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Utilisateur:HistoireUCL/Brouillon

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Léo Verriest est un archiviste, docteur spécial en histoire et professeur belge né à Tournai le 9 février 1881 et mort à Woluwe-Saint-Lambert le 9 février 1964.

Il travailla aux Archives générales du Royaume jusqu'en 1914, occupa par la suite un poste de professeur à l'Athénée de Schaerbeek, à l'Université coloniale d'Anvers et terminera sa carrière à l'Athénée d'Uccle. Il continua ses recherches jusque dans les dernières années de sa vie.

Il apporta une contribution importante à l'histoire belge du Hainaut et particulièrement aux villes de Tournai et d'Ath. Il s'illustra notamment par ses deux œuvres majeures qui sont Le servage dans le comté du Hainaut et Le régime seigneurial dans le comté du Hainaut du XIè siècle à la Révolution.

Léo Verriest est né à Tournai le 9 février 1881. Son père d'origine flamande s'installa à Tournai et lança un commerce de charcutier secondé par son épouse d'origine bruxelloise[1]. Il poursuivit ses études jusqu'en IIIème Latine et prépara par la suite l'examen d'entrée à l'école militaire, projet qui se solda par un échec en 1898[2]. Refusant de travailler dans le commerce familial, il collabora avec le quotidien libéral "L'avenir de Tournaisis" où il côtoya Franz Foulon[N 1] et y rencontra le ministre d'Etat Jules Bara[3].

Etudes supérieures

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En 1899, il fit la connaissance d'Adolphe Hocquet et, sous la direction de ce dernier, il fut nommé commis à la bibliothèque et aux archives communales de Tournai[4]. Sa vocation d'historien éveillée en lui, il réussit le 8 novembre 1902, l'examen de candidat-archiviste[5]. Dès 1905, il créa en collaboration avec Adolphe Hocquet la "Revue Tournaisienne"[N 2] et devint archiviste de l'Etat à Mons. En 1910 Il est muté aux Archives Générales du Royaume. En 1911, Il passa une licence en Sciences Sociales et put ainsi présenter sa thèse sur Le Sevrage dans le comté du Hainaut publiée en 1910 qui obtint le Prix Charles Duvivier en 1908, décerné par l'Académie Royale de Belgique[6]. En 1912, il fut secrétaire et initiateur de la manifestation en l'honneur d'Henri Pirenne[7].

Première Guerre Mondiale

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Durant la Première Guerre mondiale, Léo Verriest a été l'un des quatres archivistes à être mis en disponibilité des archives Générales du Royaume sur l'ordre de l'autorité occupante[N 3]. Il ne réintegrera plus cette fonction et accepta en 1916 un poste de professeur à l'Athénée de Schaerbeek[8].

Carrière Universitaire

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En 1919, il fut couronné à nouveau du Prix Charles Duvivier, obtint le grade de docteur spécial en Histoire, ainsi que le Prix Houzeau de Lehaye (en 1920) grâce à se thèse sur Le régime seigneurial dans le comté du Hainaut du XIè siècle à la Révolution publiée en 1916 - 1917[9]. Il incorpora en 1920 l'Université coloniale d'Anvers, fondée par Félicien Cattier et le commandant Charles Lemaire. Il démissiona rapidement, en 1923, suite à un conflit avec ce dernier[10]. Il part alors pour Paris où il poursuit ses recherches aux Archives Nationales et aux archives de Seine-et-Marne. Il participa à la "Journée Industrielle" sous la direction du chartiste Claude-Joseph Gignoux[11]. La crise le força à rentrer à Bruxelles, où il prit la direction, sous Henry Lacoste, de la première exposition du Travail avant d'occuper le poste de professeur d'histoire à l'Athénée d'Uccle[12]. Il atteignit l'âge de la retraite en 1940 mais continua son travail d'archiviste.

Les derniers travaux

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En 1941, il reprit son travail d'archiviste de la ville d'Ath et reclassa entièrement le dépôt laissé par son prédécesseur. Il relança également les activités et la publication du Cercle Archéologique d'Ath. Atteint par la maladie et un certain découragement, il cessa ses recherches à l'âge de 80 ans et s'éteignit le 9 février 1964 à Woluwe-Saint-Lambert[13].

Surnommé "Le petit coq", ce brillant intellectuel fut aussi connu pour son mauvais caractère et son non-conformisme[14]. Sa personnalité et sa franchise morale ont certainement nuit à sa carrière qui s'annonçait pourtant prometteuse[15]. Jean Dugnoille rend hommage à ce chercheur infatigable en déclarant : "Cette rigueur, il l'a mise pendant plus de soixante ans au service de la recherche historique et de la liberté qu'elle soit politique, linguistique ou intellectuelle"[16].

Sa contribution à l'Histoire de Belgique

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Etude des archives

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Léo Verriest a travaillé sur l'inventaire et le classement des archives. Son premier travail d'archiviste fut son rapport sur Les archives départementales du Nord à Lille, Bruxelles, Commission Royale d'histoire, 1913[N 4][17]. Il réalisa ensuite, à la demande des archivistes et bibliothécaires belges en décembre 1911, un instrument de travail rassemblant des renseignements concernant les recherches historiques en Belgique, l'Annuaire des archives de Belgique, parut en 1913[18]. Il continua ses recherches et l'un de ses derniers inventaires d'archiviste fut l'Inventaire sommaire des Archives de la ville d'Ath, Archives, Bibliothèques et Musées de Belgique, 1958, p. 185 - 218[19]

Léo Verriest fut spécialiste du Hainaut. Par ces deux publications, Le servage dans le comté du Hainaut (1910) et Le régime seigneurial dans le comté du Hainaut du XIè siècle à la Révolution' (1916 - 1617), il fut le premier à aborder le monde rural sous son aspect institutionnel[20]. Dans ses deux ouvrages, Léo Verriest affirme que « Les Chartes-Lois » du Moyen-Âge « s'étaient appliquée à des libres et que c'était avec eux exclusivement (sauf de rares exceptions) que les seigneurs avaient conclu ces actes, véritables contrats bilatéraux »[21]

Léo Verriest concentra également ses recherches sur l'histoire de la ville de Tournai en publiant notamment La charité Saint-Chritophe et ses comptes du XIIIè siècle, Bulletin de la Commission Royale d'Histoire, t. 73, 1904, p. 143 - 168. et Coutumes de la ville de Tournai, t. 1, Bruxelles, 1923. Il consacra une vingtaine d'articles à ce sujet[22]. Il contribua à l'ouvrage de Paul Rolland sur l'économie de Tournai, Tournai "Noble cité", Bruxelles, Renaissance du Livre, 1944[23].

Un de ces autres objets de recherche fut la ville d'Ath, ses institutions et son économie au Moyen-Âge. Il publia de nombreux articles à ce sujet dans Annales du Cercle royal archéologique d'Ath et de la région, dont notamment un de ses articles les plus incisif[24]. Le premier tome de ses Institutions médiévales lui vaudra le Prix Bordin extraordinaire de l'Institut de France en 1949. Selon Léopold Genicot, ce travail « constitue sans conteste un des ouvrages les plus riches et les plus originaux parus depuis plusieurs décades »[25]. Léo Verriest est certainement l'intellectuel connaissant le plus les institutions du Moyen-Âge Hennuyer[26], ses articles constituent donc des ressources importantes répondant à des questions générales[27].

Sa bibliographie comporte plus de 142 numéros[28].

  • Institutions judiciaires de Tournai au XIIIe siècle. Les registres de justice dits registres de la loi, Tournai, H. & L. Casterman, 1905.
  • Quelques documents tournaisiens pour servir a l'histoire économique du moyen age, Bruxelles, M. Weissenbruch, 1907.
  • Le servage dans le comté de Hainaut: Les sainteurs, Le meilleur catel, Bruxelles, Hayez, 1910.
  • Le registre de la "loi" de Tournai de 1302 et listes des otages de Bruges (1301) et de Courtrai, Bruxelles, M. Weissenbruch, 1911.
  • Un chapitre de l'histoire de la justice criminelle du magistrat de Tournai au moyen âge. La "cache" des malfaiteurs, Bruxelles, J. Goemaere, 1912.
  • Annuaires des archives de Belgique, Roulers, Deraedt-Verhoye, 1913.
  • Les luttes sociales et le contrat d'apprentissage à Tournai jusqu'en 1424, Bruxelles: Hayez , 1913.
  • Les archives départementales du Nord à Lille : Rapport de mission, Bruxelles, Kiessling, 1913.
  • Inventaire du fonds de la cour des mortemains de Hainaut, Bruxelles, Goemaere, imprimeur du roi, 1915.
  • Le régime seigneurial dans le comté de Hainaut du XIe siècle à la révolution, Louvain, P. Smeesters, 1916-17.
  • Coutumes de la ville de Tournai, Bruxelles, J. Goemaere, 1923.
  • Corpus des records de coutumes et des lois de chefs-lieux de l'ancien comté de Hainaut, Mons : Union des imprimeries, 1946.
  • Institutions médiévales : introduction au corpus des records de coutumes et des lois de chefs-lieux de l'ancien comté de Hainaut, Mons : Union des imprimeurs, 1946.
  • Féodalité en Hainaut: études et documents (avec liste des fieffés et de leurs sceaux armoriés), Gembloux, Duculot , 1949.
  • Noblesse, chevalerie, lignages; condition des biens et des personnes, seigneurie, ministérialité, bourgeoisie, echevinages, Bruxelles, 1959.
  • Répertoire d'inventaires imprimés ou manuscrits d'archives belges, Bruxelles, G. Van Oest & cie., 1908.

Notes et références

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  1. Franz Foulon est un poète, romancier et fondateur de la ligue wallonne d'Ath, qui transmit sa passion et son savoir faire à Léo Verriest.
  2. La "Revue Tournaisienne" est une revue d'art et d'histoire. Elle devint l'organe officiel de la Jeune Garde wallonne et de la Ligue Wallonne du Tournaisis.
  3. Sa mise en disponibilité est principalement due à se critique de l'archiviste général Joseph Cuvelier, lui reprochant sa complaisance pour les partisans de la Flamenpolitik dirigée par les Allemands.
  4. M. Verriest focalisa principalement son travail sur la chambre des Comptes. Cependant, ce travail est avant tout un essaie de vulgarisation, cause de l'examination de publication plutôt qu'un dépouillement de documents du dépôt.

Références

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  1. DUGNOILLE Jean, "Léo Verriest", dans Nouvelles biographie Nationale, t. 2, Bruxelles, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1990, p. 387 - 388.
  2. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", dans Revue belge de philologie et d'histoire, t. 42, n°1, 1964, p. 380 - 382.
  3. DELHAYE Jean-Pierre, "Léo Verriest", dans DELFORGE Paul, DESTATTE Philippe et Libon M. (éd.), Encyclopédie du mouvement wallon, t. 3, Charleroi, Institut Destrée, 2001, p. 1600 - 1601.
  4. Ibid.
  5. LEFEBVRE Gaston, Biographies Tournaisiennes XIXè - XXè siècle, Tournai, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p. 268.
  6. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p 380.
  7. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p 381.
  8. Ibid.
  9. Ibid.
  10. Ibid.
  11. DUGNOILLE Jean, "Léo Verriest", op. cit., p. 388.
  12. Ibid.
  13. Ibid.
  14. DELHAYE Jean-Pierre, op. cit., p. 1601.
  15. DUGNOILLE Jean, "Léo Verriest", op. cit., p. 388.
  16. DUGNOILLE Jean, "In memoriam Léo Verriest ( 1881 - 1964)", dans Annales du Cercle d'histoire et d'archéologie d'Ath, t. 41, 1938, p. 6.
  17. BRUCHET M., "Léo Verriest. Les archives départementale du Nord", dans Revue du Nord, vol. 5, n° 19, 1914, p. 244.
  18. SAINT-LEGER A., "Verriest Léo. Annuaire des archives de Belgique", dans Revue du Nord, vol. 4, n° 16, 1913, p. 342-343.
  19. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p. 382.
  20. HASQUIN Hervé, La Wallonie, le pays et les hommes : Lettres, Arts et Culture, t. 3, Bruxelles, La renaissance du Livre, 1977 - 1979, p. 134.
  21. MAROT Pierre, "Chroniques", dans MARIGNAN A., PLATON G., WILMOTTE M. (éd.), Le Moyen-Age : bulletin mensuel d'histoire et de philologie, t. 27, 2è série, Paris, 1926, p. 405 - 406.
  22. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p. 382.
  23. HASQUIN Hervé, op. cit., p. 134.
  24. DEVILLE Alain, "Annales du cercle royale d'histoire et d'architecture d'Ath et de la région et Musée Athois, t. 41, 1968.", dans Revue du Nord, t. 50, n° 197, Avril - Juin, 1968, p. 254 - 255.
  25. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p. 382.
  26. ROUSSEAU Félix, "Etudes sur l'histoire d'Ath de M. Léo Verriest", dans Revue belge de philologie et d'histoire, t. 22, fasc. 1 - 2, 1943, p. 429.
  27. HASQUIN Hervé, op. cit., p. 135.
  28. DUGNOILLE Jean, "Nécrologie. Léo Verriest", op. cit., p. 382.