspiration plus symbolistes et « fantastiques » avant d’acquérir des œuvres « visionnaires » dès 1978.

Comme il le note dans son Journal (1) en 1978 :

« Je pense qu’une collection de tableaux n’a d’originalité que si elle est semblable à un courant spirituel imagé. Acquérir des tableaux, c’est prendre des photos de son âme … Un collectionneur possède la capacité de reconnaître dans plusieurs œuvres de sensibilité très différentes le même fragment d’un paysage qui l’habite. Ainsi, pour un collectionneur authentique, il n’existe pas de réelle différence entre une peinture figurative et abstraite pour peu que toutes deux soient animées de l’intérieur. Encore faut-il ne pas se cantonner à regarder une œuvre en surface mais par transparence.

Un collectionneur est un touriste qui photographie des paysages de son âme en achetant des tableaux.

… Dans tout collectionneur authentique, on trouve une constante : L’idée de la mort et donc du devenir; en acquérant une œuvre, c’est tout un pan de l’avenir dont on peut devenir le dépositaire. L’œuvre, reconnue par le public, comme un rêve collectif réalisé, suscite chez le véritable collectionneur, une récompense infiniment plus grande qu’une éventuelle plus-value, ce qui le différencie du simple spéculateur dont la démarche se situe aux antipodes. », Hervé Sérane.

Ce fut la constitution de cette collection qui permit à la Galerie Râ de défendre des œuvres visionnaires tant en France qu’à l’étranger et de pouvoir répondre favorablement aux demandes d’expositions de plusieurs musées.

Ce fut le cas  dans les plus grandes villes japonaises lors des deux grandes expositions personnelles de Gérard Di-Maccio (2) en 1988 et en 1991.


De même cette collection offrit aux autres artistes « visionnaires » de la Galerie Râ, en 1993, la possibilité de présenter leurs œuvres. Ces expositions de 1988, 1991, et 1993 attirèrent des centaines de milliers de visiteurs, notamment de nombreux jeunes qui purent, grâce à la Collection, aujourd’hui Hervé et Jean Sérane, découvrirent, non sans étonnement, la réalité du Courant des Visionnaires contemporains. (3)

Trente ans après la dernière exposition itinérante au Japon, la Collection Hervé et Jean Sérane fut « invitée d’Honneur » en février 2023 au Grand Palais Ephémère Paris dans le cadre de «Art Capital». Une partie de cette collection, soit 65 œuvres, peintures, dessins et gravures, est ainsi sortie de l’ombre pour être présentée à plus de 40 000 personnes, à l’entrée même du Salon «Art Capital».


À cette occasion, un article intitulé « Les Visionnaires : Un courant artistique international » signé par Aude de Kerros (4) précise à propos de « cette remarquable collection d’Art visionnaire » : « Hervé Sérane fut le galeriste révélateur de ses artistes à la fin du XX siècle. Ce courant est apparu au cours des années 1970, il a disparu de toute visibilité à la fin des années 1990 …On peut dire d’Hervé Sérane qu’il est un témoin de l’intérieur de ce courant … ».

Elle ajouta, dans son livre « L'Art caché enfin révélé » (Éditions Eyrolles, septembre 2023), « Comme c'est le cas pour la peinture en général, les années 1990 sont pour les visionnaires le temps de l'effacement en France. Malgré les efforts d'Hervé Sérane, il est impossible de participer à la Fiac d'où la peinture est bannie en 1992. La presse ne rend plus compte d'aucune exposition non conceptuelle, le public n'est plus informé des expositions de peinture. Une dure époque commence pour les galeries hors circuit officiel. La Galerie Râ doit fermer, et les artistes retrouvent leur chemin solitaire, sont privés de ressources. Aujourd'hui, cependant, Hervé Sérane a conservé les meilleurs tableaux de ce courant et, grâce à son journal, a gardé la trace de ce courant devenu invisible. »

La Collection Hervé et Jean Sérane de peintures, dessins et gravures visionnaires (5) ne semble pas avoir d’équivalent en nombre d’œuvres comme en qualité. Une quinzaine d’artistes y sont représentés par leurs œuvres les plus significatives.

On peut noter qu'Hervé Sérane s’est efforcé, même du temps de sa galerie, de conserver la quasi totalité des œuvres lui paraissant les plus fortes, désireux qu’elles restent en France malgré la volonté d’un grand mécène japonais à vouloir les acquérir et le désintéressement de l’État français pour ce courant de l’art contemporain (6).

(1) Hervé Sérane accorde autant d’importance à son Journal qu’à la collection,  les jugeant aussi indissociables que les deux rails d’une voie ferrée. Ce journal est divisé en trois parties ; celle relatant l’aventure de la galerie Râ est préfacée par Aude de Kerros.

(2) Hervé Sérane précise que la collection n’abrite aucune des œuvres de Di-Maccio réalisées après 1990 car il les considère beaucoup trop artificielles et commerciales.

(3) L’Exposition itinérante de 1993 intitulée « Les Visionnaires contemporains de Paris » produite par Asahi Shimbun et rassemblait 80 peintures et dessins de Klaus Dietrich, Gérard Di-Maccio, Jean-Paul Landais, Alain Margotton et YvesThomas.

(4) Aude de Kerros (née le 24 décembre 1947 à Jakarta en Indonésie) est une peintre, graveur, critique d’art et essayiste française. Comme essayiste, elle participe notamment par des articles, livres et conférences, au décryptage et à l’analyse du monde de l’art et du marché de l’art. Parmi ses ouvrages : « L’art caché » « L’imposture de l’art contemporain, une utopie financière » « L’art contemporain, manipulation politique » sont l’objet d’un réel intérêt au point que certains sont édités en « livre de poche ».

(5) Également passionné par le travail des graveurs visionnaires, la Collection Hervé et Jean Sérane comporte une part très importante de gravures visionnaires, particulièrement significatives comme des différents états et même quelques cuivres originaux acquis soit directement aux artistes mais le plus souvent à la Galerie Michèle Broutta qui défendit avec courage et obstination leur travail. Il faut enfin noter qu’aucune gravure n’était exposée à la Galerie Râ.

(6) En témoigne les courriers, en tête du Ministère de la Culture, adressés à la Galerie Râ, comme celui du 18/05/1983 informant la Galerie Râ du refus par le « comité consultatif de la création artistique de devoir retenir le principe d’acquisition des œuvres que vous avez présentées lors de sa réunion du 16 et 17/05/1983. »

«La Galerie Râ, l’un des plus beaux espaces de la capitale» (L’Express, Paris 11 janvier 1985)[modifier | modifier le code]

Après deux années de travaux, de 1975 à 1977, la Galerie Râ (1) ouvrit ses portes le 1 juin 1977.

Le tailleur de pierre, Jean Stillio (2), réalisa, à même la pierre des murs de l’immeuble du 7 rue de Turbigo 75001, différentes représentations tant au rez-de-chaussée qu’au sous-sol de la galerie. D’importants blocs de pierre furent livrés afin que le sculpteur réalise une fontaine dans l’entrée. Cette fontaine n’existe plus mais les autres sculptures demeurent plus ou moins visibles aujourd’hui dans ce qui n’a jamais plus été une galerie d’art. Le grand escalier par Roger Tallon (3) qui menait au sous-sol a également disparu.

L’idée d’Hervé Sérane était de créer un lieu intemporel comme un écrin à des œuvres qui l’étaient elles aussi. En cela, la Galerie Râ offrait une représentation diamétralement opposée au concept du Centre Beaubourg comme le souligne Aude de Kerros (4)  dans sa préface pour la partie du manuscrit du Journal d’Hervé Sérane racontant l’aventure, pour le moins insolite, de cette galerie au cœur de Paris.

La Galerie a fermé ses portes le 30 juin 1996. (5)

On pouvait lire sur le texte affiché sur la vitrine : « L’Aventure de la Galerie Râ se termine le samedi 29 juin mais Celle de l’Art visionnaire continue. La Galerie Râ présenta, pour la première fois ces artistes notamment à Stockholm, Londres, Hong-Kong. C’est au Japon, à Tokyo, Osaka, Yamaguchi, Kyoto, Kobe, Fukuoka et Onomichi que leurs œuvres suscitèrent un extraordinaire enthousiasme, spécialement auprès de la nouvelle génération.

La crise du marché de l’art contemporain, causée par une spéculation outrancière et des pratiques quasi mafieuses, a écœuré de nombreux amateurs. L’art officiel, plus puissant que jamais, condamne toute aventure se situant en dehors des modes. Le public commence à réaliser qu’il fut tout à la fois le banquier et l’otage de la plus fabuleuse mystification de tous les temps. Mystification qui prétend qualifier d’œuvre d’art un simple tas de charbon ou un baril vide dès lors que ceux-ci sont exposés dans les lieux baptisés musées ou centres d’art, sans doute pour mieux endoctriner les visiteurs.

Nous pensons à tous les artistes sincères, au-delà même de ceux que nous avons exposé, qui vivent aujourd’hui dans des conditions précaires tandis que les auteurs de gadgets se sont enrichis grâce au concours actif de l’État (n’oubliez jamais que le politique sera toujours en retard sur l’amateur passionné.) C’est en fréquentant les galeries originales que vous aiderez les artistes qui ne sont pas de simples produits de la mode ou d’une modernité programmée.

La crise terrible que nous traversons donne encore plus d’importance à votre démarche. Sans vous, comment les artistes authentiques vont pouvoir survivre ? Un jour, nous prendrons enfin conscience de l’effroyable gâchis de talents, intrinsèque à cette fin de siècle tant la notion imbécile de modernité, de progrès dans l’art a supplanté le rôle primordial de la création authentique et son pouvoir émotionnel. Il faut nous éveiller de ce cauchemar qui a occulté la dimension spirituelle sans laquelle aucune œuvre ne peut prétendre se métamorphoser en Mémoire.

Nous croyons que les valeurs picturales du siècle prochain seront diamétralement opposées à celles d’aujourd’hui. L’art ne sera plus synonyme de destruction programmée mais à nouveau de révélation d’un monde intérieur, intemporel.

Nous réaliserons enfin que l’art visionnaire préexiste à toute création métaphysique. Il resurgit  depuis la nuit des temps à différentes périodes de l’humanité traversées par de crises d’identité qui témoignent d’une quête de nouvelles valeurs spirituelles.»

(1) Le nom de Râ fut choisi pour éviter de placer un nom propre au premier plan. L’idée, confie Sérane, était de privilégier l’idéal sur la personne.

(2) Jean Stillio décéda le 18 mai 1984. « Ses sculptures attesteront qu’à cet endroit un groupe de passionnés a osé rêver, au cœur même de Paris, d’une toute autre peinture que celle à la mode, encensée par les tenants de l’art officiel international. » (extrait du Journal de Sérane).

(3) Roger Tallon, designer français (1929-2011)  considéré comme le père du design industriel français. On lui doit notamment la forme du TGV.

(4) Dans la préface du Journal de Sérane, Aude de Kerros évoque ainsi la Galerie Râ : « Je dois au journal peu banal une mise en perspective durant près de vingt ans, d’une galerie de peinture consacrée à l’art visionnaire et d’un centre d’art gigantesque. En observant l’affrontement des deux courants extrêmes de l’art des Années 70, l’un dominant et l’autre exceptionnel et authentique, j’ai mieux compris la nature du schisme qui s’est produit marquant la fin de l’exceptionnel « milieu de l’art » à Paris ... La parole ardente d’Hervé Sérane plaidant en faveur d’un art hors du temps est rejetée comme condamnable parce que jugée « non contemporaine. » Dans le monde de l’art, affirme-t-il : « Je ne crois ni au moderne, ni à l’ancien ! Je crois à ce qui est animé.

(5) Sur la vitrine de la Galerie Râ, définitivement fermée, on pouvait lire le texte suivant :

"Après deux ans de travaux, la Galerie Râ ouvrit ses portes en juin 1977, devenant très vite la seule à exposer exclusivement le courant contemporain de l’art visionnaire".

Les Visionnaires de la Galerie Râ interdits à la FIAC (1)[modifier | modifier le code]

Le 18 octobre 1991, au Journal de 20 H de TF1, Claire Chazal annonce que le Courant des peintres visionnaires qui rencontre un grand succès au Japon est interdit à la FIAC (2) avant d’annoncer le reportage tourné par Jacques Idier (3) à la Galerie Râ.

Déjà en 1980, la Galerie Râ, dirigé par Hervé Sérane, avait reçu un refus de pouvoir y exposer les œuvres visionnaires qu’elle défendait. Refus confirmé les trois années suivantes au point que Marie-Claude Béaud (4) n’hésite pas à soutenir la Galerie Râ dans sa lutte en écrivant : « Bien que loin des préoccupations des peintres visionnaires, je trouve cependant inadmissible (le mot est souligné) que vous êtes interdit de FIAC. »

Marie-Christine Hugonot (5) est la première journaliste à prendre position contre cette censure exercée dans un Palais officiel. Elle fait honneur au métier de journaliste et de critique d’art en écrivant à propos de la FIAC avec cette censure dans un édifice comme le Gand Palais : « Il ne s’agit pas de se lamenter derrière son bureau. Il faut agir. Dénoncer les abus de pouvoir et la fausseté d’un discours. »

La Galerie Râ s’adresse alors au Ministre de la Culture, Monsieur Jack Lang qui nous répond personnellement par un courrier en date du 02/11/1982 : « Je reste parfaitement conscient du problème qui vous préoccupe relatif aux difficultés que rencontrent les peintres visionnaires. Je ne peux malheureusement rien imposer à la FIAC qui est une entreprise privée. Je ne manquerai cependant pas de faire la remarque, verbalement aux organisateurs. »

En 1983, nouveau refus de la part des organisateurs de la FIAC , il en nous reste plus qu’à nous tourner vers le Chef de l’Etat et nous recevons un courrier de la Présidence de la République, nous assurant que le Président a pris connaissance de notre demande et qu’Il « attire l’attention de Monsieur Jack Lang sur votre participation à la Fiac, en le priant de nous tenir informés des suites qui pourraient être données. » (6)

Le 17 juin 1983, un article de près d’une page entière dans Libération, avec pour titre « La Fiac chasseuse de Râ » relate l’impossibilité à la Galerie Râ de pouvoir présenter les peintres visionnaires à la FIAC et dénonce ainsi les  « abus de pouvoir et magouilles diverses de la Fiac. »

Le 7 octobre 1983, une lettre en tête de la Présidence de la République et signée par Erik Arnoult, de son vrai nom, Eric Orsenna (7) nous informe : « Nous avons fait parvenir au Ministère de la Culture votre demande d’intervention concernant l’interdiction qui vous avez été faite de participer à la Foire Internationale d’Art contemporain. » Ainsi, le Conseiller culturel auprès du Président de la République reconnait qu’il s’agit bien d’une « interdiction ».

Longue lettre du 18 novembre 1983 adressée signée personnellement par le Ministre de la Culture réitérant à la fois une nouvelle intervention auprès des organisateurs comme son impuissance.

Un rendez-vous sera fixé à l’Élysée par Jacques Attali, Conseiller spécial du Président. Ce rendez-vous fut annulé moins d’une heure avant et jamais remis.

Le 9 octobre 1985, le Président de la République, François Mitterrand , recevait solennellement, pour la première fois, tous les organisateurs et participants de la FIAC dans la dans la grande salle de réception du Palais de l’Elysée et pour prononcer une longe allocution. On pourra retenir : « L’art est d’abord affaire sans doute de dynamisme, d’invention, de création mais aussi de liberté dans la mesure où la liberté a une vertu évidemment créatrice … La Foire Internationale d’Art Contemporain est devenue l’un des plus grands rendez-vous de la création où se confrontent les âges, les tendances et les imaginaires sans aucun programme imposé. Cette leçon de liberté, les artistes nous l’ont donnée, c’est leur nature même. Et permettez que je fasse un compliment à l’Etat, si je n’en fais, qui le fera ? Cette leçon, l’Etat l’a bien comprise. » (8)

1985:  Nouveau refus d’exposer les peintres visionnaires à la FIAC.  Nouveau courrier en tête de la Présidence de la République précisant à la Galerie Râ que le Président de la République a pris connaissance du dossier tout en précisant : « Vous devez savoir que les décisions concernant la FIAC sont prises par le Ministre de la Culture. »

En 1988, le Ministre de la Culture, Jack LANG, décorait personnellement le Président de la FIAC.

Et l’érudit critique du Point, Jean Louis Ferrier, pourra écrire à propos de la FIAC « un salon très officiel. » La conclusion de l’historien est sans appel « L’art contemporain, en cette fin de millénaire, dégage une forte odeur d’académisme, plus rigide et plus sot que l’ancien ». (9)

(1)  Foire International d’Art Contemporain qui se tenait au Grand Palais de 1974 à 2021.

(2)  «Voyage au bout de l’art moderne »  au chapitre « Autopsie d’une censure ».    

(3)  Jacques Idier fut notamment responsable du service politique et ancien rédacteur en chef des éditions du week-end de TF1.

(4)  Marie-Claude Béaud, Conservateur du Musée de Toulon puis de la Fondation Cartier et de l’American Center.

(5)  « Le Quotidien de Paris » 23/10/1982.

(6)  Lettre de la Présidence de la République du 30/06/1983 signée C.Gutman P/ Erik Arnoult.

(7) Erik Orsenna, académicien,  Prix Goncourt et « plume du Président François Mitterrand »

(8) Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, sur l’art, la profession artistique et le développement culturel, à l’occasion de la réception de la FIAC au Palais de l’Elysée, Paris le 9 octobre 1985.

(9) Journal « Le Point » du 2 octobre 1989