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Brouillon : Lexique d'Emmanuel Kant

Emmanuel Kant , né le à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, et mort dans cette même ville le , est un philosophe allemand, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal ». Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général.

Vocabulaire et concepts courants

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Aperception

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Empiriquement, l'aperception est la conscience de soi-même, comme représentation simple du moi toujours changeante. Kant distingue une perception de soi-même comme d'un sujet pensant en général. Ce « je pense » qui traduit une conscience de soi purement formelle et toujours identique à elle-même devient le fondement transcendantal de toutes nos connaissances et la condition de possibilité de l'unité de l'ensemble de ces connaissances[1].

L'aperception tient une place considérable dans la pensée de Kant. Elle est le fondement transcendantal de toutes nos connaissances et la condition de possibilité de l'unité de l'ensemble de ces connaissances[2]. Georges Pascal[3] résume en trois étapes essentielles la démonstration :

  1. « Concevoir un objet, c'est ramener à l'unité et à l'identité la multiplicité et la diversité des apparences ;
  2. or toute synthèse de représentations suppose l'unité de la conscience dans cette synthèse, puisque toutes ces représentations sont miennes.
  3. l'unité synthétique de la conscience est donc la condition objective de la connaissance ; c'est elle qui lie une diversité intuitive pour en faire un tout , un objet ».

La distinction entre a priori et a posteriori a été introduite par Kant qui la lie à la distinction entre jugement analytique et jugement synthétique. La question de savoir s'il y a des connaissances a priori devient centrale dans toute théorie de la connaissance[4]. « Une connaissance est dite a priori, si elle est indépendante de l'expérience, a posteriori, si elle en dépend ». Selon Kant, il existe un critère infaillible pour distinguer la connaissance a priori : est a priori toute proposition « universelle » et « nécessaire », comme de l'idée, que l'expérience ne nous apprend pas, qu'une chose est ceci ou cela, mais qu'elle ne puisse pas être autre simultanément. Dans la conception de Kant « une connaissance a priori n'est pas une connaissance antérieure à l'expérience mais la connaissance immanente à l'expérience car il y a des conditions fixes sans lesquelles l'objet ne saurait être un objet pour nous ». Est a priori toue proposition universelle et nécessaire ( nécessaire c'est-à-dire qu'une proposition contraire est impossible).

La notion d'a priori prend un place centrale dans la Critique d'après Maurice Clavel[5] « elle est un élément constitutif de l'expérience, en quelque sorte immanente à elle de sorte qu'il y aurait de l'a priori mais rien ne serait a priori, il n'y aurait pas de connaissance anticipative »

« Les catégories kantiennes correspondent à la liste des prédicats pouvant être affirmés essentiellement des diverses entités nommables. Ils permettent de penser, l'identité, la réalité et les modalités d'existence de celles-ci »[6]. Kant précise: « La catégorie n'a d'autre usage dans la connaissance des choses que de s'appliquer à des objets d'expérience » cité par Georges Pascal[7]. « quant-à donner en outre une raison de cette propriété qu'a notre esprit de n'arriver à l'unité de l'aperception a priori qu'au moyen des catégories et tout juste de cette espèce et de ce nombre de catégories, c'est ce qui est tout à fait impossible d'expliquer » cité par Georges Pascal[8].

Chose en soi

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De l'allemand : Ding an sich.

« Si nos concepts ne peuvent trouver d'objet que dans l'intuition sensible et si l'intuition ne nous donne pas l'image d'une chose mais seulement une manière d'être de notre sensibilité il s'ensuit que nous ne connaissons pas les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes mais seulement des phénomènes »[9].. Pour Kant il reste qu'il a bien fallu une chose pour provoquer l'affection « phénoménale », chose que nous ne pouvons pas connaître.

La « Chose en soi » (Ding an sich) est un concept kantien signifiant comment la chose pourrait être pensée indépendamment de toute expérience possible. Le monde de la chose en soi est autre par rapport à celui du phénomène ; il est au-delà de toute connaissance sensible.

Bien que proche du noumène, la chose en soi n'est pas à confondre avec celui-ci.

Le concept est une unité valable pour plusieurs. Pour la philosophie, Hadrien France-Lanord nous donne cette définition générale : « C'est la manière dont la langue métaphysique, par la généralisation qu'elle opère, se saisit des choses et exerce sur elles une emprise »[10]. Le concept est, selon Kant, ce qui unifie le divers de la sensation. Kant définit les concepts suprêmes de la connaissance comme des catégories de l'entendement, dans la Critique de la raison pure.

Chez Kant « le nom de critique désigne cette entreprise qui se propose, non pas l'extension des connaissances rationnelles, mais leur justification , selon un jugement qui décide de leurs conditions de validité »[11].

« C'est dans la Critique de la raison pure que l'on saisit le mieux l'esprit de la notion et la méthode qu'elle inspire » écrit Georges Pascal[12]. Face à l'échec des métaphysiques Kant entreprend de réhabiliter la raison en prenant le problème par la racine et en s'interrogeant sur les possibilités mêmes de la raison. Il ne s'agit pas de faire le procès de la raison, mais d'un examen critique de la raison c'est-à-dire de discerner, de distinguer ce que la raison peut faire et ce qu'elle est incapable de faire[13]. Kant cherche à connaître le pouvoir de la raison en général indépendamment de toute expérience. La Critique cherchera dans la raison elle-même les règles et les limites de son activité.

Entendement

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De l'allemand : Verstand.

« Chez Kant, l'entendement est situé entre la sensibilité et la raison [...] L'entendement est l'instance où les intuitions viennent s'ordonner selon les règles des catégories, la raison prolonge la série par des idées régulatrices »[14]. L'entendement est constitutif en ce sens que ses concepts donnent sa forme à l'expérience[15].

« L'espace ne représente ni une propriété des choses en soi, ni ces choses dans leurs rapports entre elles [...] L'espace n'est rien autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c'est-à-dire la condition subjective de la « sensibilité » sous laquelle seule nous est possible une intuition extérieure [...] Ce prédicat ( espace ou être étendu) n'est joint aux choses qu'en tant qu'elles nous apparaissent »[16]. Kant[17] affirme simultanément la réalité empirique de l'espace (c'est-à-dire sa valeur objective) [...] et en même temps son « idéalité transcendantale », ce qui veut dire que cet espace n'est rien « en dehors de toute expérience possible.  »

Pour Kant, l'homme raisonnable n'est libre que dans la mesure où il sait limiter sa connaissance aux seuls phénomènes et s'interdit tout discours totalisant conservant ainsi sa valeur légitime à l'infini [18].

La finitude « a été définie par Kant, non pas eu égard à la “temporalité”, mais eu égard à la loi morale comme un “fait” ». L’expérience fondamentale du monde qui est à la base de la philosophie de Kant n’est pas tout à fait profane : elle reste encore religieuse écrit Gerhard Krüger[19]. Ainsi note-il [20] faisant le rapprochement entre la conception heidegrienne et kantienne de la finitude : « en comprenant temporellement la finitude humaine, c’est-à-dire en insistant sur l’historicité de l’homme et en niant implicitement qu’existe à l’extérieur de l’histoire humaine ou des projets du Dasein un monde en soi, Heidegger demeure prisonnier de l’expérience profane — c’est-à-dire anti-religieuse — du monde qui est au premier chef celle des sciences modernes de la nature ». Pour Kant, la finitude a été définie non pas eu égard à la “temporalité”, mais eu égard à la « loi morale » comme un “fait” ».

Inconditionné

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Inconditionné est synonyme d'absolu pris au sens particulier de ce qui clôt la série des conditions. En tant que tel il n'est pas connaissable bien que nécessaire pour qu'une connaissance soit possible [21].

Kant écrit : « Ce qui nous pousse à sortir des limites de l'expérience c'est l'inconditionné que la raison exige [...] L'inconditionné, l'absolu devient une exigence idéale, finale, inaccessible de notre subjectivité humaine » cité par Maurice Clavel [22].

Le Dictionnaire des concepts[23] présente l'intuition comme un « mode de la connaissance immédiate par lequel le sujet se met en rapport avec un objet sans médiation du raisonnement ». Kant écrivait dans la Critique de la raison pure « de quelque manière et par quelque moyen qu'une connaissance puisse se rapporter à des objets, le mode par lequel elle se rapporte immédiatement à eux et que toute pensée prend comme moyen pour les atteindre est l'intuition »[24].

Si l'intuition est donc bien pour un sujet le moyen d'acquérir une connaissance, tout le débat philosophique se porte sur l'extension du champ de cette connaissance possible[23]. Ainsi, alors que pour Kant il n'y a d'intuition que de données sensibles, l'intuition va désigner chez Husserl tout acte remplissant en général une visée préalable, acte sans lequel, rien ne serait donné et donc pensé ( voir : Intuition catégoriale). Il y a de ce fait une multiplicité d'intuitions : l'intuition d'une chose individuelle ou d'une généralité comme homme en général ou bien l'intuition d'une vérité logique .

En réservant l'intuition aux données sensibles Kant mettait de côté la « chose en soi », l'intuition devient dans la phénoménologie, la façon dont les choses apparaissent dans leur essence propre, elles ne sont pas autre chose que la totalité de leurs manifestations[23].

Jugement synthétique a priori

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Georges Pascal[25] écrit : « La grande découverte de Kant, celle qui donne toute sa portée à sa « révolution copernicienne», c'est que outre les jugements analytiques et les jugements synthétique, il existe une troisième sorte de jugements, les jugements synthétiques a priori »

« Dans tous les jugements où est pensé le rapport d'un sujet à un prédicat, ce rapport est possible de deux manières . Ou le prédicat B appartient au sujet A comme quelque chose qui y est contenu ou B est entièrement en dehors du concept A. Dans e premier cas je nomme le jugement « analytique », dans l'autre synthétique [...] Lorsque je dis que tous les corps sont étendus, j'énonce un jugement analytique car je n'ai pas besoin de sortir du mot corps pour trouver l'étendue [...] Au contraire lorsque je dis que tous les corps sont pesants, le prédicat est tout à fait différent de ce que je pense dans le simple concept de corps. L'adjonction de ce prédicat donne par conséquent un jugement synthétique » écrit Kant[26].

La mathésis ou le Mathématique vient du mot μάθημα (máthēma) signifie « science, connaissance » et ( μάθηματα), ta mathèmata « ce que l'homme connaît d'avance et qu'il porte déjà en lui-même sans avoir à l'extraire des choses : le sens de la corporéité, le sens de l'animalité, etc. »[27].

Métaphysique

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Dans son livre Heidegger[28] attribue à Kant l'opinion suivante quant à la métaphysique : la métaphysique est, la science qui contient les premiers fondements de ce que saisit le savoir humain. « Elle est science des principes de l'étant et non pas des principes de la connaissance » ( liberté, égalité, liberté, vérité ). La métaphysique s’appuie en outre sur des opérateurs qui lui sont propres, tels les notions de substance et d’accident, de puissance et d’acte.

Kant se demande pourquoi la métaphysique ne présente pas le même degré de certitude que la Logique, les Mathématiques ou la Physique, lorsqu'elle cherche à étendre notre connaissance à des domaines situés au-delà de l'expérience , c'est-à-dire que les notions métaphysiques sont des notions a priori. Toute construction métaphysique cohérente pouvait prétendre à la vérité puisque aucun objet de l'expérience ne pouvait confirmer ou infirmer cette construction. Le principe logique de « non-contradiction », par exemple, ne suffit pas à prouver la vérité d'une proposition[29].

« L'illusion métaphysique consiste à poser un terme inconditionnel comme condition suprême, une substance pensante comme sujet du moi qui établit les rapports [...] un Dieu qui contient les données nécessaires de toute réalité possible »[30].

Traditionnellement on distingue la « métaphysica generalis », ou ontologie, qui rend possible le rapport à l'étant en soi et la « metaphysica specialis », qui étudie la possibilité des connaissances ontiques. La première conditionne la seconde[31].

Nécessité et Universalité

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« Kant considère comme indissociablement solidaires, la « nécessité » et l'« universalité », en ce qu'elles renvoient inséparablement l'une à l'autre »[32]. Les propositions mathématiques sont universelles et nécessaires de même que la proposition : « tout ce qui arrive a une cause »[33].

« Ce, qui dans une chose, ne peut être perçu par l'intuition sensible par opposition au phénomène »[34].

Preuve cosmologique

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La preuve « cosmologique » prétend déduire de la contingence du monde (dont on ne peut concevoir sans contradiction qu'il n'existe pas) l'existence d'un être nécessaire.; mais elle ne peut prouver que cet être nécessaire a les attributs de Dieu[35].

Preuve ontologique

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« Chez Descartes ou Spinoza l'argument ontologique consistait à souligner que l'essence de Dieu se définit par sa perfection et que la perfection est la somme des propriétés possibles, d'où il suivait que la perfection implique la propriété d'exister »[36].

La « preuve ontologique » part de l'essence de Dieu pour en démontrer son existence. Être « le plus réel » (ens realissum), il serait impossible de nier l'existence car ce serait lui nier un attribut. Or qu'un être soit conçu comme simplement possible, sa notion reste la même[35]. De son côté, Leibniz conforte l'argument ontologique. Conformément à toute sa philosophie Leibniz affirme que si l'essence de Dieu est possible, alors elle passera à l'existence. Le problème véritable est donc de montrer que cette idée est possible et que le concept de Dieu est un concept non contradictoire, or l'idée de Dieu ne contient aucune contradiction ou limitation, parce qu'elle ne contient aucune négation.

« On appelle pure toute connaissance à laquelle n'est mêlé rien d'étranger. Une connaissance est dite absolument pure, quand on n'y trouve, en général, aucune expérience ou sensation, quand elle est par suite complètement a priori ». Heidegger résume :« Kant appelle « raison pure » notre faculté de connaître selon des principes a priori »[37].

Révolution copernicienne

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« Ce que l'on appelle révolution copernicienne de Kant en métaphysique est son entreprise de penser que l'objet se règle sur le pouvoir d'intuition de l'entendement, et non l'inverse »[38].

Constater que « la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans » consiste à passer d'une méthode empirique à une investigation rationnelle, mais aussi, d'une hypothèse réaliste, qui n'admet qu'une réalité sur laquelle doit se modeler notre connaissance, à une hypothèse idéaliste qui suppose une intervention active de l'esprit. Le succès est la conséquence d'un changement de méthode. La détermination de l'objet est recherché d'après les exigences de la raison au lieu de poser l'objet comme une réalité donnée devant laquelle la raison ne pourrait que s'incliner[39].

Kant fut amené ainsi à procurer à la pensée un point d'appui tout à fait nouveau pour sa réflexion. Là est le fond de cette « révolution copernicienne » que Kant se flatte d'avoir introduite en philosophie.

La réfutation des preuves métaphysiques sur l'existence de Dieu, ontologique et cosmologique, qui en découlent constituent selon Maurice Clavel, philosophe chrétien, un moment essentiel de cette « Révolution copernicienne » en philosophie que l'on doit à Emmanuel Kant.

À noter que pour Heidegger le sens authentique de la « révolution copernicienne » consiste dans « La préséance accordée à la connaissance ontologique sur la connaissance ontique »[40].

Les schèmes sont des représentations mentales qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les catégories de l’entendement et les phénomènes sensibles. Pour juger il faut faire en sorte qu'à chaque qu'à chaque intuition corresponde un concept

Pour qu'il y ait un certain rapport entre l'hétérogénéité des intuitions empiriques et les catégories intellectuelles « il est besoin d'un troisième terme qui soit homogène, d'un côté à la catégorie, et de l'autre au phénomène, et qui rende possible l'application de la première au second »[41]. Kant appelle « schème » ce mécanisme qui est comme un produit de l'« imagination », ni une pure image, ni un pur concept[42]. « C'est l'imagination qui met en œuvre le schématisme ».

Lorsque l'on est face à une unité valable pour plusieurs, on est devant un concept. Si l'on s'intéresse au processus de création de cette unité alors on est devant un schème. Kant reconnaît dans la Critique... la difficulté à saisir ce phénomène « Le schématisme de notre entendement est un art caché dans les profondeurs de l'âme humaine et dont il sera toujours difficile d'arracher le véritable mécanisme »[43]

Kant donne alternativement deux sens à la notion de synthèse qu'il importe de bien distinguer, le sens classique d'acte consistant à ajouter l'une à l'autre diverses représentations pour en déduire ce qu'il y a de commun, et un sens nouveau, dont l'unité ne consiste justement pas dans cette liaison d'un donné dispersé mais dans l'existence d'une unité préalable spontanée et que Kant va mettre en évidence dans les intuitions de l'espace et du temps. En effet, la synthèse est l'acte par lequel l'entendement opère une liaison dans une diversité donnée, sauf que le concept de liaison implique le concept d'unité ; car on ne peut concevoir une liaison que si cette diversité est conçue comme une unité. Pour Kant cette unité, que suppose toute liaison est celle du « Je pense », de l'unité transcendantale de la « conscience de soi » qui accompagne tous nos actes de représentation. Kant va appeler « aperception » pure ou originaire la représentation de ce « Je pense » [44]

Heidegger[45] dans son commentaire propose d'appeler cette synthèse a priori, pour la différencier de la première, une « syndosis » « L'espace et le temps sont en tant qu'intuitions pures, syndotiques, ce qui veut dire qu'ils donnent le divers à partir de l'unité comme totalité. Cette unité « syndotique » ne se confond pas avec l'unité qui appartient à la synthèse de l'entendement par concepts, aux catégories. Bien plutôt cette unité synthétique des concepts, des catégories présuppose l'unité syndotique originairement intuitive » commente Heidegger-[46].

De l'allemand : Wasgehalt.

Avec la « Talité » il s'agit de l'étant « tel qu'il est a priori connu dans la connaissance ontologique préalablement à toute expérience ontique. Kant appellera « synthétique » une connaissance qui apporte la talité de l'étant, c'est-à-dire qui dévoile l'étant lui-même »[37]

Le temps est chez Kant, une représentation nécessaire a priori puisqu'il est la condition de possibilité des phénomènes. Il apparaît (à l'instar de l'espace), comme une forme a priori de la sensibilité, nécessaire à la constitution de l'expérience humaine. Cette forme est dite a priori parce qu’elle précède nécessairement les données sensibles de l'expérience, elle seule rendant cette expérience, possible. Heidegger écrit : « On peut bien éliminer du temps les phénomènes, mais il n'est pas possible par rapport aux phénomènes en général, d'éliminer le temps lui-même. Le temps est donné a priori car toute réalité effective des phénomènes n'est possible que dans le temps seul »-[47]. Le temps est un universel présent dans toute expérience, que celle-ci concerne des objets extérieurs ou qu’elle soit intérieure, comme l’est l’imagination par exemple. Le temps n'est pas conceptuel, car un concept est construit à partir d'éléments plus simples que lui, or, un morceau de temps n'est pas plus simple que le temps entier. Le temps n'est pas un concept parce qu'il n'est pas la simple représentation d'un caractère commun à une multitude, mais qu'il contient en soi une multitude de représentations, en ce sens il s'agit d'un universel d'un genre particulier. Kant parle à ce propos de « grandeur infinie ».

En tant que « grandeurs infinies » le temps avec l'espace forment un tout unique. Ils sont ensemble comme une forme sensible donné dans une intuition immédiate et inséparable des phénomènes. L'espace et le temps ne sont pas seulement des manière d'intuitionner indépendant de l'expérience et se produisant dans l'esprit mais ces intuitions débouchent sur un « intuitionné », « l'espace-temps » . Il s'agit d'un intuitionner pur qui ne résulte pas de la sensation mais qui seul la rend possible[48].

Transcendantal

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Par « transcendantal » Kant désigne « ce par quoi une connaissance a priori est possible »[49]. Par conséquent l'« idéalisme transcendantal » sera la doctrine pour laquelle tout objet de connaissance est déterminé a priori par la nature de notre « faculté de connaître ». Transcendantal s'oppose à empirique. Ainsi est transcendantale toute connaissance qui, en général, s'occupe moins des objets que de nos concepts a priori des objets[50]

Il ne faut pas confondre les termes de transcendantal et de transcendant. Un principe transcendantal ne peut avoir qu'un usage immanent, expérimental. Un principe transcendant au contraire s'élever au-dessus du champ de l'expérience. Toutefois un principe peut être tout à la fois « transcendantal » et « transcendant », il en est ainsi de Dieu dans l'ordre transcendantal boucle « la série des conditions du monde sensible » et le Dieu de la théologie, qui lui est, transcendant[51].

Kant pose une équation fondamentale : « les conditions qui rendent l'expérience possible sont en même temps , celles qui rendent possibles les objets de l'expérience [...] d'où la nécessité d'une double soumission, soumission de l'apparition des choses aux conditions formelles d'une réceptivité sensible qui les rend possibles au titre de phénomènes; soumission de ces phénomènes aux règles que l'entendement impose. Ces lois n'existent pas plus dans les phénomènes que ces phénomènes existent en soi, ils sont tous deux identiquement soumis, comme à un principe suprême, à un acte de la spontanéité intellectuelle, désignée comme aperception pure (à savoir, la conscience de soi dans le « je pense » »[11]

Références

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  1. article Aperception Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 40
  2. article Aperception Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 40
  3. Georges Pascal 1957, p. 68
  4. article A priori/a posteriori Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 46
  5. Maurice Clavel 1980, p. 86-87
  6. article Concept Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 133
  7. Georges Pascal 1957, p. 70
  8. Georges Pascal 1957, p. 194
  9. Émile Bréhier et Paul Ricœur 1954, p. 67
  10. article Concept Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 271
  11. a et b article Emmanuel Kant Encyclopedia Universalis vol 9, p. 619
  12. Georges Pascal 1957, p. 29
  13. Georges Pascal 1957, p. 28
  14. article Entendement Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 256
  15. Georges Pascal 1957, p. 38
  16. Emmanuel Kant 1975, p. 58
  17. Emmanuel Kant 1975, p. 59
  18. article Fini Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 326
  19. Gerhard Krüger 207, p. 55 lire en ligne
  20. Gerhard Krüger 207, p. 54 lire en ligne
  21. article Inconditionné Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 414
  22. Maurice Clavel 1980, p. 71-72
  23. a b et c article Intuition Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 449
  24. Georges Pascal 1957, p. 45 Critique p53
  25. Georges Pascal 1957, p. 35
  26. Emmanuel Kant 1975, p. 37-38
  27. article Mathématique Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 829
  28. Heidegger 1982, p. 35
  29. Georges Pascal 1957, p. 30
  30. Histoire de la philosophie allemande, p. 72
  31. Martin Heidegger 1981, p. 72-73
  32. article Universel Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 806
  33. Georges Pascal 1957, p. 34
  34. article Noumène Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 569
  35. a et b Émile Bréhier et Paul Ricœur 1954, p. 71
  36. Jacques Rivelaygue 1991, p. 70
  37. a et b Martin Heidegger 1981, p. 74
  38. article Révolution Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 726
  39. Georges Pascal 1957, p. 31
  40. W.Biemel, A de Waehlens 1981
  41. Kant 1975, p. 151
  42. article Schème Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 734
  43. Emmanuel Kant 1975, p. 153
  44. Georges Pascal 1957, p. 67
  45. Heidegger 1982, p. 137
  46. Heidegger 1982, p. 137
  47. Martin Heidegger 1982, p. 121
  48. Martin Heidegger 1982, p. 126
  49. Georges Pascal1957, p. 41Critique p79-80
  50. Emmanuel Kant 1975, p. 46
  51. Georges Pascal1957, p. 40

Liens externes

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Bibliographie

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  • Emmanuel Kant (trad. Tremesaygues et Pacaud, préf. Charles Serrus), Critique de la raison pure, PUF, coll. « Bibliothèque de Philosophie contemporaine », , 8e éd., 584 p..
  • Maurice Clavel, Critique de Kant, Flammarion, coll. « Nouvelle bibliothèque scientifisue », , 651 p. (ISBN 2-257-211126-1 (édité erroné), BNF 34633657).
  • Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, , 880 p. (ISBN 978-2-03-585007-2).
  • Encyclopédia Universalis, vol. 9,
  • Georges Pascal, Pour connaître la pensée de Kant, Bordas, coll. « Pour connaître », , 2e éd., 198 p..
  • Martin Heidegger (trad. de l'allemand par Emmanuel Martineau), Interprétation phénoménologique de la « Critique de la raison pure » de Kant, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de Philosophie », , 393 p. (ISBN 2-07-022377-9).
  • Martin Heidegger (trad. W.Biemel, A de Waehlens), Kant et le problème de la métaphysique, Paris, Gallimard, coll. « Tel », , 309 p..
  • Philippe Arjakovsky, François Fédier et Hadrien France-Lanord (dir.), Le Dictionnaire Martin Heidegger : Vocabulaire polyphonique de sa pensée, Paris, Éditions du Cerf, , 1450 p. (ISBN 978-2-204-10077-9).
  • Émile Bréhier et Paul Ricœur, Histoire de la philosophie allemande troisième édition mise à jour P.Ricœur, VRIN, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », , 262 p..
  • Jacques Rivelaygue, « la Moonadologie de Leibniz », dans Leibniz: La Monadologie, Le livre de poche, coll. « Classiques de la philosophie », (ISBN 2-253-05646-4).

Articles connexes

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