Aller au contenu

Utilisateur:Faustine cll/Tassinari & Chatel

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
“L’histoire de la soie à Lyon est une longue aventure de près de cinq siècles, ponctuée comme toutes les aventures humaines de réussites et d’échecs.” ainsi Bernard Tassinari évoque le travail de sa propre famille. Appartenant à la famille Lelièvre depuis 1997, la Maison de soierie Tassinari et Chatel est le résultat d’une longue histoire familiale
quatre générations de la famille Pernon, deux générations Grand et quatre générations des familles Tassinari et Chatel se sont succédées et continuent aujourd’hui à transmettre un savoir-faire d'exception.

Biographie de la famille et de l’entreprise[modifier | modifier le code]

Tassinari et Chatel est le nom dont a hérité la Maison Pernon, créée au XVIIème siècle par Louis Pernon et spécialisée dans le travail de la soie. Durant le XVIIIème siècle, c’est en majeur partie Camille Pernon, arrière-petit-fils du fondateur de la maison qui fut à la tête de cette enseigne.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1680, à Lyon, Louis Pernon était tisseur de drap d’or et d’argent. Il dirigea son entreprise celle-ci porte son nom. Son fils Claude lui succèda, puis son petit-fils Etienne. Etienne était déjà un négociant réputé qui eut pour client le grand aventurier Casanova et Stanislas Leszczynski. Camille Pernon, né en [[1753]], succéda à son père Etienne vers 1779. Il voyagea pour faire reconnaître sa maison à l’étranger. Il s’attira rapidement la clientèle de Catherine II de Russie. De là, date sa renommée internationale qui lui vaudra des commandes de Marie-Antoinette, de Charles III puis de Charles IV d’Espagne. Camille Pernon s’intéressa aussi à la révolution technique qui s’opérait à l’époque. Il adopta le nouveau métier de Jacquard et travailla en collaboration avec les meilleurs dessinateurs de son temps. On compte Philippe de Lassalle (excellent dessinateur et technicien), Jean Pillement, Jean Démosthème Dugourc et bien d’autres.

Une maison au grand prestige[modifier | modifier le code]

Sous l’Empire, Camille Pernon devint le fournisseur principal du Mobilier Impérial. Il œuvra pour Versailles, les Tuileries, Fontainebleau, La Malmaison, Compiègne… A partir de [[1801]], il proposa la création d’un musée industriel dans le but de “former le goût et le perfectionnement de la fabrication des soieries”. Il devint alors précurseur du Musée Historique des Tissus. Il fut parmi les 12 premiers Lyonnais à recevoir la Légion d’Honneur. Il fut adjoint au maire de Lyon en 1805. Il céda son affaire à la famille Grand en 1807 et mourut un an plus tard. Les frères Zacharie et Jean François Grand continuèrent à œuvrer pour le Mobilier Impérial, devenu le Mobilier Royal en 1815, ainsi qu’une importante clientèle particulière dont les banquiers Lafitte et Rothschild. Paul Grand succéda à son père et à son oncle. Il exporta ses créations en Turquie, en Egypte, aux Indes. Napoléon III vint lui rendre visite dans ses ateliers en 1856.

La Maison Pernon devient celle de Tassinari et Chatel[modifier | modifier le code]

Lorsque Paul cessa son activité au sein de la soierie, en 1870, il transmit sa Maison à Tassinari, faute d’héritier. Tassinari était associé avec Chatel. Tassinari et Chatel réalisèrent successivement dix marques de fabriques entre 1871 et 1876 pour des soieries lyonnaises. Cette Maison fut contrainte de chercher de nouveaux types de clients due aux évolutions politiques. 1770 désigne la naissance de la Troisième République. Ainsi, sous ce nouveau régime, le gouvernement ne souhaitait plus décorer ses palais avec autant d’ornements que sous la monarchie. La cours et la noblesse russe demeurèrent toutefois des clients fidèles jusqu’en [[1917]]. La Première Guerre Mondiale entrava la production de soie. Heureusement, l’exposition des arts décoratifs en 1925 créa un renouveau grâce aux créations d’artistes qui remirent au goût du jour la soierie. Tassinari et Chatel travaillèrent pour de nombreux stylistes comme Doucet, Worth ou Paquin. Dans les années [[1920]], la naissance de la haute couture fut en effet le moyen pour les soyeux de retrouver un domaine de travail après la Première Guerre Mondiale. Tassinari et Chatel collaborèrent également avec des décorateurs comme Karbowsky.

La reconversion au XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les deux conflits mondiaux du XXe siècle paralysèrent de nouveau le marché du luxe. Il devint difficile voire impossible de s’approvisionner en soie. A la fin des conflits, seulement une dizaine de maison de soyeux lyonnais sur 200 survécurent. Tassinari et Chatel furent sollicités par le Musée de Versailles car ils étaient les derniers tisseurs de l’époque à détenir le savoir-faire du XVIIIème siècle. Ils rénovèrent la chambre de Marie-Antoinette. Ils refirent également la décoration de la chambre Louis XIV. Ces commandes furent une véritable résurrection pour cette Maison. Louis Tassinari effectua en parallèle un travail de recherche qui lui valut un brevet. Il désirait créer des velours d’ameublement avec des effets de colorisation pouvant varier infiniment tout en employant qu’un nombre restreint de couleurs au départ. Cela fut un succès. Grâce à ce système, Tassinari et Chatel réussirent à tisser des portraits comme celui de la Reine d’Italie de l’époque. La Maison de Soierie se mit également à créer des objets d’usage plus courants et moins luxueux[1].

Arbre généalogique[modifier | modifier le code]

Contexte historique et artistique du XVIIIe[modifier | modifier le code]

Pour schématiser l’évolution de la soierie, nous pourrions reprendre les termes de Bernard Tassinari cherchant à caractériser chaque siècle par un seul mot : la beauté pour le XVIIIe, l’épanouissement pour le XIXe et la reconversion pour le XXe siècle.

La Manufacture Louis Pernon, un “tisseur de drap d’or et d’argent” naquit au XVIIe siècle à l’apogée du règne de Louis XIV. L’atelier fut implanté à Lyon, berceau du tissage de la Soie, dans le quartier du Griffon (dont l’emblème est repris dans l’actuel logo de la société Tassinari & Chatel). A partir de 1666, beaucoup de commandes royales ont été faites à Lyon de manière régulière. Elles furent principalement destinées à Versailles. Mais entre 1699 et 1730, le Garde Meuble cessa toute commande entraînant ainsi un chômage grandissant. A la fin du XVIIème siècle, la soierie lyonnaise gagna en matière d’innovation. Des transformations s’opérèrent au niveau des créations, des dessins et des techniques de tissage, notamment grâce à Jean-Baptiste Colbert. Ce dernier, en 1667, instaura des ordonnances sur “la Grande Fabrique lyonnaise” afin de réglementer la fabrication des commandes royales. Cet essor en termes d’innovation technique et artistique s’accrût dès le début du XVIIIème siècle. La soierie lyonnaise se sépara des tendances européennes créant ainsi ses propres modèles. Les dessinateurs Jean Revel et Philippe de Lasalle devinrent les symboles de cette révolution. La Maison Pernon suivit cette évolution dans ses productions. En effet, Camille Pernon et Philippe Lasalle collaborèrent ensemble.[2] [3] Le prestige de la France était en effet représenté par la qualité de la production lyonnaise. Il favorisa l’exportation des soieries dans toute l’Europe. Versailles était la plus belle vitrine de la soierie. Des demandes fusaient de la part de toutes les cours d’Europe Catherine II de Russie, Frédéric II de Prusse mais aussi la Pologne, les Pays-Bas, l’Angleterre, la Hongrie et même les Etats-Unis naissant. Camille Pernon profita justement du prestige de sa maison pour se forger une image de marque dans ces pays.

Des temps difficiles pour la soierie[modifier | modifier le code]

Grâce à l’émancipation des soyeux lyonnais, les fabriques de soierie européennes s’appuyèrent alors sur la mode lyonnaise pour produire; “la France a adopté de nouveaux goût, de nouvelles modes, l’Europe entière l’a imitée” affirme les Syndics de la Fabrique dans une requête au Roi. La classe marchande s'enrichit et la “Grande Fabrique”, installe ainsi son siège à Lyon en 1725. La soierie lyonnaise connut néanmoins des moments difficiles durant ce siècle. Tout d’abord, de nombreux deuils ont lieu à la Cour. En effet des décès comme celui du Dauphin en [[1766]], place la Cour sous un deuil de plusieurs mois. Ceci rendit la situation économiquement instable pour les soyeux car le nombre de commande chute. Une supplique des ouvriers en étoffes de soie, d’or et d’argent est adressée à Louis XV dans le but d’y remédier. “Six mois de Deuil pour la vie Dix ans, si l’habit noir peut lui rendre la vie Maus aux pieds d’Atropos comme on gémit en vain parce qu’il est mort de maladie faut-il que nous mourions de faim ? Sire, du travail ou du pain.”

En outre, les périodes durant lesquelles il y eut peu de commande poussent les ouvriers à émigrer. Ainsi, lorsqu’au contraire les commandes abondèrent, un manque de main d’œuvre se fit connaître. Il fallut donc payer plus cher les ouvriers et en former de nouveaux ce qui demande énormément de temps. Par conséquent, les clients délaissèrent la Fabrique et se tournèrent vers d’autres tisseurs.[4]

A partir de 1780, malgré les splendides créations de Philippe de Lasalle et les réalisations de Camille Pernon, la fabrique lyonnaise souffrait. Le retour à la nature avancé par Jean-Jacques Rousseau et adopté à sa manière par la reine Marie-Antoinette suivie par la Cour influèrent les ventes des tissus. Le commerce des étoffes de soie façonnées et unies chutèrent au profit des étoffes brodées, des linons, des mousselines anglaises et des indiennes qui faisaient fureur. Mais ce changement de mode fut aussi lié aux mauvaises conditions climatiques du moment. Le prix des denrées alimentaires augmentait en flèche provoquant une longue crise, la famine à Lyon et des émeutes en 1786 que l’on appellera plus tard la première révolte des canuts. Des ouvriers organisèrent des grèves car les tarifs de production furent trop faibles et ils tinrent les marchands responsables de cela. Après avoir exprimé leur mécontentement dans des cahiers de doléances, ils obtinrent des tarifs officiels en 1789. Cette révolte est également appelée “la révolte des deux sous” car les ouvriers en soie mouraient de faim bien qu’une souscription publique leur permit de distribuer du pain aux plus nécessiteux.


En 1787 parut un arrêt concernant la propriété des dessins dont le Conseil des Prud’hommes s’occupa quelques années plus tard. Il s’agit du point de départ de la défense de la propriété artistique. Les soieries façonnées, dont le décor fut réalisé au cours du tissage et qui nécessitait donc l’utilisation de la tire, ne représentèrent alors plus qu’une faible partie de la production. Pourtant, c’est sur celle-ci que s’était bâtie la réputation des tisseurs lyonnais du XVIIIe et “elles sont sans doutes les plus belles étoffes qu’ils aient fabriquées” selon Bernard Tassinari. Ces pièces furent tissées dans le quartier de Saint Georges ou sur la presqu'île avant la période croix-roussienne et avant Jacquard.


Les tisserands s’émancipèrent face aux marchands et créèrent une communauté en [[1790]]. De plus, la période révolutionnaire n'arrangea pas les affaires de la soierie lyonnaise. A cause de la Terreur, la clientèle s'amoindrit. Les productions de soie perdirent de leur qualité. Le siège de Lyon, se déroulant la même année, cause la mort d’un grand nombre d’habitants dont 115 des 400 entrepreneurs en soierie. De nombreux ateliers fermèrent. Celui de Louis-Gabriel Suchet fut l’un de ceux-là. C’était un jeune fabricant de soieries qui venait de succéder à son père et ne recevant plus de commandes, préféra s’engager dans les armées en 1792. Une fois les conflits liés à la révolution terminés, le monde de la soierie lyonnaise se réédifia progressivement entre 1794 et 1799, grâce à l’arrivée de soyeux des autres villes françaises.


Bonaparte fit plusieurs fois étape à Lyon. Ce fut pour lui l’occasion de se rendre compte de l’état de délabrement dans lequel se trouvait la soierie lyonnaise. De 1802 à 1816, il alimenta régulièrement les ateliers lyonnais et encouragea les inventeurs tout au long de son règne, organisant par exemple des concours dotés de prix. Jacquard en fut par exemple un des lauréats et des bénéficiaires. Bonaparte laissa à son départ pour Saint Hélène dans les réserves du Mobilier Impérial plus de 60000 mètres de soieries qui n’avaient pas eu le temps d’être posées.

Ouverture sur le XIXe et le XXe siècle[modifier | modifier le code]

Le XIXe siècle fut ensuite l’apogée du développement de la soierie lyonnaise, notamment grâce à Napoléon Premier. Ce dernier s’arrêta à Lyon et visita les usines de soierie alors qu’il rentrait d’Egypte. Dès son couronnement en 1804, l’empereur entrepris la rénovation des palais dévastés. Il fit donc appel aux maisons de soyeux lyonnaises, notamment celle dans laquelle les frères Grand travaillaient. Grâce aux dessins de Percier quelque peu différents de ceux qui étaient réalisés auparavant, le style de l’Empire naissait. Les réalisations pour les Palais Nationaux tels que les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, Malmaison, Compiègne… renforcèrent la renommée de la maison Pernon, devenant ainsi le seul fournisseur de soieries d’ameublement de Napoléon Ier. L’Empereur créa par ailleurs une Condition des Soies dès 1805 (unique à Lyon) afin de contrôler le marché de la soie. Par exemple, les dessins devaient être envoyés à Paris “pour être examinés, [ils] seraient soumis à Monsieur l’Intendant Général pour être approuvé par lui avant d’être renvoyés…” Un inspecteur du Mobilier impérial fut nommé en 1806, il approuvait les modèles : les fabricants devaient quelquefois “faire et refaire [les dessins] jusqu’à 4 fois sous l’inspection et approbation de cet architecte qui les corrigeait lui-même de sa main”. Les soumissions comportaient onze clauses indiquant de manière précise selon la nature des étoffes :

  1. La forme, la disposition et la hauteur du dessin
  2. La qualité de la soie, tant pour la chaîne, que pour la trame
  3. Le nombre de portée de la Chaîne, et la quantité de fils de chaque portée
  4. Le nombre de bouts de Trame
  5. Le titre du filé et frisé en or, pour les étoffes en brocard et broché
  6. La quantité de lac en dorure pour les brocards, et la quantité de lacs ou liserés pour les étoffes brochées,
  7. La réduction exacte et précise de l’étoffe,
  8. Le poids de l’Etoffe par mètre, et en outre, pour les brocards brochés, la quantité d’or qui entrera dans chaque mètre,
  9. L’obligation expresse que les soies, tant de la Chaîne, que de la trame et du liseré, seront teintes de la manière la plus solide, en couleurs conformes à celles des échantillons teints à la Manufacture des Gobelins, qui seront adressés pour cet effet à la Chambre de Commerce, et suivant l’instruction qui accompagnera ces échantillons, et qui fixera d’une manière positive, les obligations de fabricants sous le rapport des teintures. [Les échantillons étaient scellés d’un cachet sur la soumission de chaque fabricant. La Garde-Meuble en conservait en dépôt pour servir de comparaison lors de la réception des étoffes].
  10. Le prix par mètre, de l’étoffe rendue dans les magasins du Garde-Meuble à Paris
  11. Enfin l’époque de la livraison.

La Chambre de Commerce était chargée de vérifier les étoffes avant que le fabricant ne les envoie à ses frais à Paris. La réception des étoffes au Garde-Meuble serait faite par des experts et par le Directeur des Teintures des Manufactures impériales, en présence de l’Administrateur du Mobilier et de l’un des auditeurs-inspecteurs. L’administration du Mobilier impérial imposa donc aux fabricants lyonnais des conditions particulièrement rigoureuses pour garantir la solidité des couleurs. Chaque pièce d’étoffe devait « avoir une marque particulière pour donner la certitude que l’étoffe a été mise nouvellement en fabrication » [5]


Une fois la chute de l’Empire, les commandes impériales laissèrent place aux commandes royales. Les commandes ne provenaient d’ailleurs pas uniquement de la France : la renommée de la soierie lyonnaise et la culture française s’étendaient à l’étranger. Aussi, les créations de la Manufacture étaient exportées aussi loin qu’en Turquie, en Egypte et en Inde. Avec l’arrivée de l’ère nouvelle et le déclin du mobilier royal, une nouvelle clientèle apparut : les banquiers, Lafitte, Rothschild et la « Bourgeoisie d’Affaires ». Le XIXe siècle dans le monde de la soierie est aussi synonyme d’une montée en puissance de la production : les notions de rentabilité et d’opérationnel sont dues aux nouvelles mécaniques inventées tel que la machine Jacquard dès 1815. La soierie progresse grâce à de plus en plus de progrès et d’innovations. Un nouveau quartier, (la Croix-Rousse, qui devint ensuite le 4e arrondissement de Lyon sous le Second Empire) fut construit hors des murs de la ville afin d’abriter de nouveaux ateliers, rendus ainsi nécessaires par le développement de la soierie

Transformations et progrès techniques[modifier | modifier le code]

Dès 1870, des métiers mécaniques apparurent, mais en usine seulement car l'électricité n’était pas encore distribuée et la force motrice était fournie par l’eau ou la vapeur, nécessitant alors des systèmes imposants. Ainsi, l’importance des métiers à bras diminua peu à peu au profit des nouvelles usines qui s’installèrent souvent hors de Lyon. Au XXe siècle, la soierie lyonnaise fut profondément bouleversée par de grandes mutations, notamment celle de l’arrivée de nouvelles matières textiles et celle de l’évolution rapide du matériel. La matière première des tissus se diversifia. En 1890 fut produit industriellement le premier fil de soie artificiel à Besançon. Ce type de fil se développa beaucoup pendant l’entre-deux guerre. En 1938, la société Dupont de Nemours lança le nylon. Ce fil synthétique fut utilisé en France à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. Les synthétiques se développèrent et s’imposèrent de plus en plus. Cependant, ils ne réstituairent jamais le toucher de la soie réservé au produits de haut de gamme. En 1960, les tissus dits “techniques” apparurent pour répondre à des besoins spécifiques. Créé à base de Kevlar, de fibre de verre ou encore de carbone, ils sont très utiles aux services de sécurité, à l’aéronautique ou à la recherche spatiale. Cependant, ces nouveaux tissus ne sont pas tant éloignés de la soierie lyonnaise que ça car c’est cette maîtrise des techniques de travail des fils fins qui a permis de surmonter les difficultés rencontrées à la création de ces nouvelles matières. Le matériel se transforma aussi au cours du XIXe siècle. Le métier mécanique fut notamment équipé d’un changement de navettes automatiques, d’un changement de canettes automatiques puis fonctionna à jet d’eau et à jet d’air. L'électronique y trouva aussi sa place dans le contrôle du bon fonctionnement des machines puis avec le balayage électronique de la mise en carte sur les machines Jacquard par exemple.

Des traditions qui perdurent tout de même[modifier | modifier le code]

Du point de vue de la création, la haute couture française établit sa réputation à travers le monde entier. Elle fit appel à Tassinari et Chatel. Mais la fin du XXème siècle correspond aussi à une ère de restauration intense. Tassinari et Chatel continue même aujourd’hui à perpétuer son savoir-faire et est capable de reproduire à l’identique des documents originaux dans l’optique de faire perdurer le patrimoine français et mondial. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la Maison Tassinari et Chatel a restauré beaucoup d’intérieurs à Versailles, Compiègne, au Palais de l’Elysée, à Fontainebleau, mais aussi dans d’autres châteaux de l’Europe entière.

Les productions du XVIIIe[modifier | modifier le code]

Méthode de fabrication[modifier | modifier le code]

Lors de ce siècle, les métiers à tisser deviennent de plus en plus sophistiqués. Plusieurs inventions vont marquer l’évolution des techniques de tissage. Tout d’abord celle de Basile Bouchon en 1725. Cet homme est en effet à l’origine de la création du métier à tisser semi-automatique. En d’autres mots, ce fils de fabricant d’orgue, eu l’idée de transplanter le système d’horlogerie, semblable à celui utilisé dans la boîte à musique, dans un métier à tisser. Cela permet d’avoir une mécanique répétitive. Jean-Baptiste Falcon, son assistant, améliore encore ce système en 1728. Il utilise un système de cartes perforées dont l’usage est de commander le métier à tisser. C’est ensuite, Jacques Vaucanson un mécanicien spécialisé dans les automates, qui perfectionne cette technique de tissage. Il a l’idée d’automatiser les métiers à tisser par un système hydraulique et de les commander grâce à des cylindres que l’on retrouve dans les automates.

Métier à tisser adapté par Vaucanson (musée des arts et métiers)

Toutefois, les réels changements techniques apparaissent au XIXème siècle avec l’invention du métier Jacquard, créé en 1801.

Motifs à la mode[modifier | modifier le code]

Les productions de Camille Pernon sont souvent vues comme emblématiques de la mode de ce siècle. Le style Louis XVI, faisant partie du néoclassicisme, fut une tendance dominante de cette époque. La soierie lyonnaise élabora alors des œuvres pastorales agrémentées par des motifs de rubans ou de médaillons. Ces tissus présentèrent très souvent en plus de cela des figures et scènes mythologiques. Ces œuvres pouvaient également être composées de pois ou de rayures. Les motifs représentés sur les tissus ne dépassaient pas les trois centimètres et furent tissés verticalement.

Histoire du tissu ancien à l'exposition de l'Union centrale des arts décoratifs (1883) (14597689497)

Pernon, d’après Dubourg - Fond de chaise pour le salon de la Tour

La maison a toujours eu la volonté de faire travailler des artistes tels que des dessinateurs ou des ornementalistes.

Clientèle[modifier | modifier le code]

La renommée de la Maison Pernon donna lieu à des commandes depuis toutes les cours d’Europe. L’une des plus fidèles clientes fut Catherine II de Russie. Celle-ci était attachée à Camille Pernon pour ses tissus mais aussi pour sa personne qui ne la laissait pas indifférente. A partir de 1784, Camille Pernon reçut des commandes d’étoffes depuis Versailles. La première livraison fut celle des bordures pour le cabinet de retraite du Roi à Compiègne. Versailles fut pour Pernon une occasion inespérée pour exposer ses talents de tisseur lyonnais devant tout le continent. Cependant, cela n’est pas l’élément qui propulsa Pernon au rang de tisseur prestigieux en Europe. Son savoir-faire fut en effet déjà reconnu internationalement avant 1784. Durant les premières années de la Révolution, les commandes françaises s'amoindrirent mais Camille Pernon fut encore au service de sa clientèle internationale. Il confectionna le plus souvent des robes et quelques étoffes pour l’ameublement. A la fin de cette période trouble, Camille répondit à la requête de Napoléon pour remettre au goût du jour les palais nationaux. Ainsi les productions de cette maison de soyeux furent avant la Révolution, destinées à la noblesse et à la royauté. Après la chute de la monarchie et l’entrée dans le XIX, la bourgeoisie devint le nouveau milieu de la clientèle de Pernon. De nos jours la Maison Pernon, se nommant Tassinari et Chatel, confectionne des tissus pour la conservation du patrimoine. Elle tente d’élargir sa clientèle mais sa production s’adresse particulièrement à des musées et des monuments historiques nécessitant d’être restaurés. “Nous désirons juste apporter le témoignage de ce que nous avons entendu de la bouche de nos aînés et de ce que nous avons vu de nos propres yeux. Si nous le faisons, c’est parce que le voile de l’oubli tombe rapidement sur cette activité de la soierie qui a représenté le moteur économique de notre cité durant des siècles.” comme le dit Bernard Tassinari lui-même.

Concurrence[modifier | modifier le code]

Prelle et Rubelli sont les deux grandes maisons en concurrence avec Tassinari et Chatel. Prelle est une maison de soierie française. La grande force de cette Manufacture est d'avoir comme Tassinari et Chatel su conserver des techniques anciennes tout en faisant cohabiter plusieurs générations de métiers à tisser (depuis les métiers à bras qui sont les seuls sur lesquels on peut tisser les précieux velours ciselés, brochés en soie ou brocarts d’or et d’argent, jusqu’aux métiers électroniques les plus modernes sans sacrifier ni la qualité, ni à la beauté des étoffes). Ambassadrice du luxe et du raffinement à la Française, la fierté de Prelle est de perpétuer la grande tradition lyonnaise du travail de la soie pour une clientèle à la recherche de l'exceptionnel[6].


Rubelli est quant à elle une maison de soierie italienne. Sa production concerne deux catégories principales: la fabrication de tissus et la production de meubles et de compléments d’ameublement. C’est dans leurs ateliers de tissage (l’ancienne manufacture Zanchi du XIXe siècle située à Cucciago, dans la province de Côme) qu’est produite une grande partie des tissus pour Armani/Casa ou encore pour des théâtres tels que La Scala et La Fenice. Les métiers Jacquard électroniques de la toute dernière génération sont en mesure de fabriquer toutes sortes de tissus d’ameublement, en fibres naturelles ou synthétiques, ainsi que les tissus anti-feu en Trevira CS pour le secteur Contract. Avec l’acquisition de la marque Donghia, la production du Groupe Rubelli a élargi sa gamme de production qui comprend désormais la fabrication de meubles, de compléments d’ameublement et d’articles d’éclairage. Chaque meuble Donghia est construit, monté, fini à la main et réalisé dans des matériaux sélectionnés ce qui en garantit le caractère distinctif qui le rend vraiment unique. Le siège historique est situé aux Etats-Unis et une antenne de production a été créée en Italie pour mieux répondre à la demande européenne de meubles rembourrés et capitonnés. Les produits du secteur éclairage sont entièrement fabriqués manuellement à Murano selon les anciennes techniques développées au cours des siècles passés[7].

Tassinari et Chatel aujourd’hui[modifier | modifier le code]

Tassinari et Chatel s’affirme aujourd’hui comme une enseigne prestigieuse ayant la capacité de restituer un patrimoine international. Cela s’explique grâce à son savoir-faire traditionnel qu’elle a su conserver. Elle est cependant reconnue aussi grâce à sa faculté de s’ouvrir aux innovations technologiques. La maison est désormais détenue par la famille Lelièvre depuis 1997. Afin de perdurer la tradition et la qualité des tissus produits par cette maison, celle-ci assure l’entretien d’un des derniers ateliers de canuts existant encore. Cet atelier dispose de plusieurs métiers à bras traditionnels ainsi que des métiers davantage sophistiqués d’époques plus récentes. Les métiers à bras permettent de créer ou de refaire des tissus que les techniques modernes ne sont pas en capacité de produire : lampas brochés, velours à dessin aux poils de soie ciselés à la main, brocart au fils d’or ou d’argent. Ceux-ci sont tous confectionnés grâce à la mécanique Jacquard, existant dans ces ateliers depuis le début du XIXème siècle. Ce travail demande une grande patience et minutie car l’évolution d’un tel ouvrage se compte seulement en centimètres par jour. Toutefois, des métiers à tisser de l’époque contemporaine, situés dans l’usine à Passinissière dans la Loire, permettent de reproduire d’anciens ou récents modèles pour un plus large public tout en conservant une très bonne qualité. Cette maison produit d’ailleurs plus de 2000 mètres de tissus par an, ce qui est un record pour leur méthode de travail artisanale. Cette dextérité laisse la chance à Tassinari et Chatel de présenter ses nombreuses productions dans le catalogue de “Collection Patrimoine”. Toutes les spécialités des soieries sont présentes tel que le velours ciselé, damas, lampas, brocatelle, droguet, satin et le taffetas. Ainsi grâce à leur prestige né d’un mélange de tradition et d’innovation déjà évoqué, Tassinari et Chatel eurent le privilège de recevoir un Label de l’Entreprise du Patrimoine Vivant en 2006. Ils gagnèrent en outre une place en tant que membre au Comité Bellecour. Par conséquent, cette entreprise, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, n’a cessé de produire des tissus d’exception lui cédant une renommée internationale.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. site internet de la manufacture de soirie (consulté le 23 mars 2017)
  2. CEDALYON, “Histoire de la soierie à Lyon”, in Wikipédia [en ligne], 12 janvier 2017 (17 janvier 2017) <https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_soierie_%C3%A0_Lyon#Le_renouveau_avant_la_tourmente_r.C3.A9volutionnaire_:_1770-1790>
  3. Le temps et le coût des productions n’étaient pas la principale préoccupation de la Maison Pernon. Le raffinement des tissus était la première exigence.
  4. GASTINEL-COURAL Chantal,  “Crise de la Fabrique et protection royale”, in Soierie de Lyon Commandes royales au XVIIIe S (1730-1800), Lyon : Maquette Sézanne, 1988, p. 94-96.
  5. COURAL Jean, “La réglementation des commandes de soierie sous l’Empire”, in Soieries de Lyon commandes impériales. Collections du Mobilier national, Lyon : Maquette Sézanne, 1982, p. 14-17. (Paris, Mobilier national).
  6. Annonyme, ”Accueil”,in La manufacture Prelle [en ligne], (18/01/2017) <http://www.prelle.fr/fr>
  7. Annonyme, “Production”, in Rubelli [en ligne], (18/01/2017)<http://www.rubelli.com/INTERnet/sito_v5/fr>


Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Chantal Gastinerl-Coural,  “Crise de la Fabrique et protection royale”, in Soierie de Lyon Commandes royales au XVIIIème S (1730-1800), Lyon : Maquette Sézanne, 1988, p. 94-96.]
  • Chantal Gastinel-Coural, “Pernon” , in Soierie de Lyon Commandes royales au XVIIIème S (1730-1800), Lyon : Maquette Sézanne, 1988, p. 69-75.
  • Marie Bouzard, La Soierie Lyonnaise. Du XVIIIe au XXe siècle, Lyon : Editions Lyonnaises d’art et d’histoire, 1997, 80 p.
  • Bernard Tassinari, La soie à Lyon. De la Grande Fabrique aux textiles au XXIème siècle, Lyon : Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, 2005, 255p.]
  • Emmanuel de Roux, Patrimoine industriel. Paris : Scala, 2000, 271 p. (Edition du patrimoine).
  • Jean Coural, “La réglementation des commandes de soierie sous l’Empire”, in Soieries de Lyon commandes impériales. Collections du Mobilier national, Lyon : Maquette Sézanne, 1982, p. 14-17. (Paris, Mobilier national).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

site internet de la manufacture de soirie (consulté le 23 mars 2017)

site Rubelli (consulté le 18 janvier)

site internet de la manufacture de Prelle (consulté le 18 janvier)