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Utilisateur:Catherine Tourangeau/Brouillon/Denise Boucher

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Denise Boucher

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Denise Boucher
Naissance (88 ans)
Victoriaville (Canada)
Activité principale
Poétesse, parolière, romancière, dramaturge
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres
Chanson, poésie, théâtre

Œuvres principales

Les fées ont soif (1978), Un beau grand bateau (1988), Angela (1988), Qui te soignera qui te guérira / Chant de la douleur (1994)

Denise Boucher, née à Victoriaville le 12 décembre 1935, est une écrivaine et poète québécoise.

Elle se fait d'abord connaître pour la pièce Les fées ont soif, montée sur la scène montréalaise du Théâtre du Nouveau Monde en 1978. La pièce obtient un succès certain auprès du public, mais crée aussi la controverse en raison de sa franche dénonciation de la société patriarcale.

En plus d'avoir écrit plusieurs pièces de théâtre et plusieurs recueils de poésie, Denise Boucher a écrit les textes de plusieurs chansons populaire. On lui doit notamment certains succès de Pauline Julien (Marie m'a dit, J'pensais jamais, J'ai une peine d'amour minable), Louise Forestier, Gerry Boulet (Angela, Un beau grand bateau, Qui te soignera, qui te guérira), Dan Bigras (Pour vous aimer) et Chloé Sainte-Marie (Bonjour Tendresse).

Le fonds d'archives de Denise Boucher est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[1].

Jeunesse et formation

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Denise Boucher naît à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec, le 12 décembre 1935. Elle étudie en pédagogie à l'Université de Sherbrooke puis enseigne pendant quelques années avant de se tourner vers le journalisme au début des années 1960[2].

Du journalisme au théâtre et à la poésie

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Dans les années 1960 et 1970, Denise Boucher travaille pour plusieurs journaux et enchaîne les piges à Radio-Canada jusqu'en 1974. Cette année-là, à l'instar de plusieurs femmes de sa génération telles que Nicole Brossard et France Théoret, elle décide de se « vouer rondement à l'écriture »[3]. En 1977, elle publie le recueil de poésie Retailles, écrit conjointement avec Madeleine Gagnon. Mettant en scène des figures bibliques comme Ève et Lilith, ce recueil s'attaque aux grands archétypes féminins. La même année, elle écrit la pièce de théâtre Cyprine, qui permet d'apprendre à plusieurs Québécoises que la « cyprine » est le liquide émis par le sexe des femmes dans l'excitation et la jouissance[2].

Les fées ont soif (1978)

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La pièce Les fées ont soif, écrite par Denise Boucher, mise en scène par Jean-Luc Bastien et interprétée par Sophie Clément, Michèle Magny et Louisette Dussault, voit le jour sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde le soir du 27 novembre 1978. S'attaquant directement aux stéréotypes nourris par la religion et le patriarcat, et dénonçant vertement l'enfermement des femmes dans les rôles traditionnels d'épouse, de mère et de vierge, la création remporte un succès foudroyant en dépit de la levée de boucliers qu'elle suscite. La première du spectacle est accueillie, en effet, par la censure du Conseil des arts de Montréal et par la condamnation de l'archevêque de Montréal et de militants de la droite chrétienne. « Nous sommes ici pour un acte public de réparation à Notre Dame pour tous les blasphèmes et tous les sacrilèges qui furent commis dans la pièce Les fées ont soir », explique un porte parole du groupe Les jeunes Canadiens pour une civilisation chrétienne[4].

Après avoir été présentée l'année suivante au TNM, la pièce est jouée au Palais Montcalm de Québec puis à travers le Québec pendant une tournée de six mois à guichet fermé. Elle est éventuellement traduite dans plusieurs langues, dont l'anglais, le russe, l'espagnol, l'italien et le catalan. Elle est jouée dans plusieurs théâtres d'Amérique, d'Europe et d'Australie[5].

Quarante ans après sa création originale, Les fées ont soif est reprise au Théâtre du Rideau-Vert à l'automne 2018, en plein coeur du mouvement MeToo. Sophie Clément, qui était de la distribution originale, signe la mise en scène de cette nouvelle mouture qui est très bien accueillie par la critique[6][7].

Le passage à la chanson

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Dans les années 1980 et 1990, Denise Boucher prête ses talents à de nombreux artistes de la scène musicale québécoise. « Pour se donner du coeur à l'ouvrage, rien de mieux que de chanter », confie Denise Boucher à l'écrivain et poète Bruno Roy[8].

Gerry Boulet: album Jézabel (1989) - sept chants qui s'inscrivent dans une « tragédie gospel » écrite par Denise Boucher. Histoire se déroule au IXe siècle avant J.C.; met en scène Jézabel, puissante épouse du roi Achab, contre qui se dresse le prophète juif Élie. La femme est alors défenestrée et dévorée par des chiens--acte de naissance du patriarcat, selon l'autrice[9]. Comme Boulet meurt du cancer le 18 juillet 1990, l'album est complété par Dan Bigras.

Romans, récits et textes en prose

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Vers la fin des années 1990 et dans les années 2000, Denise Boucher continue de diversifier sa production artistique et littéraire.

En 2007, Denise Boucher publie ses mémoires sous le titre Une voyelle (féminin inventé de « voyou »). Dans ce formidable récit, elle retrace l'évolution des femmes de sa génération ainsi que les destins croisés de personnages marquants de l'histoire du Québec tels que Gaston Miron, Germaine Guèvremont, Gérald Godin et Pauline Julien[10].

En 2011, elle publie le roman Au beau milieu, la fin aux éditions Leméac. Le récit raconte l'histoire d'Adèle, une artiste vieillissante qui rentre d'un long voyage en Italie pour retrouver un appartement en état de délabrement. En 50 courriels adressés à son amie d'enfance Brigitte, disparue sans laisser de note, l'alter égo de Denise Boucher reconstruit sa vie des quatre dernières décennies[11].

Engagement artistique, féministe et souverainiste

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La cause artistique

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Carrière comme poète: Denise Boucher se définit avant tout comme poète de l'errance. En 1993, en entrevue à Radio-Canada, elle explique qu'être poète, c'est « prendre le temps pour vivre; c'est un choix: un choix de jouer avec les mots, de nommer les choses »[5].

Membre du conseil d'administration de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois pendant plusieurs années; présidente de 1998 à 2000[12].

La cause féministe

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L'oeuvre de Denise Boucher participe à la naissance d'une parole féministe à l'écrit

« [...] Le féminisme m'a donné des permissions. Le droit d'être moi-même, le pouvoir de marcher la nuit toute seule. Disons que c'est ce que je retiens de plus beau dans le féminisme: j'ai pu laisser tomber toutes mes craintes. Je marchais seule dans la nuit et il ne m'est rien arrivé[13] ».

À l'occasion du 40e anniversaire de la production de la pièce, la journaliste et militante féministe Ariane Émond insiste sur le rôle de l'oeuvre de Denise Boucher dans l'histoire du mouvement féministe québécois. Elle attribue notamment à l'onde de choc causée par la production de la pièce la création du magazine féministe La Vie en rose en 1980: « On était dans la lignée des Fées ont soif. Le côté audacieux des Fées était aussi quelque chose qui était dans l'ADN de La Vie en rose[14]».

La cause souverainiste

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L'Opération porte-voix

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Ouvrages publiés

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  • Les Divines, 1996
  • Les fées ont soif, 1978
  • Cyprine, 1977
  • À coeur de jour, 1996
  • Grandeur nature, 1993
  • Paris Polaroïd, 1990
  • Retailles (avec Madelaine Gagnon), 1977
  • Au beau milieu, la fin, 2011
  • Lettres d'Italie, 1987
  • Une voyelle, 2007
  • Québec 2008 : 40 poètes du Québec et de France, Trois-Rivières (Québec)/La Chevallerais, Coédition Écrits des forges (Québec) et Sac à Mots (France), 216 p. (ISBN 978-2-89645-062-6 et 978-2-915299-26-7)
recueil collectif de poésie en langue française avec vingt auteurs dont France Mongeau, Yolande Villemaire, Claude Beausoleil, Denise Boucher, Stéphane Despatie, Claudine Bertrand pour le Québec et Georges Bonnet, Odile Caradec, Raymond Bozier, Jean-Claude Martin, James Sacré, Josyane De Jesus-Bergey pour la France
  • Denise Boucher et Thierry Delaroyère, Grandeur nature, Écrits des forges, , 145 p. (ISBN 9782890462991)
ouvrage mêlant les poèmes de Denise Boucher et les peintures de Thierry Delaroyère, inspirés d'un voyage en Beauce et dans le Perche

Prix et distinctions

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Liens externes

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Textes en ligne de Denise boucher sur Les Classiques des sciences sociales

  1. Fonds Denise Boucher (MSS388), BAnQhttps://advitam.banq.qc.ca/notice/525461
  2. a et b « Denise Boucher », sur Bilan Québec. Site encyclopédique sur l'histoire du Québec depuis 1900 (consulté le )
  3. Francine Bordeleau, « Denise Boucher, l'écrivaine ambulante », Lettres québécoises, no 94,‎ , p. 7
  4. « Des fées dont la soif crée la controverse », sur Ici Radio-Canada, Arts, (consulté le )
  5. a et b Maryse Darsigny et al. (dir.), Ces femmes qui ont bâti Montréal, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, , p. 463-464
  6. « Les fées ont soif », sur Théâtre du Rideau Vert (consulté le )
  7. Samuel Pradier, « Les fées ont soif: rien n'a changé, ou presque », Jeu. Revue de théâtre,‎ (lire en ligne)
  8. Bruno Roy, « Une voix pour écrire », Lettres québécoises, no 94,‎ , p. 14-15
  9. Louise Lemieux, « Dan Bigras concrétise Jézabel », Le Soleil,‎ , E1
  10. KDesrosiers, « Plaisir d'écrire, bonheur de lire... avec Denise Boucher », La Nouvelle union,‎ (lire en ligne)
  11. Dominic Tardif, « Denise Boucher: chant de la douleur », Voir,‎ (lire en ligne)
  12. a et b La Presse canadienne, « La Bourse d'écriture Gabrielle-Roy remise à la poète Denise Boucher », sur Ici Radio-Canada, Arts, (consulté le )
  13. « Denise Boucher: 'Le féminisme m'a donné le pouvoir de marcher seule dans la nuit », sur Radio-France, France Culture, (consulté le )
  14. « Même 40 ans plus tard, les fées de Denise Boucher sont toujours d'actualité », sur Radio-Canada Ohdio, (consulté le )
  15. Isabelle Beaulieu, « Le prix Adagio revient à Denise Boucher », Les libraires,‎ (lire en ligne)
  16. « Boucher, Denise », sur L'île. L'infocentre littéraire des écrivains québécois