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Un sophisme, ou logique fallacieuse, est un raisonnement qui apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité est faux. Le sophisme repose sur le moteur du syllogisme.
L'adjectif fallacieux désigne ce qui est mensonger. La logique désigne en rhétorique l’art de construire un discours cohérent. Nous avons donc affaire à une contradiction dans les termes. Cette contradiction n'apparaît pas en logique mathématique, qui n'a que faire des valeurs de vérités des propositions.
Les logiques fallacieuses ont été expliquées et décortiquées à des fins pédagogiques : par exemple, lors de discussions enflammées à propos de religion, il est utile de différencier ce qui tient de la logique, de ce qui n'en tient pas. Une logique fallacieuse est une logique fausse indépendamment de la véracité des postulats et de la conclusion. De fait ces derniers sont directement issus de l’ouvrage L'Art d'avoir toujours raison (1830-1831) qui est une œuvre de Schopenhauer, et les arguments originels ont été étendus par la suite.
Il est difficile de détecter les logiques fallacieuses, et elles sont assez souvent efficaces pour convaincre. Le présent article a pour but dans un premier temps de définir ce que sont des arguments fallacieux, et ensuite de présenter une liste non-exhaustive de ces derniers qui sont traditionnellement nommés en latins.
Aristote a écrit les Réfutations Sophistiques, où il expose les différents sophismes et les moyens de les réfuter.
La logique fallacieuse au quotidien[modifier | modifier le code]
Liste d’arguments fallacieux[modifier | modifier le code]
Sophismes dont les prémisses ne sont pas pertinentes à la vérité de la conclusion.
- Ad hominem aussi appelé argumentum ad hominem ou attaque personnelle est formulé contre la personne qui soutient une thèse, et non pas contre la thèse elle-même :
- argumentum ad personam
- ad hominem circumstantiæ
- ad hominem tu quoque
- Amphibologie (aussi appelé amphibolie)
- argumentum ad verecundiam aussi appelé le chef a toujours raison, ou argument d’autorité.
- argumentum ad consequentiæ
- Appel à la terreur « Si vous maintenez votre point de vue, il y aura des conséquences... »
- Appel à la flatterie « Un homme comme vous ne peut pas défendre un tel genre de position »
- argumentum ad populum (aussi appelé la raison de la majorité). Ex : Dieu doit exister puisque la majorité des humains y croient depuis des millénaires. Variante : La France représente moins de 1% de la population mondiale et ne peut donc avoir aucun rôle significatif (L’Athènes de Périclès représentait bien moins de 1% de la population de son époque, et son modèle nous influence encore aujourd’hui; Sparte, bien plus puissante à la même époque, n’a pas laissé de trace culturelle durable.)
- argumentum ad misericordiam
- Appel au ridicule
- argumentum ad odium
- Deux faux font un vrai
- la raison des bons sentiments
- argumentum ad novitatem
- argumentum ad antiquitatem (aussi appelé tout le monde fait comme ça, argument de vente des marques)
- argument par la foi « C’est forcément vrai, puisque c’est écrit dans tel ou tel livre sacré ».
- argumentum ad ignorantiam (l’ignorance). Ex : Il n’y a aucune preuve que X est faux. Donc, X est vrai
- argumentum ex silentio
- Argumentum ad baculum (aussi appelé la raison du plus fort)
- Argumentum ad crumenam (aussi appelé la raison du plus riche) « Ce n’est pas ce minable même pas assujetti à l’ISF qui va me donner des leçons pour conduire ma vie » (voir Ésope, Épictète...).
- Argumentum ad lazarum (aussi appelé la raison du plus pauvre) « La classe ouvrière se bat avec le réel tous les jours et est seule à connaître la réalité du pays. La dictature du prolétariat est donc la seule solution »
- Argumentum ad nauseam (aussi appelé avoir raison par forfait) « Avez-vous lu les 38000 références que je viens de vous citer ? Non ? Eh bien je considère alors que vous n’avez rien à apporter à ce débat »
- petitio principii (aussi appelé argument circulaire) : « Mon frère n’aime pas les épinards, et c’est heureux pour mon frère, car s’il les aimait, il en mangerait ; or il ne peut les supporter ». Variante : « Les serpents venimeux sont utiles, car sans eux on ne pourrait fabriquer le sérum immunisant contre leur venin ».
- rupture de la corrélation incluant :
- plurium interrogationum (aussi appelé multiplier ou compliquer les questions)
- Faux choix (aussi appelé blanc ou noir) : « les énergies marémotrice et géothermiques sont propres, donc écologiquement acceptables; si elles sont écologiquement acceptables, elles sont donc forcément renouvelables. Si vous contestez cette conclusion, vous êtes un partisan du lobby nucléaire »
- Fausse objection pour éviter d'évoquer une vraie raison : "c'est trop cher", ou "Il faut que j'en parle à ma femme", pour ne pas dire "je n'ai que faire de votre camelote et vous commencez sérieusement à m'ennuyer"
- refus de la corrélation (attention : une corrélation n’implique pas nécessairement une causalité. Ainsi, le nombre d’appartements dans un immeuble est très fortement corrélé au nombre de divorces dans cet immeuble; les ventes de whisky en Écosse y sont corrélées au revenu des pasteurs, et cela ne signifie pas que les pasteurs boivent le produit des quêtes. Cela indique simplement que quand leurs ventes sont bonnes, les Écossais ont les moyens de donner un peu plus à leurs pasteurs).
- Supprimer la corrélation
- Équivocation
- confusion entre le tout et la partie
- prendre la partie pour le tout : « X a voté Machin, Machin est pour telle réforme, donc X est partisan de cette réforme ».
- diviser excessivement
- généralisations invalides :
- échantillon non représentatif « Depuis mon compartiment de chemin de fer, j’ai pu constater sur un échantillon de 70 passages à niveau que tous sans exception ont leurs barrières fermées ».
- généralisation hâtive (aussi appelé déduction hâtive, manque de représentativité de l’échantillon)
ex : Les Anglais sont tous trilingues, oui, j’ai rencontré un anglais qui parlait trois langues
- généralisation excessive
- manipulation statistique « Ce test de la maladie X est fiable à 99%, il se révèle positif pour vous, donc vous avez la maladie X » (en fait, si la maladie X touche une personne sur 100 000, un test « fiable à 99% » donnera 1000 positifs là où il n’y a qu’un vrai malade, et donc un test positif laisse encore 99,9 % de chance de ne pas avoir la maladie en question).
- manipulation des probabilités : « Lancez trois pièces : deux sont forcément du même côté, soit pile, soit face. La troisième a une chance sur deux d’être également de ce côté-là; donc il y a une chance sur deux que les pièces soient toutes les trois du même côté »
- le déshonneur par association / l’honneur par association : « Vous êtes végétarien ? Tiens, comme Hitler ! Ce ne doit pas être un hasard ». « Je ne suis pas un imbécile, puisque je suis douanier ».
- Ignoratio elenchi (aussi appelé conclusion excessive)
- post hoc, ergo propter hoc (aussi appelé confondre synchronicité et causalité)
ex : j’ai bu une tisane, grâce à cela mon rhume a disparu le lendemain.
- le postulat indémontrable
- argumentum ad temperantiam (appelé aussi le juste milieu)
- la raison par la théâtralité
- réductionnisme : « l’homme est formé de composants matériels régis par la causalité, donc la seule façon efficace d’analyser les actions humaines consiste à s’appuyer sur la causalité » (en fait, on obtient des modèles toujours plus simples, et utilisables, en s’appuyant au contraire sur les notions de motivation et de but)
- la raison de la Nature ou génétique (qui méprend la cause ou l’origine d’une chose pour l’essence ou la chose elle-même).
ex :L'amour, parce qu’il découle de l’instinct sexuel, n’est autre que le désir de copuler. (voir Sémantique générale)
- négation de la preuve
- Non sequitur : (qui ne suit pas les prémisses)
- Affirmation de la conséquence. Ex : aujourd’hui il fait beau, donc il pleuvra demain.
- Déni des antécédents
- Aucun bon écossais
- la raison des émotions
- la solution parfaite
- empoisonner le puits (ou la politique de la terre brûlée)
- causa non pro causa incluant
- simplification excessive de la causalité
- les rapprochements excessifs
- Post hoc Fausse analogie
ex : cet objet est beaucoup trop cher, j’ai vu le même l’an dernier à l’étranger à moitié prix.
- le chiffon rouge
- Réification (ou hypostase)
- le relativisme
- renverser la charge de la preuve
- la pente savonneuse
- l’homme de paille
- argumentum ad Google
- syllogisme invalide (voir aussi paradoxes)
- Faux dilemme
ex : Jupiter est une sphère gazeuse ou solide. Or, Jupiter n’est pas solide, donc elle est gazeuse.
- Fausse corrélation (souvent justifiée par l'a priori que l'on a sur le sujet)
ex : 100% des cancéreux ont mangé des fruits au moins une fois dans leur vie ; par conséquent les fruits sont cancérigènes. ex : 30% des accidents de la route ont été causés par des fumeurs de cannabis ; le cannabis est donc un danger pour la route.
- Sophismes d’ambiguïté
- Division
ex : L’armée américaine est puissante, donc ce soldat américain doit être puissant
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- L’Art de la controverse par Arthur Schopenhauer
- Les réfutations sophistiques, Aristote.