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La pratique des séries télévisées: une sociologie de l’activité spectatorielle est une thèse en socioéconomie de l'innovation rédigée par Clément Combes et dirigée par Cécile Méadel. La soutenance de thèse a eu lieu le 12 septembre 2013 à l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris, devant un jury présidé par Jean-Pierre Esquenazi.

Ce travail universitaire s'intéresse à la sociologie des séries TV, la réception (notamment les fandoms) et leurs usages, et la fragmentation de leurs publics. L'objet principal de cet ouvrage est de comprendre ce "que signifie aujourd’hui, concrètement, aimer une série et quelles activités" sont engagées dans cette activité.  

La série télévisuelle est étudiée sous différents angles, selon des contextes historique, sociologique, économique, technologique mais sont aussi abordés les traits narratifs et esthétiques de cet objet télévisuel.

Auteur[modifier | modifier le code]

Clément Combes est un sociologue français né le 23 juillet 1981.

Il souriant vers une licence de sociologie après le baccalauréat. Il travaille, trois ans après son master, dans un bureau d'études sociologiques, avant d'obtenir un financement pour une thèse au Centre de sociologie de l'innovation des Mines ParisTech. Diplômé d'un doctorat en sociologie, il s'intéresse principalement aux études culturelles notamment aux séries télévisées qui font l'objet de sa thèse, mais aussi à la sociologie des usages et aux technologies de l'information et de la communication.

Il fut enseignant, notamment à Sciences Po Grenoble, à l'UGA et à l'école Télécom ParisTech.

Résumé[modifier | modifier le code]

En parlant de nos programmes préférés, on dit souvent aimer telle ou telle série, mais que cela signifie-t-il vraiment ? Qu'est-ce que le fait d'aimer une "série télé" nous fait faire ou plutôt, qu'est-ce que nous, en tant que spectateurs, faisons aux séries que l'on aime ? Notre amour des séries s'arrête-t-il au visionnage de celles-ci, ou cette pratique est-elle plus complexe, notamment avec l'arrivée de nouveaux médias ? C'est ce questionnement que cette thèse tente d'explorer grâce à une approche inédite de la réception. La pratique des séries TV revêt diverses formes et s'avère plus diversifiée que ce que la sociologie française ne le laisse penser a priori. La thèse s'appuie sur des travaux préexistants, des témoignages et un corpus d'oeuvres littéraires, radiographiques, cinématographiques et télévisuelles varié afin de comprendre l'engouement pour les séries et l'activité spectatorielle. "Autant d’activités, non pas seulement « réceptives », mais réflexives, corporées, instrumentées et collectives, qui permettent d’apprécier la diversité des formes d’attachement des « sériphiles » à ces objets singuliers."

Mots clés[modifier | modifier le code]

  • Série TV
  • Sériphilie
  • Cultural studies
  • Réception
  • Fandom
  • Addict
  • Internet
  • Usages
  • Attachement
  • Médiations
  • Sociologie
  • Pratiques
  • Individualisation

Thèse de l'auteur[modifier | modifier le code]

L'étude de la pratique spectatorielle ne s'arrête pas à l'analyse du visionnage et elle ne doit pas séparer le sujet et l'objet, les publics et les œuvres, cela empêchant l'analyse de l'ensemble des médiations en jeu. Plus que de simples témoins intermédiaires et passifs entre les individus et les œuvres, ces dernières sont pleinement actives dans leur co-accomplissement. Elles jouent un rôle essentiel dans l'élaboration du goût, qui n'est pas constitutif des seules propriétés des œuvres ni des seules dispositions socioculturelles des individus, mais est aussi en constante évolution. Le goût n’est pas un attribut automatique des objets, il est plutôt « le résultat réflexif d’une pratique corporelle, collective et instrumentée, réglée par des méthodes elles-mêmes sans arrêt rediscutées (...) produisant dans le même geste les compétences d’un amateur et le répertoire des objets auxquels il tient ». Œuvres et amateurs sont alors moins des donnés que des obtenus dont il faut déplier la somme des intermédiaires qui président à leur constitution.

Détails des chapitres[modifier | modifier le code]

Introduction[modifier | modifier le code]

Préambule

Des séries en vue : un "âge d'or" venu d'Amérique

Les séries sous le regard de la recherche française

De la réception aux pratiques de consommation

Vers une pragmatique de l'attachement sériel

Organisation de la réflexion

Chapitre 1[modifier | modifier le code]

1.1 La série télévisée : un (mauvais) objet sociologique ?

1.2 L'émergence d'un nouveau paradigme : les Reception Studies

1.3 Les ressorts du plaisir sériel

1.4 Regarder une série : entre activité individuelle et pratique collective

1.5 Séries et études de fans

1.6 Sites, blogs et forums internet : les nouveaux espaces du plaisir/sériel

1.7 La sériphilie : nouvelles forme passionnelle ?

Chapitre 2[modifier | modifier le code]

2.1 Du roman-feuilleton au feuilleton radiophonique, ou l'avènement de la fiction sérialisée

2.2 Les ressorts de la narration sérielle

2.3 Les figures du héros romanesque

Chapitre 3[modifier | modifier le code]

3.1 Du rendez-vous télévisuel à la télévision à la carte, et retour

3.2 Les styles de relation aux séries

Chapitre 4[modifier | modifier le code]

4.1 Actualiser ses connaissances avec la télévision

4.2 Le réveil tardif de la presse imprimée

4.3 Le passage de relais (médiatique) à Internet

4.4 Les systèmes de recommandation sur Internet

Chapitre 5[modifier | modifier le code]

5.1 L'essor des supports et services vidéo : de la cassette VHS au Blu-ray en passant par le replay TV

5.2 Téléchargement et streaming débordements du Internet

5.3 Vers la fin des supports physiques ?

5.4 Au-delà de la consommation : disposer et collectionner des séries

5.5 De la DVDthèque à la vidéothèque numérique

Chapitre 6[modifier | modifier le code]

6.1 Partager l'expérience de visionnage

6.2 Partager son attachement : échanges et conversations

6.3 La spectature sérielle et son horizon de communication

Résumé par partie[modifier | modifier le code]

Chapitre 1 : Les séries télévisées au prisme de la sociologie : un état de l'art[modifier | modifier le code]

Tout d'abord, Clément Combes interroge la série télévisée en tant qu'objet sociologique.

L'auteur montre en outre que la série télévisée et plus largement le médium télévisuel ont mauvaise réputation dans le champ des études en sciences sociales. Contrairement à leurs collègues anglo-saxons et aux Cultural Studies, les sociologues français ne se sont pas attardées sur cet objet de recherche jugé comme "mauvais". En réponse à cela, Clément Combes désire rendre sa légitimité à cet objet souvent délaissé voire méprisé par la sociologie française et souvent sans véritable argumentation : la série requiert un "examen minutieux et averti de la part des sociologues".

Il s'intéresse ainsi au Reception Studies, terme anglais désignant l'étude de la réception, donc des publics de la télévision, véritable enjeu de l'étude des séries télévisées. En effet, il souligne ici le fait que l'intérêt est d'observer ce que "les téléspectateurs font à la télévision" et non plus l'inverse. Pour cela, il propose un modèle méthodologique qui consiste à se mettre à la place du public, ne plus seulement l'utiliser comme objet de recherche et s'en distancier, mais de "faire entendre sa voix". Il prend l'exemple de la série américaine Dallas où l'identification du spectateur aux personnages est permis par un réalisme fictionnel - initié par les séries américaines - passant par des résonances émotionnelles. Le plaisir des séries vient de cette identification qui amène à l'attachement aux personnages et leurs causes. Mais c'est surtout la "pratique sociale routinière" de la télévision qui séduit le téléspectateur : la redondance des récits et la nature répétitive de la forme sérielle offrent un plaisir, un répit vis-à-vis de la vie quotidienne. Il distingue d'autre part deux types de forme sérielle : les séries itérative et feuilletonnante. Ainsi c'est à la fois une approche sociologique et formelle que l'auteur utilise pour décrypter l'intérêt de la série télévisée.

Clément Combes s'arrête ensuite sur la réception, non plus en tant qu'objet d'étude sociologique : celui-ci ne tend pas à l'analyser ou la catégoriser selon plusieurs critères, mais il s'intéresse "aux manières dont les sériphiles pratiquent les séries". Il développe la notion de fan (dérivée de fanatique), très dévalorisée en sociologie ; or l'auteur souligne son importance au sein de l'élaboration de la production sérielle. En effet, celle figure ne s'oppose pas au producteur, au contraire il est dans une position de "droit à l'autodétermination émiotique et identitaire" : l'identité du texte sériel n'est pas prédéfinie ou immuable, elle est "renégociée au cours de ses interactions avec le public". De même, l'identité du fan n'est pas préconçue et figée, elle relève d'un processus continu d'apprentissage et d'acquisition du "savoir-être-fan".

Par ailleurs, les séries sont étroitement liées au monde qui nous entoure, elles constituent des vecteurs potentiels d'une redéfinition des identités professionnelles car elles confrontent le monde tel qu'il est au monde qu'il pourrait/devrait être. L'auteur apporte une mise en perspective des processus de compréhension du monde à travers la fiction.De plus, l'appréhension de la série est étroitement liée à Internet, où co-exitent de multiples espaces d'information, de discussion, de partage dédiés au genre (de types sites, blogs, forums) qui bouleversent modalités d'accès non seulement aux séries mais à leurs amateurs. Mais ces pratiques sociales ne sont pas nées des récentes technologies numériques, celles-ci étaient déjà préexistantes : les réseaux des réseaux et les technologies numériques ont simplement facilité ces diverses activités en fournissant des outils plus simples et adaptés à ces activités. Mais plus que cela, l'évolution du contexte médiatique et technique a également permis de réévaluer la valeur de la réception en "conférant davantage de poids et de légitimité aux interventions des fans par leurs remarques et critiques, dans les choix narratifs, esthétiques et moraux des producteurs". Ainsi, ce regain d'implication fait que c'est au sein même de la série et non plus autour de celle-ci le fan intervient, à l'origine même de stratégies "cross-médiatiques" voire "transmédiatiques". Les équipes de production sont plus attentives aux activités des amateurs, à leurs échanges ainsi qu'à leurs créations (rôle des fanfictions). En outre, Clément Combes déduit que l'activité des communautés de fans constitue un "facteur explicatif du processus de légitimation du genre", faisant passer le statut de la fiction télévisuelle d'art moyen à art à part entière.

En conclusion, la série comme objet d'étude sociologique connait un regain d'intérêt. Les études intégrant le spectateur font penser à nouveau frais la relation du public et des médias et donc des séries. Les études sur la réception ont révélé des téléspectateurs non pas passifs et aliénés mais en interaction complexe avec eux entre identification et distanciation, crédulité et lucidité. Enfin, le web apparait comme déterminante concernant le processus de légitimation.

Chapitre 2 : De l'élaboration à la forme sérielle[modifier | modifier le code]

Clément Combes se propose de retracer l'histoire et le processus d'élaboration de la forme de la série télévisée telle qu'on la connaît au fil du temps et des médias successifs. Pour cela, il remonte à ses origines que l'on trouve au XIXe siècle avec le roman-feuilleton du XIXe siècle - qu'il considère comme la "première forme moderne de la sérialité fictionnelle" - pour aller jusqu'à l'essor du feuilleton radiophonique, en passant par le serial cinématographique du début du XXe siècle. Ainsi, pour l'auteur, la "relation des spectateurs au séries est historiquement construite".

Il s'agit ici de comprendre comme la forme sérielle dès sa naissance dans la presse écrite, s'est imposée comme un "ingrédient indispensable des quotidiens". Car si l'engouement pour les séries est croissant, Combes révèle en introduction que dès son apparition, le "format sériel a constitué produit "phare" des mass médias antérieurs". Ce qui fit son succès, même s'il ne fut pas immédiat comme le souligne l'auteur, est le concept de fidélisation (qui repose sur la découpe d'un récit en plusieurs épisodes, publiés chaque semaine et notamment sur l'utilisation du cliffhanger, encore aujourd'hui) mais aussi le principe de "rez-de-chaussée du quotidien", qui consiste à utiliser comme support narratif des faits divers et la réalité. La nouveauté qu'apporte la forme radiophonique est le modèle de "l'auditeur solitaire". Progressivement, la fiction sérielle a su s'installer définitivement sur les médias de flot que sont la radio et surtout la télévision en adaptant les genres populaires à ses "contraintes formelles, sociales et politiques".

Il distingue et s'arrête ensuite sur quatre aspects de la narration sérielle, communs à tous les médias évoqués avant :

  1. les genres et sous-genres narratifs, qui vont être modifiés, élaborés voire disparaître au fil des médias successifs et auxquels empruntent les séries d'aujourd'hui - l'auteur souligne ici la séparation des publics notamment en fonction du sexe, dont la réunion a été initiée par la série Dallas en 1978 ;
  2. la structure narrative de type rhizomique (l'intrigue principale qui constitue le tronc commun à chaque épisode, à partir duquel émergent des branches associées à des intrigues secondaires), fonctionnant selon le principe du "roman à tiroirs" et à laquelle s'oppose le formula show ;
  3. la tension répétition/innovation révélée entre autres par le spin off - qui allie promesse de retrouver "le plaisir ressenti au contact du récit premier" et un horizon d'attente - et au coeur de la production sérielle ;
  4. le héros de fiction, "pierre angulaire du récit" dès l'essor du roman-feuilleton et "avatar des médias de masse" qui évolue selon le contexte socio-culturel, également influencé à trois niveaux par l'acteur qui l'incarne selon Clément Combes : l'information que renvoie, que dégage le comédien (physique, allure, gestuelle), le jeu d'acteur et son image dans les médias. Il évoque également le cas des acteurs doubleurs.

En résumé, la presse, la radio et le cinéma avant d'être considérés comme trois formes médiatiques distinctes et en concurrence, ont modelé chacune à leur tour la fiction sérielle télévisuelle telle que nous la connaissons aujourd'hui. S'ajoute à la télé comme média privilégié, Internet avec l'apparition des web-séries. L'auteur distingue trois aspects de la narration sérielle que sont le genre narratif, la structure narrative et le héros fictionnel (qui prend aujourd'hui souvent la forme de "héros multiple").

Chapitre 3 : Visionner : les séries comme art du temps[modifier | modifier le code]

Les chapitres qui suivent concernent les différentes pratiques spectatorielles actuelles ; celui-ci est consacré en particulier aux pratiques de visionnage.

Clément Combes prévient dès le début que le visionnage défini comme "dimension centrale de la pratique spectatorielle", regroupe plusieurs activités, qui ont un impact les unes sur les autres :

  • les démarches de découverte et de documentation,
  • les démarches d’approvisionnement et d’acquisition,
  • les procédures de conservation voire de collection,
  • les opérations de partage de contenus,
  • les échanges conversationnels.

L'auteur s'arrête d'abord sur les manières d’être-aux-séries. Premièrement, il aborde la dimension temporelle du visionnage, qu'il divise en selon deux modes : le suivi en temps réel et la "reprise en main par l'amateur de la temporalité spectatorielle" en s'appuyant sur les modes de délinéarisation (que l'on pourrait qualifier de télé de rattrapage).

L'évolution du média télévisuel a fait que nous sommes passés du concept de séquence en tant que programmation au concept de séquence en tant que flux. Mais considérer la télévision en tant que flux visuel revient à "dénier la singularité des programmes" pour l'auteur : ainsi les téléspectateurs regardaient la télé plutôt qu'on programme spécifique. Or ce concept de flux est aujourd'hui remis en question par deux phénomènes.

D'une part, il y a les pratiques télévisuelles reposant sur le principe de "rendez-vous médiatique" : tel horaire est réservé à tel programme. L'auteur rend ici compte des témoignages qu'il a récoltés : certaines personnes sont séduites par le rendez-vous que constituent les séries feuilletonnantes et consacrent telle heure à une certaine série, souvent associée à une chaîne et un jour de la semaine. Mais d'autres préfèrent les séries itératives car elles offrent la liberté de suivre chronologiquement ou non les épisodes et de changer de programme d'une semaine à l'autre. En effet, le téléspectateur n'a plus à se plier au tempo du flux visuel et peut aménager ses rendez-vous sériels selon ses propres temporalité et envies.

D'autre part, on observe un déploiement d'un modèle éditorial. En effet, le visionnage doit être mis en corrélation avec les questions de formats, d'équipements et d'usages. L'arrivée de supports matériels - la VHS puis le DVD et le DivX - et immatériels - services VOD et replay TV, et plus récemment le téléchargement en ligne - a reconfiguré le visionnage traditionnel des séries grâce au principe ATAWAD. Ces nouveaux supports entraînent la constitution de vidéothèques chez certains sériphiles, leur permettant de voir et revoir leurs séries quand et autant de fois qu'ils le veulent. Le rapport des individus aux séries s'est donc vu évoluer dans ce contexte technologique.

Enfin, il souligne la fragilité de l'attachement à une série. Le contexte fait que le spectateur n'est plus soumis à la temporalité des médias et des séries, ainsi à lui de trouver son propre rythme en évitant les excès de consommation ou au contraire un visionnage trop irrégulier qui tend à réduire l’intérêt pour la série.

Dans un second temps, Clément Combes revient en détails sur les différents types de relation aux séries. La consommation sérielle est avant tout , plus qu'un divertissement, un plaisir intime, parfois partagé avec des proches. Cela la distingue de la consommation filmique, la salle de cinéma ayant une dimension collective et conviviale, et tend à la rapprocher de la pratique de la lecture. De plus, c'est un plaisir relaxant, délassant qui permet de décompresser après une journée de travail, et s'extraire du quotidien. Cette dimension du visionnage est à mettre en parallèle avec la diffusion stratégique des séries en soirée et en semaine, mais également avec la série elle-même. Ainsi, dans ce contexte, les séries itératives sont privilgiées car elles laissent au téléspectateur la possibilité de se déconcentrer par moment, ce qui amène à la question de l’attention référant à la dialectique « engagement / distanciation » du récepteur, selon les termes de l'auteur. Le visionnage de séries se déploie selon un axe flottant/focalisé, qui varie selon :

  1. le degré d'attachement à la série
  2. sa nature et son intention (itérative/feuilletonnante, genre..)
  3. les conditions dans laquelle elle est visionnée.

L'auteur évoque ainsi le problème de dispersion de l'attention : il est courant sinon la norme de s'adonner à une autre activité pendant le visionnage. On dérive alors vers un modèle d' "écoute flottante", conséquence de la multi-activité notamment permise par le développement d'Internet, et le phénomène croissant de multi-écrans. Mais émerge également à l'inverse un modèle d' "attention focalisée et investie" : se développent ainsi des équipements - vidéoprojecteurs, écrans plasma, Home cinema, enceintes 5.1 entre autres - qui impliquent le spectateur sériel et enrichissent l'expérience audiovisuelle domestique. Enfin, e développement du numérique et de ses équipement ont également contribué à l'essor de la VOST, qui permet à la fois de focaliser l'attention sur l'écran, mais qui restreint également le visionnage à la lecture des sous-titres pour certains.

Enfin, Clément Combes développe la notion de maîtrise selon l'axe dépossession/maîtrise) : en effet, la "perte de maîtrise est une question d'importance dans la relation des individus aux séries". Cela s'observe déjà par un parallèle fait par les sériphiles à une addiction, un comportement toxicomaniaque. Cette notion d'addiction implique que "le spectateur agi par une série", suggérant donc une tension propre au spectateur sériel. Ce phénomène n'est qu'amplifié par les récentes technologies qui peuvent engendrer "un risque de maîtrise de sa consommation" - l'exemple le plus frappant étant la pratique du binge watching - et entretenu par les producteurs eux-mêmes - notamment grâce au cliffhanger. Le plaisir sériel se transforme alors progressivement en "forme d'affliction".

Chapitre 4 : Découvrir et s'informer : les relais médiatiques du goût sériel[modifier | modifier le code]

Clément Combes nous parle ici des activités de découverte et d'information des séries.

Il suggère que nos goûts concernant les séries dépendent des réseaux sociaux et des autres moyens de socialisation sur lesquels nous nous trouvons mais également des sources médiatiques en particulier la télévision. En effet, les chaînes de télévision donnent une certaine image d’elles-mêmes par l’intermédiaire de leurs programmes et de leurs adresses aux téléspectateurs. Ainsi, en fonction des chaînes que l’on regarde et de ce qu’elles nous montrent, nous avons une première indication sur le fait que la série diffusée par cette chaîne puisse éventuellement nous plaire ou non. Aujourd’hui, la grande diversité médiatique permet de satisfaire tous les goûts sériels.

C’est aussi cela qui fait qu’on observe une diminution de l’influence des chaînes bien qu’elles diffusent les séries aux heures de grande écoute car leur offre une large exposition auprès du public. Ceci s’explique par la forte concurrence des chaînes et la diversification des voies d’accès aux séries ; elles apparaissent maintenant sur le petit écran qui prend progressivement de place dans nos vies. De plus en plus de personnes préfèrent se tourner vers d’autres biais pour regarder leurs séries comme le DVD, le téléchargement ou le streaming, car en effet les « grilles des chaînes de télévision sont jugés moins prestigieuse avec des séries moins fameuses et/ou moins exclusives », cela découlant de l’augmentation des prix d’acquisition des séries.

Le succès des séries s'explique surtout par leur caractère plutôt feuilletonnant qui oblige la téléspectateur à consommer les épisodes dans l’ordre de diffusion pour ne pas perdre la compréhension de l'histoire. Mais s'y ajoutent également les acteurs élevés au rang de star surtout par la presse qui dévoile leur intimité. Les séries font face à un fort engouement car tout le monde en parle, une multitude de points de vue s'offrant à nous et ces objets télévisuels nous invitent à participer notamment sur de nombreux sites où nous pouvons donner notre avis, évaluer ou classer les différentes séries.

Il existe ainsi plusieurs types de recommandations :

  • la recommandation éditoriale où le but est de captiver l’attention de l’usager à travers un site synthétique et facile d'accès et en insistant sur le fait que la série soit nouvelle ou populaire ;
  • la recommandation sociale. « Deux questions se posent : recommandé ? par qui ? » : l’internaute doit émettre son propre jugement sur le niveau de crédibilité de celui qui a écrit la recommandation ;
  • la recommandation contextuelle « repose sur la proximité entre des contenus : un même genre, une même thématique, un même réalisateur, un même acteur, etc. » ;
  • la recommandation personnalisée, basée sur le filtrage. Selon les sites que l’on a visités, le temps passé sur chaque page ou nos recherches et parcours de navigation, des contenus susceptibles de nous intéresser nous sont proposés ;

Or, cette découverte de l'information pose un problème selon l'auteur. En effet, les séries sont liées à des difficultés concernant les connaissances que nous pouvons avoir. Sur les sources numériques, les articles peuvent être commentés mais nous ne savons pas toujours par qui. Certaines informations viennent de sites généralistes ou de sites américains pour une série américaine par exemple (information à la source) mais d'autres multiplient les sources.

Ainsi, les sériphiles découvrent de nouvelles séries par l’intermédiaire d’autres sériphiles, par les notes que les gens donnent aux séries car les cercles de sociabilité permettent la mise en contact des internautes. Mais nous pouvons également découvrir de nouvelles séries par les instances médiatiques même si cela exige de se documenter en consultant des programmes papiers ou numériques, généralistes ou thématiques, sur des sites officiels ou non, ou encore des annuaires de sites, professionnels ou non. Pour ceux qui ne veulent pas faire cet effort, il reste la pratique du zapping et même rester sur la même chaîne car il peut nous arriver de tomber sur un problème car celui-ci va se trouver avant ou après un programme que l’on regarde régulièrement sur une même chaîne. Cela nous permet aussi d'y découvrir des séries par l’intermédiaire de bandes-annonces chargées de véhiculer l’image de la chaîne.

En outre, il existe d’autres moyens de promotion. Les spots auto-promotionnels qui se basent sur le suspense afin d'attirer le téléspectateur, les annonces faites par les présentateurs de télévision, de radio, dans les magazines, les publicités et même par des campagnes marketing : l'auteur cite ici un défilé de zombies dans les rues de New York organisé par la chaîne AMC pour la troisième saison de la série The Walking Dead ou encore par le marketing viral comme les jeux en ligne, webisodes ou sites fictifs.

Chapitre 5 : S'approvisionner et conserver des séries[modifier | modifier le code]

Mais l'auteur suggère que la sériphilie ne s'arrête pas au visionnage des séries, cette activité passe aussi par l'appropriation de celles-ci.

Cette appropriation prend diverses formes. Il y a d’abord les commerces de types grandes surfaces qui ont tout un rayon qui leur sont consacré ou e-commerce et autres achats sur Internet ; mais également les supports immatériels qui représentent le téléchargement, la DivX, les réseaux pair à pair.

Concernant le visionnage des séries, plusieurs possibilités s'offrent à nous : les supports matériels comme la vidéocassette, le DVD, le Blu-ray ou le DivX gravé. Des supports non matériels existent aussi : la VHS qui permet d’enregistrer un programme pour le regarder plus tard, le streaming, les plateformes, la VOD qui est une location de vidéos dématérialisées à l’unité ou en forfait et le replay.

Mais il faut aussi faire des choix concernant la conservation des séries car une fois que nous les possédons et/ou que nous les avons vues, nous voulons parfois les garder. Il faut donc les stocker, sur notre ordinateur, sur des disques durs ou sur même une vidéothèque numérique. Pour Renaud Garcia-Bardidia et Éric Rémy il existe trois types de stockage :

  • le stockage « micro-onde » où le contenu est consommé rapidement avant d’être supprimé,
  • le stockage « plat cuisiné » pour une série que l’on compte voir prochainement,
  • le stockage « frigo » pour une série que l’on verra plus tard et le « produit surgelé » pour une série où l’on ne sait pas si l’on va la regarder un jour.

Mais l'auteur nous dit également que pour chaque choix que nous faisons, il faut prendre en compte les avantages et les inconvénients de chacun. En effet, le streaming peut être intéressant car il est gratuit mais il y a une limite de temps si nous n’avons pas de compte premium. Les DVD sont aussi une bonne alternative grâce aux bonus et extras qu'ils contiennent, et leur esthétique qui prouve leur authenticité mais il est coûteux. Concernant le téléchargement, il ne requiert pas un grand niveau en informatique pour être pratiqué, mais il peut apporter des virus sur notre ordinateur et le téléchargement est illégal et passible d'un avertissement de HADOPI voire une condamnation. De plus, aucun revenu n'est généré pour les artistes.

Il existe donc une multitude de solutions pour obtenir des séries, les voir et les conserver, elles dépendent de nos préférences. Pour le téléchargement deux logiques s'offrent à nous : le rattrapage (voir ce que l’on n'avait pas vu et déterminer les nouveaux épisodes à télécharger) et le suivi (selon si la diffusion de la série). Plus une série a de succès, plus elle est mise en partage par les internautes et plus rapide sera son téléchargement.

Alors pour choisir, nous pouvons évaluer si l’on souhaite seulement visionner la série ou également la conserver et l’intégrer à notre collection personnelle. Ainsi, il existe trois rapports typiques aux séries : la « consommation », la « disposition » et la « collection ».

Chapitre 6 : Partager : entre plaisir intime et activité collective[modifier | modifier le code]

Le dernier chapitre s'arrête sur les sociabilité sérielles et les échanges à propos des séries. Pour cela, il évoque plusieurs types de partages.

Le partage avec l’entourage est un rapport « domiciliaire » puisque la télévision n’est pas un objet technologique transportable. Ce rapport s'effectue souvent à deux - en couple, par exemple, où l'un regarde ce que l'autre a choisi - ou plusieurs. Ce partage à deux existe aussi lorsque deux personnes sont dans des lieux différents mais regardent la même chose. Cependant, le rapport entre série et entourage est parfois flou, la consommation des séries tend plutôt à l'individualisation, c'est une pratique individuelle, puisque certains regardent régulièrement une série tandis que d’autres préfèrent regarder les épisodes de temps en temps : ils sont décalés et n'ont pas la même cadence de visionnage. Le partage avec son entourage est aussi influencé par le genre du programme : les séries « émouvantes » se regardent généralement individuellement tandis que les séries humoristiques invitent à un cadre plus convivial. Le médium télévisuel permet ce partage à domicile puisqu’une plage horaire précise est faite pour chaque série.

Le partage de série peut aussi passer par le ressenti qu’on a de la série et les échanges avec d’autres sériphiles pour les plus solitaires. Ces échanges peuvent être limités lorsque certains ne souhaitent pas partager ce qu’ils regardent par honte, il y a là encore une forme d’individualisation de la pratique sérielle par peur du jugement, tandis que pour d'autres l'échange n'est pas une nécessité. L’échange de série peut se faire par références à des anecdotes, ou la série peut devenir un moyen de relancer une conversation : les séries populaires constituent ici des "facilitateurs d'interactions". Cette discussion peut être mise à mal par la multiplication des séries et des plateformes de visionnage qui rendent la discussion entre deux individus plus difficiles : il y a peu de chances que ces individus aient vu la série, surtout s'il s'agit de séries moins connues. Les sériphiles se tournent donc vers les nouveaux moyens d’échanges tels que les sites, les blogs et les forums. Certains sites permettent l'accès aux informations sur la série, certaines étant transmises par les amateurs eux-mêmes.

Un autre type d’échanges est celui « d’émotions » que suscitent les séries notamment les émotions fortes - les décès et les cliffhangers surtout. Les sériphiles peuvent également y discuter de leurs goûts. Les interactions peuvent y être faites sous forme d'analyse, de critique, d'interprétation ou d'hypothèse sur la série notamment sur les forums et autres sites Internet. En effet, on y trouve des échanges sur la suite potentielle de la série et ce que l'on aimerait que le scénariste écrive. Selon Clément Combes, « la série devient un support partagé de l’imagination et de la créativité des sériphiles, qui se décalent peu ou prou par rapport au contenu original », s'où l'importance du partage de création des fansubs sous formes de fanfictions, de montages vidéo ou de chansons autour des séries : elles s’appuient sur l'oeuvre de base et l'adaptent en leur ajoutant ce que le sériphile aimerait voir pour la suite de la série ou en créant un autre univers pour leur personnage favoris. Ces créations ont parfois un succès tel qu’elles deviennent des produits dérivés officiels de la série. Les fansubs s’occupent aussi souvent des sous-titres des séries étrangères, permettant ainsi de faire découvrir des séries peu connues et de les diffuser sur les plateformes de réseaux des séries étrangères.  Ils bénéficient d’une plus grande liberté que les professionnels et peuvent inclure des notes explicatives dans les sous-titres.

Le partage de ses compétences consiste dans un premier temps à partager avec son entourage sa façon de regarder une série ou à l'initiation de sa famille à cette série. Des compétences techniques viennent s'ajouter, expimées sur des forums en répondant à des questions sur la manière d'utiliser tels sites, l'accès à des séries ou le fonctionnement de certains services. L’utilisation des médias et de la télévision nécessite des compétences que chacun acquiert grâce à ses expériences personnelles ou l’échange avec les individus. Clément Combes donc ici l'importance des "collectifs internet" qui répondent sur les forums à toutes ces questions, renforçant au passage les connaissances des sériphiles, et les espaces de rassemblement et d'échanges pour les sériphiles.

Enfin, l'auteur s'arrête sur "l'interrelation des activités spectatorielles et communicationnelles". En effet, cette inscription dans ces collectifs entraîne des modifications dans la manière d'appréhender les séries. Les sériphiles peuvent être influencés par leurs pairs, phénomène que l'auteur nomme "dynamique d'entraînement mutuel" qui peut prendre la forme de jeux en ligne qui évaluent les connaissances des participants. Ainsi le visionnage et le partage sont des activités fortement reliées l'une à l'autre : cet entrelacement mène à un effet d'entraînement, en ce que l'oeuvre-objet est relayée au second plan dans la construction de relations ; la série devient un outil de socialisation.

Par ailleurs, ces conversations peuvent alors avoir selon différentes temporalités : le partage peut se faire pendant le visionnage - résultant plutôt d'un effet de déconnection - ou tout de suite après - d'où le risque proéminent du spoiler entraîné par la délinéarisation des médias. Si les plus aguerris s'abstiennent de réseaux sociaux avant d'avoir vu les épisodes, il existe tout de même des balises et autres cloisonnements sur ses sites pour prévenir du dévoilement de l'intrigue.

En résumé, ces différentes formes de partages expriment une tension entre l'aspect individualisé de la fréquentation de séries et l'horizon relationnel qui s'étend grâce aux espaces dédiés d'Internet.

Conclusion[modifier | modifier le code]

Après un résumé par chapitre et un récapitulatif de ses principales idées, Clément Combes conclut en se focalisant non plus sur les pratiques spectatorielles mais sur les pratiquants eux-mêmes. En effet, il esquisse une typologie de sériphiles à partir de plusieurs paramètres :

  • le rapport de proximité avec l'agenda médiatique ;
  • la relation aux séries manifestée dans le rapport à leur conservation ;
  • l'attention au contexte et aux conditions de visionnage ;
  • les supports et formats mobilisés ;
  • le type de séries consommées ;
  • le type de lecture effectuée sur ces séries.

Se dégagent alors six profils types : le Suiveur, le Sourciste, le Méthodique, l'Opportuniste, l'Addict et le Technophile.

Sources[modifier | modifier le code]

COMBES, Clément. La pratique des séries télévisées: une sociologie de l’activité spectatorielle. 2013. URL : https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00873713/document

MONOD, Olivier. "Comment regarde-t-on les séries télévisées?". 13/01/2014. URL : https://www.lexpress.fr/culture/tele/comment-regarde-t-on-les-series-televisees_1313088.html