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Historicité: Mouvement Patriotique.[1][modifier | modifier le code]

Haiti - L’occupation américaine (1915)

les années 1885, trois intellectuels haïtiens ont vivement revendiqué, de manière scientifique, le droit et la dignité du peuple noir. À travers leurs écrits, Louis-Joseph Janvier, Joseph Anténor Firmin[2] et Hannibal Price ont vigoureusement réfuté les diffamations pseudo-scientifiques et les insultes visant Haïti.

Louis-Joseph Janvier, à travers ses ouvrages "Haïti aux Haïtiens" (1884) et "L'Égalité des races humaines"[3] (1884), a formulé des réponses cinglantes à certaines attaques contre la République Noire. "Haïti aux Haïtiens" était une réplique à l'annexion du Môle Saint-Nicolas par les États-Unis, tandis que "L'Égalité des races" était une réponse à Ernest Renan qui soutenait que les hommes et les races n'étaient pas égaux. Janvier a démontré par des arguments solides que les Noirs possédaient des aptitudes dans tous les domaines, y compris les lettres, les arts et les sciences.

Joseph Anténor Firmin s'est quant à lui défendu contre les inexactitudes avancées par le comte Arthur de Gobineau dans sa thèse "L'Inégalité des races humaines" (1853). Dans son ouvrage "De l'égalité des races humaines" (1885), Firmin a réfuté les théories racistes et affirmé l'égalité de toutes les races humaines.

Ces défenseurs ont donné un élan incommensurable au mouvement littéraire haïtien, utilisant la plume comme une arme pour défendre leur nation. Contrairement aux pseudo-classiques qui faisaient appel à l'émotion et à l'unité pour défendre le pays, ces théoriciens du XIXe siècle ont adopté une approche scientifique et bien fondée dans leur plaidoyer pour Haïti et la réhabilitation de la race noire

Les Différents écrivains de la période patriotique[modifier | modifier le code]

  • Ignace Nau.
  • Oswald Durand.
  • Massillon Coicou.
  • Louis-Joseph Janvier.
  • Anténor Firmin.
  • Hannibal Price.

Ignace Nau[4][modifier | modifier le code]

Auguste Ignace Nau, écrivain haïtien du XIXe siècle, naît à une date incertaine, estimée entre 1808 et 1813. Son père, Jean-Pierre Nau, occupe un poste important dans les finances sous les gouvernements de Pétion et Boyer. Après ses études à l'institution Jonathas Granville, Ignace poursuit sa formation dans une université catholique à New York, avant de devenir aide de camp puis secrétaire particulier du président Jean-Pierre Boyer.

En tant que poète, conteur, nouvelliste et historien, Nau collabore avec diverses revues littéraires haïtiennes. Avec son frère Émile, il fonde le mouvement littéraire du « groupe du Cénacle », rassemblant des poètes romantiques haïtiens tels que les frères Coriolan, Céligny et Beaubrun Ardouin.

Nau est connu pour ses poèmes célèbres, mais il est également un écrivain majeur en prose. Selon certaines sources, il aurait écrit ses premières nouvelles littéraires haïtiennes en 1836, devenant ainsi le premier Haïtien à rédiger des œuvres d'imagination en prose. Certains critiques estiment qu'il est également l'un des premiers auteurs haïtiens de nouvelles. Cependant, la critique ne mentionne pas toujours un élément important : Ignace Nau pourrait être non seulement le premier Haïtien à écrire et publier des récits de fiction en français, mais également le premier écrivain francophone noir au monde à accomplir cet exploit.

En résumé, Auguste Ignace Nau, écrivain haïtien du XIXe siècle, est une figure littéraire importante de son époque. Il est célèbre pour ses poèmes et nouvelles, et ses contributions à la littérature francophone pourraient le placer comme le premier écrivain noir francophone à écrire des récits de fiction.

Oswald Durand.[5][modifier | modifier le code]

O. Durand

Oswald Durand, né le 17 septembre 1840 au Cap-Haïtien, est reconnu comme le premier grand poète de la littérature haïtienne. Il a marqué l'histoire en devenant non seulement le premier poète haïtien de renom, mais aussi en écrivant le premier poème en langue haïtienne à avoir dépassé les frontières d'Haïti.

Sa vie fut marquée par diverses professions, allant du métier de ferblantier à celui de haut fonctionnaire. En 1868, il occupait le poste de secrétaire du Conseil des Ministres et a également été professeur et directeur de lycée. Cependant, sa véritable passion résidait dans la poésie, et il avait déjà commencé à se faire connaître en tant que poète dès l'âge de 16 ans.

Bien qu'Oswald Durand ait fondé le journal humoristique et satirique "Les Bigailles" et se soit impliqué dans le journalisme, cette incursion dans le domaine médiatique était surtout liée à ses activités littéraires. Le terme "bigailles" désignant en langue haïtienne une sorte de moustique, le journal critiquait souvent des personnalités politiques du pays, ce qui était risqué compte tenu du contexte politique.

En 1883, alors que Haïti traversait une grave crise politique, les opinions d'Oswald Durand en tant que poète, journaliste et écrivain étaient visiblement mal perçues par les autorités. Cela lui valut d'être emprisonné, et c'est dans sa cellule qu'il composa son poème le plus célèbre, "Choucoune."

En résumé, Oswald Durand, le premier grand poète de la littérature haïtienne, a su s'imposer grâce à ses talents littéraires. Il a écrit le premier poème en langue haïtienne à rayonner au-delà des frontières du pays. Sa vie professionnelle fut diverse, mais sa passion pour la poésie demeura constante. Son engagement journalistique, notamment avec le journal "Les Bigailles," lui valut des critiques politiques et finalement son emprisonnement, donnant naissance à l'émouvant poème "Choucoune" pendant son incarcération.

Massillon Coicou[6][modifier | modifier le code]

Massillon Coicou, né le 9 octobre 1867 à Port-au-Prince (Haïti),

Massillon Coicou

a mené une vie marquée par son engagement envers son pays et ses multiples talents artistiques. Après avoir suivi ses études primaires chez les Frères de l’Instruction Chrétienne et ses études secondaires au Lycée National, il a été contraint de faire son service militaire sous la présidence de Florvil Hyppolite pour préparer la défense du pays contre les invasions étrangères.

Après son service militaire, Coicou a poursuivi une carrière dans l'enseignement, commençant en tant que professeur suppléant avant de devenir titulaire au Lycée National. Parallèlement à sa carrière d'éducateur, il s'est distingué dans divers domaines artistiques tels que la poésie, le théâtre, l'essai, et a également exercé en tant que diplomate et humaniste.

Engagé politiquement, il s'est opposé activement à la dictature de Nord Alexis, qui avait pris le pouvoir en manipulant les États-Unis pour réprimer l'opposition d'Anténor Firmin, conduisant à un renforcement de la Doctrine Monroe dans les Amériques. Dès son enrôlement dans l'armée, Coicou s'est montré militant contre le colonialisme européen et l'impérialisme américain, mais son combat a pris une intensité accrue pendant sa période d'enseignement au Lycée National.

En 1892, il a publié le recueil de poèmes "Poésies nationales", dans lequel il a exprimé avec éloquence poétique son engagement en tant que fervent nationaliste. Tout au long de sa vie, Massillon Coicou a laissé une marque significative en tant qu'éducateur et artiste, tout en se battant pour l'indépendance et la liberté de son pays, Haïti.

Louis-Joseph Janvier.[7][modifier | modifier le code]

Portrait de Louis Joseph Janvier

Louis Joseph Janvier, né le 7 mai 1855 à Port-au-Prince, a vécu une vie empreinte de fierté pour ses racines haïtiennes et de réalisations remarquables dans le domaine académique et littéraire. Issu d'une famille protestante du Morne-à-Tuf, il revendique son héritage haïtien en s'enorgueillissant des liens de son grand-père avec Pétion et de son père avec Soulouque et Geffrard. Il met également en avant ses origines amérindiennes en affirmant que son aïeule paternelle avait du sang indien.

Bien que né à Haïti, une grande partie de la vie de Janvier s'est déroulée à l'étranger. En 1877, il part pour Paris et Lille pour poursuivre des études en médecine, sciences politiques (économie, administration et diplomatie) ainsi que le droit. Membre de la Société d’Anthropologie de Paris, il publie dès 1882 des essais importants qui abordent des sujets variés tels que l'histoire d'Haïti, l'égalité des races, et les affaires politiques du pays.

Son talent et sa personnalité le font remarquer et il s'investit dans de multiples activités durant son séjour en Europe. Son discours émouvant lors de l'inauguration du tombeau de Michelet en 1882 suscite l'intérêt de la presse. Il fréquente les salons littéraires, notamment celui du poète Charles Leconte de Lisle, où il côtoie des personnalités influentes du milieu littéraire et politique.

Au-delà de ses réalisations académiques, Louis Joseph Janvier a joué un rôle important en tant qu'intellectuel haïtien à l'étranger, en contribuant à la diffusion et à la compréhension de l'histoire et de la culture haïtiennes au sein de la société européenne de son époque.

Anténor Firmin.[8][modifier | modifier le code]

Firmin-antenor

Joseph-Anténor Firmin, né au Cap Haïtien en 1850, a mené une vie marquée par un fort engagement politique, une brillante carrière intellectuelle et une contribution majeure à la remise en question des théories raciales de son époque.

Issu d'une famille modeste, Firmin se distingue rapidement par son assiduité et son travail acharné, ce qui lui permet d'entrer dans l'enseignement dès l'âge de 17 ans. Il exerce également dans le domaine de la comptabilité pour le service des douanes tout en donnant des cours de langues anciennes et de français dans un établissement privé. Son intérêt croissant pour la politique, notamment au sein du parti libéral, le conduit à fonder le journal "Le Messager du Nord" au Cap, où il aborde déjà la question de couleur, un sujet crucial de l'époque.

Engagé politiquement, Firmin se présente aux élections législatives de 1879, mais sa candidature est discréditée par des adversaires qui le font passer pour blanc, ternissant ainsi sa campagne électorale. En 1883, il est envoyé par le président Salomon à Caracas pour les célébrations du centenaire de Bolivar, mais il préfère s'exiler plutôt que de rejoindre un ministère. Il s'installe d'abord à Saint Thomas, puis s'établit à Paris, où il devient membre de la Société d’Anthropologie grâce à ses contributions intellectuelles et son travail remarquable.

En 1885, Firmin publie son œuvre majeure, "De l'égalité des races humaines". Cette publication revêt une grande importance dans le contexte de l'époque, car elle vient contester les théories racistes dominantes, en particulier celles exprimées par Gobineau dans son ouvrage "Essai sur l'inégalité des races humaines". Gobineau y expose une vision pessimiste et métaphysique de l'histoire, basée sur une hiérarchie raciale, légitimant ainsi les colonisations. Toutefois, la position d'Haïti, en tant que République d'anciens esclaves ayant accédé à l'indépendance et ayant expérimenté différents types de gouvernements, remet en question ces idées d'inégalité raciale supposée.

Joseph-Anténor Firmin a joué un rôle clé en utilisant son œuvre et ses actions politiques pour contester les conceptions raciales prédominantes de son époque et pour mettre en lumière l'importance de l'égalité entre les races humaines, notamment à travers l'exemple de son pays, Haïti.

Hannibal Price.[9][modifier | modifier le code]

Hannibal Price, Minister from Haiti, presents credentials, 2-10-25 LCCN2016839323

Hannibal Price, né à Jacmel en 1841, a mené une vie marquée par une variété d'activités professionnelles, notamment dans l'agriculture, le commerce et l'industrie, après avoir terminé ses études primaires. En 1876, il entre en politique et est élu député, puis occupe le poste de président de la Chambre des députés. Cependant, son parcours politique est entaché par deux périodes d'exil.

En 1890, il reçoit la désignation prestigieuse de Ministre plénipotentiaire aux États-Unis d'Amérique. Malheureusement, avant d'avoir pu achever la dernière mise en forme de son essai intitulé "De la réhabilitation de la race noire par la République d'Haïti", il décède des suites de la typhoïde à Baltimore en 1893.

Hannibal Price a donc été un homme aux multiples talents, ayant exercé dans différents domaines professionnels et ayant connu une carrière politique marquée par des responsabilités élevées. Sa nomination en tant que Ministre plénipotentiaire aux États-Unis témoigne de son importance dans les relations diplomatiques d'Haïti avec d'autres pays. Son essai inachevé, qui aurait abordé la question de la réhabilitation de la race noire par son pays, souligne probablement l'intérêt et l'engagement de Price pour les questions sociales et raciales de son époque. Son décès prématuré à Baltimore a sans aucun doute privé le monde d'un homme qui aurait pu apporter une contribution significative à la compréhension de l'histoire et des enjeux de son pays et de sa communauté.

Résumé [10][modifier | modifier le code]

Ces écrivains et intellectuels haïtiens du XIXe siècle ont laissé un héritage durable, non seulement en défendant la dignité et les droits du peuple noir, mais aussi en contribuant à la littérature et à la pensée progressiste de leur époque. Leurs écrits et leurs actions ont marqué l'histoire d'Haïti et ont influencé la lutte pour l'égalité et la reconnaissance de la race noire dans le monde.

References[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alessandra Benedicty-Kokken, The Haiti Exception: Anthropology and the Predicaments of Narrative, University of Liverpool Press, (ISBN 978-1-781-38299-8)
  2. « Anténor Firmin », sur Île en île, (consulté le )
  3. (en-US) « De l’égalité des races humaines – Anthropologie positive » (consulté le )
  4. « Ignace Nau », sur Île en île, (consulté le )
  5. « Oswald Durand », sur Île en île, (consulté le )
  6. « Massillon Coicou », sur Île en île, (consulté le )
  7. « Louis Joseph Janvier », sur Île en île, (consulté le )
  8. « Anténor Firmin », sur Île en île, (consulté le )
  9. « Hannibal Price : De la réhabilitation de la race noire par la République d'Haïti », sur www.vers-les-iles.fr (consulté le )
  10. (en) Laurent Dubois, Haïti: The Aftershocks of History, Metropolitan Books, , 448 p. (ISBN 978-0-805-09562-3)