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Utilisateur:E. Démoulin/Brouillon

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Tous les portraits de Champlain jusqu’à présent connus sont faux. Celui qui circule le plus provient d’une lithographie réalisée en 1854 par le Canadien Pierre-Louis Morin et les Français Léopold Massard et Villain. Elle imite en fait un portrait de Michel Particelli d’Emery, surintendant des finances en 1647 et 1648, gravé par Balthasar Moncornet avant 1668. Quant aux prétendus autoportraits présents dans les œuvres de Champlain, ils ne sont pas plus authentiques. Les deux gravures , où de nombreux auteurs prétendent le voir en train de combattre des Iroquois , sont des créations pleines d’incongruités dues à un graveur de l’atelier des Pelletier[1], celui-ci ayant été chargé de toute l’iconographie des Voyages de 1613, et les visages présents dans les roses des vents des cartes de la Nouvelle-France de 1612 et de 1632, ainsi que dans la frange entourant le cartouche de celle de l’Acadie terminée en 1607, sont respectivement des représentations standardisées du soleil et des mascarons[2] .

Biographie[modifier | modifier le code]

Ses débuts de cartographe (vers 1580-1603)[modifier | modifier le code]

Samuel de Champlain est né vers 1580 à Brouage, en Saintonge. Il est le fils unique d'Antoine de Champlain, capitaine de marine, probablement originaire de la région de Vitré, et de Marguerite Le Roy, issue d'une famille brouageaise. Tout jeune adolescent, il commence à apprendre à naviguer sous la direction de son père et de deux de ses oncles maternels par alliance, Georges Camaret et Guillaume Allène, dit le capitaine Provençal, tous les trois capitaines de marine. En 1592, grâce à ses talents de dessinateur, il est engagé par François d'Espinay de Saint-Luc, gouverneur de Brouage, dans l'armée du roi Henri IV qui opère en Bretagne contre les ligueurs du duc de Mercoeur et ses alliés espagnols. Il sert comme fourrier dans le service des logis, qui est chargé de l'organisation des déplacements des troupes et qui devient un efficace service de renseignements. Là, il apprend à observer les atouts des régions parcourues et à les cartographier. En mars 1595, il réussit une première mission d'espionnage consistant probablement à faire un relevé des fortifications construites par les Espagnols dans le port du Blavet (Port-Louis). D'abord fourrier, puis « aide » de Jean Hardy, qui est maréchal des logis de l'armée du roi, en 1595 et 1596, il devient « enseigne » du sieur de Millaubourg en 1597 et capitaine de la compagnie de celui-ci en son absence.

Après la paix de Vervins signée par la France et l'Espagne le 2 mai 1598, Champlain accompagne son oncle Guillaume Allène, dit le capitaine Provençal, qui est chargé de rapatrier les troupes espagnoles cantonnées au Blavet. Ils arrivent à Cadix à bord du Saint-Julien le 14 septembre 1598 et leur navire est vite réquisitionné par le gouvernement espagnol pour rejoindre la flotte envoyée dans l'Amérique ibérique afin d'en ramener de l'or et de l'argent. Allène devant rester en Espagne, Champlain devient le "maître ordinaire" du Saint-Julien, c'est-à-dire celui qui est chargé de diriger l'équipage français, sous les ordres du capitaine espagnol du bateau.

La flotte appareille de Sanlúcar de Barrameda le 3 février 1599 et atteint la Désirade le 18 mars. Le Saint-Julien se sépare des autres navires pour s'approvisionner en eau douce, en fruits et en viande à la Guadeloupe, puis les rejoint, et tous ensemble arrivent à San Juan, la capitale de Porto Rico le 22 mars. Là, Champlain peut voir les traces laissées par l'occupation et le pillage de la ville par les Anglais du comte de Cumberland de juin à septembre 1598.

Tandis qu'une partie de la flotte se dirige vers Carthagène-des-Indes , puis Portobelo, afin d'y charger l'or et l'argent qui viennent du Pérou par l'isthme de Panama, une autre, dans laquelle est affecté le Saint-Julien, se rend à Veracruz pour y récupérer les métaux précieux, les pierreries et la cochenille produits par la Nouvelle-Espagne. Champlain reste là pour y surveiller la réfection de la coque de son navire. Il reprend la mer, avec son escadre, le 29 juin pour gagner La Havane, à Cuba, mais le Saint-Julien prend l'eau, manque de faire naufrage au sud de la Floride, et est désarmé et vendu aux enchères dans la capitale cubaine. Champlain se retrouve sur la hourque Sanson et quitte La Havane avec la flotte espagnole le 23 décembre 1599. Il est de retour à Sanlúcar de Barrameda le 26 février 1600.

Il séjourne dès lors à Cadix, où il attend son oncle Allène qui commande le navire amiral de l’escadre espagnole du détroit de Gibraltar. Champlain patiente en rédigeant et en illustrant son Brief Discours, le récit de son périple aux Indes occidentales. Il ne reprend pas un carnet de voyage, fait d’un journal tenu au jour le jour et de cartes et dessins crayonnés sur le terrain, car un tel document aurait pu être facilement découvert par ses compagnons espagnols et il aurait alors couru le risque d’une arrestation pour espionnage. Il se contente de ses souvenirs, plus ou moins précis, qu’il complète avec des informations recueillies lors de conversations, de lectures et de visites de cabinets de curiosités. La confrontation du Brief Discours avec les archives espagnoles permet de douter que Champlain ait visité en personne tous les lieux décrits, en particulier l’île de la Marguerite, Mexico et l’isthme de Panama.

A partir du printemps 1601, à Cadix, Champlain veille sur son oncle Allène gravement malade. Le 26 juin, celui-ci lui lègue ses biens et meurt peu de temps après. Champlain rentre dès lors en France. Par l’entremise du chevalier René Rivery de Potonville, sous les ordres duquel il a servi en Bretagne, il entre en relation avec un autre membre de l’ordre de Malte, Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe. Celui-ci apprécie grandement le Brief Discours, dont il fait réaliser une superbe copie à Dieppe, et présente Champlain au roi Henri IV qui le retient à la Cour, à partir du début de 1602, en lui versant une pension.

Champlain est chargé de collecter des informations devant permettre la conquête par la France de l’empire de Guyana, au nord de l’Amérique du Sud, qui abriterait l’immense trésor du dernier empereur inca, Manco Capac, dont la capitale, Manoa, regorgerait d’or, d’argent et de pierreries, et où il serait possible d’accéder en passant par un bras de l’Orénoque. A partir de février 1603, il aide aussi Aymar de Chaste, nouveau lieutenant général en Nouvelle-France, à élaborer un plan de colonisation de l’Amérique du Nord-Est. Il prévoit la création d’un établissement français dans la baie de Chesapeake, à l’entrée du détroit de Long Island, dans la baie de Saco ou à l’embouchure de la rivière Penobscot, et l’envoi à partir de là de soldats français pour s’emparer de Manoa.



  1. « Éric Thierry raconte «La défaite des Iroquois» » (consulté le )
  2. Denis Martin, Raymonde Litalien (dir.) et Denis Vaugeois (dir.), Champlain. La naissance de l'Amérique française, Québec-Paris, Septentrion-Nouveau Monde Editions, , p. 354-362