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Utilisateur:Hamza.Tabaichount/Brouillon/RenéLévesque

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En 1952, René Lévesque poursuit sa montée en puissance lorsqu'il est promu chef de service des reportages radiotélévisés à Radio-Canada. Avec la fin de la guerre de Corée, il devient animateur de l'émission de radio Au lendemain de la veille et des émissions télévisées Carrefour et Premier plan. Il anime également La revue de l'actualité aux côtés de Judith Jasmin[1]. Bien que Jasmin évolue quelque peu dans l'ombre de son collègue, les deux journalistes font fureur dans le Québec d'après-guerre[1]. C'est aussi à cette époque que le septième art pénètre la culture populaire, alors que les Québécois se pressent à l'entrée des cinémas pour voir les vedettes hollywoodiennes à l'œuvre[2]. René Lévesque est au cœur de cette effervescence puisqu'il devient critique à l'émission La Revue des Arts et Lettres[2]. Grand amoureux des films, il s'insurge à l'époque contre la censure qui règne sous le gouvernement de Maurice Duplessis[2]. Il est également très critique à l'endroit d'Hollywood, à qui il reproche de foncer «misérablement vers l'insignifiance et la frivolité pour rivaliser avec la télé»[3].

En 1953, René Lévesque devient le premier patron du nouveau service des reportages de Radio-Canada[4]. Peu de temps après, il crée, avec Judith Jasmin, une nouvelle émission: Carrefour[4]. Présentée aux heures de grande écoute, Carrefour se consacre uniquement aux reportages sur l'actualité[4]. C'est dans le cadre de cette émission que Lévesque commence à s'intéresser de près à la politique provinciale[4]. Il couvre notamment l'inauguration du chemin de fer de Sept-Îles par Duplessis, accompagne le duc d'Édimbourg lorsque ce dernier débarque au Canada pour les Jeux de l'Empire de 1954, à Vancouver, et suit le premier ministre Lester B. Pearson lors d'un voyage diplomatique en Russie à l'automne 1955[5].

En URSS, il réalise des reportages qui fracassent l'écran et s'offre la première entrevue de Nikita Kroutchev par un journaliste occidental[6]. Lévesque enregistre un échange musclé entre le chef d'État soviétique et le premier ministre canadien. De retour à Montréal un scoop dans les valises, il se voit toutefois censuré par le ministère canadien des Affaires extérieures, qui n'apprécie pas l'image de Lester B. Pearson qu'offre le reportage du journaliste québécois[7]. Plus tard, dans ses mémoires, René Lévesque reviendra sur cet évènement: «...ce scoop, le plus flamboyant de ma carrière, avait été étouffé pour les beaux yeux de Lester B. Pearson. C’était assez pour devenir… séparatiste[7]. » C'est aussi dans le contexte de Carrefour que René Lévesque découvre pour la première fois le Grand Nord québécois et ses peuples autochtones[5]. Dans le cadre de ses fonctions politiques, il sera plongé, quelques années plus tard, au cœur des enjeux de cette région.

Alors que les téléviseurs font leur entrée dans les foyers québécois, Carrefour est transposé au petit écran en 1955[7]. L'émission est maintenue aux heures de grande écoute, chaque soir de semaine entre 18h15 et 19h15[7]. Pour René Lévesque, ce passage à la télévision cimente sa consécration en tant que journaliste vedette. En avril 1956, Carrefour est écouté par près de 60% des foyers montréalais[7]. L'émission se penche, sous la forme d'entrevues et de reportages, sur divers enjeux qui traversent la société québécoise de l'époque, de la condition féminine à la place du joual[8]. Carrefour s'offre même parfois des invités de marque, notamment lorsque René Lévesque interviewe Eleanor Roosvelt, ancienne première dame des États-Unis[8]. Le parcours n'est toutefois pas sans embûches[9]. Lévesque se heurte notamment au refus de Radio-Canada d'augmenter son salaire, lui qui gagne deux fois moins que certains annonceurs de la chaîne[9]. Lorsqu'il décide de démissionner, la société d'État accepte les compromis afin de ne pas perdre les services de son animateur vedette: on double son salaire et on le réembauche à titre de pigiste[9].

C'est donc en tant que travailleur autonome que René Lévesque crée l'émission Point de mire, qui sera réalisée par Claude Sylvestre. Contrairement à Carrefour, plus généraliste, l'objectif de cette nouvelle émission hebdomadaire est de se pencher chaque semaine sur un seul sujet d'actualité brûlant[10]. Autre différence avec Carrefour, Point de mire est diffusée à une heure beaucoup moins achalandée: tous les dimanches à 23h15[10]. Quoiqu'il en soit, Lévesque travaille d'arrache-pied pour proposer du contenu de qualité[10]. Il se concentre essentiellement sur l'actualité internationale, comme la crise du canal de Suez ou les luttes anticoloniales qui secouent le monde de l'époque[10]. Pour le biographe Pierre Godin, « Point de mire deviendra vite le rendez-vous obligé de quiconque a envie de comprendre comment tourne la planète»[11]. René Lévesque n'hésite pas non-plus à prendre position lors de sa demi-heure d'antenne, notamment sur la question de la place du Québec au sein du Canada[12]:

« Mais le diable de René fait les choses de façon si subtile que bien peu voient le manège. Son parti pris pour les plus démunis, que plusieurs collègues lui reprochent, est indéniable. Par exemple, il a bien sa petite idée sur la grève de Murdochville qu’une police liguée à la société Noranda tente de briser. Au pays de Maurice Duplessis, les conflits ouvriers sombrent vite dans l’odieux. À Point de mire, avec ses bouts de films, ses cartes, ses interviews et ses jugements incisifs, le journaliste jette sur la grève une lumière brutale mais vraie. Il montre des hommes dont les droits ont été bafoués et piétinés dans l’indifférence générale, des mineurs écrasés qui ne croient plus en rien. Chez lui, objectivité ne rime jamais avec neutralité, obséquiosité ou servilité, encore moins avec autocensure. Même sur le délicat sujet de l’unité canadienne, que Radio-Canada a pour mandat de promouvoir et de défendre. En juillet 1957, à l’occasion de la Fête du Canada, qui approche de ses cent ans, il conçoit un Point de mire spécial d’où émane son scepticisme quant à la viabilité de ce pays sans visage, trop grand, sans queue ni tête («Une maison de fous », dira-t-il une fois souverainiste) et composé de nations antagonistes auxquelles manque la volonté de s’aimer et de vivre ensemble. »

Lorsque René Lévesque fait de la guerre d'Algérie le grand dossier de Point de mire, on lui reproche à nouveau de prendre position[13]. En effet, alors qu'il est interviewé par le journaliste québécois, l'homme d'État français Guy Mollet croit déceler chez Lévesque des «sympathies algériennes»[13]. Ce dernier se heurte donc à un mur lorsqu'il demande un visa d'entrée en Algérie à l'occasion de la campagne référendaire de 1958[13]. René Lévesque couvre donc la guerre de l'autre côté de la Méditerranée, parcourant les villes de France afin de recueillir l'avis des Français quant à la «question algérienne»[13]. Bien qu'épanoui dans son nouveau décor d'animateur vedette, René Lévesque croule sous la charge de travail que nécessite la préparation d'une telle émission et a de moins en moins de temps à consacrer à sa famille[11].

Lévesque n'a toutefois pas l'intention de ralentir. Dans sa vie privée, il multiple les conquêtes féminines et, dans sa vie publique, il devient le «dieu des ondes imagées», pour reprendre les termes de Georges-Émile Lapalme, chef du Parti libéral du Québec (PLQ)[14],[15]. En 1959, il se retrouve au cœur de la grève des réalisateurs de Radio-Canada lorsque la société d'État refuse à ses réalisateurs la syndicalisation, arguant qu'ils sont des patrons et non des employés[16]. D'abord hésitant à appuyer la grève, René Lévesque finit par plonger corps et âme dans la contestation, notamment parce qu'il juge que Radio-Canada refuse le compromis car elle fait face aux revendications des francophones du réseau: « Cette ambiance de « crois ou meurs » le dérange. La décision du siège social d’Ottawa de déléguer à Montréal des négociateurs anglophones, Ron Fraser et Clive McKee, qui sont incapables de demander un café en français et qui n’ont jamais regardé une seule émission du réseau français, le fait basculer complètement[17].» Outré, Lévesque rabâche au réalisateur Claude Sylvestre que la situation se serait réglée en trois jours si la grève avait lieu à Toronto[17].

René Lévesque finit par devenir la figure de proue du conflit[18]. On constate toute la portée de son influence, qui transcende largement les frontières de son auditoire[18]. Pour Pierre Godin, c'est aussi à ce moment que René Lévesque vécut son «illumination nationaliste»[18]. L'animateur vedette constate alors non-seulement l'intransigeance de Radio-Canada et du gouvernement fédéral mais aussi l'indifférence et le «bris de solidarité» de ses collègues anglophones[19]. Les scènes de brutalité policière et son arrestation, aux côtés de son ami et leader syndical Jean Marchand, accentuent la fracture entre René Lévesque et Radio-Canada[20]. Au cœur de la grève, il crée l'émission Ce qui se brasse, à CKAC, où il ne se gène pas pour émettre des opinions engagées qui ne plaisent pas aux patrons de la société d'État. Lorsque ces derniers le forcent à choisir entre Ce qui se brasse et Point de mire, Lévesque est sans équivoque: «J’ai fini d’être l’esclave de Radio-Canada. Je compte bien à l’avenir m’orienter comme bon me semblera dans de nouvelles directions...[21]». Le 24 avril 1960, il coupe définitivement les ponts avec Radio-Canada et met le cap sur de «nouvelles directions» qui le mèneraient bientôt au sommet du Québec[21].

Entrée en politique[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1950, René Lévesque figure parmi les antiduplessistes[22]. Il publie d'ailleurs deux articles dans Cité Libre, un revue d'idées qui est au cœur de l'opposition. Libéral dans l'âme, Lévesque a soif de changement dans un Québec dirigé par l'Union nationale, parti conservateur et ruraliste, proche des milieux cléricaux. À l'approche des élections générales de 1960, Lévesque décide donc, avec son ami Jean Marchand, de s'impliquer au sein du Parti libéral du Québec[23]. Il est notamment convaincu par le programme que rédige Georges-Émile Lapalme, au sein duquel le PLQ promet de faire la guerre au clientélisme, de moderniser l'appareil administratif, d'instaurer une panoplie de programmes sociaux et de réformer les institutions québécoises[24]. De leur côté, les libéraux sont ravis de mettre la main sur le candidat vedette, même si le chef du parti, Jean Lesage, s'inquiète du «radicalisme» de Lévesque: «Il nous en faut des hommes comme lui dans notre parti, mais pas trop. Autrement, on ne pourra pas les contrôler...[24]».

Dans la vie personnelle du futur premier ministre, la fin des années 1950 est synonyme de turbulences. Après avoir rompu avec Judith Jasmin, il noue une nouvelle liaison extraconjugale avec une jeune comédienne qu'il finit par mettre enceinte: le 29 mai 1958, René Lévesque devient le père d'une petite fille, Isabelle[25]. Cet enfant conçu hors-mariage sera l'«un des secrets les mieux gardés du Québec» selon son biographe[25]. Pas pour Louise L'Heureux, qui se doute des infidélités de son mari[25]. Elle finit par embaucher un enquêteur privé qui confirme ses soupçons[25]. Elle engage donc une procédure de divorce[25]. Les époux finiront toutefois par se réconcilier momentanément, notamment sous l'influence de Jean Lesage, qui refuse d'accepter la candidature de René Lévesque si sa situation conjugale ne rentre pas dans l'ordre[26].

C'est ainsi que le 6 mai 1960, à deux mois des élections prévues pour le 22 juin, la presse annonce la candidature de René Lévesque dans le comté de Montréal-Laurier[27]. Il ne s'agit pas d'un territoire facile à conquérir, même pour un candidat vedette, comme l'a démontrée quatre ans plus tôt la cuisante défaite du journaliste Pierre Laporte face à l'unioniste Arsène Gagné[27]. Majoritairement francophone, le comté est tout de même composé d'un tiers de Québécois issus de la diversité, principalement des Grecs et des Italiens[27]. Cette composante démographique donne à Montréal-Laurier une réputation d'imprévisibilité électorale[27]. Il s'agit toutefois d'un électorat intéressant pour René Lévesque, un «populiste» et «internationaliste» sensible aux questions d'immigration et de vivre-ensemble[27]. Gérard Pelletier témoigne de la première assemblée du charismatique candidat vedette[28]:

« René Lévesque, à cette époque, n’a qu’un filet de voix rauque. Il compense cette faiblesse par un ton direct, percutant, et par un débit d’une rapidité stupéfiante. Il pratique le tir verbal à haute vélocité. Il débite plus de mots en trente secondes que la plupart des orateurs en deux minutes. Son intervention fait régner dans la salle un silence recueilli, comme si l’auditoire craignait de rater une phrase ou un mot. »

De l'autre côté, les unionistes ne ménagent pas leurs efforts pour décrédibiliser le nouveau candidat libéral. En pleine guerre froide, alors que le spectre du communisme plane sur l'Occident, ces derniers usent de tactiques électorales qui rappellent le maccarthysme. La propagande de l'Union nationale associe René Lévesque à Nikita Krouchtchev, publiant des photographies des deux hommes côte-à-côte lors du voyage de Lévesque en URSS[29]. Pour les unionistes, il représente «une inclinaison plus gauchiste que jamais du Parti libéral»[29]. Pendant ce temps, le candidat vedette parcoure son comté à la rencontre de l'électorat. Il privilégie une approche intimiste, faisant du porte-à-porte pour rencontrer les électeurs chez eux[29]. Ces «assemblées de cuisine» deviendront quelques années plus tard une approche privilégiée du Parti québécois[29]. René Lévesque mise également sur de nombreux discours alors qu'il devient l'orateur le plus prolifique du Parti libéral lors de la campagne de 1960[30]. Ses assemblées attirent les foules et sont particulièrement efficaces pour caricaturer l'Union nationale[30]. Il insiste notamment sur le scandale du gaz naturel de 1957, l'exploitation des ressources naturelles, la corruption, l'autonomie provinciale et l'état de l'éducation québécoise[30].

René Lévesque sait que Jean Lesage lui réservera le ministère des Richesses naturelles et se concentre donc sur cet enjeu[31]. Il reproche à l'Union nationale d'avoir vendu les ressources de la province pour «une cenne la tonne»[31]. Il promet d'augmenter les redevances des compagnies étrangères afin de faire plus de place aux Québécois[31]. Dans une poésie qui fascine les foules, il charge sans retenue le pouvoir: « Tous les aplatis qui rampaient devant Duplessis sont restés ankylosés, paralysés, après avoir rampé pendant seize ans. Ce ne sont plus des hommes, mais des guenilles ! Paul Sauvé a tenté de replâtrer ce mauvais gouvernement. Il s’est tué à la tâche. Il est mort le scalpel à la main, au-dessus du corps agonisant de l’Union nationale…[32]»

Le 20 juin 1960, le Parti libéral conclue sa campagne électorale par une grande assemblée au Palais du commerce de Montréal[33]. Ce ralliement attire une foule de 25 000 personnes que René Lévesque galvanise en véritable tribun populaire, volant même la vedette à Jean Lesage[33]. Le 22 juin 1960, après une fin de campagne marquée par les irrégularités (bourrage d'urnes, intimidations, candidat homonyme pour confondre les électeurs, etc.), René Lévesque est élu député par une maigre majorité de 129 voix[34]. À l'échelle provinciale, le Parti libéral prend le pouvoir et forme un gouvernement majoritaire[34]. C'est une victoire qui trouve racine dans les villes, puisque le PLQ remporte 23 des 37 circonscriptions urbaines mais seulement 28 des 58 comtés ruraux[34]. Le 4 juillet, René Lévesque est officiellement fait député de Laurier[34].

Ministre des Ressources hydrauliques et des Travaux publics[modifier | modifier le code]

René Lévesque passe près de ne pas être en charge de l'hydroélectricité. En effet, lorsque Jean Lesage met en place son cabinet, il lui propose d'abord le ministère du Bien-être social[35]. Lévesque se montre toutefois convaincant et persuade le nouveau premier ministre de l'installer aux commandes de deux autres ministères: les Ressources hydrauliques ainsi que les Travaux publics[35]. Le premier mandat de Lévesque est de s'attaquer au favoritisme et au clientélisme qui règnent au sein des ministères qui lui sont confiés. Il se fait d'ailleurs rapidement proposer des pots de vin qui lui font réaliser toute l'ampleur de la corruption dans les affaires publiques[36]. Aux travaux publics, il doit faire le bilan des dossiers en cours et procéder à des appels d'offres public pour les contrats dépassant les 25 000 dollars[37]. Le Parti libéral n'hésite toutefois pas à récompenser ses amis lorsque les projets impliquent des montants inférieurs à cette somme[38]. René Lévesque, qui s'est érigé contre le favoritisme lors de la campagne électorale, admet désormais que le patronage est inévitable mais «à prix égal et à qualité égale»[39]. Au ministère des Ressources hydrauliques, il s'entoure d'économistes avec qui il cultive l'ambition d'octroyer plus de place à l'État dans la gestion de cette importante ressource naturelle. Dans cette perspective, il décide que ce sera Hydro-Québec , et non les compagnies américaines, qui se chargerait de l'aménagement du barrage en voie d'être construit sur la rivière Mainicouagan[40]. À l'époque, Hydro-Québec collabore beaucoup avec des compagnies ontariennes[41]. Lévesque s'assure, sous l'impulsion de son conseiller Jean-Paul Gignac, qu'elle fasse affaire avec des entrepreneurs locaux[41]. Ainsi, il permet à la société d'État d'acheter québécois même si les contrats coûtent 10% ou 15% plus cher[41].

En mars 1961, René Lévesque quitte ses fonctions pour s'installer aux commandes du ministère des Richesses naturelles. Il ne s'agit pas d'un radical changement de décor pour Lévesque car ce ministère, nouvellement créé, est issu de la fusion du ministère des Ressources hydrauliques et du ministère des Mines. Le nouveau ministre y constate toute l'importance de l'industrie minière dans l'économie québécoise. Ce secteur représente d'ailleurs une part plus importante du produit intérieur brut que l'hydroélectricité (3%)[41]. Chaque année, on extrait 14 millions de tonnes de fer, 176 000 tonnes de cuivre et 276 000 tonnes de zinc du sous-sol québécois[41]. L'amiante de la province représente à l'époque 94% de la production canadienne et 45% de la production mondiale[41]. Lévesque hérite également d'une industrie ayant bénéficié d'importants développements sous le règne de l'Union nationale[41]. Toutefois, malgré les retombées économiques et la création d'emplois, le secteur minier est largement dominé par les capitaux étrangers: il est contrôlé à plus de 60% par les Américains[42]. Le Québec est d'ailleurs la province où les multinationales engendrent la plus grande marge de profit en Amérique du Nord et, à l'échelle canadienne, payent le moins de redevances[42]. René Lévesque se donne donc pour objectif de leur faire payer une juste part. Pour ce faire, le Parti libéral lance une réforme de la Loi des mines en mai 1961[43]. L'État québécois augmente alors les redevances exigées aux compagnies étrangères en plus de stimuler l'exploitation et l'exploration minières en s'octroyant le droit de retirer les baux des compagnies inactives[43]. Lévesque n'hésite pas à sauter dans la mêlée et à affronter les entrepreneurs récalcitrants, quitte à déclencher des polémiques. C'est le cas à Rouyn-Noranda, alors qu'il visite les quartiers généraux de la Noranda Mines, une compagnie torontoise dont les dirigeants critiquent frontalement les nouvelles conditions du Parti libéral[43]:

« ...René Lévesque déclenche une véritable commotion. Au cours du banquet syndical, il exhorte les 500 métallos qui luttent pour de meilleures conditions de vie à cesser d’écouter « nos rois nègres qui sont payés pour nous faire peur ». L’enthousiasme éclate alors dans la salle, comme l’observent les reporters. Politicien du concret, René Lévesque s’en prend aux conditions de travail qui prévalent à la mine Noranda : « Vous n’avez même pas la parité salariale avec l’Ontario. L’industrie minière du Québec compte parmi celles qui rapportent le plus et paient le moins. C’est le Moyen Âge au point de vue social, c’est l’industrie qui est le plus en retard pour les caisses de retraite. » René Lévesque dénonce encore le flagrant manque de respect pour le français. Au fond de la mine, l’anglais est roi et maître, même si les mineurs ne le parlent pas. Les contrats de travail sont rédigés uniquement en anglais et les promotions sont toujours à l’avantage des anglophones et des immigrants anglicisés. Puis vient l’ultimatum lancé aux dirigeants de la Noranda : « Apprenez à vous civiliser dans le temps qui vous reste…» Il les taxe de Rhodésiens et dresse un parallèle entre le racisme de la minorité blanche de la Rhodésie vis-à-vis de sa majorité noire et celui des potentats unilingues de Noranda Mines envers les mineurs francophones.» »

S'il ne peut pas nationaliser l'industrie minière, René Lévesque compte impliquer davantage l'État au sein du processus d'exploration. C'est dans cette perspective que l'électrisant ministre des Ressources naturelles crée une nouvelle institution: la société publique d'exploration minière (SOQUEM)[44]. La nouvelle société, qui n'a pas tout de suite reçu l'approbation de Jean Lesage lorsque Lévesque soumit son mémoire au cabinet, finit par devenir un symbole fort de la réappropriation du territoire par l'État québécois[44]. Lorsque la SOQUEM entame ses premiers projets, en Abitibi, le ministère des Ressources naturelles est inondé de lettres d'ingénieurs québécois exilés à l'étranger[44]. Ces derniers, enthousiasmés par les réformes du gouvernement Lesage, désirent alors revenir au pays pour travailler chez eux[44].

L'exploration n'est toutefois pas le monopole de la SOQUEM. En effet, René Lévesque lui-même profite de la moindre occasion qui se présente pour parcourir les quatre coins du Québec[45]. Le jeune ministre se forge l'image d'un homme proche du peuple, sensible aux enjeux des «petites gens»[45]. Parallèlement, la presse le présente comme un «champion de l'absentéisme parlementaire»[45]. Mais Lévesque est un homme réservé qui protège jalousement son intimité, notamment ses conquêtes féminines, qu'il multiplie[46]. Il trouve d'ailleurs peu de temps pour sa famille, pris entre ses responsabilités ministérielles et des aventures extraconjugales qui ne durent pas. Cette situation pèse sur son couple, qui s'effrite peu à peu[47].

Pour ne rien arranger, René Lévesque allait bientôt devenir la figure de proue du projet phare de la Révolution tranquille: la nationalisation de l'hydroélectricité. Le projet s'amorce à l'été 1961, alors que le ministre demande aux fonctionnaires Michel Bélanger et André Marier de lui préparer un dossier sur «la situation d'ensemble de l'électricité au Québec et sur l'opportunité de l'étatisation»[48]. George-Émile Lapalme produit quant à lui une étude intitulée Les Richesses naturelles, qui offre un «portrait accablant» de la gestion de l'hydroélectricité sous le régime unioniste[49]. Malgré une critique des redevances, qu'on juge insuffisantes, on reconnaît tout de même à Duplessis un impressionnant progrès de la capacité de production québécoise: elle est passée de 5,85 à 11,26 millions de chevaux-vapeurs entre 1944 et 1959[49]. Les fruits de cette récolte se retrouvent surtout dans les poches de compagnies étrangères: Alcan, Shawinigan, Gatineau Power, Gulf Power ou encore Price Brothers[49]. Hydro-Québec est toutefois en voie de devenir les plus gros acteur de l'industrie (36% du marché à l'époque) et l'électricité québécoise coûte moins cher qu'en Ontario ou aux États-Unis[49]. Mais si René Lévesque veut nationaliser la ressource, c'est parce qu'il veut en faire un «levier du développement économique» capable de faire prospérer l'État québécois[50]. De plus, l'étatisation permettrait de faire le ménage dans un réseau désordonné: les coûts sont inégaux à travers la province et l'absence de coordination entre les compagnies privées engendre le gaspillage de ressources (notamment dans la construction des routes et des infrastructures)[50],[51]. Finalement, la nationalisation de l'hydroélectricité a également pour objectif de franciser l'industrie[51].

Malgré l'opposition de la Chambre de commerce de Montréal et du secteur privé, les libéraux vont de l'avant sous l'impulsion de René Lévesque. À l'automne 1961, ce dernier reprend un slogan des années 1930 qui deviendra un symbole de la Révolution tranquille: «Soyons maîtres chez nous!»[52]. Il prévient également le reste du Canada: «Les Canadiens français ne tolèreront plus le statut de citoyens de second ordre dans leur propre province. L'époque des bâtisseurs d'empire et de la domination des grandes entreprises est révolue[52].» Il lui reste toutefois à convaincre son chef, Jean Lesage, qui est encore sceptique quant à l'efficacité économique et la popularité d'un tel projet[53]. À l'été 1962, René Lévesque parcoure les quatre coins de la province afin de tâter le pouls du public et convaincre la population du bien-fondé de la nationalisation hydroélectrique[54].

Idéologie et style politique[modifier | modifier le code]

Une figure de proue du nationalisme québécois[modifier | modifier le code]

La souveraineté-association[modifier | modifier le code]

Fondateur du Parti québécois (PQ) et figure de proue du mouvement indépendantiste, René Lévesque fut porteur d'une vision bien particulière de la souveraineté du Québec: la souveraineté-association. Ce projet politique, développé dans son livre Option Québec et porté par le Mouvement Souveraineté-Association (MSA) puis le PQ, vise à faire du Québec un pays souverain tout en maintenant d'étroites relations avec la confédération canadienne sous la forme d'une « association ». Concrètement, il s'agirait de rapatrier au Québec l'ensemble des pouvoirs détenus par le gouvernement fédéral tout s'assurant de maintenir des relations de libre-échange économique avec le Canada (un « marché commun ») et une « coordination des politiques fiscales ». Les deux entités deviendraient alors des « États associés » bénéficiant chacun d'une souveraineté. Dans Option Québec, René Lévesque propose de s'inspirer des modèles de l'Union scandinave et de la Communauté économique européenne[55]. Il porte son regard sur une « vieille Europe encore toute couturée de cicatrices »[56]. L'association, notamment par le biais des marchés communs, est pour Lévesque un gage de stabilité et de paix, lui qui porte encore les souvenirs des horreurs de la Seconde Guerre mondiale[56].

À la fin des années 1960, à l'époque où René Lévesque fait connaître son projet politique, la souveraineté-association se présente comme un compromis entre le fédéralisme et l'indépendance unilatérale préconisée par plusieurs regroupements politiques, notamment le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN)[57]. Dans Option Québec, René Lévesque défend ce « compromis » en dénonçant ce qu'il perçoit, chez certains souverainiste, comme étant un idéalisme dépassé[56]:

« À un bout, certains seront portés à voir là de sérieuses entraves à cette indépendance à laquelle ils ont si farouchement rêvé qu'ils ont une peine compréhensible à la voir autrement qu'absolue, intégrale. La moindre amputation leur semble l'enlaidir insupportablement, en faire du coup un objectif bien moins emballant. C'est que, justement, un peuple comme le nôtre a tous les moyens qu'il lui faut, s'il le veut, mais pas au point de s'emballer pour des mirages ou des absolus périmés. »

Alors qu'un engouement nationaliste traverse la société québécoise, entre manifestations, coup d'éclat de Charles de Gaulle et attentats du Front de libération du Québec (FLQ), Lévesque n'est pas le premier homme politique à présenter une refonte en profondeur du statut politique du Québec. En 1965, Daniel Johnson, alors chef de l'Union nationale (UN), publie Égalité ou indépendance, un manifeste dans lequel il propose de réformer la constitution canadienne afin de rétablir l'équité entre les deux « communautés culturelles » (canadienne anglaise et canadienne française)[58]. Johnson veut alors l'égalité des deux langues et des deux cultures « à la grandeur du Canada »[58].

Bien qu'il espère doter le Québec de « tous les pouvoirs qui lui sont nécessaires pour assumer son propre destin », Johnson n'envisage pas la souveraineté et privilégie plutôt une refonte constitutionnelle d'envergure. En fondant le MSA après avoir quitté le Parti libéral, René Lévesque devient le premier homme politique d'envergure à faire du souverainisme son cheval de bataille. Ce projet politique sera porté par le Parti québécois (PQ), qui fait de la souveraineté-association une politique officielle lors de sa fondation, en 1968[59]. On précise toutefois que « l'accord sur les modalités d'une association n'est pas une condition sine qua non de l'accession du Québec à son indépendance »[59]. On prévoit également la création d'une « banque du Québec » qui se chargerait des politiques monétaires d'un futur État québécois[59].

Initialement, les péquistes souhaitent déclarer l'indépendance aussitôt qu'ils arriveraient au pouvoir, à condition d'être élus avec une majorité — au nom du principe de souveraineté parlementaire[60]. Le programme du parti s'engage alors à «mettre immédiatement en branle le processus d'accession à la souveraineté dès que celle-ci aura été proclamée en principe par l'Assemblée nationale en s'opposant à toute intervention fédérale, y compris sous forme de référendum, comme étant contraire aux droits des peuples de disposer d'eux-mêmes[61]». Mais après une campagne interne de Claude Morin en 1974, le parti décide finalement qu'il faudra faire ratifier ce nouveau statut politique par le biais d'un référendum populaire: c'est la stratégie de l' « étapisme »[60]. Dans son programme mis à jour, le PQ s'engage alors à «mettre immédiatement en branle le processus d'accession à la souveraineté en proposant à l'Assemblée nationale, peu après son élection, une loi autorisant à exiger d'Ottawa le rapatriement de tous les pouvoirs, à l'exception de ceux que les deux gouvernements voudront, pour fins d'association économique, confier à des organismes communs[62]». Mais on ajoute cette fois-ci qu'il faudra que le gouvernement du Québec s'assure «au préalable de l'appui des Québécois par voie de référendum[63]».

Le PQ prend le pouvoir en 1976, seulement huit ans après sa création. René Lévesque n'amorce pas immédiatement les négociations avec le fédéral [64]. Cette position est controversée et on accuse même le premier ministre de renier le programme du PQ[65]. Ce dernier rétorque que le programme est désuet et s'active rapidement pour l'amender[65]. C'est ainsi que lors du 6e congrès du parti, qui se déroule du 27 au , Lévesque obtient des militants péquistes le droit de ralentir le processus et de ne pas immédiatement amorcer les démarches d'accession à la souveraineté[66]. Le parti indépendantiste complexifie même davantage le processus en y ajoutant une étape préalable: un premier référendum afin d'obtenir le mandat de négocier avec le gouvernement fédéral[66].

De plus, le 10 octobre 1978, Lévesque annonce clairement qu'il ne fera pas l'indépendance aux dépens de l'association. En effet, le premier ministre indique que l'association économique avec le Canada est un préalable incontournable à la souveraineté et que l'aboutissement du projet dépend du succès des discussions avec le fédéral (et donc pas seulement de la volonté du Québec): il s'agit de la «stratégie du trait d'union»[66]. La position de Lévesque crée une consternation au sein du milieu indépendantiste mais les militants finissent par se rallier: elle est officiellement intégrée au programme péquiste lors du congrès de juin 1979[66].

La souveraineté-association écope d'un dur coup après l'échec du référendum de 1980. Après avoir mis en veilleuse ce projet politique, le Parti québécois remporte les élections de 1981. René Lévesque finit même par mettre de côté les ambitions souverainistes du PQ pour se concentrer sur des projets de réforme de la Constitution canadienne. Cette stratégie du « beau risque » finit par créer des divisions internes qui finissent par lui coûter la chefferie de son parti en 1985.

Un « nationalisme moderne »[modifier | modifier le code]

Un « idéalisme pratique »[modifier | modifier le code]

Un homme proche du peuple[modifier | modifier le code]

  1. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 64.
  2. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 65.
  3. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 67.
  4. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 70.
  5. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 71.
  6. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 74.
  7. a b c d et e Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 75.
  8. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 76.
  9. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 78.
  10. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 79.
  11. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 80.
  12. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 82.
  13. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 83.
  14. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 85.
  15. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 87.
  16. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 88.
  17. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 91.
  18. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 92.
  19. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 93.
  20. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 94.
  21. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 96.
  22. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 97.
  23. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 98.
  24. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 99.
  25. a b c d et e Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 100.
  26. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 101.
  27. a b c d et e Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 102.
  28. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 103.
  29. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 104.
  30. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 106.
  31. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 107.
  32. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 108.
  33. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 109.
  34. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 111.
  35. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 114.
  36. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 115.
  37. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 116.
  38. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 118.
  39. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 119.
  40. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 124.
  41. a b c d e f et g Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 127.
  42. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 128.
  43. a b et c Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 129.
  44. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 131.
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  46. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 135.
  47. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 136.
  48. Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 140.
  49. a b c et d Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 141.
  50. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 142.
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  52. a et b Pierre Godin, René Lévesque, un homme et son rêve, p. 144.
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